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52. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre sixième »

Regnard avait fait parler Polichinelle avant de s’essayer à faire parler le cœur humain. […] Mais ce qui au fond la pousse à parler, c’est l’amour. […] Voilà pourquoi ils parlent avec vérité et gaieté. […] Parlez-vous des propos ? […] Je parle de leur père.

53. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1887 » pp. 165-228

Et il arrivait, un moment, où les deux hommes parlaient de leurs anciennes amours. […] Et regarder la coupole, semble un moment devoir devenir l’expression, pour peindre l’abstraction d’un académicien, d’une séance de l’Académie, la dissimulation de ses impressions, de ses sensations, quand un antipathique parle. […] Mercredi 13 avril On causait ce soir, rue de Berri, du parler spécial aux gens des clubs : parler ayant quelque chose du parler de l’acteur en scène ; parler, que M. de la Girennerie, je crois, inspectant l’École de Saumur, trouva dans la bouche de tous les jeunes gens, et dont il tâcha de leur faire sentir le ridicule et le mauvais genre. […] Il parle de trois mois de séjour au Japon, où il écrémera tous les marchands des petites villes de province, absolument comme nous parlons d’une partie de bibelotage à Versailles. […] Il parle d’un rire ironique qui les a poursuivis, une partie d’une nuit, et qui, après lui avoir inspiré une grande terreur, l’a jeté dans une colère qui l’a fait se précipiter dans un fourré d’épines, sans pouvoir rien découvrir.

54. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXXXIXe entretien. Littérature germanique. Les Nibelungen »

» La noble Uote parla à ses enfants: « Ô bons héros ! […] Quelles que fussent ses dispositions, il parlait toujours avec éloquence. […] » Le seigneur de Vérone parla: « Que vous dirai-je ? […] « Je ne parle pas de la sorte parce que je désire plus d’or. […] Je veux parler à ces guerriers, ainsi que la nécessité nous y oblige.

55. (1874) Premiers lundis. Tome I « Ferdinand Denis »

C’est particulièrement sous ce point de vue qu’il a étudié les pays dont il parle. […] Il a consulté tous les voyageurs et jusqu’aux poêles qui ont parlé des lieux dont il avait à parler lui-même : non pas qu’un étalage pédantesque d’érudition atteste l’étendue de ses recherches ; rien n’est plus modeste que sa manière ; ses citations sont presque toujours des hommages, et ce n’est qu’avec l’accent de la reconnaissance qu’il salue les noms des voyageurs qui l’ont précédé. […] Effacez-vous plutôt du tableau que vous offrez ; jetez-y en votre place des personnages naturels qui parlent et agissent en leur propre et libre allure ; n’intervenez pas entre eux et nous ; faites comme Walter Scott et Cooper ; disparaissez pour mieux peindre. […] Denis ne s’aperçoit pas que c’est lui qui parle bien souvent par leur bouche, que leurs idées si malheureusement ingénieuses, leurs phrases à contre-temps élégantes, sont les siennes, et qu’il leur suppose trop aisément sa manière délicate d’observer et de sentir. […] Pourquoi s’imposer cette tâche pénible de faire dignement parler un grand homme ?

56. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 15, observations concernant la maniere dont les pieces dramatiques étoient représentées sur le théatre des anciens. De la passion que les grecs et les romains avoient pour le théatre, et de l’étude que les acteurs faisoient de leur art et des récompenses qui leur étoient données » pp. 248-264

Je ne parlerai donc ici que du païement des acteurs. […] Nous avons déja parlé de cette actrice. […] Ils faisoient même une partie de leur apprentissage en déclamant assis, afin qu’ils trouvassent ensuite plus de facilité à déclamer sur le théatre où ils parloient debout. […] Ce soin faisoit une partie des occupations serieuses de toutes les personnes qui parloient ou qui récitoient en public. […] Il les faisoit appeller par ce domestique que les romains tenoient auprès de leurs personnes pour parler pour eux dans les occasions où il falloit parler haut afin de se faire entendre.

57. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1886 » pp. 101-162

On le portait sur son lit, et il était appelé un médecin, en présence duquel Baschet cherchait à parler, en regardant fixement un petit secrétaire. […] Nous nous asseyons un moment à un café du boulevard, et sur le nom d’Hetzel, prononcé à côté de nous, Huysmans me parle de ses débuts. […] Et nous parlons de la maison de la rue Franklin, et de la maison au grand jardin, de l’allée des Veuves, et nous causons des morts et des mortes autour de nous. […] » Daudet qui s’est remis au travail, ces jours-ci, me parle de son livre, et m’en parle avec l’éloquence qu’il apporte au récit des choses, en train de fermenter en lui. […] Il se montre charmant, caressant, parle de l’intention qu’il a de reprendre, dans le courant de l’année, Henriette Maréchal.

58. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Les cinq derniers mois de la vie de Racine. (suite et fin.) »

Laissons parler notre fidèle chroniqueur, M.  […] Il parle dignement et de M.  […] Despréaux, le cher Despréaux, qui est fort naturel et fort sincère, me disait dimanche dernier à une thèse do son petit-neveu, fils du président Gilbert, que La Chapelle, ayant affecté de ne point parler de Despréaux, avait mis Despréaux en droit de parler de La Chapelle. […] Le Maître, c’est ainsi que les amis de Port-Royal parlaient volontiers de ce chef des pénitents. […] Ce terme de grand revient naturellement sons la plume des auteurs originaux de Port-Royal quand ils parlent de lui.

59. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « L’abbé de Choisy. » pp. 428-450

À peine remis du mal de mer, il apprend le portugais, l’astronomie ; il parle marine, il jase latitude et longitude. […] Il parle gaiement des zéphyrs, et même très familièrement de la tempête. […] On n’y parle que de bonnes choses ; on n’y voit que de bons exemples. […] Après avoir parlé de ce M.  […] J’en parle ici avec plaisir : j’ai passé mon enfance avec elle… Ici Choisy a vu et senti, il parle de source et n’a eu besoin de personne pour s’inspirer.

60. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 13, qu’il est des sujets propres specialement pour la poësie, et d’autres specialement propres pour la peinture. Moïens de les reconnoître » pp. 81-107

Cette pensée devient sublime par le caractere connu du personnage qui parle, et par la procedure qu’il vient d’essuier, pour avoir dit que des vers mauvais ne valoient rien. […] Il est quelquefois pour eux une belle personne qui plaît, mais qui parle une langue qu’ils n’entendent point : on s’ennuïe bientôt de la regarder, parce que la durée des plaisirs, où l’esprit ne prend point de part, est bien courte. […] La crainte d’être ennuieux m’empêche de parler davantage des personnages de ce tableau, mais il n’en est aucun qui ne rende compte très-intelligiblement de ses sentimens au spectateur attentif. […] Quand bien même les loix de la tragedie, fondées sur de bonnes raisons, ne défendroient point de mettre sur le théatre des évenemens tels que ceux dont nous avons parlé, le poëte sensé éviteroit toujours de les y mettre. […] Nous avons parlé de l’indifference des spectateurs pour le tableau dont ils ne connoissoient pas le sujet.

61. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Adrienne Le Couvreur. » pp. 199-220

Il y a des noms qui vivent et dont on peut parler à chaque instant comme d’une chose présente. […] On en parla dans le quartier. […] On n’avait jamais si bien entendu l’art des scènes muettes, l’art de bien écouter et de jouer encore de toute sa personne et de son attitude expressive, tandis qu’un autre parlait. […] Régnier, prépare lui-même, pour la publication prochaine dont j’ai parlé, une étude sur le talent et l’invention dramatique de Mlle Le Couvreur ; je n’en dirai donc pas ici davantage. […] J’avais demandé mardi la permission de vous voir, dans le dessein de vous parler avec confiance et de vous demander vos ordres.

62. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Œuvres de Barnave, publiées par M. Bérenger (de la Drôme). (4 volumes.) » pp. 22-43

En allant, nous chantâmes des airs tendres et mélancoliques ; nous parlâmes des talents de Saint-Huberty. La soirée, le vent, les nuages, la feuille volante, parlaient un langage attendrissant. […] Il parle ainsi d’eux dans les écrits qu’il composa pour lui seul ; il en parla de même devant ses accusateurs et en face de l’échafaud : ce double jugement se confirme et concorde trop exactement pour ne pas être bien sincèrement le sien. […] Non ; il parla de lui, de sa sensibilité, de son père ; il finit par proposer une proclamation. […] Il n’en parle guère que pour y joindre quelques aveux qui sont faits pour toucher.

63. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre VI. Des Livres qui traitent de la Rhétorique. » pp. 294-329

Gibert ne prétend pas cependant avoir épuisé son sujet, ni avoir parlé de tous les Rhéteurs anciens & modernes. […] Toutes les autres Rhétoriques sont bornées à l’éloquence & ne parlent point de la Poésie. […] Je vous ai déjà parlé des Dialogues de l’illustre Fénélon. […] Ces observations n’ont presque rien qui ressemble aux autres ouvrages sur l’éloquence chrétienne, dont j’ai parlé dans cet article. […] Trois ans après, Mr. l’Abbé Dinouart fit présent aux littérateurs d’un traité plus approfondi intitulé : l’Eloquence du corps ou l’action du Prédicateur : ouvrage utile à tous ceux qui parlent ou qui se disposent à parler en public.

64. (1913) La Fontaine « IV. Les contes »

Aujourd’hui, c’est du conteur que je veux parler. […] L’amour ne pouvait parler autrement. […] J’ai fait allusion au vieillard sage lorsque je vous ai parlé de l’amour de La Fontaine pour la solitude. […] Je ne vous parlerai pas longuement du cadre dans lequel La Fontaine a enveloppé Psyché. […] Et encore le récit s’étend par ces réflexions dont je vous parlais tout à l’heure.

65. (1856) Cours familier de littérature. I « IIe entretien » pp. 81-97

Les phrases, en s’enchaînant et en se développant à leur tour, déroulent un plus grand nombre d’idées, de sentiments ou d’images à l’esprit, de manière à communiquer plus fortement à celui qui lit ou qui écoute la pensée ou l’émotion de celui qui lit ou qui parle. […] Le jour où elle a vécu, elle a parlé. […] Aussi toutes les traditions antiques parlent-elles d’un inventeur ou de plusieurs inventeurs de l’écriture ; mais aucune ne parle de l’inventeur de la parole. […] Les langues meurent avec les civilisations et avec les peuples qui les parlent. […] Des peuples nouveaux recommencent à penser, à parler, à écrire des choses dignes de mémoire.

66. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 5, des études et des progrès des peintres et des poëtes » pp. 44-57

Dans le temps dont je parle, Raphaël peignoit la voûte de la gallerie qui distribuë aux appartemens du second étage du vatican. […] Ainsi chaque voussure à quatre faces, et Raphaël peignoit au temps dont je parle, une histoire de l’ancien testament, sur chacune des faces de la premiere voussure. Il avoit déja fini sur trois de ces faces, trois journées de l’oeuvre de la création, lorsque l’avanture dont je vais parler arriva. […] Un homme de génie ne sçauroit parler des fautes que les grands maîtres ont commises, qu’après plusieurs éloges donnez aux beautez de leurs productions. Il n’en parle que comme un pere parle des défauts de son fils.

67. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre premier. Ce que devient l’esprit mal dépensé » pp. 1-92

Nul n’eût osé parler ainsi de Monsieur le premier Président. […] » Ce grand homme parle bien des choses et des personnes ! […] Argan parler de ses entrailles ! […] Parlez-moi du jeune Adraste, parlez-moi d’Ali son humble esclave ! […] De celui-là la critique peut parler sans honte ; de ceux dont elle ne parle pas, soyez sûr que vous n’aurez rien à regretter.

68. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE CHARRIÈRE » pp. 411-457

C’est de lui que j’ai à parler. […] A peine puis-je me résoudre à parler à un médecin de mes maux ; et lorsque je parle à quelqu’un de ma tristesse, il faut que j’y sois, pour ainsi dire, forcée par un excès d’impatience que je pourrais appeler désespoir. […] Alors nous nous parlerons sûrement, dussé-je lui parler la première. […] Personne ne parlait. […] Nous avons marché quelque temps sans parler.

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