L’Imitation de Jésus-Christ I Les livres qui sont écrits pour la gloire portent un nom d’homme. […] Il se réfugia dans le sein de Dieu, le suprême consolateur, et il écrivit ces monologues et ces dialogues intérieurs qui portèrent d’abord le nom de Consolations. […] J’ai envoyé les miens dans le monde, non pour jouir des plaisirs passagers, mais pour soutenir de rudes combats ; non pour y être honorés, mais pour y être méprisés ; non pour vivre dans l’oisiveté, mais pour travailler ; non pour se reposer, mais pour porter beaucoup de fruits par la patience. […] La nature cherche à se procurer ce qu’il y a de précieux et de beau, et elle a horreur de ce qui est vil et grossier ; mais la grâce se plaît aux choses simples et abjectes, ne dédaigne point ce qu’il y a de plus dur, et ne refuse pas de porter les habits les plus usés. […] Tant que nous portons ce corps fragile, nous ne pouvons être sans péché, ni sans ennui, ni sans douleur.
Il aurait besoin de passer un mois dans une ferme, en Beauce… et dans ces conditions… avec une lettre de recommandation d’un riche propriétaire à son fermier… lettre, qui lui annoncerait l’arrivée avec son mari, d’une femme malade, ayant besoin de l’air de la campagne… « Vous concevez, deux lits dans une chambre blanchie à la chaux, c’est tout ce qu’il nous faut… et bien entendu, la nourriture à la table du fermier… autrement je ne saurais rien. » Les chemins de fer, son roman sur le mouvement d’une gare, et la monographie d’un bonhomme vivant dans ce mouvement ; avec un drame quelconque… ce roman, il ne le voit pas dans ce moment-ci… Il serait plus porté à faire quelque chose, se rapportant à une grève dans un pays de mine, et qui débuterait par un bourgeois, égorgé à la première page… puis le jugement… des hommes condamnés à mort, d’autres à la prison… et parmi les débats du procès, l’introduction d’une sérieuse et approfondie étude de la question sociale. […] Aujourd’hui, en voici un d’un parent de province qui veut couper les poissons rouges avec un sécateur, cherche à arracher en cachette tous les boutons de rhododendrons, et s’efforce de porter des doigts destructeurs partout, où sa petite main peut atteindre, et quand il a brisé ou détruit quelque chose, du bonheur monte à sa figure. […] » Dina portait le mourant sur son lit, où il ne parlait plus, n’ouvrait plus les yeux, avait seulement des contractions nerveuses des bras et des mains. […] … de vraies capotes de soldats, — s’écrie Mme Daudet, — celles qui auront porté cela ne seront jamais des femmes ! […] Toutes les jeunes filles en se rendant à la messe, portaient un bouquet de trèfle.
Il y a des beautés de la nature et de l’art qui s’incorporent tellement en nous par la force de l’impression reçue qu’elles pétrifient en quelque sorte notre esprit d’admiration, et que nous les portons à jamais en nous comme la pierre taillée porte son empreinte. […] V Ce billet écrit, recopié de ma plus élégante écriture et cacheté, je le portai moi-même à l’adresse de Talma. […] Les Bourbons, de leur côté, se rendaient parfaitement compte de cette impopularité de contrecoup qui leur faisait porter la responsabilité de Moscou, de Waterloo, du 20 mars et des deux invasions de la France. […] D’où lui viennent, de tous côtés, Ces enfants qu’en son sein elle n’a point portés ? […] Il avait ce caractère que se donne Cicéron dans une de ses lettres, plus porté à craindre les événements malheureux qu’à espérer d’heureux succès : Semper magis adversos rerum exitus metuens quam sperans secundos.
