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312. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 3, que le merite principal des poëmes et des tableaux consiste à imiter les objets qui auroient excité en nous des passions réelles. Les passions que ces imitations font naître en nous ne sont que superficielles » pp. 25-33

Quoi qu’il en soit, ces phantômes de passions que la poësie et la peinture sçavent exciter en nous émouvant par les imitations qu’elles nous présentent, satisfont au besoin où nous sommes d’être occupez. […] La tragedie de Racine qui nous présente l’imitation de cet évenement, nous émeut et nous touche sans laisser en nous la semence d’une tristesse durable.

313. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 4, objection contre la proposition précedente, et réponse à l’objection » pp. 35-43

Quand je dis le hazard, j’entens chaque occasion prise en particulier, car ces occasions se présentent si fréquemment, qu’il faut que le hazard qui en fait profiter l’enfant dont je parle, arrive un peu plus-tôt ou un peu plus tard. […] L’esprit qu’elles lui donnent lieu de montrer, engage d’autres personnes à l’aider, et lui-même il court au devant des secours qu’elles lui présentent.

314. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamennais — L'abbé de Lamennais en 1832 »

Déjà, plus jeune, il s’était amusé souvent, par pur instinct de controverse, à présenter des objections qu’il tirait de Rousseau ou même du Dictionnaire philosophique, et il voulait quelquefois qu’on lui répondît par écrit. […] Parti pour l’Angleterre au dépourvu, il y manqua de ressources, et, sans l’aide de l’abbé Carron, également réfugié, avec lequel il lia connaissance, il n’aurait pu réussir à entrer comme maître d’étude dans une institution où il se présenta[…] Tout ce qui est de l’ordre purement théologique et moral y présente une texture de vérité absolue, une immuable consistance qui ne vieillira pas. […] Tous les deux en effet complètent, couronnent leur illustre maître, et, par une sorte de dédoublement heureux, nous présentent chacun une de ses moitiés agrandie et plus en lumière. […] « Pendant qu’ils passaient, mille ombres vaines se présentèrent à leurs regards : le monde que le Christ a maudit leur montra ses grandeurs, ses richesses, ses voluptés ; ils les virent, et soudain ils ne virent plus que l’éternité.

315. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CXLVIIe entretien. De la monarchie littéraire & artistique ou les Médicis »

Mariotto, abbé du monastère, présenta les uns aux autres ses doctes amis ; et le reste du jour, car c’était vers le soir que cette rencontre eut lieu, se passa à écouter les discours d’Alberti, dont Landino nous peint le génie et les talents sous le jour le plus favorable. […] Là, Alberti commença l’entretien en remarquant qu’on peut regarder comme jouissant d’un bonheur solide et réel ceux qui, après avoir perfectionné leur esprit par l’étude, peuvent se soustraire de temps en temps au fardeau des affaires publiques et à la sollicitude des intérêts privés, et, dans quelque retraite solitaire, se livrer sans contrainte à la contemplation de l’immense variété d’objets que présentent la nature et le monde moral. « Mais si c’est une occupation convenable aux hommes qui cultivent les sciences, elle est encore plus nécessaire pour vous, continua Alberti en s’adressant à Laurent et à Julien ; pour vous, que les infirmités toujours croissantes de votre père mettront probablement bientôt dans le cas de prendre la direction des affaires de la république. […] Tous les mouvements, tous les sentiments de sa dame occupent sans cesse sa pensée : elle sourit, ou elle s’irrite ; elle refuse, ou elle est près de céder ; elle est absente, ou présente ; elle s’introduit le jour dans sa solitude, ou elle lui apparaît dans ses songes de la nuit, précisément au gré du caprice de l’imagination qui le guide. […] On ne sait point ici dire le contraire de ce qu’on pense : dans ces estimables et paisibles retraites, au milieu de l’air pur qui vous environne, on ne voit point le sourire sur la bouche de celui dont le cœur est rongé de chagrins ; le plus heureux parmi vous est celui qui fait le plus de bien, et la sagesse suprême ne consiste pas à savoir déguiser et dissimuler la vérité avec le plus d’artifice. » Cependant le berger ne paraît point convaincu de la supériorité que le poëte accorde à la vie champêtre, et, dans sa réponse, il présente avec beaucoup de force les peines et les nombreux travaux auxquels elle est inévitablement exposée. […] Ajoutez-y tout ce que la débauche, l’esprit d’aventure, la cupidité à tous risques, présentait d’appât aux conspirateurs, dans Salviati, neveu de l’archevêque ; dans Bandini, le plus licencieux des hommes ; dans Montesicco, condottiere au service du pape ; dans Maffei, prêtre de Volterra, et dans Bagnone, un des secrétaires apostoliques.

