Car il faudrait, si l’on étudiait l’histoire de la Conférence, et Dieu sait que ce n’est pas mon intention dans cette causerie, se garder de confondre ce genre spécial et un peu factice avec l’éloquence de la chaire et celle de la tribune ; ce qui rehausse ces deux genres, c’est la gravité de l’objet poursuivi dans les oraisons et dans les harangues, objet religieux, objet politique. […] Ils parlaient pour la gloire plus grande d’un dogme religieux, politique ou littéraire, ils parlaient pour dire quelque chose et le fond de leur pensée leur importait plus que la forme, ils parlaient pour le plus grand nombre possible d’auditeurs à instruire, à entraîner ou à convertir. […] Et en même temps que l’importance politique des sujets traités par quelques conférenciers d’il y a vingt ans, les Eugène Yung, les Émile Deschanel, les Dollfus et d’autres rehaussaient un peu le genre, on voyait les politiciens, les universitaires et même les orateurs sacrés emprunter à la conférence sa manière familière, persuasive et quand on peut spirituelle.
I Ceci — je crois — est le début de l’auteur dans l’histoire politique. […] Charles d’Héricault a enfin abordé l’histoire politique, et ce livre atteste des facultés si sûres d’elles-mêmes, si gouvernées, si réfléchies, que le troublant et passionnant sujet d’histoire qu’il a choisi pour le traiter — La Révolution de Thermidor — ne l’a entraîné ni dominé une seule minute, et qu’il nous a donné l’exemple d’une fermeté d’esprit inconnue à tous les historiens, dans une mesure quelconque, de la Révolution française, — de cette Révolution dont la bouleversante influence ne s’arrête pas à ceux qui l’ont faite, mais va jusqu’à ceux qui l’écrivent… Car elle va jusque-là. […] Ce livre est d’une telle impartialité qu’il est impossible de voir à travers les pages l’opinion politique de l’auteur.
Elle vient de ce que les premiers sont des philosophes et les seconds des hommes politiques, et que la politique est maintenant la seule passion qui vive dans ce siècle tari, épuisé, mourant de faiblesse intellectuelle entre la négation et le doute, moins viril encore que la négation ! […] La noble passion intellectuelle, étouffée par la grossièreté de l’air ambiant que le Matérialisme épaissit encore, s’est évaporée comme un éther, tandis que l’ambition politique subsiste et flambe toujours, immortelle comme les convoitises et les bassesses dans le cœur de l’humanité !
Nulle politique ne présidait au carnage. […] On sait que de son vivant même elle trouva des censeurs ; les femmes, en France, lui reprochèrent de n’avoir point les manières et les agréments de son sexe ; les protestants, d’avoir changé de religion ; les politiques, d’avoir quitté un trône ; tous ceux qui avaient quelque humanité, d’avoir pu croire que sa qualité de reine pût autoriser un assassinat : mais elle fut l’objet éternel des hommages des savants et des gens de lettres. […] Pour affaiblir cette résistance, l’orateur ou l’écrivain tâchera d’emprunter avec le langage, et d’adopter, autant qu’il est possible, les passions, les goûts, et pour ainsi dire les idées religieuses, politiques et civiles du peuple dont il veut imiter la langue.
Or, ce qui est parfaitement ridicule dans la discussion des droits et des devoirs humains, n’est pas, que je sache, plus digne de respect dans la discussion politique. […] Or, le conseil du législateur athénien n’est pas moins utile dans l’ordre littéraire que dans l’ordre moral ou politique. […] Le plus impardonnable de tous les choix que puisse se permettre l’Académie française, c’est un choix politique. […] Guizot proclame à tout propos son excellence politique. […] Passant de l’excellence historique à l’excellence politique, il a fait de M.
Honoré sous la Restauration de l’amitié du duc d’Orléans, estimé de tous, poëte politique le plus en faveur dans les classes moyennes, il n’a rien pris pour lui au moment du triomphe ; il a continué de cultiver les lettres et n’a pas changé de théâtre. […] j’ai là mon armée derrière moi, et il me faut marcher. » — Les brigues auxquelles il est presque nécessaire de se livrer pour quiconque aspire au fauteuil académique, paraissent devenir de plus en plus exigeantes et onéreuses à mesure que les habitudes politiques et parlementaires pénètrent jusque dans la littérature.