« Les plus parfumées et les plus salubres sont ramassées soigneusement au pied de l’arbuste qui les a portées par les jeunes filles des bords du Bosphore ou de Fontenay-aux-Roses ; elles en remplissent leurs tabliers et leurs corbeilles. […] Que de beauté, en effet, dans le vieillard digne de porter le poids et l’honneur des longues années qu’il a plu à la Providence d’accumuler sur ses épaules courbées ? […] Un front distrait plutôt que pensif, des yeux rêveurs plutôt qu’éclatants (deux étoiles plutôt que deux flammes), une bouche très fine, indécise entre le sourire et la tristesse, une taille élevée et souple, qui semblait porter, eu fléchissant déjà le poids encore si léger de sa jeunesse ; un silence modeste et habituel au milieu du tumulte confus d’une société jaseuse de femmes et de poètes complétaient sa figure. […] Le trait marquant de cette physionomie alors était la bonté : on se sentait porté à l’aimer involontairement. […] Il faut reconnaître de plus que l’absence de ces trois conditions qui n’ont pas empêché la Fontaine d’être ce qu’on appelle immortel, mais qui l’ont empêché d’être moral, il faut reconnaître, disons-nous, que l’absence totale de ces trois conditions de l’homme a porté un préjudice immense au poète ; il faut reconnaître que l’absence de ces trois qualités donne à l’ensemble des œuvres de Musset quelque chose de vide, de creux, de léger dans la main, d’incohérent, de sardonique, d’éternellement jeune, et par conséquent de souvent puéril et de quelquefois licencieux qui ne satisfait pas la raison, qui ne vivifie pas le cœur autant que ses œuvres séduisent et caressent l’esprit.
Il portait en lui, dès le sein de sa mère, le germe de cette maladie du siècle qui a servi de point de départ à tant de romans, drames ou poèmes. […] Mais n’est-ce pas en somme un jugement bien osé porté sur l’écrivain qui fut peut-être de tous ceux de notre siècle le moins occupé de la réclame et le plus dédaigneux du succès ? […] Tous les lyriques de tous les temps ont traité ce thème avec plus ou moins de bonheur, et, d’ordinaire, ils ont porté l’effort principal de leur lyrisme sur le spectacle de la vie immortelle et de l’union sans fin des amants. […] Quelques-unes ne manquent pas de valeur assurément, et portent même l’empreinte d’imaginations assez curieuses. […] Or, en dépit de pareilles incohérences mentales, ses ouvrages ne portent la trace ni de la folie, ni même de la névrose à un degré morbide quelconque.
Comme tous les maîtres vraiment dignes de ce nom, aujourd’hui si prodigué, il portera témoignage pour nous. […] Fonder un couvent est une idée dont nous portons tous le germe au fond de nous. […] Lorsqu’on voit des gens faire « bande à part », on est porté d’abord à les envier et à les craindre. […] Le lendemain, elle ôta certaines « gentillesses » qu’elle portait alors et qui étaient permises aux dames de qualité après le second deuil. […] On doit porter ce petit sac, suspendu au cou pendant neuf jours consécutifs.
Son bon sens lui disait qu’une pareille victoire porterait ses fruits ; mais quels fruits devait-elle porter ? […] Alcidas qui se mêle de porter l’épée ! […] Est-ce la solitude qui a porté sur ses nerfs ? […] De là tout l’intérêt que vous portez à cette noble misère. […] Duviquet, mon prédécesseur et mon maître, l’avait adoptée avec la bonhomie et le zèle qu’il portait dans toutes les choses qu’il aimait.
Il le disait lui-même, il avait porté comme un fardeau les quelques liaisons de son existence. […] Je suis pourtant revenu (non sans mal) du coup affreux que m’a porté Saint Antoine. […] Et Flaubert l’a fabriquée un peu avec son rêve à lui, puisque c’est en lui qu’il portait son véritable Orient. […] Désigner son palais pour les recevoir, c’était attirer sur lui quelque chose de la haine qu’on leur portait. […] La noble gaucherie que ce bourgeois de Rouen portait dans le monde parisien, nous la retrouvons dans ses peintures mondaines.
