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2103. (1853) Propos de ville et propos de théâtre

*** Aux gens qui lui plaisent, mademoiselle A… accorde volontiers, par amour de l’art, ce que tant d’autres, qui ne la valent pas, n’accordent que par amour de l’or. […] — Lorsque je demande un pareil service à M. votre père, répondit celui-ci, j’ajoute : s’il vous plaît. […] Quand le premier service fut achevé, l’impatiente curiosité des dames ne pouvant se prolonger au-delà, le marquis de L… se leva et prit la parole en ces termes : Mesdames, je comprends parfaitement la surprise que vous témoignez en me retrouvant au milieu de vous, ou en vous retrouvant au milieu de moi, comme il vous plaira.

2104. (1898) Politiques et moralistes du dix-neuvième siècle. Deuxième série

Si l’on procède par synthèse, on tiendra compte de toutes les opinions qui ont été généralement admises, successivement, par l’humanité, de toutes les opinions considérables du genre humain, et l’on se fera une opinion, une croyance, mêlée, complexe, incohérente et parfaitement monstrueuse, où personne ne pourra se plaire, si ce n’est l’homme que sans doute Lamennais déteste le plus, à savoir une manière de dilettante avide et de sceptique vorace, qui voudrait rassembler en lui, pour les goûter toutes, les croyances les plus contradictoires de l’humanité. — Et si l’on procédé par élimination, on écartera chaque opinion humaine qui aura été fortement contredite et aussi celle qui la contredit, ne reconnaissant ni sur l’une ni sur l’autre le sceau du consentement universel ; et alors on repoussera exactement tout ce que les hommes ont pensé ; on ne retiendra que leur manière de penser, la seule chose qui leur soit commune, la seule chose qui soit la même chez tous les hommes, et l’on arrivera à cette conclusion que la vérité, c’est la logique. […] Il ne pouvait plaire qu’aux révolutionnaires, et ceux-ci étaient hors de sa prise, étant déjà sortis du catholicisme. […] Il dut plaire ; et il plut beaucoup. […] C’est où l’homme d’imagination triomphe pleinement, c’est au moins où il se plaît et d’où il n’aime pas à sortir. […] Ceci plaît mieux à l’esprit, quoique encore, à moins d’être dans le conseil de Dieu, rien ne nous dise que notre manière d’être doive nécessairement être analogue à celle des animaux.

2105. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Gabriel Naudé »

Naudé a dédain, par-dessus tout, de la foule moutonnière et du grand nombre : il se plaît à répéter avec Sénèque : Non tam bene cum rebus humanis geritur ut meliora pluribus placeant, Les choses humaines ne se trouvent pas si bien partagées que ce soit le mieux qui agrée au plus grand nombre230.

2106. (1813) Réflexions sur le suicide

C’est une puissance qui tour à tour subite et lente, imprévue ou préparée, se saisit de la vie à une certaine époque et en détermine le cours ; mais loin que le Sort soit aveugle, comme on se plaît à le dire, l’on croirait qu’il nous connaît, car presque toujours il nous atteint dans nos faiblesses les plus intimes.

2107. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre deuxième. Les mœurs et les caractères. — Chapitre I. Principe des mœurs sous l’Ancien Régime. »

La politique qui avait établi la cour prescrivait le faste. « C’était lui plaire, que de s’y jeter en habits, en tables, en équipages, en bâtiments, en jeu ; c’étaient là des occasions pour qu’il parlât aux gens199.

2108. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — chapitre VII. Les poëtes. » pp. 172-231

Il sent si bien son talent qu’il en abuse ; il se plaît aux tours de force.

2109. (1858) Cours familier de littérature. V « XXIXe entretien. La musique de Mozart » pp. 281-360

La symphonie commence ; Raff était à côté de moi, et dès le milieu du premier allegro il y avait un passage que je savais devoir plaire.

2110. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 avril 1885. »

Donner sur une scène française — ou, tout au moins, sur une scène de langue française — une des œuvres les plus hardies et les plus originales du hardi novateur ; la monter avec un soin jaloux des moindres détails de la mise en scène et de l’interprétation vivante ; commencer à mettre les chanteurs français, enclins à parader dans le style italien, aux prises avec la musique d’action ; obliger les chœurs à prendre part à la comédie, à y jouer franchement un rôle : ce n’est pas seulement plaire aux connaisseurs désintéressés, c’est aussi hâter l’avènement d’un art de sincérité, de liberté, d’émotion et de logique.

