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46. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « (Chroniqueurs parisiens III) Henri Rochefort »

Rochefort et ce que nous savons forcément de ses habitudes et de ses goûts, ce qui dans sa vie privée est au grand jour  et d’autre part ses opinions et son rôle politique : vous reconnaîtrez que, lorsque je parle d’un problème à résoudre, je ne l’invente point pas amour du mystérieux. […] Pour professer les opinions de M.  […] Les opinions que paraît avoir M.  […] Ajoutez que la vie de ce grand railleur (comme son style) paraît se moquer fortement de ses opinions. […] Nous lui reprochions tout à l’heure, assez ingénument, de n’être jamais grave en exprimant des opinions qui supposent pourtant beaucoup de sérieux.

47. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLIIe entretien. Madame de Staël »

Sa femme, madame Necker, plus enivrée encore que lui de cette apothéose, groupait dans sa maison tous les rayons de célébrité contemporaine pour faire autour de lui un éblouissement d’opinion. […] Tout se conciliait dans une religiosité supérieure et élastique qui se prêtait à toutes les opinions théologiques et qui enveloppait d’une égale tolérance les sectes contraires. […] Sa fille, protégée par son titre d’ambassadrice, ne tarda pas à revenir à Paris où la rappelaient ses opinions, ses attachements et son ardeur politique. Sa jeunesse, sa passion, ses enthousiasmes, ses liaisons avec les publicistes et les orateurs du temps lui avaient fait dépasser les opinions de son père. […] Le gouvernement de la terreur remplaça le gouvernement de l’opinion.

48. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre IX. L’antinomie politique » pp. 193-207

La tâche essentielle de la politique est de créer artificiellement des courants d’opinion, à l’aide de groupements : partis, comités, ligues, etc., où l’on pratique le compelle intrare et le compelle remanere et où l’individu indépendant ne peut guère faire entendre sa voix au milieu du bruit tumultueux et confus des voix anonymes. […] Le suffrage universel représente une moyenne d’opinion dans laquelle mon opinion personnelle est comme noyée et annihilée. […] R. de Gourmont, « l’opinion est toute-puissante parce que ceux qui ont l’air du la guider sont sur le même plan de médiocrité que ceux qui la subissent. “L’opinion du public est faite par des hommes à peu près à sa hauteur qui, au moyen des journaux, s’adressent à elle en ton nom sur la question du moment.” Ainsi le peuple se tyrannise lui-même, en s’imposant à lui-même le respect d’opinions créées par des individus dont la banalité intellectuelle s’adapte parfaitement à la moyenne niaiserie sentimentale… On voit en démocratie « le mécanisme singulier d’un navire dont l’équipage n’obéit aux officiers que parce que les officiers ont mis le cap sur le port où les matelots veulent débarquer.

49. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « M. de Rémusat (passé et présent, mélanges) »

Méthode, opinions, il embrassa tout avec ardeur. […] Si rien n’est plus rare et plus profitable dans la jeunesse que d’apprendre à faire cas du jugement et de l’esprit de ceux dont on ne partage pas les opinions, rien aussi n’est calmant comme de voir ses propres opinions rencontrer quelque alliance et quelque bon accord autour de soi. […] L’opinion sur ce chapitre devança toujours les lois, et les éluda. […] Les opinions exprimées dans ce recueil étaient en général classiques, mais modérées, ouvertes, conciliantes ; elles avaient une couleur de centre droit littéraire. […] Tout en conservant des liens intimes avec les doctrinaires, il suivit plus hardiment la pente de son âge et de ses opinions qui l’inclinaient vers la gauche.

50. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Histoire de la littérature française à l’étranger pendant le xviiie  siècle, par M. A. Sayous » pp. 130-145

Telle est la force du courant de l’opinion. […] L’opinion particulière fait souvent l’opinion publique, et l’opinion publique fait à son tour l’opinion particulière. […] Voilà le cercle des opinions humaines, non seulement des fausses, mais encore des véritables… C’est dans un discours Sur l’Apocalypse qu’Abauzit parlait et pensait ainsi. […] Il a, sur nos écrivains du grand siècle, et sur Boileau notamment, considéré comme auteur de satires, des opinions qui ne laisseraient pas de surprendre si on les citait, et qui ne me paraissent pas manquer de vérité dans leur entière indépendance. Et puisque le lièvre est levé, pourquoi ne risquerai-je pas cette opinion assez singulière d’un Suisse de ce temps-là sur M. 

51. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Armand Carrel » pp. 15-29

De tempérament très aristocrate, fou d’égalité par orgueil, Armand Carrel n’a jamais été, d’opinion, autre chose qu’un bonapartiste. […] Carrel ne put être l’homme de ses opinions réelles et ne voulut pas être l’homme de sa situation factice. […] En un pareil homme, les opinions ne furent jamais que les sensations de l’orgueil souffrant, car la fierté ne souffre pas, et son talent, quand il en eut, le mouvement d’un sang irrité et jaloux. […] Les chevaliers ne se masquaient qu’avec la visière de leurs casques, et le masque dans lequel Carrel étouffait était moins guerrier et moins fier : c’était le masque d’une opinion. […] Elle aurait vu sur ce nom les quelques gouttes de sang résolument versé qui, dans l’opinion française, passeront toujours pour de la pourpre, et cela eût suffi pour parer une gloire imméritée, qu’elle est capable de lui retirer tout entière si on vient lui demander d’y ajouter encore, — si on vient quêter sur ce tombeau !

52. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre III. Besoin d’institutions nouvelles » pp. 67-85

Les délibérations des Chambres, considérées, ainsi que nous venons de le faire, comme organes immédiats de l’opinion, la jurisprudence des tribunaux de la justice, forment un ensemble de traditions, qui devient la loi, et que le prince promulgue avec des formes établies : c’est là seulement qu’il faut puiser la raison de l’initiative royale. […] Les ordres religieux, pour, ne parler ici que des bienfaits incontestables dans toutes les opinions, avaient défriché les forêts des Gaules, et avaient défriché aussi les champs de l’érudition. […] Il en est résulté que nos mœurs sont restées en arrière de nos opinions, malheur profond qui pèsera sur nous tant que l’harmonie entre ces deux grandes facultés sociales ne sera pas rétablie, ou, du moins, tant qu’il ne sera pas reconnu qu’elles doivent désormais marcher sur deux lignes distinctes et séparées. En même temps que nos opinions étaient entraînées vers la démocratie, nos mœurs s’attachaient avec plus de force aux bienséances de l’aristocratie et à tous les goûts monarchiques : cette désharmonie, que bientôt nous aurons occasion d’examiner avec quelque détail, et qui subsiste toujours, nous fournira peut-être d’utiles aperçus. […] Les deux grandes puissances qu’il faut concilier avant tout, ou isoler entièrement l’une de l’autre, ce sont les mœurs et les opinions.

53. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre premier. Mme de Staël »

Voilà l’opinion qu’on a d’elle, même celle de lord Byron lui-même, qui eût raffolé de Mme de Staël s’il eût moins haï les Bas-Bleus ! […] III Écrit par une femme, aveuglée par le talent et la renommée de Mme de Staël, et n’ayant peut-être pas exactement conscience de ce qu’elle écrivait, ce livre de Weymar et Coppet, qui aurait dû être un coup de pied dans le ventre de l’opinion déjà faite sur Mme de Staël, a glissé sur cette opinion et l’a à peine effleurée. […] Mais dans ses romans, elle se raconte elle-même : elle est sa Corinne ou sa Delphine, l’une après l’autre ; mais en histoire et en politique, elle n’a guère que l’opinion des hommes qu’elle aime, ou son père, ou Benjamin Constant, ou Narbonne, ou tout autre, et elle dit même quelque part que la femme, dont elle juge d’ailleurs très bien la destinée, ne doit pas avoir d’autre opinion que celle-là ! […] Et cela est si vrai, que, pour la sphère et la plénitude de ses œuvres, il n’y a parmi nous que Mme Sand, dont l’opinion veut aussi faire intellectuellement un homme, qui puisse, pour l’instant, être dressée à côté de Mme de Staël.

54. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XXI. Mme André Léo »