316. (1895) La musique et les lettres pp. 1-84

Invité à « lecturer » devant Oxford et Cambridge et, la politesse rendue en visites aux merveilles présentées par ces très particuliers séjours — l’un imposant peut-être, intime l’autre, entre qui pas de choix — reste à extraire une conclusion ayant cours. […] Invention de caractères, de format, illustrations, le papier d’une époque présenté au chef-d’œuvre constitue un apport propre ou monnayable. […] Citations, page 11 à page 13 ; et — * *   * Passer de cette rêverie tout à coup au fait, exige quelques mots, décisifs, comme les présente un journal : car cela importe, en vue du succès, que la motion vienne de la Presse pour saisir le Parlement. […] La Musique sans les Lettres se présente comme très subtil nuage : seules, elles, une monnaie si courante. […] Mon avis, comme public ; et, explorateur revenu d’aucuns sables, pas curieux à regarder, si je cédais à parader dans mon milieu, le soin s’imposerait de prendre, en route, chez un fourreur, un tapis de jaguar ou de lion, pour l’étranger, au début et ne me présenter qu’avec ce recul, dans un motif d’action, aux yeux de connaissance ou du monde.

317. (1868) Alexandre Pouchkine pp. 1-34

Cependant lord Byron, né dans un pays d’habitudes oratoires, où l’on parle à toute occasion, et où trop souvent on écrit comme on parle, n’a jamais daigné faire un choix entre les idées qui se présentaient en foule à son imagination. […] Trop peu confiant dans l’intelligence ou l’imagination de son lecteur, il veut tout lui expliquer ; il se commente lui-même, et le moindre risque qu’il court, c’est de nous rendre, pour ainsi dire, témoins du travail de sa composition, au lieu de nous en présenter le résultat. […] Le plus sceptique a ses moments de croyance superstitieuse, et sous quelque forme qu’il se présente, le merveilleux trouve toujours une fibre qui tressaille dans le cœur humain. […] Il s’en présente une, grande, robuste, un peu gauche et maladroite, mais qui prend les gages qu’on lui offre. […] Viens, que je te présente. » Tatiana le reçoit sans embarras ; elle n’est ni prude ni hardie, mais polie et gracieuse, affable même.

318. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mirabeau et Sophie. — I. (Dialogues inédits.) » pp. 1-28

Ces pièces, bien entendu, sont de celles qui n’ajoutent rien au scandale d’autrefois, qui peuvent se présenter à tous, et qui prêtent à des considérations littéraires ou morales ; c’est pour cela que l’honorable possesseur nous les a confiées et que nous nous en servons. […] Le second entretien ou Dialogue, sous prétexte de reprendre la suite des explications de Mirabeau, va nous présenter celles de Mme de Monnier elle-même, et son récit. […] Il lui présente la plume pour qu’elle écrive les deux lignes à Montperreux : elle la prend de guerre lasse : Ah ! […] Il arrivait de Berne, il allait droit à Paris se présenter au ministre ; il avait arrangé sa course de manière à entrer le soir à Pontarlier, ne voulant point y passer sans nous voir et nous remercier de nos bontés. […] Les domestiques, qui n’auraient jamais imaginé que le comte eût osé se présenter à M. de Monnier, furent stupéfaits de nous voir tous trois ensemble.

319. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLe entretien. L’homme de lettres »

Après une conversation assez longue, dans laquelle il lui témoigna beaucoup d’intérêt, il lui offrit de le présenter au maréchal de Munnich, gouverneur de Pétersbourg, dont il était secrétaire. […] Cependant, le maréchal de Munnich le présenta au général sous les auspices duquel il devait paraître à la cour, et peu de temps après ils se mirent en route pour Moscou. […] Notre fondateur d’empires arriva dans cette ville, avec un écu dans sa poche: il est vrai qu’uniquement touché de sa grandeur future, il ne songeait guère à sa misère présente. […] Barasdine fut si charmé de la tournure de son ami, qu’il voulut aussitôt le présenter à son oncle M. de Villebois, grand maître de l’artillerie. […] Dans votre absence, j’aurai soin de votre mère comme de la mienne. » Et, en même temps, il lui présenta la main ; mais Paul retira la sienne, et détourna la tête pour ne le pas voir.

