Ce n’étaient que des notes de médecin ou d’apothicaire, qui pouvaient faire rire, mais qui, après avoir fait rire, faisaient penser. […] … À quoi pensait-il, au milieu d’événements qui auraient dû le frapper, l’avertir, le distraire des étiquettes et du tous les jours de la vie ? […] Mais quoi que ce soit, il est sûr qu’il se dégage du Journal où l’on trouve ces choses un Louis XVI auquel vraiment on n’aurait jamais osé penser. […] comme Louis XV, qui, sinistre, du fond de sa bergère rose, au moins, y pensait. Louis XVI n’y pensait pas, à ce déluge qui venait.
Nous pensons qu’à côté de l’œuvre il y a l’homme. […] ∾ Je pense que le lecteur ne se méprend pas sur la qualité de mon observation. […] Mais cette liberté d’esprit ne vaut que s’il s’en sert pour penser. Il faut penser, tout est là ! […] Dès qu’il les a, n’y plus penser jamais !
Placé comme un arbitre impartial entre ses facultés, le même homme qui était parvenu à penser sans l’aide de ce qu’on avait pensé avant lui, tenait comme éloignés de lui, et sous une sorte de surveillance jalouse, son imagination et ses sens, afin de se préserver de leurs erreurs, et de se réduire à sa seule raison. […] C’est pour cela qu’il pensa d’abord à l’appeler l’Histoire de son esprit. […] Ne rabaissons pas la vérité, cette portion de Dieu, jusqu’à penser qu’elle n’a pas assez de charmes pour se faire préférer au mensonge. […] En attendant, je pense, donc je suis ; je pense à vous avec tendresse, donc je vous aime ; je pense à vous uniquement de cette manière, donc je vous aime uniquement. » Boileau, dans l’Arrêt burlesque, vengeait la philosophie de Descartes des dénonciations de l’université de Paris, et en gravait le précepte essentiel, « Aimez donc la raison », à toutes les pages de l’Art poétique, ce Discours de la méthode de la poésie française. […] Racine en avait recueilli et comme respiré la tradition vivante dans son commerce avec Port-Royal ; et si ses personnages raisonnent moins et pensent plus que ceux de Corneille, j’y vois un fruit de cette doctrine qui avait changé la définition de la logique, et remplacé l’art de raisonner par l’art de penser.
vous avez pensé à moi, père Christel ? […] pensait-il. […] » pensa le vieux rebbe. […] qu’en penses-tu, Orchel ? […] N’est-ce pas ce que tu penses, Kobus ?
Pensez donc ! […] Quand Taine découpa son Histoire de la littérature anglaise dans l’immense étoffe que Barot emploie toute, il lui fallut plusieurs gros volumes pour y mettre cette histoire, circonscrite pourtant aux grandes figures, aux hommes de génie ou de talent supérieur ; et Odysse Barot, qui ne choisit pas, qui prend tout, qui ne pense pas comme le duc d’Albe et pêche aussi bien aux grenouilles qu’aux hures de saumon, empile toute cette multitude dans un volume in-18 de la collection Charpentier ! […] Elle n’entre pas dans les combinaisons de ceux qui la prennent pour un moyen d’action politique sur les hommes, ce qu’elle est parfois, mais ce à quoi elle ne pense jamais. […] Et ce signe de la bête est peut-être ce qu’il a de plus précieux aux yeux de Barot, qui doit à peu près croire, comme Darwin, que l’homme n’est qu’un singe qui présentement reprend ses droits… Selon lui, la gloire de lord Byron s’en va baissant ; la gloire de Shelley grandit au contraire, et, comme pour ces fiers penseurs de la démocratie, si comiquement optimistes, qui trouvent que l’humanité, composée de toutes les canailles, a toujours raison dans ce qu’elle pense et quoi qu’elle pense, Odysse Barot pense comme toute l’Angleterre actuelle sur Byron (en supposant qu’elle pense ce qu’il atteste), et sans façon il lui rogne sa gloire… C’est à Shelley qu’est l’avenir, dit-il. […] Il pense trop à côté, et ce qu’il pense à côté est ce qu’il estime le plus de sa pensée, il a voulu, ce benthamiste, faire de l’histoire utile ; mais son utilitarisme a été trompé.