2111. (1895) Journal des Goncourt. Tome VIII (1889-1891) « Année 1890 » pp. 115-193

» Sur quoi Thiers s’était mis à larmoyer, en disant que le comte se plaisait à insulter un vaincu.

2112. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXIe Entretien. Le 16 juillet 1857, ou œuvres et caractère de Béranger » pp. 161-252

Béranger n’agit pas ainsi, soit par amour évangélique des classes laborieuses, avec lesquelles il lui plaisait de se confondre par la langue et par les préjugés comme par le cœur ; soit pour poser son levier d’opinion sur les masses plus résistantes, afin d’y trouver plus de force contre le trône des Bourbons ; soit enfin pour complaire à ses amis, et pour servir par une action plus vive la triple opposition monarchique, républicaine et militaire, qui le couronnait alors d’une triple popularité.

2113. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 13, qu’il est probable que les causes physiques ont aussi leur part aux progrès surprenans des arts et des lettres » pp. 145-236

La nature capricieuse, à ce qu’il semble, n’y fait naître ces grands artisans que lorsqu’il lui plaît.

2114. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Paul Féval » pp. 107-174

Mais Dieu, qui a, quand il le veut, tous les moyens de nous atteindre, Dieu, qui donne à sa Grâce divine toutes les formes humaines qu’il lui plaît, donna pour Féval à sa Grâce le visage d’un ami et d’un homme fait par l’esprit pour tout renverser comme la foudre, et qui se contenta de lui planter et de lui enfoncer doucement dans le cœur, pendant des années dont je ne sais pas le nombre, les racines de cette conversion que voilà maintenant fleurie et épanouie sur sa tombe !

2115. (1889) Essai sur les données immédiates de la conscience « Chapitre I. De l’intensité des états psychologiques »

Il entrera donc dans le sentiment du gracieux une espèce de sympathie physique, et en analysant le charme de cette sympathie, vous verrez qu’elle vous plaît elle-même par son affinité avec la sympathie morale, dont elle vous suggère subtilement l’idée.

2116. (1922) Durée et simultanéité : à propos de la théorie d’Einstein « Chapitre IV. De la pluralité des temps »

Quand vous parlez de l’orbite décrite par la Terre, vous vous placez à un point de vue arbitrairement choisi, celui des habitants du Soleil (d’un Soleil devenu habitable) Il vous plaît d’adopter ce système de référence.

2117. (1856) À travers la critique. Figaro pp. 4-2

Patience le feuilletoniste va vous en lâcher bien d’autres, à commencer par la phrase suivante : « Que non pas l’admiration, car l’auteur en mérite bien plus que son œuvre mais l’espèce d’adoration extatique dont ses pièces sont momentanément l’objet, est une mode de plus à ajouter à toutes celles dont l’esprit humain s’est vu successivement insanifié, etc. » Insanifié, plaît-il ? […] Mais voici deux pensées philosophiques que le feuilletoniste, plein de son sujet, n’a évidemment empruntées à personne : « … Il lui plaît que Lanavette, qui s’est affublé d’une tête d’âne, devienne un âne pour tout de bon… Il y a certes peu de chose à faire pour opérer cette métamorphose de l’imbécile en bête… (à qui le dites-vous ?)

2118. (1932) Les deux sources de la morale et de la religion « La religion statique »

Chacun de nous peut faire l’expérience, s’il lui plaît : il verra la superstition jaillir, sous ses yeux, de la volonté de succès. […] Cet instinct ne va pas très loin, sans doute, quand on le laisse à lui-même, mais il progresse indéfiniment si l’on se plaît à l’exercer.

2119. (1922) Nouvelles pages de critique et de doctrine. Tome II

Il se plaît, en revanche, à organiser des fêtes qui supposent une assistance raffinée et comblée. […] Il faut donc plaire à ce public, dont ce même Boileau, dans cette éloquente septième épître, nous énumère les sottes exigences : « L’ignorance et l’erreur à ses naissantes pièces, En habits de marquis, en robes de comtesses, Venaient pour diffamer le chef-d’œuvre nouveau. » Et le satirique nous montre le commandeur qui discute l’exactitude de telle scène, — le vicomte qui s’indigne et qui sort au milieu de l’acte, — le marquis dégoûté et qui, placé sur le théâtre, à la mode d’alors, hausse les épaules et crie tout haut au parterre : « Ris donc, parterre, ris donc !  […] Ils ont voulu jouer avec la vie, se plaire à eux-mêmes dans une aventure de bravade, d’amusement et de névropathie, se libérer des préjugés.

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