Car il ne s’est pas vu, je pense, de tristesse plus purement intellectuelle. […] Il s’est aperçu ce jour-là qu’il aimait la vie, même douloureuse : «… Et, pour la première fois, il me semble qu’il y a un peu de « phrases » dans ce que j’ai toujours dit et pensé sur la vie, dans les colères, les dégoûts, peut-être jusque dans les tristesses qu’elle m’a inspirés. […] Ce mot de « dilettantisme », si vague et si commode, je pense que c’est Paul Bourget qui en a donné la meilleure définition : « C’est, dit-il, une disposition d’esprit très intelligente à la fois et très voluptueuse, qui nous incline tour à tour vers les formes diverses de la vie et nous conduit à nous prêter à toutes ces formes sans nous donner à aucune. » Eh bien, pourquoi cette disposition d’esprit serait-elle nécessairement funeste ?
Qu’on ne pense pas que ce soient les lois de la guerre et les ordonnances militaires qui empêchent les soldats de faire des fautes. […] La politesse passa du sénat aux ordres inférieurs, voire au plus bas étage du menu peuple ; et si en leur cause, on doit croire leur témoignage, ils ont effacé ensuite toutes les grâces et toutes ces vertus de la Grèce, et ont laissé son atticisme bien loin derrière leur urbanité. » Ici Balzac nous apprend que de son temps ce mot d’urbanité n’était pas encore reçu en France : il pense que quand l’usage l’aura mûri, et aura corrigé l’amertume de la nouveauté, nous nous y accoutumerons , comme à d’autres que nous avons empruntés de la même langue. […] Balzac pense qu’à l’aménité, ils joignaient cette grandeur « dont il leur était impossible de se défaire, parce qu’elle tenait à leur cœur et à leur esprit, parce qu’elle avait racine en eux et n’était pas appliquée sur leur fortune.
Le sentiment nous apprend ce qui en est avant que nous aïons pensé à en faire l’examen. […] Souvent elles ont décidé avant que d’avoir parlé et même avant que d’avoir pensé à faire une décision. […] D’ailleurs je ne pense point que le public jugeât mal d’un ouvrage en general, quand bien même quelqu’unes de ces beautez lui seroient échappées.
Les mœurs nouvelles et les passions de ce peuple qui renversait ses coutumes, les engoûments, les soulèvements, les déchirements et les résistances de l’opinion, à cette époque de bouleversement suprême, ils ont pensé, avec raison, que toutes ces choses sombres et terribles entraient dans le programme de leur histoire. […] Eh bien, selon nous, c’est cette contradiction, c’est cette antithèse, qu’il aurait fallu faire saillir, et à laquelle MM. de Goncourt, attaqués de l’hypertrophie parisienne, ne pouvaient penser ! […] Un mot aurait suffi, et nous avons même pensé un instant à ne dire qu’un seul mot, mais nous nous sommes ravisés, et puisque ces MM. de Goncourt ont le bonheur d’être jeunes, le hasard d’avoir du talent… quelquefois, et le projet d’écrire encore une histoire de la société sous le Directoire, nous avons cru utile et sympathique de leur rappeler que pour une œuvre si sévère et si grande il faut étreindre comme on embrasse ; — qu’il faut plus que de lier ou d’éparpiller des glanes d’anecdotes et d’être, après coup, les Tallemant des Réaux proprets et fringants d’une époque dans laquelle on n’a pas même le privilège d’avoir vécu.
À partir de la Révolution française, de cette révolution qui, en faisant souvent mine de mourir, mais ne mourant jamais, nous a légué, pour nous consoler de sa perte momentanée, le parlementarisme, ce joli enfant de sa façon, qui nous ramènera toujours, dans un temps donné, à sa mère, si nous sommes assez aveugles pour nous fier à ce charmant petit, Thureau-Dangin a compté sur ses doigts le nombre de fois que la pierre de ce Sisyphe infortuné, qui a tant essayé de la mettre en équilibre, lui est retombée sur les pieds, mais il n’a jamais pensé que ce fût la faute de l’équilibriste ou de la pierre. […] Et de fait comparez ce qu’on pensait de lui autrefois à ce qu’actuellement on en pense !
