On a cru que des idées serrées, des phrases substantielles, des réticences factices rapprocheroient de ce Modele, & l’on n’a pas senti qu’en prenant un ton qui n’appartient véritablement qu’à lui, on tomboit dans la sécheresse, dans la froideur, dans l’obscurité.
Parce qu’elle éclaire cette demi-page, il faut citer cette phrase, à la fin de l’article de M. […] S’il est parlé de poésie, une phrase est à citer, celle de Lautréamont qui avait bien quelque titre à s’exprimer sur la matière : la poésie doit être faite par tous, non par un u. […] Le mot maîtresse me plongeait dans le ravissement, depuis certaine phrase de mon père où il m’était apparu lourd de bonheurs sous-entendus. […] Engels qui cite cette phrase de Hegel la commente en ces termes : La liberté n’est pas dans une indépendance illusoire par rapport aux lois de la nature, mais dans la connaissance de ces lois et dans la possibilité, fondée sur cette connaissance, de les faire agir, afin d’atteindre des fins déterminées. […] Phrase extraite du « Discours prononcé à l’hôtel-de-ville de Paris le 25 février 1848 » : « Le drapeau rouge, que vous-même rapportez, n’a jamais fait que le tour du Champs-de-Mars, traîné dans le sang du peuple en 1791 et 1793, et le drapeau tricolore a fait le tour du monde avec le nom, la gloire et la liberté de la patrie ».
Plus j’ai relu cette phrase et moins j’y ai trouve de sens. […] Rousseau : « Si la vie et la mort de Socrate sont d’un sage, la vie et la mort de Jésus sont d’un Dieu », ce qui n’est qu’une phrase ! […] Toujours est-il que l’on a pris ou affecté de prendre cette phrase : « … et dans le naufrage de l’espérance sombre à son tour la charité », comme si j’avais voulu dire qu’il n’existait d’institutions charitables qu’au sein du seul catholicisme. […] Et dans une phrase ainsi conçue : « La Foi détruit ainsi l’Espérance en son cœur, et dans le naufrage de l’Espérance sombre à son tour la Charité » comment n’a-t-on pas vu qu’il était question de toute autre chose ? […] Mais je pense que l’on entend aussi maintenant ce que j’ai voulu dire en écrivant cette autre phrase : « Comment s’occuperait-on des autres quand on est à ce point inquiet de soi-même !
Poète de combat, il l’est dans ses romans et ses nouvelles de haut goût et de psychologie supérieure, où il traduit sans phrases ni sermon, par la simple analyse des âmes et des choses, l’incessante préoccupation de son esprit généreux.
Cette phrase, les chirurgiens de la campagne, &c. doit être avant celle qui la précéde.
Rien de plus commun que d’entendre, sans hésiter, Homère et Virgile, et que d’être arrêté à chaque phrase dans Thucydide ou Tacite. […] Un écolier aura à rendre cette expression, maison Cornélienne, qu’après avoir cherche dans son Dictionnaire le mot maison, entre les différentes traductions de ce mot, il s’arrête au mot domus ; son travail de recherche lui aura été fort peu utile : rien ne le choquera dans la phrase où il insérera ce mot, rien ne l’avertira du ridicule de son choix ; comment, avant de savoir le latin, s’apercevra-t-il de la bizarrerie d’une phrase latine de sa composition ? Qu’au contraire il ait à traduire le gens Corneliana, s’il est embarrassé entre les différentes acceptions du mot gens, il aura, pour se diriger et s’éclairer, le sens du reste de la phrase dont il cherchera à se donner l’explication en français, et sera conduit à choisir la seule traduction du mot gens qui puisse entrer dans une phrase française raisonnable.
comme les contours de la phrase sont dessinés ! […] Ce n’est ni la phrase claire et rapide du dix-huitième siècle, ni la phrase sévère et logique du dix-septième, ni la phrase ample et flottante du seizième, ni même la phrase ambitieuse, et tour à tour philosophique ou poétique, du siècle présent ; non, c’est un perpétuel cliquetis d’antithèses puériles ; c’est alternativement la caricature de Beaumarchais ou de quelques dramatistes plus modernes. […] Il a voulu, et nous l’en remercions, mettre de l’art dans chaque page, dans chaque phrase et presque dans chaque mot. […] Il fait ses périodes trop nombreuses ; les charnières de sa phrase ne sont pas assez multipliées. […] J’ai grand peur que ce juif ne soit venu en scène uniquement pour réciter quelques phrases bien faites.
Les jolies phrases ! […] Paraît un inconnu, grand, sec et noir, qui salue et débite une phrase de trop vive admiration. […] … Il veille à ses phrases, les fait bien, sait les varier, les nuancer. […] Il aime autant conjecturer que le copiste a sauté une phrase. […] » Délicieuse remarque ; et la plaisante phrase !
Et je n’ai pas choisi les phrases les plus difficiles ni les plus obscures. […] J’ajoute que, à partir de la soixantième page, le livre semble mieux et plus fermement écrit, et que ces empêtrements de phrases y deviennent beaucoup plus rares. […] Vous vous rappelez peut-être cette phrase de Pierre de Changy sur la réception que fit Achille à Ulysse et à Nestor « … et les reçeut en convive honneste, sobre et tempéré qu’il appresta luy-memes, tant estoit humain. » J’avais trouvé cette phrase obscure et m’étais donné beaucoup de mal pour vous l’expliquer. […] … » ou cette phrase inestimable d’un père qui cherche à connaître le secret amoureux de sa fille : « Comment blâmerais-je en vous les sentiments que je fis naître dans le cœur de votre mère ? […] Elles ont l’air profondément étonné ; elles font de toutes petites phrases, — car elles ont l’haleine très courte, — des phrases sans liaison entre elles avec, parfois, une image inattendue et vive.