La poésie était son faible, et il s’y porta avec toute la verve de sa nature. […] Leroux, cet esprit des plus idéalistes, si on se le figure à Weimar, eût paru par trop porter, comme on dit, l’eau à la rivière, le fleuve à la mer, porter l’Allemagne dans l’Allemagne même. […] Reconnaissons toutefois qu’Ampère en cela a porté la peine de sa négligence. […] Il y a au château de Tocqueville une chambre dans une tourelle, loin de tout bruit, une étude isolée, comme eût dit Montaigne, qui était à Ampère et qui portait son nom. […] Tocqueville, avec le tact qu’il portait en toutes choses, fut le premier à pressentir, puis à constater le changement, et, allant au-devant des scrupules de son ami, il s’appliqua à le tranquilliser, à le dégager.
Cousin, il dépassa la donnée première : les traits ne portèrent plus. […] Il ne portait point la main aux choses de lui-même, de son propre mouvement, mais seulement parce qu’il était en demeure et en devoir de le faire. […] Il faut oser le rappeler : tous les écrits que publia à cette époque l’honnête homme légèrement intimidé payent le tribut obligé d’éloges au dominateur tout-puissant, et ils portent à une certaine page le contreseing impérial pour ainsi dire. […] Daunou n’a guère fait que porter sa même manière, en l’appliquant à des morts, et sans paraître se croire autorisé à moins de réserve habituelle. […] C’était le Père Lachaise qu’il indiquait, mais il désigna formellement le cimetière sous ce nom de Jardin Louis qu’il avait porté autrefois, et sans vouloir proférer le nom néfaste en ce moment suprème.
Ce poëme suprême et tout philosophique était porté, à son insu, dans le cœur de Bernardin de Saint-Pierre de mer en mer et de climat en climat: le Poëme de la nature. […] Ces écumes s’amassaient dans le fond des anses à plus de six pieds de hauteur, et le vent qui en balayait la surface les portait par-dessus l’escarpement du rivage à plus d’une demi-lieue dans les terres. […] La lame jeta bien avant dans les terres une partie des spectateurs, qu’un mouvement d’humanité avait portés à s’avancer vers Virginie, ainsi que le matelot qui l’avait voulu sauver à la nage. […] Nous portâmes le corps de Virginie dans une cabane de pêcheurs, où nous le donnâmes à garder à de pauvres femmes malabares, qui prirent soin de le laver. […] Huit jeunes demoiselles des plus considérables de l’île, vêtues de blanc et tenant des palmes à la main, portaient le corps de leur vertueuse compagne, couvert de fleurs.
Le corps entier, l’extérieur, jusqu’au ton de la voix, tout devait porter la marque de la pénitence et de la grâce. […] Tout est lié et tout est simple ; l’action marche et ne marche que pour porter l’idée ; nulle complication, point d’incidents. […] Il détrousse un tailleur qui portait une soutane, s’en habille, rosse la garde. […] Au convoi, deux frères du roi, des ducs, des comtes, des évêques, les premiers personnages de l’Angleterre portèrent ou suivirent le corps. […] Le colonel Hutchinson fut un instant suspect parce qu’il portait les cheveux longs et qu’il s’habillait bien.
Il a beau porter un miroir dans ses cheveux crépus et secouer, avec un bruit de cailloux, sa ceinture composée de pieds de chèvre : comme il est banal ! […] Je m’en souviens, car c’était moi ; et j’étais fier de porter un si joli nom, mais désolé de jouer un si vilain personnage. […] Elles portent leur diadème sur l’oreille. […] Le tsar a répondu en français au toast que l’empereur Guillaume II lui avait porté en allemand. […] Seulement il trouve le temps long et, malgré lui, ses yeux se portent sur le verre… Ah ça !