L’auteur de ce livre intitulé Hugues de Lionne 50 l’a pensé, mais la vie qu’il en a écrite ne le prouve pas. […] Pensez, par exemple, au succès toujours subsistant, toujours verdissant, toujours florissant, des séances de l’Académie, et à celui de la Revue des Deux Mondes. Pensez à la gloire des œuvres de Gœthe, et encore à la vieille fortune des doctrinaires, dont les livres étaient assurément moins vides que celui-ci.
L’homme est bien plus un qu’on ne pense, et il s’agit toujours d’Abailard. […] Nous dirons tout à l’heure ce que nous pensons de M. […] Mais, quoique M. et Madame Guizot appartiennent par plus d’un endroit aux doctrines qui sont sorties de l’insurrection spirituelle qu’Abailard commençait au Moyen Âge, si réellement la Philosophie ne s’était pas glissée dans cette publication et n’avait pas projeté d’imprimer la marque de son ergot dans ce livre de moralité sensible, si vraiment on n’avait pensé qu’à peindre et à juger une passion qui a jeté des cris et laissé son sang dans l’Histoire, on n’eût pas troublé l’unité de la compilation qu’on édite par l’insertion de documents étrangers au but d’étude morale qu’on voulait atteindre.
L’homme est bien plus un qu’on ne pense, et il s’agit toujours d’Abailard. […] Nous dirons tout à l’heure ce que nous pensons de M. […] Mais quoique M. et Mme Guizot appartiennent par plus d’un endroit aux doctrines qui sont sorties de l’insurrection spirituelle qu’Abailard commençait au Moyen Âge, si réellement la Philosophie ne s’était pas glissée dans la publication présente et n’avait pas projeté d’imprimer la marque de son ergot dans ce livre de moralité sensible, si vraiment on n’avait pensé qu’à peindre et à juger une passion qui a jeté des cris et laissé son sang dans l’histoire, on n’eût pas troublé l’unité de la compilation qu’on édite par l’insertion de documents, étrangers au but d’étude morale qu’on voulait atteindre.
Elles méritent d’être signalées à l’attention de tout ce qui pense. […] Il appartient donc à ce groupe d’esprits qui pensent que la Renaissance et l’expérimentalisme de Bacon ont détourné les sciences, aussi bien que les lettres, de la voie qu’elles devaient suivre au sein d’une civilisation chrétienne, et qui sont décidés à mourir ou à ne jamais vivre dans la popularité de leur siècle, pour les y faire rentrer, si Dieu lui-même ne s’y oppose pas. […] Tessier avec infiniment de justesse, Cabanis, qui avait contre l’Église et les idées religieuses les haines perverses de son époque, voulait, dans la civilisation de l’avenir, remplacer les prêtres, dont le rôle était fini (pensait-il), par les vingt mille médecins qui allaient toucher en haut et en bas à toutes les réclamations de la société moderne et la gouverner en la retournant sur son lit de douleur.
Charles de Rémusat appartient à la troupe des philosophes de ce pauvre temps, stériles comme des architectes, qui ne pensent point par eux-mêmes et qui vouent leur stérilité à des monographies et à des commentaires. […] Franchement, je pense encore assez de bien de Charles de Rémusat, pour croire qu’au Moyen Âge il aurait eu plus d’importance que dans son siècle. […] Le crime commis, tous ces gens bien élevés n’en parlent plus : ni le démantelé Abélard, qui n’a plus maintenant à penser qu’à son Concile ; ni Héloïse, la prieure du Paraclet, qui laisse là son couvent (ô Moyen Âge !)
