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1174. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre V. Mme George Sand jugée par elle-même »

Elle détruira très bien (croit-elle) l’idée qu’elle a construite elle-même dans l’opinion publique par ses écrits, en nous faisant des confidences de composition et en nous racontant de petites anecdotes personnelles, choisies parmi celles qui ne compromettent pas !

1175. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « M. Maurice Rollinat »

Je regrette aussi qu’il n’ait pas écarté un certain nombre de pièces qui n’ajoutent rien à la manifestation de son grand talent et qui détonnent sur l’ensemble du livre, si absolument beau dans les pièces où la Nature, qu’il voit d’un œil si personnel, et les souffrances morales ou physiques de l’humanité, l’occupent seules.

1176. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Gustave Droz » pp. 189-211

D’écrivain délicieusement personnel, Gustave Droz est passé romancier impersonnel et pénétrant, et c’est comme romancier qu’il faut le prendre et le juger.

1177. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Hippolyte Babou »

Comme les personnages de ses récits, il est païen, mais on le lui pardonne, et s’il est moins innocent qu’eux, parce qu’il en sait davantage, il songe si peu à être autre chose qu’un écrivain aimable et sincère, que les chrétiens n’auront pas grand’peine à lui témoigner une sympathie plus personnelle encore que la charité.

1178. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XXII. »

Il ne fut qu’un contemplateur studieux ; il n’entretint jamais le beau monde de ses pensées ou de ses passions intimes, dans un temps où le génie faisait volontiers de ses petits secrets personnels des événements publics.

1179. (1907) Le romantisme français. Essai sur la révolution dans les sentiments et dans les idées au XIXe siècle

Lasserre lui reprocha de vouloir fonder les distinctions sociales sur le mérite personnel, trop difficile à juger et donc moins pratique que les privilèges héréditaires. […] C’est le moment d’où il date sa grande réforme personnelle. […] Jusque dans l’appareil du plus sententieux dogmatisme le sentiment personnel est son unique démon. […] Ce que Rousseau nomme sa réforme personnelle, ce fut l’adoption d’une attitude injurieuse à toutes les bienséances, ce « vernis du vice ». […] Et comme nous ne pouvons être attachés qu’à notre bien propre, il faut, pour vivre conformément à un ordre général, sentir en lui notre soutien personnel.

1180. (1885) Les étapes d’un naturaliste : impressions et critiques pp. -302

Bientôt l’on oublia les services d’Ysabeau pour ne se rappeler que ses premières fureurs, et le Livre Rouge parut, inspiré par des spéculations éhontées, tout autant que par les vengeances personnelles. […] Sa puissance et sa fécondité sont si grandes qu’il naît de lui une théologie mystique et une ontologie mystique, dans lesquelles l’esprit, illuminé par les flammes de l’amour, aperçoit des perfections et des attributs de l’Etre que n’embrasse point le pur raisonnement ; une psychologie mystique qui creuse et atteint jusqu’aux dernières racines de l’amour-propre et des affections humaines ; une philosophie mystique qui n’est que la traduction sous forme artistique de toutes ces philosophies, animées par le sentiment personnel et vivant du poète qui chante ses amours spirituelles. […] La poésie ecclésiastique, quel qu’en soit le mérite et a valeur, œuvre multiple, où le poète parle, non en son nom personnel, mais au nom de la foule, n’a pas davantage le caractère mystique. […] Il y avait là, rendues en deux strophes, en quatre vers seulement parfois, les impressions toutes personnelles et dès lors toujours vivantes, qui dictèrent tous les romans de la première manière d’André Theuriet. […] Elle me ramène à ce que je disais de la pondération résultant de cette collaboration des deux frères, pondération nécessaire qui fait défaut chez Edmond, pour le moment du moins, et qui, dans son œuvre personnelle, n’est visible que dans Les Frères Zemganno par une sorte de miracle de l’amour fraternel.

