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549. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre V. Le roman romantique »

Les vraies origines de M.  […] Dans Mauprat (1837), le thème lyrique s’enveloppe et se tempère d’une sorte de restitution historique : dans ce décor xviiie  siècle, le romantisme de 1830 semble retourner à ses origines, à la sensibilité de la Nouvelle Héloïse ; il y a plus d’objectivité, de calme impersonnel dans cette peinture de l’amour matant, polissant, affinant une brute sauvage. […] Il reste cependant dans son œuvre quelque chose d’énorme, une surabondance et une outrance qui en trahissent l’origine romantique.

550. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 juillet 1886. »

L’art plastique recrée les sensations ; l’art littéraire recrée les notions : j’ai montré que les procédés de ces deux arts pouvaient encore, par un détournement de leur destin premier, traduire certaines émotions d’origine sensuelle ou notionnelle. […] Les sons n’ont pu davantage, à l’origine, signifier les douleurs ou les joies que les mots n’ont pu signifier leurs notions correspondantes. […] Mais voici que s’approchait à la Musique un homme si extraordinaire que ses origines intellectuelles demeureront à jamais mystérieuses : un extravagant prodige anéantissantes lois où nous nous complaisions sur l’hérédité, l’adaptation aux milieux : un compositeur dont l’influence pour la musique ultérieure fut partielle, funeste, mais qui rendit un peu superflues toutes musiques ultérieures ; un être qui, seul dans l’Art, a connu tout le domaine de l’Art ; un musicien dans l’âme duquel ont vécu, précises et réelles, toutes les émotions humaines, toutes absolument ; un Dieu donc, puisqu’il fut de tous les hommes le plus surnaturel : le claveciniste flamand Ludwig van Beethoven.

551. (1922) Durée et simultanéité : à propos de la théorie d’Einstein « Chapitre VI. L’espace-temps à quatre dimensions »

Supposons un univers superficiel réduit au plan P, et considérons dans ce plan un mobile M qui décrit une ligne quelconque, par exemple une circonférence, à partir d’un certain point que nous prendrons pour origine. Nous qui habitons un monde à trois dimensions, nous pourrons nous représenter le mobile M entraînant avec lui une ligne MN perpendiculaire au plan et dont la longueur variable mesurerait à chaque instant le temps écoulé depuis l’origine. […] Nous revenons à notre première notation : nous appellerons équation le temps de l’événement A′ et équation celui de l’événement B′ ; nous désignerons par équation la distance de A′ à B′ dans l’Espace, équation et équation étant les distances respectives de A′ et de B′ à un point origine O′.

552. (1940) Quatre études pp. -154

Deux attitudes vitales, deux attitudes opposées s’expliquant par une seule et même philosophie ; et dès lors, la nécessité d’adopter un ton de prudence, un ton de méfiance à l’égard des affirmations simplistes qui substituent des explications tranchées à la complexité du réel ; la confiance accrue dans la valeur des idées, qui par des opérations subtiles finissent toujours par diriger les comportements humains : telle est l’inspiration de notre quatrième étude, Les origines philosophiques de l’homme de sentiment. […] Quelle que soit son origine, le fait est là, si souvent noté, lui aussi, qu’on nous dispensera de le développer plus longuement. […] Les passions57, Charles Bonnet les cherchera jusque dans leur origine première, jusque dans les fibres qui composent les organes de nos sens. […] Et il s’écrie que tout était bon depuis l’origine ; que le malheur n’est venu que par quelque dévoiement, assez difficilement explicable ; il lui suffit de dégager la loi primitive de la nature pour retrouver du même coup la félicité. […] Hachette, I, 17 ; Essai sur l’origine des langues, I, 390, note ; Émile (livre IV), II, 238 ; ibid.

553. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CVe entretien. Aristote. Traduction complète par M. Barthélemy Saint-Hilaire (3e partie) » pp. 193-271

Quelle est l’origine du mouvement ? […] Mais s’il y a quelque confusion dans ces opinions de Platon, un axiome sur lequel il ne varie pas plus que sur l’origine du mouvement, c’est qu’il n’y a point de hasard dans la nature, et que le mouvement, qui en est le phénomène principal, y a ses lois comme tout le reste. […] Les convictions de la conscience s’affermissent à mesure qu’elles s’exercent ; et, dans cet échange d’obéissance consentie d’une part, et de force communiquée de l’autre, l’homme prend à ses propres yeux une valeur qu’il ne se connaissait pas, et que son humilité la plus sincère peut accepter, parce qu’il en place l’origine au-dessus de lui. […] La loi morale, de quelque côté qu’on l’envisage, n’a donc rien d’humain quant à son origine.

554. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XV. La littérature et les arts » pp. 364-405

Ils se sont ainsi écartés de plus en plus ; pourtant ils gardent des traces de leur lointaine communauté d’origine. […] Malgré cette protestation renouvelée plus tard par Laprade, leur alliance, aussi perpétuelle que celle des cantons suisses, s’est maintenue depuis l’origine des temps. […] Des cantilènes populaires sont l’origine et le noyau de nos chansons de geste, et, plus tard, les jongleurs qui les débitent en font une sorte de récitatif ou de mélopée, comme ce Taillefer « qui moult bien cantait » et qui, en tête de l’armée de Guillaume le Conquérant, lançait à pleine voix la Chanson de Roland, vraie Marseillaise de ce temps-là. […] Racine, à ses débuts, fut peut-être jeté dans la voie où il devait trouver la gloire par le succès de son ode sur le mariage du roi et le traité des Pyrénées ; Casimir Delavigne, Pierre Lebrun (poetæ minores) réussirent, presque au sortir de l’enfance ; dans des poèmes ayant une origine semblable, qui leur valurent des encouragements précieux à cet âge.

555. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Conclusions »

La forme métrique n’a pu paraître seule capable de rendre ces sentiments d’essor et d’extase que probablement parce qu’elle fut à l’origine toute la littérature et que le charme musical qu’elle possède l’a fait réserver peu à peu aux sujets les plus nobles. […] Herbert Spencer est admise, si l’art procède par évolution du jeu — nous ne lui concevons pas d’autre origine, — si l’artiste doit être considéré comme l’inventeur d’objets ou d’idées propres à exercer certaines activités spirituelles élevées, comme une poupée sert aux petites filles à jouer la maternité, il est clair que la doctrine de Poe est en progrès vers le vrai. […] Chez Tolstoï, dont la foi religieuse bien que fort vive n’est pas à proprement parler mystique, puisque sa religion est un système rationnel et qu’il croit à un triomphe sur terre, ou peut cependant ramener clairement l’origine des pensées qui le lui ont fait adopter à une prédominance graduelle de la sensibilité sur les facultés de perception, qui pourtant étaient chez lui énormes, et sur les facultés d’idéation qui étaient plus faibles. […] Que ce soit dans l’affaiblissement de la volonté qu’il faut chercher l’origine de cette bizarre illusion, un fait significatif en témoigne.

556. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Troisième Partie. De la Poësie. — III. Le Poëme épique, ou l’Épopée. » pp. 275-353

Racine fit cette jolie épigramme, dans laquelle il rapporte, à cette pièce, l’époque de l’origine des sifflets du parterre. […] Leur origine, parmi nous, est la première querelle qu’ils ont fait naître. […] Dom River, de la congrégation de saint Maur, fixe leur origine au dixième siècle. […] Son ouvrage sur leur origine fit beaucoup de bruit, & servit encore à les décréditer.

557. (1903) La renaissance classique pp. -

quoi, ils n’avaient donc rien vu, ces hommes qui arrivaient de leurs provinces, encore mal décrassés de leurs origines rustiques ou bourgeoises, et qui, devenus Parisiens d’adoption, avaient le bonheur de vivre dans une des villes les plus agissantes du monde ? […] En réalité, il nous sera toujours impossible de renier nos humbles origines physiologiques. […] Dans la bassesse de sa morale, on sent la crasse de ses origines, et jusque sous les oripeaux de sa rhétorique on voit percer la souquenille du laquais. […] Effarés devant ce débordement, nous acceptons au hasard tout ce qu’on nous apporte, résignés à tout subir plutôt que de nous contraindre à lier les deux idées nécessaires pour juger cette marchandise et la renvoyer à son lieu d’origine.

558. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Bossuet. Lettres sur Bossuet à un homme d’État, par M. Poujoulat, 1854. — Portrait de Bossuet, par M. de Lamartine, dans Le Civilisateur, 1854. — II. (Fin.) » pp. 198-216

Bossuet est un talent antérieur d’origine et de formation à Louis XIV, mais pour son achèvement et sa perfection il dut beaucoup à ce jeune roi. […] De même qu’on voit un grand fleuve qui retient encore, coulant dans la plaine, cette force violente et impétueuse qu’il avait acquise aux montagnes d’où il tire son origine : ainsi cette vertu céleste, qui est contenue dans les écrits de saint Paul, même dans cette simplicité de style conserve toute la vigueur qu’elle apporte du ciel d’où elle descend.

559. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres inédites de P. de Ronsard, recueillies et publiées par M. Prosper Blanchemain, 1 vol. petit in-8°, Paris, Auguste Aubry, 1856. Étude sur Ronsard, considéré comme imitateur d’Homère et de Pindare, par M. Eugène Gandar, ancien membre de l’École française d’Athènes, 1 vol. in-8°, Metz, 1854. — I » pp. 57-75

Gandar, ancien élève de l’École d’Athènes, de faire de ce poète le sujet d’une thèse en Sorbonne (car telle est l’origine de son livre), et d’y soutenir que Ronsard méritait plus encore que n’avaient réclamé pour lui ceux-mêmes qui avaient paru aller trop loin. […] On me permettra donc d’y revenir à mon tour et pour dire un mot de ces travaux récents, et pour rappeler avec précision ce que j’avais désiré et demandé moi-même à l’origine.

560. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Journal d’Olivier Lefèvre d’Ormesson, publié par M. Chéruel » pp. 35-52

L’origine était peu de chose : un grand-père, né de quelque honnête marchand, de quelque commis au greffe, avait commencé la fortune, humblement, laborieusement ; il s’était élevé degrés par degrés, en passant par tous les bas et moyens emplois, en se faisant estimer partout, en se rendant utile, nécessaire, en sachant mettre à profit les occasions ; il avait à la fin percé, il était arrivé, déjà mûr, à quelque charge honorable et y avait assez vieilli pour confirmer son bon renom : il avait eu un fils, pareil à lui, mais qui, né tout porté, avait pu appliquer dès la jeunesse les mêmes qualités à des objets en vue et en estime, à des affaires publiques et d’État. […] Il s’est fait en lui, à l’origine, une confusion naïve de son intérêt particulier comme maître des requêtes qui s’insurge pour défendre son office, et de l’intérêt public.

561. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Correspondance de Béranger, recueillie par M. Paul Boiteau. »

J’ai tort, au reste, d’appeler peines ce qui est plutôt un charme pour moi qu’une occupation. » En tout ceci, nous saisissons bien chez Béranger l’homme de lettres coexistant dès l’origine avec le chansonnier, et, pour ainsi dire, le côtoyant. […] Les origines nous sont assez connues maintenant ; il ne convient ni de les agrandir, ni encore moins de les rabaisser.

562. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « M. Ernest Renan »

. — De l’origine du langage. — Histoire générale des langues sémitiques. — Averroës , etc. […] Ici c’est le critique seul et le curieux des origines qui a l’air de s’insurger contre la rhétorique, fût-elle de l’étoffe la plus éclatante ; mais n’allez pas croire pourtant que ces notes que M. 

563. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Le Mystère du Siège d’Orléans ou Jeanne d’Arc, et à ce propos de l’ancien théâtre français (suite.) »

Je voudrais, avant de continuer, qu’on eut bien présentes ces origines de notre ancien théâtre telles qu’on les peut surprendre en remontant aussi haut que possible dans le moyen âge. […] si l’on fait pareille étude sur les origines du Théâtre des Grecs, on est sûr d’y trouver son compte, d’être bientôt récompensé de la sécheresse des débuts.

564. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Corneille. Le Cid. »

Cette édition47 où le texte est soigneusement collationné, où l’on donne les variantes, les corrections successives et authentiques, où rien n’est oublié au sujet de chaque pièce, ni les sources et origines, ni les termes de comparaison, ni les morceaux même de polémique qui s’y rapportent ; où l’on insérera des lettres de Corneille jusqu’ici éparses ou restées manuscrites, des pièces de vers publiées çà et là dans des recueils du temps et jusqu’aux plus minces productions du grand poète, promet d’être un modèle en son genre et tout à fait monumentale. […] Michelet, dans toute la sincérité de sa conviction, à propos d’un passage de ce dernier en l’honneur de notre langue et de notre poésie : « J’ai lu avec un grand plaisir l’Introduction de vos Origines du Droit.

565. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand (suite.) »

Talleyrand ne crut pouvoir mieux remplir son apparence de loisir, dans les mois qui précédèrent le 18 Fructidor, et payer plus gracieusement sa bienvenue que par son assiduité à l’Institut national, dont on l’avait nommé membre dès l’origine, et en y marquant sa présence par deux Mémoires : l’un tout plein de souvenirs et de considérations intéressantes sur les relations commerciales des États-Unis avec l’Angleterre, l’autre tout plein de vues, de prévisions et même de pronostics, sur les avantages à retirer d’un nouveau régime de colonisation, et sur l’esprit qu’il y faudrait apporter. […] Un tel voyage est une sorte d’analyse pratique et vivante de l’origine des peuples et des États : on part de l’ensemble le plus composé pour arriver aux éléments les plus simples ; à chaque journée, on perd de vue quelques-unes de ces inventions que nos besoins, en se multipliant, ont rendues nécessaires ; et il semble que l’on voyage en arrière dans l’histoire des progrès de l’esprit humain.

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