Lorsque la princesse doña Juana se fut levée la première à l’appel, qu’elle fut allée devant le cardinal de Burgos célébrant, et que, la main posée sur les Évangiles, elle eut juré fidélité et obéissance à son neveu, elle voulut, en revenant à sa place, baiser la main du prince : il refusa, par respect, de la lui donner et l’embrassa. […] Il veut tout savoir et pose quantité de questions, mais sans jugement et in nullum fînem, plutôt par habitude qu’autrement.
Roger Bacon, ce moine de génie, aborde les sciences, envisage en face l’autorité et la réduit à ce qu’elle est : « L’autorité n’a pas de valeur, dit-il, si l’on n’en rend compte : elle ne fait rien comprendre, elle fait seulement croire. » Lui, il ne veut plus croire, mais vérifier ; et, arrachant à l’antiquité son titre même, le retournant au profit de l’avenir, il pose ce principe du progrès moderne, que « les plus jeunes sont en réalité les plus vieux ». […] On le sait, le grand roi se flattait d’avoir le compas dans l’œil ; il se piquait, à la simple vue, de saisir la moindre irrégularité dans la pose d’une pierre, dans le tracé d’une fenêtre : il était esclave de la symétrie.
L’auteur d’Arthur, au chapitre des femmes et de l’amour, se pose l’objection, la discute à merveille, et, toutefois, s’en tire peut-être incomplétement dans l’application. […] — Mais au moins, pour demain, belle Élise, N’est-il pas, n’est-il pas, vers cette heure indécise Où tout permet d’oser, N’est-il pas un sentier dans le myrte et la rose, Un bosquet de Clarens où le ramier se pose, Où descend le baiser ?
Une première restriction est pourtant à poser dans le blâme. […] Mais, encore un coup, il n’y a rien là sur quoi l’on ait prise immédiate, et cela est si vrai que la société récemment fondée à l’occasion même du débat, la Société des Gens de Lettres, après avoir posé le principe général, a dé appliquer son activité vers des détails plus intérieurs.
Cela posé, nous nous garderons d’en faire une sévère application à l’ouvrage plein de recherches et de faits que vient de publier M. […] Au milieu de cette confusion se seraient détachées çà et là de belles scènes, d’admirables groupes ; car Corneille entend fort bien le groupe, et, aux moments essentiels, pose fort dramatiquement ses personnages.
J’y ai souvent pensé, et j’aime à me poser cette question quand je lis quelque littérateur plus ou moins en renom aujourd’hui : « Qu’eût-il fait sous Louis XIV ? […] Tel qui se pose en critique fringant et de grand ton, en juge irréfragable de la fine fleur de poésie, se serait élevé pour toute littérature (car celui-là eût été littérateur, je le crois bien) à raconter dans le Mercure galant ce qui se serait dit en voyage au dessert des princes.
Il n’a pas usé non plus des reconnaissances ; il a fait parfois revenir des gens qu’on croyait morts comme Sévère dans Polyeucte : mais l’espèce de reconnaissance de Sévère et de Pauline pose le problème psychologique de la pièce, elle est nécessaire, naturelle ; elle produit des évolutions de sentiments, non des ricochets d’intrigue. […] Malgré les chefs-d’œuvre de Corneille, la question peut se poser.
De même, en mathématiques, quand j’ai posé les définitions, et les postulats qui sont des conventions, un théorème ne peut plus être que vrai ou faux. […] Il va regarder le fil pour tâcher d’y voir passer quelque chose ; mais si je pose la même question à mon aide qui comprend ma langue, il saura que cela veut dire : le spot se déplace-t-il !
Verlaine enseignait à poser les doigts sur la flûte d’une façon ingénieuse et inattendue. […] Il exerça une efficace action occulte, et c’est à lui que revient d’avoir posé plusieurs des principes sur qui repose toute la poésie d’aujourd’hui.
