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922. (1866) Nouveaux essais de critique et d’histoire (2e éd.)

Il ne satisfera personne et mécontentera les deux partis. […] Aussi personne ne peut-il la garder impunément auprès de soi. […] Personne n’est plus capable de peindre les bêtes de proie, petites ou grandes. […] En 1844, il prêcha devant 20 000 personnes. […] Trente mille personnes en vingt ans sont venues accroître la population de l’Utah.

923. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre I. Le Roman. Dickens. »

Chez nous, quelques-uns admirent Balzac, mais personne ne voudrait le tolérer. […] On n’essaye plus d’affecter une piété qui ne trompe personne et qui ne mène à rien. […] Personne, selon Dickens, ne sent aussi vivement qu’eux le bonheur d’aimer et d’être aimé, les joies pures de la vie de famille. Personne n’a autant de compassion pour ces pauvres êtres déformés et infirmes qu’ils mettent si souvent au monde, et qui ne semblent naître que pour mourir. Personne n’a un sens moral plus droit et plus inflexible.

924. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre III. Variétés vives de la parole intérieure »

Un jour de crise politique, un homme d’un certain âge, à la figure placide, se promène sur un boulevard de Paris, donnant le bras à une jeune dame, qui sans doute est sa fille ; la foule est compacte, agitée, murmurante ; mais personne n’élève la voix ; tout à coup, sans occasion qui le provoque, sans regarder personne, notre homme dit assez haut d’une voix concentrée : « Ce X… est un misérable !  […] Si notre politique, sur le boulevard, gardait le silence, c’est qu’il se parlait à lui-même, à lui seul, c’est qu’il n’avait rien à dire, ni à la dame qui l’accompagnait, ni à personne. […] Mais cette heureuse habitude de la mémoire est acquise ; chez beaucoup, elle n’existe pas ; chez personne elle n’est absolument parfaite. […] Enfin, on se parle quelquefois à soi-même à la seconde personne avec autant de vivacité qu’à un interlocuteur ; ici, nous retrouvons la parole intérieure morale ; les reproches, les conseils, les résolutions sont en effet des occasions de hausser le ton de la parole intérieure et de lui donner une allure impersonnelle. […] Je crois bien que ces paroles involontaires n’expriment ni un sentiment ni une pensée, qu’elles ne correspondent à rien d’intérieur, et que la personne qui les prononce n’a pas conscience de ce qu’elle dit ; elle l’entend seulement et ne l’écoute pas, sachant qu’on sait qui elle est et qu’on lui pardonnera.

925. (1902) Propos littéraires. Première série

Personne n’a senti l’amour si profondément, si savoureusement, si délicieusement. Personne, à ma connaissance, n’a su trouver des vers comme ceux-ci… Mon Dieu ! […] personne n’est absolument un farceur et un Tartuffe. […] Personne ne l’a pu. […] Ce qui est une personne, c’est l’arbre.

926. (1910) Propos littéraires. Cinquième série

Personne n’est plus ardent, quand il écrit, que M.  […] Puis le vent tourné ; plus personne. […] Je ne viens de parler que du mensonge où il entre un intérêt, soit celui de la personne qui ment, soit celui de la personne que l’on trompe. […] Personne n’a été plus laborieux, personne n’a été de conscience plus nette et personne n’a eu plus de talent ; personne, non plus, n’a fait davantage dans l’histoire, quelque étonnement qui doive accueillir cette assertion. […] Personne, d’abord, ne prit la parole pour nier qu’il y eût des principes.

927. (1782) Essai sur les règnes de Claude et de Néron et sur la vie et les écrits de Sénèque pour servir d’introduction à la lecture de ce philosophe (1778-1782) « Essai, sur les règnes, de Claude et de Néron. Livre premier. » pp. 15-203

, que Messaline n’a pour tout cortége que ces trois personnes. […] Personne ne connut comme Tibère la valeur des expressions ; clair, lorsqu’il n’était pas obscur à dessein. […] S’il fut éloquent, il faut avouer que personne ne fit un plus mauvais usage de l’éloquence. […] Songez seulement au danger que vous courez vous-même, si l’on peut attenter impunément à ma personne. […] Thraséas reste inutile dans un sénat déshonoré, et personne ne l’en blâme !

928. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « [Appendice] » pp. 417-422

Et j’ai beau chercher qui m’en conte, Personne ne veut m’en conter. […] Il put être précieux par un coin de son esprit, il n’eut jamais rien de pédant dans sa personne.

929. (1874) Premiers lundis. Tome I « Mémoires de Dampmartin, Maréchal de camp »

Que j’envie le sort de ceux qui n’ont d’aventures à conter à personne ! […] Une ordonnance prononça, « que personne ne pourrait obtenir un emploi dans le service avant d’avoir déposé les titres de quatre générations de noblesse entre les mains de M. 

930. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — Q. — article » pp. 572-580

Personne ne lui avoit servi de guide, & personne ne l’a égalé depuis.

931. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 8, des instrumens à vent et à corde dont on se servoit dans les accompagnemens » pp. 127-135

quoique sa déclamation ne soit alors differente du chant musical, que parce que les sons que forme une personne qui déclame ne sont point frappez separement et ne reçoivent pas leur perfection dans les mêmes parties de l’organe de la parole, que les sons que forme une personne qui chante.

932. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Joseph de Maistre »

il répondait un jour en riant à quelques personnes qui l’engageaient à venir avec elles jouir d’un soleil de printemps : « Le soleil ! […] La Savoie est au roi de Sardaigne depuis huit cents ans, personne ne peut lui faire une anicroche là-dessus ; pourquoi la lui garderait-on ? […] N., disent certaines personnes, a promis la liberté du culte : oui ; mais vous savez bien qu’on n’a rien tenu de ce qu’on vous avait promis. […] M. de Maistre, malgré tout ce qu’on peut dire, en croyant bien n’en pas être, et en protestant contre, n’y conspirait-il point, autant que personne, par mainte pensée hautement échappée ? […] L’estime que vous voulez bien m’accorder est mise par moi au rang de ces possessions précieuses qu’heureusement personne n’a droit de confisquer.

933. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Gabriel Naudé »

Il avait publié un petit livre, le Marfore ou discours contre les libelles, dont je ne parlerai pas, attendu que je ne sais personne qui l’ait lu ni vu. […] le style de Naudé (il faut d’abord s’y faire) est plein de toiles d’araignées comme sa personne. […] Nous admettons d’emblée que la nymphe Égérie n’était pas un démon succube, et aussi que le grand chien noir de Corneille Agrippa n’était pas le diable en personne. […] Dans l’habitude de la vie, il ne se confiait à personne,  — « à personne, hormis à M.  […] la grande perte que j’ai faite en la personne d’un tel ami !

934. (1860) Cours familier de littérature. X « LIXe entretien. La littérature diplomatique. Le prince de Talleyrand. — État actuel de l’Europe » pp. 289-399

Son silence, plein de réflexion et de mystère comme le silence de Sieyès, imprimait un certain prestige sur sa personne à l’Assemblée. […] Il ne se précipitait point dans le parti passionné et anarchique ; il voulait bien servir les idées dominantes, mais il ne voulait périr avec personne. […] Il ne trahissait personne ; il conservait à l’Espagne sa dynastie et ses droits de nation ; il épargnait des torrents de sang ; il assurait à Napoléon l’alliance de la famille de Louis XIV. […] Ce fut sa personne qui négocia ; il portait dans sa tête ses instructions : un signe de ses sourcils faisait taire les ennemis de la France. […] Le roi, encore valide, et le vieux diplomate expirant, s’enfermèrent sous le rideau du lit pour que personne n’entendît leur entretien.

935. (1864) Cours familier de littérature. XVII « Ce entretien. Benvenuto Cellini (2e partie) » pp. 233-311

Je passerai légèrement sur un songe que j’avais eu en prison, où je vis un homme qui m’écrivit sur le front des paroles importantes, et me recommanda, pendant trois fois, de ne les faire voir à personne ; tellement qu’en m’éveillant je me trouvai le front tout noirci. […] Quelques personnes qui l’ont vue ne peuvent douter de ce miracle. […] J’eus beau lui représenter que le roi m’avait donné ce logement pour moi et mes gens, et que je ne voulais y souffrir personne autre ; cet homme était fier, audacieux et violent ; il me répondit qu’il voulait faire ce qui lui plairait, et que c’était donner de la tête contre une muraille, que de s’opposer à lui et à M. de Villeroy. […] « Après avoir donné mes ordres aux personnes qui composaient mon atelier, je partis pour Rome ; j’y allais pour voir Antonio Altoviti, auquel j’avais fait son buste en bronze pour orner son cabinet. […] À cela j’avais répondu d’une manière trop hardie envers un prince comme lui, en lui disant : Comment ferez-vous estimer ma statue, puisqu’il n’y a personne à Florence qui soit capable de la faire ?

936. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Figurines »

    Puis cela nous amuse de découvrir çà et là, dans son livre anonyme, un peu de sa vie et de sa personne. […] Public composé, non point de cent mille lecteurs quotidiens, mais de cinquante ou de cent personnes riches, nobles, distinguées, cultivées, oisives. […] Personne, enfin, n’a mieux vu la vanité du décor politique, social et religieux de son temps, et n’a entendu plus de craquements dans le vieil édifice. […] Les « genres » seuls existent ; les œuvres, très peu ; la personne des écrivains, moins encore. […] Maigre, élégant, les pommettes saillantes, les yeux clairs et froids, un peu du nez de Condé, la voix forte et comme bourdonnante, toute sa personne exprime une farouche énergie.

937. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre sixième. »

Sainte-Marthe disait qu’Amyot, « en portant la langue au plus haut point de pureté dont elle semblait capable, n’avait guère moins acquis de gloire par cette voie que s’il avait conquis de nouvelles provinces par l’épée, et étendu les limites du royaume130. » Huet le loue « d’avoir apporté dans sa traduction tant d’esprit et tant de bonnes dispositions, tant de subtilité et tant de politesse, qu’on peut dire qu’il a été le premier qui ait montré jusqu’où pouvaient aller les forces et l’étendue de notre langue131. » — « Quelle obligation dit Vaugelas, ne lui a point notre langue, n’y ayant jamais eu personne qui en ait mieux su le génie et le caractère que lui, ni qui ait usé de mots ni de phrases si naturellement françaises, sans aucun mélange des façons de parler des provinces, qui corrompent tous les jours la pureté du vrai langage français ! […] Le caractère de Montaigne, tel que nous le montrent les Essais, est celui d’un homme nonchalant par humeur, non moins que par la faveur d’une condition qui lui permettait le repos ; irrésolu, tantôt par l’effet des lumières, qui font voir autant de raisons pour s’abstenir que pour agir, tantôt par la fatigue de délibérer, détestant l’embarras des affaires domestiques, et préférant l’inconvénient d’être volé à l’ennui de veiller sur son bien ; ennemi de toute contrainte, jusqu’à regarder comme un gain d’être détaché de certaines personnes par leur ingratitude ; ne donnant prise sur lui à rien ni à personne, ne se mettant au travail qu’alléché par quelque plaisir simple, naïf, vrai avec lui-même et avec les autres ; ayant le droit de parler de sa facilité, de sa foi, de sa conscience, de sa haine pour la dissimulation, dans un temps où toutes ces qualités étaient autant de périls142 ; « ouvert, dit-il, jusqu’à décliner vers l’indiscrétion et l’incivilité » ; délicat à l’observation de ses promesses jusqu’à la superstition, et pour cela prenant soin de les faire en tous sujets incertaines et conditionnelles143 ; franc avec les grands, doux avec les petits ; le même homme que le besoin d’ouverture pouvait rendre incivil ; poussant la civilité jusqu’à être prodigue de bonnetades 144, notamment en été, dit-il, sans doute parce qu’on risque moins en cette saison de s’enrhumer en général, ayant les vertus de l’honnête homme, et sachant, en un cas pressant, en montrer ce qu’il en fallait, mais n’en cherchant pas l’occasion un mélange de naïveté et de finesse, d’ouverture et de prudence, de franchise et de souplesse ; modérant ses vertus comme d’autres modèrent leurs vices ; mettant pour frein à chacune ce grand amour de soi, dont il ne se cache pas et qui formait son état habituel ; enfin, s’il fut vain, ne l’étant guère moins de ses défauts que de ses qualités. […] Il y a d’ailleurs de frappantes analogies entre les deux époques de grandes choses qui finissent, la religion et la société politique dans l’empire romain, le catholicisme du moyen âge, et la féodalité dans la France du xvie  siècle ; de grands bouleversements, des révolutions, le règne de la force, qui détache les esprits méditatifs d’une société où personne n’a protection, et les ramène sur eux-mêmes ; le même doute aux deux époques par des causes différentes ; dans Rome en décadence, parce que les vieilles croyances y sont éteintes et laissent l’homme en proie à lui-même ; dans la France du seizième siècle, parce qu’on est placé entre d’anciennes formes qui disparaissent et un avenir qu’on ignore. […] Nous nous piquons de reconnaître notre personne dans la personne qui s’appelait Montaigne, dans ce portrait qu’il se garde bien de faire en une fois, de peur d’omettre certains traits et d’en forcer d’autres, mais qu’il a comme répandu dans tout le cours de son ouvrage.

938. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Conclusion »

Plus législateur en cela que dans son Art poétique, ses jugements sur les personnes nous dirigent plus sûrement que ses lois sur les genres. […] Dur aux idées plus qu’aux personnes, il ne croit pas plus licite d’être facile aux dépens de la vérité que libéral avec l’argent d’autrui. […] De Maistre n’est en reste avec personne, ni de paroles méprisantes quand il mesure leurs talents, ni d’indignation généreuse quand il flétrit leurs actes. […] La personne est si bien cachée derrière l’auteur, que si la vie de nos grands poètes n’avait eu des témoins, ou s’il n’était resté d’eux quelques lettres où ils se sont montrés sans le vouloir, à grand’peine pourrait-on, par la conjecture, s’en faire des images nettes d’après leurs ouvrages. […] N’allons pas croire pourtant que tout, dans la poésie personnelle, soit l’expression vraie de la personne, ni que tout ce qui est écrit ait été senti.

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