Il s’est placé lui-même dans la famille des écrivains-artistes, « des architectes de mots et de phrases », des
Hors des redites et des banalités, il sait relater, en phrases substantielles, colorées, durables, tels aspects et mouvements caractéristiques de la vie moderne.
Ayant constaté, il y a déjà bien des années, le tort que fait à notre langue l’emploi inconsidéré des mots exotiques ou grecs, des mots barbares de toute origine, de toute fabrique, je fus amené à raisonner mes impressions et à découvrir que ces intrus étaient laids exactement comme une faute de ton dans un tableau, comme une fausse note dans une phrase musicale.
Ainsi comme nous l’avons dit plus haut, la phrase héroïque, le sang me bout dans le cœur, fut résumée dans la langue vulgaire par ce mot abstrait et général, je suis en colère.
Il y a dans les Mémoires de Malouet une phrase dont je ne saisis pas bien le sens : c’est lorsque, venant de parler des projets de M. de Bouille pour le rétablissement de l’autorité royale, il ajoute : « J’imaginai cependant de donner un successeur à Mirabeau ; et la reine, qui ne connaissait pas mon projet, quoique j’en eusse prévenu M. de Montmorin, eut un moment d’humeur contre moi, et dit publiquement à son jeu qu’elle ne concevait pas comment M. […] Ce fut le cas encore cette fois : l’adresse qu’il envoya à l’Assemblée fut un composé des phrases de M. de Clermont-Tonnerre et de Malouet, entre lesquelles il avait lardé quelques-unes des siennes. […] Je fus si frappé de ce qu’il dit, que je ne l’ai jamais oublié… » Les phrases de lui que cite Malouet ne ressemblent à celles que je vois citées ailleurs que par le fond de la pensée ; la sténographie, on le sait, était encore dans l’enfance.
Mais il a eu pourtant l’intelligence la plus alerte, la plus curieuse : une intelligence toujours en éveil, débrouillarde, lucide, merveilleux filtre d’idées ; personne n’a possédé plus que cet homme-là le don de réduire un gros système à une courte phrase, et de choisir le petit échantillon sur lequel on peut juger d’une vaste doctrine. […] Il méprisait les hommes en masse, le peuple, et il a eu des phrases révoltantes sur ce bétail humain que les propriétaires, les rois, doivent engraisser dans leur propre intérêt : il n’estimait pas l’humanité capable de faire elle-même son bien ; il ne croyait qu’aux réformes venues d’en haut, et le despote bienfaisant était son idéal. […] Cet odieux pamphlet se termine par cette phrase : « Il faut lui apprendre que, si on châtie légèrement un romancier impie, on punit capitalement un vil séditieux ».
Il nous semble utile d’observer tout d’abord que la phrase tente l’idée, quand elle ne la motive pas, et que l’association des mots provoque le débordement du réservoir mental, ou, plus proprement, favorise la diaprure du ciel représentatif, sans cependant que la pensée ainsi vivifiée emprunte à la phrase un élément indépendant ou étranger à son propre fonds. […] Mais, si l’auteur du Jardin d’Épicure était aussi peu épris de sa dialectique qu’il veut en avoir l’air, nous lui eussions su gré davantage de cette phrase paisible aux débordements cadencés, de cette harmonie sereine que son verbe emprunte aux souhaits mêmes de l’ouïe la plus exigeante, de cette idéalité du terme qui semble parler de perfection, et dont M.
Un bel ouvrage tombe entre leurs mains, c’est un premier ouvrage, l’auteur ne s’est pas encore fait un grand nom, il n’a rien qui prévienne en sa faveur, il ne s’agit point de faire sa cour ou de flatter les grands en applaudissant à ses écrits ; on ne vous demande pas, Zélotes , de vous récrier, C’est un chef-d’œuvre de l’esprit ; l’humanité ne va pas plus loin : c’est jusqu’où la parole humaine peut s’élever : on ne jugera à l’avenir du goût de quelqu’un qu’à proportion qu’il en aura pour cette pièce ; phrases outrées, dégoûtantes, qui sentent la pension ou l’abbaye, nuisibles à cela même qui est louable et qu’on veut louer : que ne disiez-vous seulement, Voilà un bon livre ; vous le dites, il est vrai, avec toute la France, avec les étrangers comme avec vos compatriotes, quand il est imprimé par toute l’Europe et qu’il est traduit en plusieurs langues ; il n’est plus temps. […] Les synonymes sont plusieurs dictions ou plusieurs phrases différentes qui signifient une même chose. […] L’on écrit régulièrement depuis vingt années ; l’on est esclave de la construction ; l’on a enrichi la langue de nouveaux mots, secoué le joug du latinisme, et réduit le style à la phrase purement française ; l’on a presque retrouvé le nombre que Malherbe et Balzac avaient les premiers rencontré, et que tant d’auteurs depuis eux ont laissé perdre ; l’on a mis enfin dans le discours tout l’ordre et toute la netteté dont il est capable : cela conduit insensiblement à y mettre de l’esprit.