Mais le ministère français avait déjà d’autres soins plus pressants que ceux de la politique extérieure, et les embarras des finances ne lui permettaient pas de s’exposer aux chances d’une nouvelle guerre. […] Une telle politique s’accordait mal avec celle de Catherine.
Antipas et Hérodiade disparurent aussi bientôt de la scène politique. […] Les droits de la conscience, soustraits à la loi politique, arrivent à constituer un pouvoir nouveau, le « pouvoir spirituel. » Ce pouvoir a menti plus d’une fois à son origine ; durant des siècles, les évêques ont été des princes et le pape a été un roi.
Au spectacle de cette période de terreur, c’est, je pense, une consolation de voir s’élever une autre grandeur que la grandeur de la cour, une autre autorité d’exemple et d’opinion, un autre modèle de société, une autre source de mœurs, d’idées, de principes ; c’est surtout un besoin pour les âmes douces et nobles, au milieu des tourments politiques qui les épuisent, d’entrevoir dans une société nouvelle un asile fermé à l’esprit de faction, et où se retrouvent les principales aménités de la vie civilisée. […] C’était l’ennemi du faux en toutes choses, du faux goût, du faux savoir ; du faux en morale, en politique, en littérature, en conversation ; l’ennemi des esprits faux et des cœurs faux.
Nous venons de voir les guerriers mourants pour la patrie, loués par la patrie ; c’était une institution politique et une dette de l’État. […] C’est là encore que l’on voit le génie de ce peuple, qui mêlait à ses plaisirs mêmes des leçons de grandeur ; là, tous les arts étaient asservis à la politique, et la musique même, qui ailleurs n’est destinée qu’à réveiller des idées douces et voluptueuses, ou à irriter une sensibilité vaine, célébrait dans Athènes les grandes actions et les héros.
Ils appellent cela parler politique. […] La politique voulait que l’on fût l’un, ou l’autre. […] Cette mystique païenne était rongée de politique, dévorée d’une, de plusieurs, au moins de deux, d’une double politique. […] Par sa politique de politique. Par sa politique de littérature.
Le changement de l’ordre politique n’est qu’un épisode dans l’universel et prodigieux changement qui s’accomplit. […] Ce même Karamsine joua un rôle politique bien différent de son rôle littéraire. […] Ce jugement n’est pas trop sévère, si on l’inflige à l’homme politique, — Dieu ! […] Les théories politiques et sociales répugnent aux conceptions françaises, c’est une autre question ; mais M. […] Mais je parle bien au long, vraiment, de la politique d’un poète.
. — En somme, au dix-septième siècle, ce qui fournit les idées mères, c’est la foi, c’est la pratique, c’est l’établissement religieux et politique. […] Otez les surcharges ultérieures et divergentes ; il reste l’original, et cet extrait commun, par lequel toutes les copies concordent, est le déisme Même opération sur les lois civiles et politiques. […] » Ceci nous montre l’esprit, le but et l’effet de la société politique. — À l’origine, selon Rousseau, elle fut un contrat inique qui, conclu entre le riche adroit et le faible dupé, « donna de nouvelles entraves au faible, de nouvelles forces au riche », et, sous le nom de propriété légitime, consacra l’usurpation du sol Aujourd’hui elle est un contrat plus inique, « grâce auquel un enfant commande à un vieillard, un imbécile conduit des hommes sages, une poignée de gens regorge de superfluités, tandis que la multitude affamée manque du nécessaire ». […] Bossuet (Politique tirée de l’Écriture sainte). […] Discours sur l’ Économie politique , 326.