320. (1892) Sur Goethe : études critiques de littérature allemande

On s’obstine à le présenter comme une imitation des anciens. […] Mais elle présentait à Goethe un intérêt plus spécial. […] Il ne témoigna cependant aucun désir d’être présenté à l’Empereur. […] Là, chaque rêve, l’imagination aidant, se présente avec la consistance de la réalité. […] La vanité vous pousse à vous présenter devant le monde comme si vous étiez purs.

321. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 14 mars 1885. »

Mais rien ne décourage le chevalier, et, dès que les maîtres sont en séance, il se présente pour concourir. […] Citant Boileau, La Bruyère, Voltaire, et Gluck, il présente l’opéra comme une forme hybride annonciatrice du drame wagnérien et tente de faire de Beaumarchais un wagnérien avant l’heure ! […] La musique italienne est présentée comme une courtisane, la française comme une coquette et l’allemande comme une prude. […] L’article de Fourcaud sur Les Maîtres chanteurs présente l’œuvre acte par acte, parfois scène par scène. […] Wolzogen le présente comme le régénérateur.

322. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 novembre 1885. »

Il lui ôte le casque et l’armure noire ; Parsifal se laisse faire et se présente à nous, tête nue, dans la tunique blanche des chevaliers sans tache. […] L’histoire des institutions sociales présente un des plus clairs exemples de cette loi. […] La Volonté est l’essence intime de la Nature, et comme telle est partout présente, toute et entière. […] Le drame musical parle le langage du chant ; ses personnages sont des Types, présentés dans leur seule essence ; le tout, un tableau idéal, le Mythe universel. […] Son œuvre la plus connue est Tristan et Isolde, présentée au salon international des Beaux-Arts de Paris en 1911.

323. (1914) Boulevard et coulisses

Il daigna me la raconter le jour où je lui fus présenté et qui était précisément le jour dont je vous parle. […] C’était celle où il était présenté à Arthur Meyer, lequel dirigeait le Gaulois et le dirige encore, comme vous savez. […] Il suffisait de présenter poliment sa carte à un valet de pied en culotte courte et en bas de soie. […] Examinons-la sous les deux aspects qu’elle présente suivant qu’on la considère du côté du public ou du côté de l’écrivain. […] On vient de lui présenter un petit employé de commerce, mal habillé, sans esprit et sans jeunesse.

324. (1891) Esquisses contemporaines

Il en a rassemblé les feuillets épars, et c’est ainsi que sont nés les volumes qu’il nous présente. […] L’esprit de l’homme est ainsi fait qu’il travaille toujours ; il trouve une grande jouissance à compléter lui-même les images que lui présente le livre. […] Pour sortir vainqueur de ces angoisses un seul moyen se présente : les activités morales. […] Son œuvre présente la même disparate avec le même arrière-fond d’inquiète lassitude. […] L’analogie momentanée que Scherer présente avec Vinet n’est ni stable, ni concluante.

325. (1875) Premiers lundis. Tome III «  Chateaubriand »

L’auteur voulait présenter un tableau du trouble de la passion chez des natures sauvages et primitives, placées au sein d’un désert inconnu et non encore décrit. […] L’auteur, en retraçant dans la figure de René son propre portrait de jeunesse, son portrait idéalisé, a par là même présenté comme un type de la maladie morale des imaginations à cette époque et pour les générations qui ont suivi.

326. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Jean Lahor (Henri Cazalis). »

Et ainsi, toutes les impressions particulières que nous donnent les objets du monde physique, il les approfondit et les agrandit aussitôt par l’idée toujours présente que tout s’enchaîne et se tient dans le rêve ininterrompu de Maïa… Les frontières deviennent indistinctes entre les différentes formes de la vie — vie végétale, animale et humaine. […] C’est mon sang qui coula dans la première aurore… De même, l’idée de l’univers sera toujours présente au poète bouddhiste quand il lui arrivera d’aimer une femme.

327. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — L’abbé Boileau, et Jean-Baptiste Thiers. » pp. 297-306

Quand il présenta son manuscrit, le titre étoit :Histoire des flagellans sur l’usage pervers des fouets *. […] Les tableaux de l’Arétin* sont, à certains égards, moins indécens que les peintures que cet abbé y présente à ses lecteurs.

328. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre V. Harmonies de la religion chrétienne avec les scènes de la nature et les passions du cœur humain. — Chapitre VI. Harmonies morales. — Dévotions populaires. »

Leurs pleurs ne sont point perdus : la religion les reçoit dans son urne, et les présente à l’Éternel. […] Souvent le mort chéri, sortant du tombeau, se présentait à son ami, lui recommandait de dire des prières pour le racheter des flammes, et le conduire à la félicité des élus.

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