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642. (1889) La bataille littéraire. Première série (1875-1878) pp. -312

Ils valent pourtant la peine qu’on s’y arrête. […] La préméditation a été écartée et la peine de la coupable a été commuée. […] Comment un homme capable de prendre cette peine pour tracer son nom n’en aurait-il pas eu le respect ? […] Prisonnier de Kurchid-Pacha et bientôt guéri de sa blessure, il s’attendait à être empalé, quand, à sa grande joie, sa peine fut commuée en celle des galères. […] Nous avons connu un jeune prêtre qui est mort à la peine.

643. (1923) Au service de la déesse

Or, il est vrai que je compare des pièces de théâtre et des poèmes lyriques : le poète lyrique chante sa peine ou sa gaieté, sa gaieté rare et dont il est moins fier que de sa peine, tandis que le dramaturge crée des personnages et les substitue à lui. […] vous y comprenez quelque chose ; mais peu de chose ; et à grand peine. […] Seule à la peine, cette caste, et seule efficace. […] Mais l’homme « aime la vieille figure de sa peine » ; il ne change pas de peine sans croire qu’on lui augmente sa peine. […] Si touché de « la peine des hommes », M. 

644. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome III pp. 5-336

Quelques pages l’ont débarrassé de la peine d’entrer dans les secrets d’Homère et de Virgile, tandis que sa discussion s’étend indéfiniment sur des poèmes inférieurs, moins intéressants pour notre curiosité, moins instructifs dans leur marche, et dans leurs détails. […] Elle se fonde sur cette craintive prévoyance des peines éternelles qui précéda la catholicité, et qui lui succédera sans jamais finir ? […] La pensée de mourir eût été trop sinistre dans une habitation si douce et si riante : elle ne convient qu’à l’homme dégénéré par le crime, et déchu sur notre globe voué à tant de fléaux et de misères que la mort nous y paraît souvent moins un sujet de peine, qu’une consolation et qu’un repos. […] Les prêtresses de Delphes, loin de s’affliger de ce long repos, en jouissent au fond de leur temple ; car une mort soudaine est pour elles la peine ou le prix de l’enthousiasme. » Notez que le poète écrivait cela du temps de Néron ; et que nous eussions pu, durant le nôtre, exprimer sous une même figure le péril des muses prophétesses. […] Il mesure ainsi la force de sa chimère incroyable à des forfaits qu’on a peine à croire ; et la monstruosité de sa Thessalienne se proportionne à l’énormité du meurtre général qu’exécute le bourreau de ses concitoyens, le destructeur des libertés de la terre.

645. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des recueils poétiques — Préfaces des « Odes et Ballades » (1822-1853) — Préface de 1828 »

Au reste, tout cela ne valait peut-être pas plus la peine d’être fait que d’être dit.

646. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre troisième. L’esprit et la doctrine. — Chapitre III. Combinaison des deux éléments. »

Rien ne justifiait son attentat, ni son industrie, ni sa peine, ni la valeur qu’il a pu ajouter au sol. « Il avait beau dire : C’est moi qui ai bâti ce mur, j’ai gagné ce terrain par mon travail. […] Toutes les portes lui sont fermées même quand il a le droit de les faire ouvrir, et, s’il obtient quelquefois justice, c’est avec plus de peine qu’un autre obtiendrait grâce. […] Mais je le tiens pour un homme perdu, s’il a le malheur d’avoir l’âme honnête, une fille aimable et un puissant voisin. — Résumons en quatre mots le pacte social des deux états : Vous avez besoin de moi, car je suis riche et vous êtes pauvre : faisons donc un accord entre nous ; je permettrai que vous ayez l’honneur de me servir, à condition que vous me donnerez le peu qui vous reste pour la peine que je prends de vous commander. […] Arrêtons-nous ici ; ce n’est pas la peine de suivre les enfants perdus du parti, Naigeon et Sylvain Maréchal, Mably et Morelly, les fanatiques qui érigent l’athéisme en dogme obligatoire et en devoir supérieur, les socialistes qui, pour supprimer l’égoïsme, proposent la communauté des biens et fondent une république où tout homme qui voudra rétablir « la détestable propriété » sera déclaré ennemi de l’humanité, traité « en fou furieux » et pour la vie renfermé dans un cachot.

647. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre quatrième. La propagation de la doctrine. — Chapitre II. Le public en France. »

Le baronnet ou squire, qui est justice sur son domaine, n’a pas de peine à démêler dans le ministre de la paroisse son collaborateur indispensable et son allié naturel. […] Concluez des mœurs aux croyances  En d’autres cas on n’a pas la peine de conclure. […] J’ai lu les vingt volumes de leurs procès-verbaux : on ne peut voir de meilleurs citoyens, des administrateurs plus intègres, plus appliqués, et qui se donnent gratuitement plus de peine, sans autre objet que le bien public. […] « La plupart des étrangers ont peine à se faire une idée de l’autorité qu’exerce en France aujourd’hui l’opinion publique, ils comprennent difficilement ce que c’est que cette puissance invisible qui commande jusque dans le palais du roi.

648. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLVIe Entretien. Marie Stuart (reine d’Écosse) »

Ils sont doux, tristes et tièdes, comme une première mélancolie de l’âme, avant l’âge des désespoirs passionnés : Ce qui m’estoit plaisant Ores m’est peine dure ; Le jour le plus luisant M’est nuit noire et obscure, .......... […] D’un mot, Marie Stuart pouvait commuer la peine ou faire grâce au coupable. […] Le roi avait peine à la contenir. […] Son aversion pour lui s’envenimait tous les jours, et elle ne prenait plus la peine de la dissimuler.

649. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLVIIe Entretien. Marie Stuart, (Reine d’Écosse). (Suite et fin.) »

Transportée au château de Bolton, maison des ducs de Norfolk, elle écrit d’un style bien différent à la reine d’Espagne, femme de Philippe II : « Si j’avais de vous et des rois, vos parents, espérance de secours, lui dit-elle, je mettrais la religion ici subs (c’est-à-dire je ferais triompher le catholicisme) ou je mourrais à la peine. […] Elle décrit en termes pathétiques, à l’envoyé de Charles IX à Londres, les disgrâces de son avant-dernière prison : « Elle n’est que de vieille charpenterie, écrit-elle, entr’ouverte de demy pied en demy pied, de sorte que le vent entre de tous costez en ma chambre, je ne sais comme il sera en ma puissance d’y conserver si peu de santé que j’ay recouverte ; et mon médecin, qui en ha esté en extresme peine durant ma diette, m’ha protesté qu’il se déchargeroit tout à fait de ma curation, s’il ne m’est pourveu de meilleur logis, luy mesme me veillant durant ma dite diette, ayant expérimenté la froydure incroyable qu’il faisoit la nuit en ma chambre, nonobstant les estuves et feu continuel qu’il y avoit et la chaleur de la saison de l’année ; je vous laisse à juger quel il y fera au milieu de l’hyver, cette maison assise sur une montagne au milieu d’une plaine de dix milles à l’entour, estant exposée à tous ventz et injures du ciel… Je vous prye luy faire requeste en mon nom (à la reine Élisabeth), l’asseurant qu’il y a cent païsans en ce meschant villaige, au pied de ce chasteau, mieuz logez que moy, n’ayant pour tout logis que deux méchantes petites chambres… De sorte que je n’ay lieu quelconque pour me retirer à part, comme je peux en avoir diverses occasions, ni de me promener à couvert : et pour vous dire, je n’ay esté oncques si mal commodée en Angleterre... » Les serviteurs écossais et les compagnes de sa fuite et de sa captivité succombaient un à un à cette longue agonie des prisons. […] Ils avaient peine à se contenir. […] » Pawlet l’aidant à monter les degrés de l’échafaud, elle jeta sur lui un regard plein de douceur : « Sir Amyas, dit-elle, je vous remercie de votre courtoisie ; c’est la dernière peine que je vous donnerai et le plus agréable service que vous puissiez me rendre. » Parvenue à l’échafaud, Marie Stuart prit place dans le fauteuil qui lui avait été préparé, le visage tourné vers les spectateurs.

650. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Lettres de m. l’Abbé Sabatier de Castres ; relatives aux trois siecles de la littérature françoise.ABCD » pp. -641

J'ai tant de peine à la concilier avec les politesses que je reçus de vous, la derniere fois que j'eus l'honneur de vous voir, que j'en attendrai une seconde avant de vous les faire reporter. […] Donnez-vous la peine de lire vous-même l'article où vous vous croyez blessé : vous verrez, Monsieur, que le ridicule répandu sur le Chevalier de S. […] Personne ne conteste qu'il n'ait eu de grands talens : il en falloit assurément pour opérer la révolution qu'il a faite dans nos idées & dans nos mœurs, & je ne l'ai point dissimulé dans les Trois Siecles ; mais les Esprits justes & vraiment connoisseurs, conviendront sans peine qu'il est loin de justifier les éloges & les honneurs qu'on lui a prodigués sans mesure. […] A peine les Trois Siecles ont-ils paru, que tout l’Olympe Philosophique & tous les marais du Parnasse se sont soulevés contre moi.

651. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Proudhon » pp. 29-79

Bien peu, au milieu de tout cela, se donneront la peine d’aller chercher l’organisme d’une grande et forte théorie, qui aurait pu faire, en France, de Proudhon, ce que Hégel et Feuerbach sont en Allemagne, s’il n’avait pas été Proudhon et s’il y avait quelque chose de défini, d’exposé, de coordonné sous ces appareils d’école, de raisonnements, de vocables et de pédantismes, — s’il y avait enfin la moindre petite et honorable bête, sous ces énormes bricoles et caparaçons d’éléphant ! […] C’est un homme de peine, un talent de verve et de poussée, mais d’une telle outrance, naïve ou menteuse (défiez-vous !) […] Peine inutile ! […] Il était né avec le bon sens, — le maître des affaires , a dit Bossuet, et j’ajoute : le maître de l’esprit qui l’a et dont il doit diriger les facultés, sous peine d’être emporté par elles !

652. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Villars — II » pp. 57-80

Le fils aîné de l’empereur, le jeune roi des Romains a rejoint l’armée impériale devant Landau ; ce jeune prince, dans son ardeur de se signaler, peut se porter en avant et offrir une occasion : Rien n’est plus important, écrit Louis XIV à Catinat (2 août 1702), que de profiter de la vivacité de ce jeune prince, qui pourra l’entraîner à des mouvements dont un homme sage et d’une expérience consommée comme vous pourrait profiter ; mais, pour cela, il faudrait être à portée de lui… Je vous avoue que rieu ne me saurait tirer de la peine où je suis, que de vous voir déterminé à prendre un parti de vigueur. […] Il eut peine à le croire, et poussa plus d’une demi-lieue, et trouva qu’il était vrai. — On trouva fort ridicule l’envoi du comte d’Ayen pour apporter les drapeaux pris, et qu’il en eût accepté la commission, ne s’étant pas trouvé du tout à la bataille. […] Il prenait tout le premier sa part à la peine en ne quittant presque pas la tranchée. « Il n’est pas nécessaire, lui disaient les ingénieurs, qu’un maréchal de France y soit si souvent. » — « Non, répondait-il, mais avouez que cela ne fait pas mal. » Je passe avec eux (avec les soldats) une partie de la nuit, écrivait-il au ministre ; nous buvons un peu de brandevin ensemble : je leur fais des contes, je leur dis qu’il n’y a que les Français qui sachent prendre les villes l’hiver.

653. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Corneille. Le Cid, (suite.) »

Seigneur, par grâce, faites-moi rendre justice. » Mais le roi se montre fort affligé et fort en peine ; son royaume est en péril ; il craint de mécontenter les Castillans et de les soulever en sévissant contre Diègue et son fils. […] Le roi dit au comte Ossorio, son gouverneur, sans autre préambule : « Amenez-moi ici cette demoiselle ; nous marierons cet orgueilleux. » — Don Diègue avait peine à le croire, tant il était effrayé. […] Chaque jour qui luit, je vois celui qui tua mon père, chevalier à cheval, et tenant en sa main un épervier, ou parfois un faucon qu’il emporte pour chasser, et pour me faire plus de peine il le lance dans mon colombier.

654. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Du génie critique et de Bayle »

Plus loin, il exprime son grand plaisir de lire le Comte de Gabalis, quoique, au reste, plusieurs endroits profanes fassent beaucoup de peine aux consciences tendres. […] Cette critique modeste de Bayle, qui est républicaine de Hollande, qui va à pied, qui s’excuse de ses défauts auprès du public sur ce qu’elle a peine à se procurer les livres, qui prie les auteurs de s’empresser un peu de faire venir les exemplaires, ou du moins les curieux de les prêter pour quelques jours, cette critique n’est-elle pas en effet (si surtout on la compare à la nôtre et à son éclat que je ne veux pas lui contester) comme ces millionnaires solides, rivaux et vainqueurs du grand roi, et si simples au port et dans leur comptoir ? […] Vous aurez peut-être peine à croire Qu’on ait dans un repas de tels discours tenus : On tint ces discours ; on fit plus, On fut au sermon après boire… Et cet autre jugement aussi, de Voltaire, n’est pas indifférent à rappeler ; Voltaire a très-bien parlé de Bayle en maint endroit, mais jamais mieux qu’à la fin d’une lettre au Père Tournemine (1735) : « M. 

655. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Mémoires sur la mort de Louis XV »

J’aurais peine à peindre la colère servile et méprisante de l’apothicaire, à qui cette éclipse avait fait manquer son coup, l’étonnement des médecins, l’indignation du petit garçon apothicaire, et l’envie de rire de la partie de l’assemblée heureusement placée pour être témoin de cette scène. […] On aura peine à croire que cet acte de piété filiale ait excité aussi peu qu’il l’a fait l’intérêt public. […] d’Aumont ne restait pas court aux expressions de douleur et de regret de M. de Bouillon ; il enchérissait encore en assurance de dévouement, et, à l’offre que faisait l’autre de ses chers bras, il marquait peu d’étonnement, et disait, avec un verbiage emphatique et que j’aurais peine à rendre, que si au lieu d’une vie il en avait quatre, il les perdrait pour racheter celle du roi avec une satisfaction et un bonheur inimaginables, quoiqu’il priât d’observer qu’il était fort heureux dans ce monde.

656. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CXLIXe entretien. De la monarchie littéraire & artistique ou les Médicis (suite) »

car, en songeant à la perte que nous avons éprouvée par la mort de notre père, je suis bien plus disposé à verser des larmes qu’à parler de mes peines. […] » se mit-il à dire, et soulevant avec peine ses bras presque sans force, il me saisit et me serra les deux mains. […] Il le pria d’abord de l’excuser de lui avoir donné cette peine et de la mettre sur le compte de l’affection et de la bienveillance qu’il avait pour lui ; qu’il rendrait plus volontiers l’âme s’il avait d’abord rassasié ses yeux mourants de la vue d’un ami qui lui était si cher.

657. (1895) Histoire de la littérature française « Seconde partie. Du moyen âge à la Renaissance — Livre II. Littérature dramatique — Chapitre II. Le théâtre du quinzième siècle (1450-1550) »

Il ne vaut pas la peine d’insister sur la trop nombreuse catégorie des moralités allégoriques. […] Avec cela, il a trois parties sensibles : la peau, la bourse et la femme : être rossé, volé, trompé, voilà les trois mésaventures qui le font rire quand elles arrivent aux autres, parce qu’elles le fâcheraient si elles lui arrivaient, il est peu sensible, il a peu d’idées : les peines morales et le tourment d’esprit n’ont guère de prise sur lui. […] Cette fois, les auteurs ne se sont pas contentés d’indiquer la situation : ils ont pris la peine de la traiter.

658. (1894) Propos de littérature « Chapitre V » pp. 111-140

Celui-ci apporterait les devoirs corrigés et raclés soigneusement d’un consciencieux élève, celui-là serait un enfant mal venu de Lamartine, revu et corrigé par M. de Strada, et je n’aurais pas pris la peine d’analyser leurs vers. […] Nous avons été artificiels durant tant d’années que nous trouvons quelque peine à redevenir naturels, à nous unir de nouveau avec l’âme populaire, demeurée elle-même malgré nous. […] L’armure du guerrier n’est pas faite à sa taille, pourtant il la meut sans fléchir, même avec grâce ; mais comme sa juvénile chanson ne passe qu’avec peine à travers le resplendissant grillage, voilà qu’il arrache son cimier, délace le gorgerin et respire !

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