L’Allemagne était pleine d’hommes à sa hauteur en philosophie, en histoire, en science, en politique, en roman, en critique, en poésie ; il suffit de nommer les Herder, les Kant, les Jacobi, les Schlegel, les Winckelmann, les Klopstock, les Wieland, les Schiller, pour assigner au dix-huitième siècle allemand la même fécondité intellectuelle qu’au dix-huitième siècle français. […] Mais le prince, tout en préparant ainsi le bien-être rural de son ami, s’était réservé d’employer plus utilement son rare génie et sa sagacité politique au bonheur de ses peuples et à l’éclat littéraire de sa cour. […] La révolution française secouait déjà le monde de ses pressentiments ; Goethe, au fond plus philosophe et aussi incrédule aux théories populaires du christianisme que Voltaire, dominait du haut d’une indifférence superbe les querelles religieuses et politiques du temps. […] XXIII Quant à sa politique, elle participait de cet éclectisme calme et de cette superbe indifférence pour le fanatisme de tels ou tels partis monarchiques ou populaires, aristocratiques ou démocratiques. […] Goethe, en cela, participait beaucoup du génie de Machiavel, de Bacon, de Voltaire, de M. de Talleyrand, hommes très supérieurs en intelligence, très inférieurs en conscience, mais professant tout haut ou tout bas, à l’égard des formes sociales, la politique du mépris ; politique selon nous coupable, parce qu’elle désespère, mais politique bien explicable par le spectacle des impuissances éternelles des sages à améliorer la condition des insensés.
L’empereur, nous le savons par les lettres de Fabre, reçut la comtesse avec courtoisie, mais avec une courtoisie un peu ironique dans la forme, et au fond singulièrement impérieuse : « Je sais », lui dit-il, « quelle est votre influence sur la société florentine ; je sais aussi que vous vous en servez dans un sens opposé à ma politique ; vous êtes un obstacle à mes projets de fusion entre les Toscans et les Français. […] XI 1813 sonnait la chute de l’empire et la décomposition momentanée de l’œuvre politique. […] … Quant à l’homme qui tombe aujourd’hui, j’ai publié quatorze volumes sous son règne, presque tous avec le but de combattre son système et sa politique, et sans avoir à me reprocher ni une flatterie, ni même un mot de louange, bien que conforme à la vérité ; mais au moment d’une chute si effrayante, d’un malheur sans exemple dans l’univers, je ne puis plus être frappé que de ses grandes qualités. […] Le cou était un peu gros, et les contours de sa stature annonçaient une femme qui eût été mère si la politique n’avait pas faussé sa riche nature. […] Sa politique n’est que de l’humeur et de la peur.
Toutefois, malgré tant de vices capitaux, je suis d’avis que non seulement il n’y a aucun inconvénient à autoriser la représentation de cette pièce, mais qu’il est d’une sage politique de n’en pas retrancher un seul mot. […] En politique, on croirait entendre M. […] Sa politique devait être celle qui allait le mieux à sa bataille. […] Quand les ouvrages mis en honneur s’intitulaient : Les Burgraves, l’Homme qui rit ou la Légende des siècles, c’était au mieux ; mais cela devenait néfaste quand, par la force d’habitude, on exaltait le feuilleton des Misérables ou les tartines politiques des Châtiments. […] [Entretiens politiques et littéraires (25 octobre 1893).]
Nous restons seuls, toute la soirée, sans un coup de sonnette d’homme politique dans ce parlage d’art et de littérature. […] Mardi 25 juillet Hébrard disait ce soir : « Je ne sais, si c’est d’être entré très jeune dans le journalisme politique, mais cela ou autre chose a fait de moi, tout à fait un homme de journée en politique. Passé six heures, rien des choses politiques ne m’intéresse plus, ne me passionne plus, ne m’est plus de rien. […] Il s’assied, et le voici, dès la soupe, dans ce monde de fanatiques protestants comme Scherer, de politiques étroits comme Robin ; le voici, à donner l’envolée à son scepticisme raffiné ; spiritualisé, si l’on peut dire, par la maladie. […] « Waddington, un monsieur pas français, pas compréhensif de tout ce que nous aimons… ah mon cher, il n’y a plus de dilettante politique, comme au dix-huitième siècle.., Say, un gentleman de cercle, qui a toujours chez lui un membre de la chambre anglaise, Decazes un rien, un néant, enfin c’est ce monsieur qui passe… Marcère, un puriste, un rédacteur, rien que cela, pas une flamme ?