Ces deux livres, qui auraient été portés aux nues il y a trente ans, paraissent aujourd’hui, classiques, mais classiques ! […] L’un et l’autre vont rarement ensemble, et malheureusement on est trop porté à les confondre et à se tromper sur leurs attributions respectives. […] C’était utile, il fallait porter un grand coup à ces croyances invétérées. […] Cette société m’a semblé s’exprimer par les différences d’habit ; les gens qui portent la blouse, le tablier, ont des idées, des sentiments, des visages autres que les hommes qui portent la redingote. […] Ces deux livres, qui auraient été portés aux nues il y a trente ans, paraissent aujourd’hui classiques, mais classiques !
Et bientôt, machinalement, accablé par la morne journée et la perspective d’un triste lendemain, je portai à mes lèvres une cuillerée du thé où j’avais laissé s’amollir un morceau de madeleine. […] Mais tout-à-coup ce fut comme si elle était entrée, et cette apparition lui fut une si déchirante souffrance qu’il dut porter la main à son cœur. […] Je l’ouvris distraitement puisqu’elle ne pouvait pas porter la seule signature qui m’eût rendu heureux, celle de Gilberte avec qui je n’avais pas de relations en dehors des Champs-Élysées. […] Ne croyez-vous pas qu’entre les deux mondes que portent deux amants il puisse jamais y avoir interférence autrement que par l’effet d’une illusion d’optique ? […] Mais elles avaient plutôt la propriété d’éveiller cet amour, de le porter à son paroxysme, qu’elles n’en étaient l’image.
Tous ces éléments constitutifs du milieu intérieur sont ensuite portés au cœur, centre du mouvement circulatoire. […] En un mot, en arrêtant le poison dans les veines, on sauve tout l’individu ; en arrêtant le poison dans les artères, on ne sauve que la partie du corps à laquelle l’artère oblitérée portait le sang. […] Rappelons-nous pour un instant que le curare ne peut exercer son action toxique qu’après avoir été porté par les artères et mis en contact avec nos éléments organiques. […] Chaque homme se fait de prime abord des idées sur ce qu’il voit et il est porté à interpréter les phénomènes de la nature par anticipation avant de les connaître par expérience. […] L’animisme de Stahl était donc empreint d’une exagération qui porta ses successeurs, sinon à l’abandonner, au moins à le modifier profondément.
Nous disons porter envie, ce qui ne seroit pas entendu en latin par (…) : au contraire, (…) est une façon de parler latine, qui ne seroit pas entendue en françois, si on se contentoit de la rendre mot à mot, et que l’on traduisit, porter la coutume à quelqu’un, au lieu de dire, faire voir à quelqu’un qu’on se conforme à son gout, à sa maniére de vivre, être complaisant, lui obéïr. […] porter, se rend en latin dans le sens propre par ferre : mais quand nous disons porter envie, porter la parole, se porter bien ou mal, etc., on ne se sert plus de ferre pour rendre ces façons de parler en latin : la langue latine a ses expressions particuliéres pour les exprimer ; porter ou ferre ne sont plus alors dans l’imagination de celui qui parle latin : ainsi, quand on considère porter tout seul et séparé des autres mots qui lui donent un sens figuré, on manqueroit d’exactitude dans les dictionaires françois-latins, si l’on disoit d’abord simplement que porter se rend en latin par (…). […] La figure n’est que dans notre tour françois, parce que nous nous servons d’une autre image, et par conséquent de mots tout diférens ; par exemple : (…) signifie, dit-on, envoyer, retenir, arêter, écrire, n’est-ce pas come si l’on disoit dans le dictionaire françois-latin, que porter se rend en latin par (…) ? […] On done aussi aux pièces de monoie le nom du souverain dont elles portent l’empreinte. (…) : qu’elle rende deux cens philipes d’or : nous dirions deux cens louis d’or. […] « ne devrois tu point mourir etc. » c’étoit par la même figure qu’au lieu de dire je vous abandone, je ne me mets point en peine de vous, je vous quite, les anciens disoient souvent, vivez, portez-vous bien.