Une fois la lecture faite, vous ne pensez plus à ce que vous avez lu, et il ne vous en reste rien. […] « Peu lire et penser beaucoup nos lectures », a dit Rousseau. […] Tout cela est gai, et jeune, et vivant ; ce sont des tableaux faits sans quon y pense. […] car c’est l’âge d’argent pendant lequel on fait tout ce qu’on veut, et l’on dit ce qu’on pense. […] À quoi pensait-il donc en examinant ainsi le ciel ?
Sans doute, l’homme de génie, quand il compose, ne pense plus à lui-même, c’est-à-dire à ses petits intérêts, à ses petites passions, à sa personne de tous les jours ; mais il pense à ce qu’il pense ; autrement, il ne serait qu’un écho sonore et inintelligent, et ce que saint Paul appelle admirablement symbalum sonans. […] Que faire dans une chaise de poste, si l’on ne pense à ce qui nous intéresse ? Le marchand pense à ses affaires, le jeune homme à ses amours, le philosophe à ses livres. […] Celui qui est habitué à penser, pense partout. […] L’un oublie les choses visibles, l’autre les choses invisibles ; l’un ne pense qu’à son devoir et oublie son intérêt ; l’autre pense à son intérêt et oublie son devoir.
Platon est délicat dans tout ce qu’il pense & dans tout ce qu’il dit : Aristote ne l’est point du tout, pour être plus naturel. Son stile est simple & uni, mais serré & nerveux : celui de Platon est grand & élevé, mais lâche & diffus : celui-ci dit toujours plus qu’il n’en faut dire ; celui-là n’en dit jamais assez, & laisse à penser toujours plus qu’il n’en dit : l’un surprend l’esprit, & l’éblouit par un caractère eclatant & fleuri ; l’autre l’éclaire & l’instruit par une méthode juste & solide….. […] Enfin, Platon ne pense le plus souvent qu’à bien dire, & Aristote ne pense qu’à bien penser ». […] Voici quelle étoit la différence façon de penser des maîtres.
Mais la philosophie qui fait le mérite du poète, n’est pas celle qu’il peut arracher par lambeaux dans quelques livres ; c’est celle qui fait sentir et penser, et qu’on trouve chez soi ou nulle part. […] C’est quand il pense et sent d’après lui-même, quand il est le peintre, et non l’écolier d’Épicure. […] Celui qu’on place avec justice au premier rang, est supérieur dans l’harmonie et dans le choix des mots : des juges, peut-être sévères, désireraient qu’il pensât davantage ; la partie du sentiment est chez lui encore plus faible. […] Ce même Horace, le panégyriste de Pindare, et qui ne croit pas pouvoir l’égaler, nous plaît pourtant beaucoup plus ; parce qu’en effet il pense davantage, parce qu’il sent plus finement, parce qu’il est plus varié et plus naturel. […] J’avouerai au reste, avec le même Horace, que si dans les jugements sur les anciens, quelque excès peut être permis, la liberté de penser paraît encore plus excusable que la superstition.
Sans doute, au moment où je pense chacune de ces unités isolément, je la considère comme indivisible, puisqu’il est entendu que je ne pense qu’à elle. […] En un mot, il faut distinguer entre l’unité à laquelle on pense et l’unité qu’on érige en chose après y avoir pensé, comme aussi entre le nombre en voie de formation et le nombre une fois formé. […] Or, supprimons pour un instant le moi qui pense ces oscillations du pendule, une seule position même de ce pendule, point de durée par conséquent. […] Cette influence du langage sur la sensation est plus profonde qu’on ne le pense généralement. […] Nous entendons par là que notre esprit, lorsqu’il les pense, les retrouve toujours dans une espèce d’immobilité, comme si elles lui étaient extérieures.
Elle aurait atteint la perfection scientifique, idéale, si elle nous mettait en état de prédire avec certitude comment un individu pensera, sentira ou agira dans le cours de sa vie. […] Il pense qu’il nous faut acquérir notre connaissance de l’esprit humain, en observant les autres. […] Elle pense, au contraire, que cela est possible. Elle pense que l’élément mental est un fait, mais non un fait ultime. […] Il lui faudrait élever, depuis l’enfance jusqu’à la maturité, un certain nombre d’êtres humains, noter chaque sensation ou impression éprouvées par le sujet, ou noter les causes et ce qu’il en pense.