1181. (1902) La politique comparée de Montesquieu, Rousseau et Voltaire

Voilà les opinions de Montesquieu sur la question de la liberté personnelle et des droits de l’homme. […] Elle peut n’être qu’un caprice de despotisme soit personnel, soit aristocratique, soit populaire. […] Il conclut enfin, ce me semble bien, contre le collectivisme, par horreur de tout despotisme, et contre le socialisme en général par respect et amour du droit personnel. […] Il ne dit point que ce qu’on a eu tort de faire il faut le détruire, en supprimant la propriété personnelle ; et il confesse qu’il n’ose conseiller de détruire la société elle-même : « Quoi donc ? […] C’est votre religion personnelle.

1182. (1864) Le roman contemporain

C’est un souvenir personnel mal déguisé sous le voile transparent d’une fiction diaphane. […] L’intervention de ces deux personnes dans le même récit sauve ce qu’une confession personnelle aurait eu de trop direct. […] Cette peinture navrante de la misère qui étreint souvent les jeunes ambitieux du royaume des lettres sur le seuil de la vie parisienne qu’ils ont rêvée si belle, a la vérité énergique d’un souvenir personnel. […] Il est d’une haute noblesse, à la vérité ; il est riche, il est jeune, il est beau ; mais le lecteur ne tarde pas à s’apercevoir qu’il lui manque, au milieu de tant de supériorités, la supériorité personnelle. […] Cette intervention personnelle de l’auteur dans son drame, où il se glisse à côté de ses personnages, a d’autres inconvénients ; elle n’augmente pas, comme M. 

1183. (1889) La bataille littéraire. Première série (1875-1878) pp. -312

Le gymnase tenu par M. et Mme Moronval était une de ces singulières institutions qui peu achalandées happent au passage les pensionnaires les plus invraisemblables ; des nègres, des mulâtres au nombre de huit ou dix en formaient tout le personnel. […] Comme il ne faut imposer à autrui ses sympathies ni ses opinions personnelles, je ne saurais mieux faire que de citer la pièce suivante comme échantillon des cinquante et quelques morceaux qui composent le volume qui vient de paraître chez Lemerre. […] Il ne faut pas chercher à comparer cette œuvre dramatique au beau poème de Victor Hugo sur le même sujet ; le maître est le maître, mais un sentiment vrai appartient à tous, et cette pensée du pardon pour Caïn est aussi personnelle à M.  […] Triste besogne infligée par le manque de goût personnel et de courage d’opinion, à ce point que ceux-là étaient rares autrefois qui osaient placer le nom de Paul de Musset à côté de celui de son frère, Alfred de Musset. […] Il y avait aussi quelques échantillons de lingerie qui révélaient des habitudes personnelles d’une recherche élégante et même raffinée.

1184. (1782) Essai sur les règnes de Claude et de Néron et sur la vie et les écrits de Sénèque pour servir d’introduction à la lecture de ce philosophe (1778-1782) « Essai, sur les règnes, de Claude et de Néron. Livre second » pp. 200-409

A peine m’en souviens-je ; l’intérêt personnel l’a successivement affaiblie. […] Malheur à l’homme personnel qui lira cette page avec dédain ! […] Vous serez desservi par ceux même qui vous appellent à l’administration : vos subalternes vous trahiront, vos prôneurs vous feront des ennemis, vos enthousiates vous nuiront ; vous serez malhonnêtement attaqué, peut-être trop vivement défendu ; vos projets les plus sages seront ou rejetés par l’envie, ou croisés par l’intérêt personnel ou par la haine : il viendra un moment où vous ne saurez ni comment rester, ni comment sortir. […] » « En quelque lieu que l’homme de bien soit relégué, il y trouve la nature, la mère commune de tous les hommes, et sa vertu personnelle. » « De tous les points de la terre, nos regards se dirigent également vers le ciel, et le séjour de l’homme est à la même distance de la demeure des immortels. […] Si l’auteur parle si vivement en faveur d’un philosophe auquel il n’est attaché par aucun lien personnel, avec quelle chaleur ne nous défendrait-il pas, si nous étions attaqués ?

