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250. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre IV, Eschyle. »

Sa parole est lancée vers un but visible, sa passion attaque un être vivant, au lieu d’embrasser à vide une Ombre évoquée par l’incantation d’un récit. […] Les danses et les chants ne submergèrent plus la parole ; elle les domina de sa dignité supérieure, l’Esprit plana sur cette mer. […] L’enchanteur aux paroles magiques n’évoquait, pas seulement la personne des dieux, mais aussi leur cortège et leur attirail, leurs chars aériens et leurs hippogriffes, leurs descentes sur la terre et leurs ascensions vers le ciel. […] La main du guerrier perce dans ces duels de paroles, elle manie des glaives et tient des poignées. […] La main de l’artiste, la parole du poète n’avaient pas dégrossi ces dieux ébauchés.

251. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Madame de La Vallière. » pp. 451-473

Aussitôt que l’aurore de votre grâce commencera à poindre, je commencerai d’agir et de travailler à l’œuvre de mon salut… en me contentant d’avancer et de croître dans votre amour comme l’aurore, doucement et imperceptiblement… Il est naturel de rapprocher ces paroles de celles mêmes que Bossuet écrivait au sujet de Mme de La Vallière, à la veille de son entière conversion : « Il me semble, disait-il, qu’elle avance un peu ses affaires à sa manière, doucement et lentement. » Ainsi sa démarche habituelle, même dans le chemin du salut, était une douce lenteur, et comme un air de molle nonchalance, jusqu’à ce que l’amour lui eût donné les ailes qui enlèvent. […] Il avait pris pour texte la parole de Celui qui est assis sur le trône, dans l’Apocalypse : Je renouvelle toutes choses, et il l’avait appliquée au cas présent. […] Ce qu’il voulait avant tout, en prêchant devant elle, c’était de porter à cette âme une bonne parole, et non de briller aux yeux des mondains par un de ces miracles d’éloquence qui lui étaient si faciles et si familiers : Mais prenez bien garde, messieurs, qu’il faut ici observer plus que jamais le précepte que nous donne l’Ecclésiastique : « Le sage qui entend, dit-il, une parole sensée, la loue et se l’applique à lui-même. » Il ne regarde pas à droite et à gauche, à qui elle peut convenir ; il se l’applique à lui-même, et il en fait son profit. […] Faisant allusion à cette chevelure coupée qui est le premier sacrifice de la vie religieuse et qui n’est pas le moindre, Bossuet empruntait la parole d’Isaïe : « J’ai vu les filles de Sion, la tête levée, marchant d’un pas affecté, avec des contenances étudiées, en faisant signe des yeux à droite et à gauche : pour cela, dit le Seigneur, je ferai tomber tous leurs cheveux. » — Quelle sorte de vengeance ! […] Ceux qui ont écrit le récit de sa vie pénitente se sont plu à en citer des exemples singuliers, qui nous toucheraient trop peu aujourd’hui ; mais le principe qui les lui inspirait, et le but dont elle s’approchait par ces moyens, sont à jamais dignes de respect dans tous les temps, et de quelque point de vue qu’on les envisage : « J’espère, je crois et j’aime, disait-elle ; c’est à Dieu à perfectionner ses dons. » — « Espérer et croire, ce sont deux grandes vertus ; mais qui n’a point la charité n’a rien : il est comme une plante stérile que le soleil n’éclaire point. » Cette belle âme, réalisant désormais en elle les qualités de l’amour divin, se considéra jusqu’à la fin comme l’une des dernières devant Dieu : Je ne lui demande pas, disait-elle, de ces grands dons qui ne sont faits que pour les grandes âmes qu’il a mises dans le monde pour l’éclairer, je ne pourrais pas les contenir ; mais je lui demande qu’il incline mon cœur, selon sa parole, à rechercher sa loi, à la méditer nuit et jour.

252. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Correspondance entre Mirabeau et le comte de La Marck (1789-1791), recueillie, mise en ordre et publiée par M. Ad. de Bacourt, ancien ambassadeur. » pp. 97-120

En voulant se montrer poli, il exagérait ses révérences ; ses premières paroles furent des compliments prétentieux et assez vulgaires. […] Il s’y précipitait de toute l’impétuosité et de tout le torrent de sa parole qui lançait le tonnerre et recueillait l’applaudissement. […] Ici, en dégageant les relations de Mirabeau avec La Fayette de tout ce qui est secondaire et trop personnel et de quelques mauvaises paroles, en ne les prenant que dans leur ensemble et leur but, et dans leur véritable esprit, il nous est impossible, et nous croyons qu’il sera impossible à tout lecteur impartial, de ne pas arriver à un résultat des plus fâcheux pour l’illustre général et pour sa renommée historique définitive. […] Il marcha en effet, et, à l’heure qu’il est, ces paroles, reproduites dans leur texte fidèle, vont éclater plus haut que jamais et retentir. […] Le talent de la parole, à ce degré, est un instrument de puissance comme aussi une source d’illusion et de tentation pour celui qui le possède.

253. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Rollin. » pp. 261-282

Il professe, il ensevelit ses leçons, sa parole, toutes ses facultés, dans ces jeunes âmes en qui il aspire à revivre et à faire revivre les semences de la science et de la vertu. […] » À cette parole trop dure et que Voltaire lui-même rétractera, Montesquieu semble avoir voulu répondre quand il écrivait sur un petit papier cette parole souvent citée, parole d’or et qui montre combien la vraie supériorité est indulgente : « Un honnête homme a, par ses ouvrages d’histoire, enchanté le public. […] Ces charmantes paroles ont été écrites, remarque un biographe de Rollin36, dans la même rue où Bernardin de Saint-Pierre devait écrire l’histoire de son Fraisier. En les écrivant, Rollin, qui aimait à marcher et à penser toujours sur la trace d’un ancien, se rappelait certainement cette parole de Pline le Jeune sur la maison de campagne que voulait acheter Suétone : Il ne faut à ces messieurs les savants, absorbés comme lui dans l’étude, que le terrain nécessaire pour délasser leur esprit et réjouir leurs yeux.

254. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Bernardin de Saint-Pierre. — I. » pp. 414-435

Mais l’homme sensé ajoute ces paroles qui montrent que chez Bernardin le romanesque n’étouffait pas le positif : Toutes ces fêtes-là, écrit-il, ne m’amusent pas tant que vous croyez bien. […] Pourtant on lit dans sa lettre à Mlle de Lespinasse de belles paroles, entre autres celles-ci : « Je donne aux Muses le temps qui nous est prêté, aux Muses qui consolent du passé et rassurent sur l’avenir… » Et l’éditeur de Condorcet, en citant cette parole, ne s’aperçoit pas qu’il introduit à l’instant comme un rayon de lumière et de sérénité, un coin d’azur, au milieu de ce style gris et terne des encyclopédistes. […] … » Et Rousseau lui répondait dans la même pensée : « Il y a un si bel ordre dans l’ordre physique, et tant de désordre dans l’ordre moral, qu’il faut de toute nécessité qu’il y ait un monde où l’âme soit satisfaite. » Et il ajoutait avec effusion : « Nous avons ce sentiment au fond du cœur : Je sens qu’il doit me revenir quelque chose. » Que les personnes religieuses, avant de frapper sur Bernardin et sur Rousseau, veuillent toujours se rappeler ces deux belles paroles de l’un et de l’autre, ce quelque chose et ce quelqu’un. […] Hennin, d’aller à pied de Paris à Versailles et d’en revenir de même, en choisissant à l’avance la lune qui quelquefois le trahit, a des paroles dignes d’un sage de l’Orient ou d’un ancien : Enfin j’ai cherché de l’eau dans mon puits ; depuis six ans j’ai jeté sur le papier beaucoup d’idées qui demandent à être mises en ordre. […] Hennin le 7 février 1781 ces paroles qui sont comme un chant ; il y a au fond de Bernardin une âme pastorale qui, du milieu de ses douleurs, s’éveille au moindre motif et se met à chanter : J’irai, dit-il, vous voir à la première violette ; j’aurai bien près de cinq lieues à aller, j’irai gaiement, et je compte vous faire une telle description de mon séjour, que je vous ferai naître l’envie de m’y venir voir et d’y prendre une collation.

255. (1899) Esthétique de la langue française « Le cliché  »

C’est l’opération inverse de la réduction de l’image visuelle en paroles. […] Les professions qui comportent l’usage constant de la parole ou de l’écriture sont des conservatoires tenaces de clichés. […] Ce dernier cliché, ridicule pour celui qui « voit » les images écrites par les paroles, est tout à fait abstrait pour ceux qui l’emploient ; c’est un juron ; il est abstrait comme un juron et signifie, non pas les mots qu’il contient, mais la colère de celui qui profère les mots. […] L’homme est ainsi organisé qu’il ne peut exprimer directement ses idées et que ses idées, d’autre part, sont si obscures que c’est une question de savoir si la parole trahit l’idée ou au contraire la clarifie. […] Quand nous parlons, nous ne pouvons être compris que si nos paroles sont admises comme les représentantes non de ce que nous disons, mais de ce que les autres croient que nous disons ; nous n’échangeons que des reflets.

256. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre X. Des Livres nécessaires pour l’étude de la Langue Françoise. » pp. 270-314

C’est un grand don de la Providence, selon la remarque judicieuse d’un philosophe, de pouvoir communiquer ses pensées, par la parole, & d’être en état d’exprimer ces paroles par certaines figures fixes. […] C’est, suivant lui, la partie de la Grammaire qui traite de la parole écrite. “La parole écrite est l’image de la parole prononcée. […] Tout le monde jugea avec le conseur que l’auteur des Entretiens avoit eu beaucoup plus de soin des paroles que des choses ; & un plaisant dit à cette occasion, qu’il ne manquoit au Pere Bouhours pour écrire parfaitement que de savoir penser.

257. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Joseph de Maistre »

Cette parole doit nous servir de solution générale pour toutes les énigmes qui pourraient scandaliser notre ignorance. […] Si la parole éternellement vivante ne vivifie l’écriture, jamais celle-ci ne deviendra parole, c’est-à-dire vie. […] votre comte de Maistre, il vous a bien tenu parole…. » Elle répondit : « Je n’ai pas lu le livre ni ne le lirai ; mais si M.  […] Cette belle parole du moraliste, que la religion est l’aromate qui empêche la science de se corrompre, lui revient souvent. […] C’est de lui surtout qu’il serait exact de dire ce qu’il a dit lui-même de tout écrivain, d’après Platon, que la parole écrite ne représente pas toute la parole vive et vraie de l’homme, car son père n’est plus là pour la défendre.

258. (1874) Premiers lundis. Tome II « Adam Mickiewicz. Le Livre des pèlerins polonais. »

Nous citerons quelques-unes de ses paroles : ce christianisme du Nord, on va le voir, est un peu moins soumis et clément que celui de Pellico : « Vous jeunes et vieux, portez les tchamaras d’insurgés ; car tous vous êtes soldats de l’insurrection nationale. […] Au milieu de ces conseils énergiques et simples donnés à ses compatriotes, il y a bon nombre de sévères paroles qui tombent de la bouche du poète sur l’étranger, sur nous autres Français aussi, accoutumés à plus de louanges. […] En se servant des propres paroles de M. 

259. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 14, de la danse ou de la saltation théatrale. Comment l’acteur qui faisoit les gestes pouvoit s’accorder avec l’acteur qui récitoit, de la danse des choeurs » pp. 234-247

Seneque dit qu’on voit avec étonnement sur la scéne que le geste des comédiens habiles atteint la parole, et qu’il la joint, pour ainsi dire, malgré la vitesse de la langue. […] Qu’on se représente donc pour se faire une juste idée de ces choeurs un grand nombre d’acteurs excellens répondans au personnage qui leur adresse la parole. […] Quelques endroits des opera nouveaux où le poëte fait adresser la parole au choeur par un principal personnage à qui le choeur répond quelques mots, ont plû beaucoup, quoique les acteurs du choeur ne déclamassent point.

260. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLIVe entretien. Mélanges »

Il en avait ; c’étaient les mêmes idées violentes et hardies, les idées inflexibles, me disais-je, exprimées avec cette hauteur de parole et cette insolence de conviction du prophète de Chambéry, qui n’admettait le doute que comme une impiété. […] Ses paroles, entrecoupées d’un rire nerveux et hostile, étaient presque toujours des plaisanteries sarcastiques très-amères contre les absents, auxquels il ne pardonnait pas le moindre dissentiment avec lui ou avec le parti dont il était alors ; puis il lançait, en regardant ses auditeurs, un éclat de rire saccadé et bruyant qui ressemblait à l’écho de son âme. […] Je lui demandai seulement sur sa seule parole de me rendre ce qu’il voudrait de cette somme importante, quand le mauvais effet de la révolution de Juillet aurait laissé mon ouvrage reprendre son cours naturel ; deux ans après, il me rapporta de lui-même les 25,000 francs dont j’avais cru devoir l’indemniser. […] Ce furent ses dernières paroles. Quelques heures après, la république innocente était accomplie de nécessité, sans avoir porté à la France d’autres paroles que des paroles de paix.

261. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre premier »

Il fallait d’ailleurs que la langue y fût comprise, et que le même mot s’étendît aux pensées et aux paroles. […] Et plus haut : Rome, qui fut si glorieuse Au temps de sa grande beauté, N’eut jamais tant de majesté Dans sa parole impérieuse7. […] Mais c’était de la raison de remarquer dans Balzac ce style relevé, ce beau choix de paroles, cet ordre et cet arrangement d’où elles tiraient leur force, tant de perfectionnements de détail dont ses critiques mêmes étaient d’accord avec ses apologistes. […] Il y fait voir ce que les anciens appelaient le froid, c’est-à-dire, selon Théophraste, ce qui est énoncé par des paroles plus grandes qu’il ne faut pour le déclarer. […] Quand l’ouvrage parut, la Sorbonne en approuva solennellement « le style relevé, les paroles choisies, l’éloquence vraiment chrétienne. » Le public resta froid.

262. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Sieyès. Étude sur Sieyès, par M. Edmond de Beauverger. 1851. » pp. 189-216

Croire que le peuple aime moins la parole dorée que le beau monde ne l’aime, est une erreur. […] Notez pourtant cette parole injurieuse et sanglante : notre nation de singes à larynx de perroquets, et mesurez l’abîme qu’il y a entre une telle idée et les théories législatives auxquelles en même temps on s’efforçait d’associer cette même nation. […] Il niait avoir prononcé les paroles qu’on lui prête après le 18 Brumaire : « Messieurs, nous avons un maître ; ce jeune homme sait tout, peut tout et veut tout. […] Bossuet, par exemple, doué d’une parole naturelle puissante, abondante, qui se verse d’elle-même et tombe, comme les fleuves, du sein de Jupiter, n’a pas besoin de chercher des idées, ni un ordre de choses autre part qu’autour de lui. […] Au contraire un esprit à parole difficile comme Hegel (ou à parole rare comme Sieyès) s’ingénie, cherche midi à quatorze heures et creuse.

263. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre quatrième. La propagation de la doctrine. — Chapitre I. Succès de cette philosophie en France. — Insuccès de la même philosophie en Angleterre. »

Ici au contraire, en fait de paroles, tous sont experts et même profès. […] Rien d’étrange si vous les trouvez habiles pour apprêter la parole humaine, pour en exprimer tout le suc et pour en distiller tout l’agrément. […] Point d’écrivain qui soit plus maître de soi, plus calme d’extérieur, plus sûr de sa parole. […] Il n’y eut jamais d’écrivain qui ait possédé à un si haut degré et en pareille abondance tous les dons du causeur, l’art d’animer et d’égayer la parole, le talent de plaire aux gens du monde. […] Paroles de Diderot lui-même, à propos du Rêve de d’Alembert.

264. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLIIe entretien. Madame de Staël »

L’action extérieure, la guerre, le gouvernement, la magistrature, le sacerdoce, la tribune, la chaire, la délibération, la parole, tout ce qui exige la publicité, la force, la lutte, la virilité, est masculin. […] Le contour de lèvres épaisses était éloquent, même dans le silence ; ces lèvres palpitaient de paroles muettes qui montaient de l’âme perpétuellement. […] Le vers français, dont nous avons accusé ailleurs le vice et la puérilité trop musicale dans notre poésie rimée, est cependant la dernière expression de la condensation, de l’harmonie, de la vibration, de l’image, de la grâce ou de l’énergie dans la parole humaine. […] Le silence obligé du premier ministre, la réserve un peu contrainte de la mère affligée de l’éclat prématuré de sa fille, y laissaient la parole à mademoiselle Necker. […] Madame de Staël restait seule de ces deux partis pour rendre une parole énergique à la liberté modérée.

265. (1894) Propos de littérature « Chapitre IV » pp. 69-110

La raison d’être du mètre fixe est d’objectiver le vers ; il le distingue dès l’abord du langage quotidien et donne à la parole l’aspect de la chose définitive et invariable. […] Vielé-Griffin est de la race des conteurs, mais il ajoute à leurs talents connus d’élégance et de clarté un sens plus profond de la vie, de plus intimes paroles issues d’un être qui a vu et compris, et un souci nouveau de suggérer. […] Verhaeren, en accordant aux formes plastiques une importance décisive qui galvanise le vers en une image ; mais il est un autre moyen : Rendons à la parole toute son énergie de voix chantante pour établir une strophe musicale fermement équilibrée. Les deux éléments de Rythme et d’Harmonie que Pindare et Sapho juxtaposaient pour ainsi dire, lorsqu’ils ajoutaient au vers les gloses de la musique proprement dite, choisissant pour le premier surtout la parole, confiant plutôt l’autre à la cithare ou à la flûte, il faudrait les définitivement unir en une véritable mélodie parlée. […] Ainsi réunis par la Parole qui les confond, le Rythme et l’Harmonie se vivifient en se pénétrant.

266. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre XVII, l’Orestie. — les Euménides. »

Il rendait des oracles et il taisait des miracles : la lumière de Zeus s’y révélait dans les vapeurs de la grotte sacrée, sa volonté s’y manifestait par la parole de son fils. […] Les paroles pleuvant sur leur groupe hideux qui recule, perçantes comme des flèches, sublimes comme les rayons de son astre. […] Et Pallas-Athéné rit, et l’insulta en paroles rapide : Insensé qui luttes contre moi ? […] La parole est aux Érynnies ; elles interrogent Oreste à l’unisson, d’un même cri : — « Avant tout, dis, as-tu tué ta mère ?  […] Un éclair rapide passe dans ses yeux, qui les avertit du tonnerre : — « Qu’ai-je besoin de paroles, sûre comme je suis de l’appui de Zeus ?

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