Eh bien, je me trompais, pour trop bien penser de mon temps ! […] Caro, qui est une claire intelligence française, répugnant de nature aux obscurités des Lycophron allemands, lesquels ne sont clairs que quand ils sont fous, et répugnant aussi à leurs extravagances, a pu penser que la philosophie était compromise par les systèmes de Schopenhauer et de Hartmann et il s’est inscrit en faux contre eux, pour la sauvegarde et pour l’honneur de la Philosophie. […] J’ai dit que je voudrais savoir ce que M. de Bismarck, cette fière intelligence casquée, comme aurait parlé saint Jérôme, pense de Schopenhauer et de sa métaphysique ?
Voilà surtout ce qui nous a frappé dans ce livre que la curiosité ne manquera pas d’ouvrir, mais que la réflexion fermera pour y penser et le rouvrir encore. […] Ce saint missionnaire catholique, qui n’est jamais qu’un missionnaire, et qui ne peut pas être autre chose, a bien plus pensé, en écrivant les Mémoires historiques sur l’Australie, à l’édification de nos âmes, qu’à nous donner un livre dans le sens livresque du mot, et cependant ce livre, et un excellent livre, riche d’observations de toute espèce et de notions neuves, s’est fait sous cette plume qui n’y pensait pas !
car Hugo pense tout cela de lui-même, et de ses vers et de ses drames et de ses romans, mais n’oserait peut-être pas le dire à la première personne ; seulement, comme Figaro, qui dit : « Ce qu’on ne peut pas parler, on le chante ! […] … Pour moi, je n’ai jamais douté ; mais jusque-là j’aurais douté que je serais convaincu maintenant que c’est Hugo qui a pensé, écrit, rimé, enjambé ce livre des Premières années à Paris, publié sous le nom de Vacquerie. Si Auguste Vacquerie l’avait écrit, lui, ce serait un phénomène, et je répugne, je l’avoue, à penser que Vacquerie soit un phénomène… Ce serait un phénomène, en effet, et un des plus étonnants, qu’un homme qui absorberait un autre homme comme l’éponge absorbe l’eau qu’elle boit, et encore l’éponge reste éponge, malgré l’eau qu’elle a bue !
Il pense assez peu, — peint encore moins, — mais il versifie, et, parce qu’il n’a pas les arabesques affectées ou les enfantillages malades de M. […] Les sujets de ses poëmes étonnent quand on pense à leur exécution. […] Autran, nous ne pensons pas qu’il tienne personnellement une place très extérieure et très visible dans la littérature contemporaine.
… Qui pense à Milton, à cette heure, dans ce monde moderne, attelé aux plus âpres besognes, qui n’est ni religieux, ni poétique, — tout ce que fut Milton, — et qui, tas de fourmis en travail, passe au pied de la statue des plus grands hommes sans avoir même le temps de la regarder ? […] Il s’est pris d’admiration pour Milton, à part de son siècle et aussi à part des théories du nôtre, et de cela — de ces deux à-partés — il est sorti un livre droit et simple, grave et renseigné, très heureusement pensé par places, et partout écrit avec une ampleur un peu traînante et un peu lourde, mais de cette lourdeur, que je ne crains pas, qui tient à l’étoffé du style et que l’on pourrait comparer à celle d’une draperie de velours. […] Et cependant elle éclata, à la fin, quand personne n’y pensait plus, par cette détonation foudroyante du Paradis perdu, qui remplissait, quelques années après la mort du poète, tous les échos de l’Angleterre.
Il fait la règle et le modèle, et dicte à sa nation ce qu’elle doit penser. […] Simple, modéré, sans faste à la cour et dans celle de Louis XIV, si l’on en croit nos aïeux, il eût gouverné comme Lycurgue, il eût été adoré comme Trajan : Que pense-t-on de moi dans Paris , demandait-il souvent ? […] À la mort du grand dauphin, héritier de son sang, il refusa de l’être de ses pensions.
Je ne peux m’empêcher de penser aux personnages de Huysmans, Là-Bas. […] Que pensez-vous de Ponocratès, par rapport à Cercleux ? […] À quelle heure pense-t-on ? […] Car vous pensez bien que cet esprit, nourri de philosophie, ne pouvait s’abstenir de raisonner et de conclure. […] Ne nous dites pas, monsieur Marcel Prévost, ce que vous pensez de ces jeunes filles.