1185. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome II pp. 5-461

Séparés de leurs contemporains, qu’ils étonnent quelquefois par leurs ouvrages encore imparfaits, avares gardiens du secret de leur érudition, à l’abri des concurrences, privés du secours des discussions, retirés à l’ombre de leur cabinet, ils ne tendent point à propager leurs connaissances, et leur mérite personnel, n’étant ni suffisamment communiqué, ni soumis à l’épreuve d’un examen constamment public, ne répand qu’au hasard des clartés générales. […] L’animadversion personnelle, je l’avoue, l’emporta plus loin qu’il ne devait aller : ce fut alors que l’intervention des magistrats-censeurs devint propice à la morale autant qu’au bon goût. […] Situation personnelle de Molière. […] Il savait qu’il y a un milieu entre la patiente dignité d’un homme, et la pusillanimité qui n’ose réagir contre les offenses personnelles. […] « Puisqu’on tient, à bon droit, tout crime personnel « Que fait là notre honneur pour être criminel ?

1186. (1903) La vie et les livres. Sixième série pp. 1-297

C’est la preuve qu’ils ne mettront pas l’histoire au service d’une ambition personnelle. […] Le roman de Delphine, paru en 1802, contenait un éloge immodéré des Anglais, ennemis personnels de Bonaparte. […] Tous les jours, l’usine a besoin des chemins de fer, de la poste, du service des eaux, du personnel forestier, douanier et voyer. […] Un voyageur, surtout s’il se promène chez des peuples si différents de nous, doit se montrer moins avare de confidences personnelles. […] Enfin, désireux de pousser son enquête aussi loin que possible, il a complété ses observations personnelles par une série de consciencieuses lectures.

1187. (1900) Quarante ans de théâtre. [II]. Molière et la comédie classique pp. 3-392

Notre expérience personnelle s’accroît de ces observations faites par un homme de génie et mises dans tout leur jour ; c’est là le véritable profit qu’on tire de l’art dramatique. […] Cette peur a été avivée chez lui par un détail qui lui est personnel. […] La confiance est chose personnelle et incommunicable. […] J’imprime cette façon de voir, qui m’est personnelle, sur la vérité vraie, et je la change ainsi au gré de ma passion présente, et je veux que l’auteur se conforme à cette vérité nouvelle, et, à plus forte raison, l’artiste. […] Perrin cède trop aisément en cette affaire aux préventions d’un goût personnel.

1188. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre deuxième. Les mœurs et les caractères. — Chapitre II. La vie de salon. »

À ce titre, la femme a son cortège personnel de solliciteurs et de protégés, et, comme son mari, ses amis, ses ennemis, ses ambitions, ses mécomptes et ses rancunes propres ; rien de plus efficace pour disjoindre un ménage que cette ressemblance des occupations et cette distinction des intérêts. — Ainsi relâché, le lien finit par se rompre sous l’ascendant de l’opinion. « Il est de bon air de ne pas vivre ensemble », de s’accorder mutuellement toute tolérance, d’être tout entier au monde. […] Elle en a un « pour les femmes de condition, un pour les femmes de qualité, un pour les femmes de la cour, un pour les femmes titrées, un pour les femmes d’un nom historique, un autre pour les femmes d’une grande naissance personnelle, mais unies à un mari au-dessous d’elles, un autre pour les femmes qui ont changé par leur mariage leur nom commun en un nom distingué, un autre encore pour les femmes d’un bon nom dans la robe, un autre enfin pour celles dont le principal relief est une maison de dépense et de bons soupers ».

1189. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre deuxième. La connaissance des corps — Chapitre premier. La perception extérieure et les idées dont se compose l’idée de corps » pp. 69-122

IV Il reste un groupe de propriétés qui au premier regard semblent personnelles au corps, intrinsèques, et non pas seulement relatives à des sensations ; telles sont l’étendue, la figure, la mobilité, la situation, toutes propriétés géométriques. […] Un pouvoir n’est donc rien d’intrinsèque et de personnel à l’objet auquel on l’attribue.

1190. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXVIe entretien. La littérature des sens. La peinture. Léopold Robert (1re partie) » pp. 397-476

Il me serait difficile d’assigner la prééminence entre ces deux arts de la musique ou de la peinture ; cette prééminence me paraît même devoir être toute personnelle dans celui qui préfère la peinture à la musique ou la musique à la peinture. […] S’il me fallait cependant chercher d’autres raisons de cette préférence personnelle pour la musique sur la peinture, j’en trouverais peut-être encore de plus motivées dans l’essence même de ces deux arts.

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