. — Vous vous trompez peut-être ; mais vous avez comparé, rapproché, contrôlé une idée par l’autre, limité ou rectifié une idée par l’autre, et vous avez goûté le plaisir qui est celui que l’on doit aller chercher chez un penseur, qui est le plaisir de penser. […] Et vous pouvez encore vous tromper ; mais vous ne mécontenteriez pas Platon qui, comme tous les philosophes, écrit moins pour être admiré que pour être compris et même moins pour être compris que pour faire penser. Vous avez pensé ; il a gagné la partie. […] Je n’en sais rien ; il est très probable, à mon avis, mais je n’en sais rien ; mais ce que je sais, c’est que nous avons pensé. […] On n’est point fâché que la liberté d’esprit, que la spontanéité, que le jaillissement intellectuel se marque à ceci que le penseur n’a pas toujours pensé la même chose et n’a pas tiré toutes ses idées les unes des autres comme des formules algébriques.
… Voyez les grands esprits à système qui se mêlèrent de penser sur le développement des sociétés humaines, Aristote, Platon, Hobbes, Fichte, Hegel et tant d’autres ! […] Ainsi donc, même pour ceux qui pensent comme M. Pelletan (et que d’esprits pensent comme lui à cette heure, ou du moins inclinent à penser comme lui !) […] quand on veut élever ce mot à la hauteur d’une démonstration qui force la foi et en moule énergiquement l’expression dans un symbole, il se trouve des difficultés embarrassantes auxquelles tout d’abord on ne pensait pas… Et nous ne parlons pas pour nous, qui n’avons ni dans le cœur ni dans l’esprit la même foi que M. […] Destinée singulière et moins rare qu’on ne pense que ce contresens suprême entre les idées et les facultés !
Suivant son inspiration, sans autre but que de penser et de faire penser, avec un cœur plein d’effusion, avec un regard rempli de paix, il irait voir en ami, à son heure, le printemps dans la prairie, le prince dans son Louvre, le proscrit dans sa prison. […] Rien ne le troublerait dans sa profonde et austère contemplation ; ni le passage bruyant des événements publics, car il se les assimilerait et en ferait entrer la signification dans son œuvre ; ni le voisinage accidentel de quelque grande douleur privée, car l’habitude de penser donne la facilité de consoler ; ni même la commotion intérieure de ses propres souffrances personnelles, car à travers ce qui se déchire en nous on entrevoit Dieu, et, quand il aurait pleuré, il méditerait. […] Il aurait le culte de la conscience comme Juvénal, lequel sentait jour et nuit « un témoin en lui-même », nocte dieque suum gestare in pectore testem ; le culte de la pensée comme Dante, qui nomme les damnés « ceux qui ne pensent plus », le gente dolorose ch’anno perduto il ben del intelletto ; le culte de la nature comme saint-Augustin qui, sans crainte d’être déclaré panthéiste, appelle le ciel « une créature intelligente », Coelum coeli creatura est aliqua intellectualis. […] L’auteur pense que tout poëte véritable, indépendamment des pensées qui lui viennent de son organisation propre et des pensées qui lui viennent de la vérité éternelle, doit contenir la somme des idées de son temps. […] Savoir, penser, rêver.
Au revoir, ma chère ; pensez de moi ce que je pense de vous. […] Je veux seulement qu’on sache ce que j’en pense, moi. […] Heureux, heureux, celui qui sait dire comme il pense. […] Je pensais que cela vous faisait plaisir. […] Pensez donc !
Parfois, quand on est jeune, on se pique d’originalité et l’on prétend penser des choses qu’aucune intelligence humaine n’ait encore pensées. […] Vouloir penser hors du lieu commun, c’est s’obliger à penser hors du sens commun : si l’on n’y réussit pas, on n’a rien à dire ; si l’on y réussit, c’est pire, on dit des sottises. […] Je ne sais si la prétention à l’originalité ne couvre pas souvent un bon fond de paresse, et si l’on ne veut pas penser par soi-même pour se dispenser d’apprendre les pensées des autres. […] Le livre de La Bruyère est inestimable par le fond comme par la forme : il apprend à penser autant qu’il apprend à écrire. […] On s’exercera ainsi à penser par le secours des grands écrivains.
Qui pourrait dire si Napoléon à Sainte-Hélène pensait juste comme Napoléon à Marengo ou même comme Napoléon à l’île d’Elbe ? […] Ils ne sont pas signés, mais, comme vous connaissez ma manière de penser, vous les distinguerez bien des autres. […] Adieu, je pense avec joie à nos relations futures qui seront longues et intimes. […] Mais telle qu’elle est, tout esprit juste saura y voir votre manière de penser. […] J’ai laissé bavarder autour de moi, et j’ai fait ce que je pensais être bien.