Et puis, s’il faut le dire, Pierre Champlion, malgré sa modestie apparente, semble poser un peu dans son rôle de voyageur héroïque. […] Il se pose en désespéré d’amour devant Pierre Champlion ; il lui demande, comme une grâce, de l’enrôler dans son armée africaine, la mort ou l’exil pouvant seuls guérir la profonde blessure de son cœur.
Partout où elle peut grimper, aux arbres, aux rochers, aux arcades des églises gothiques, elle grimpe et s’y pose en se jouant. […] À la seconde rencontre qui eut lieu à Wartbourg, à quelques mois d’intervalle, comme la voix manquait à Bettina pour s’exprimer, Goethe lui posa la main sur la bouche et lui dit : « Parle des yeux, je comprends tout. » Et quand il s’aperçut que les yeux de la charmante enfant, de l’enfant brune et téméraire, étaient remplis de larmes, il les lui ferma, en ajoutant avec grande raison : « Du calme !
Lesage le savait ; mais, pour paraître à tous ce qu’il était, il ne consentit jamais à se poser à leurs yeux lui-même. […] Il était obligé, pour converser, de se servir d’un cornet ; il appelait ce cornet son bienfaiteur, en ce qu’il s’en servait pour communiquer avec les gens d’esprit, et qu’il n’avait qu’à le poser pour ne pas entendre les ennuyeux et les sots25.
Dès l’abord, à l’occasion du décret dit du marc d’argent, qui posait certaines conditions de cens à l’éligibilité, Camille déclare que ce décret constitue la France en gouvernement aristocratique, « et que c’est la plus grande victoire que les mauvais citoyens aient remportée à l’Assemblée : pour faire sentir, ajoute-t-il, toute l’absurdité de ce décret, il suffit de dire que Jean-Jacques Rousseau, Corneille, Mably, n’auraient pas été éligibles ». […] C’était s’apercevoir bien tard que la Révolution devait avoir une borne, c’était l’apercevoir pourtant et la poser.
L’auteur se pose cette question : Qu’était la religion pour Fénelon ? […] Ne lui demandez ni grande finesse, ni grande nouveauté, ni curiosité vive ; mais il est large, il est plein, il va au principal ; il s’entend à poser l’architecture et les grandes avenues du discours ; il les démontre en maître chez les maîtres.
Il croyait que, le principe de l’octroi royal de la Charte étant posé par les uns, contesté par les autres, il n’y avait d’issue que dans un changement et une substitution de branche. […] Nous verrons s’armer contre nous des coalitions qui ne poseront les armes que quand nous les aurons rassurées en rétablissant sinon l’ancien pouvoir royal, au moins quelque chose qui y ressemble.
., de pose, de motif et de jeu de scène, de ces choses que la musique traduira aussi bien que la parole. […] Il a bien de l’esprit, mais il en veut avoir ; il se pose, il se regarde, il se mire, il déplaît.
C’est là, c’est devant cette enfilade de colonnes encore debout et de fûts renversés que Volney établit son voyageur ou plutôt s’établit lui-même comme une espèce d’Ossian arabe ou turc, méditant après le coucher du soleil sur les vicissitudes des empires : « Je m’assis sur le tronc d’une colonne ; et là, le coude appuyé sur le genou, la tête soutenue sur la main, tantôt portant mes regards sur le désert, tantôt les fixant sur les ruines, je m’abandonnai à une rêverie profonde. » La gravure qui était en tête du volume, et qui a été souvent reproduite depuis, représente le voyageur dans cette pose un peu solennelle. […] Après le dîner, pendant que celui-ci causait vivement et tenait à la main sa tasse de café trop chaude, Volney, tout en l’écoutant, la lui prenait, la posait sur la cheminée, la touchait de temps en temps ou l’approchait de sa joue pour s’assurer du degré de chaleur, et la lui vendait quand elle était à point : Bonaparte, dans sa conversation rapide, ne s’était pas aperçu du manège, dont plus d’un assistant avait souri.