Mais à dater d’un Mariage scandaleux, elle fut regardée par cette partie de l’opinion démocratique qui se croit littéraire, comme une seconde Mme Sand, — la Mme Sand de la Démocratie sévère ; par conséquent, une Mme Sand bien supérieure à la première, par le sérieux, la direction et la portée. […] Dans un de ses romans (l’un des plus longs et des plus travaillés), elle a montré cette volonté, continue et indépendante, en se séparant bravement des frères et amis, ces enchaînés d’opinion qui voudraient enchaîner tout le monde au nom de la liberté, sur une des questions qui tiennent le plus au cœur de la Démocratie, et que cette recommenceuse éternelle de révolutions et de questions révolutionnaires a recommencé d’agiter ! […] André Léo qui n’est pas une Mme de Staël, et qui est peut-être assez démocrate pour la mépriser, Mme André Léo, qui doit haïr le catholique Bonald, comme étant trop homme, à voulu se colleter à son tour, avec cette question du Divorce, qui, pour la femme, enferme toute sa destinée ; mais, chose dont il faut lui tenir compte, elle a méprisé les opinions athées de son parti. Je trouve, en effet, dans son roman intitulé : le Divorce, ces paroles qu’elle met dans la bouche du personnage qui représente l’opinion philosophique de l’auteur. […] Ce sont là des façons de s’exprimer qui sentent la caque de ce hareng, et ce sont ces charmants langages qui empêcheront, malgré la purulence démocratique universelle, les romans de Mme André Léo de s’asseoir dans l’opinion et dans le succès.

55. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre V. De la littérature latine, pendant que la république romaine durait encore » pp. 135-163

Les préceptes des beaux-arts et de la littérature, un grand nombre de lois, la plupart des opinions philosophiques, ont été transportés successivement de Grèce en Italie. […] Les opinions nationales ne pouvaient être bravées par qui voulait obtenir de la nation son suffrage pour les premières places de la république ; l’écrivain aspirait toujours à se conserver la réputation d’homme d’état. […] Ce ne sont ni les préjugés de la société, ni les opinions philosophiques qui disposent de notre cœur ; c’est la vertu, telle que le ciel l’a créée, vertu d’amour ou vertu de sacrifice, mais toujours délicatesse et vérité. […] Cette opinion m’ayant été contestée, je crois devoir indiquer quelques faits qui la prouvent. […] Cette opinion, fondée sur les fragments qui nous restent de lui, est confirmée par Virgile.

56. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mémoires et correspondance de Mallet du Pan, recueillis et mis en ordre par M. A. Sayous. (2 vol. in-8º, Amyot et Cherbuliez, 1851.) — II. » pp. 494-514

Il écrivait au comte de Sainte-Aldegonde, le 27 mars 1796 (M. de Sainte-Aldegonde était l’homme du comte d’Artois) : Toutes les opinions se ramifient à l’infini ; mais le premier qui sera en état de se faire roi et de promettre une tranquillité prochaine les absorbera toutes. […] Il paraît que quand il causait avec eux personnellement, et même avec des archiducs, il avait une certaine manière d’exprimer avec chaleur son opinion, et d’appuyer le pied en l’exprimant, qui ne laissait pas d’étonner ces personnages de cour : mais il n’en réussissait que mieux dans leur estime. […] Tant pis pour ceux qui blâmeront mes opinions sur les circonstances, je ne m’en inquiète nullement : Stultorum magister est eventus. […] Il brûlait de venir prendre part à ce combat d’opinions, où se distinguaient alors l’abbé Morellet et tant de journalistes courageux tels que Lacretelle, d’anciens constitutionnels, des hommes de 89 ralliés aux royalistes et faisant corps contre la Convention. […] Les curieux trouveraient dans le tome XV du Spectateur du Nord des articles sur Mallet du Pan, qui résument bien l’opinion des contemporains éclairés, au moment de sa mort : on y promet à sa mémoire la justice lente et sûre qui lui est rendue aujourd’hui.

57. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Roederer. — II. (Suite.) » pp. 346-370

Roederer analysant l’opinion de Sieyès, et pour mieux faire valoir quelques-unes des vues de l’auteur, avait parlé d’une manière un peu dégagée de son humeur, de ses préventions ; en un mot, il avait fait assez lestement les honneurs de sa personne. […] À ces moments de réveil, l’opinion n’avait rien de vague, d’incertain ; il n’y avait pas de place pour l’indifférence ; tous les courants étaient rapides et dessinés. […] Il a spirituellement remarqué que l’opinion dans ses diverses branches pouvait alors être cotée avec précision comme les valeurs qui se cotent à la Bourse. […] Il avait peut-être, sur ce point de mécanique sociale, des idées un peu subtiles et compliquées ; mais en fait, dans ces jours décisifs, il se montra à l’œuvre un grand praticien de l’opinion et un tacticien consommé. […] Ils ont trouvé dans ces visites, au lieu de la morgue si ordinaire à la puissance, cette curiosité que donnent l’amour du bien public et le respect pour l’opinion nationale.

58. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre quatrième. Du cours que suit l’histoire des nations — Chapitre IV. Trois espèces de jugements. — Corollaire relatif au duel et aux représailles. — Trois périodes dans l’histoire des mœurs et de la jurisprudence » pp. 309-320

À propos d’une guerre entre les Hermundures et les Cattes, Tacite dit en parlant des sommets des montagnes : dans l’opinion de ces peuples preces mortalium nusquàm propiùs audiuntur . […] Mais la preuve la plus forte en faveur de notre explication du droit héroïque, c’est qu’à Athènes, lorsqu’on prononça sur le théâtre le vers d’Euripide, ainsi traduit par Cicéron, Juravi linguâ, mentem injuratam habui, J’ai juré seulement de la bouche, ma conscience n’a pas juré, Les spectateurs furent scandalisés et murmurèrent ; on voit qu’ils partageaient l’opinion exprimée dans les douze tables : uti linguâ nuncupassit, ita jus esto . […] Nous retrouvons la même opinion chez les peuples héroïques dans la guerre comme dans la paix. […] Trois périodes dans l’histoire des mœurs et de la jurisprudence (sectæ temporum) Nous voyons les jurisconsultes justifier sectâ suorum temporum leurs opinions en matière de droit. […] On ne pouvait jusqu’ici ajouter foi à cette vérité tant que l’on attribuait aux premiers peuples ce parfait héroïsme imaginé par les philosophes ; préjugé qui résultait d’une opinion exagérée que l’on s’était formée de la sagesse des anciens.

59. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XVII. De la littérature allemande » pp. 339-365

Il n’existe ni religion dominante, ni opinion dominante dans un pays ainsi partagé : les pouvoirs établis se maintiennent par la protection des grandes puissances ; mais l’empire de chaque gouvernement sur ses sujets est extrêmement limité par l’opinion ; et l’on peut parler sur tout, quoiqu’il ne soit possible d’agir sur rien. […] Il faut toujours inspirer une sorte de confiance aveugle pour effacer les dissidences individuelles ; car un grand nombre d’hommes, lorsque leur raison est libre, ne donne jamais un assentiment complété toutes les opinions d’un seul. […] Nos guerres avec les Anglais ont dû les rendre ennemis de tout ce qui rappelle la France ; mais une impartialité plus équitable dirigerait les opinions des Allemands. […] Voyez ce que fait le crime au milieu d’une nation ; des persécuteurs toujours agités, des persécutés toujours implacables ; aucune opinion qui paraisse innocente, aucun raisonnement qui puisse être écouté ; une foule de faits, de calomnies, de mensonges tellement accumulés sur toutes les têtes, que, dans la carrière civile, il reste à peine une considération pure, un homme auquel un autre homme veuille marquer de la condescendance ; aucun parti fidèle aux mêmes principes ; quelques hommes réunis par le lien d’une terreur commune, lien que rompt aisément l’espérance de pouvoir se sauver seul ; enfin une confusion si terrible entre les opinions généreuses et les actions coupables, entre les opinions serviles et les sentiments généreux, que l’estime errante ne sait où se fixer, et que la conscience se repose à peine avec sécurité sur elle-même.

60. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Benjamin Constant. Son cours de politique constitutionnelle, ou collection de ses divers écrits et brochures avec une introduction et des notes, par M. Laboulaye »

Dans ce livre, j’exprimais mon opinion, et cette opinion est encore la mienne, sur la puissance tantôt dangereuse, tantôt salutaire, des journaux. […] Je désirais que tous ceux qui partageaient les opinions que je professais alors… » Il y eut à ces mots, que je professais alors, une interruption et des rires bruyants du côté droit. […] Je sais que le nom de Benjamin Constant s’est présenté à votre idée ; j’ai pensé que vous trouveriez bien que je vous fisse connaître l’opinion des hommes faits pour en avoir une ; la voici : c’est aussi la mienne. […] Veuillez me faire connaître là-dessus votre opinion, et ce sera chose faite. […] J’ai vu, pendant des années, des politiques vacillants et qui n’étaient pas bien sûrs d’avoir une opinion par eux-mêmes, ne jamais faire un pas sans se régler sur M. de Broglie.

61. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre V. Harmonies de la religion chrétienne avec les scènes de la nature et les passions du cœur humain. — Chapitre VI. Harmonies morales. — Dévotions populaires. »

Quand le peuple croit entendre la voix des morts dans les vents, quand il parle des fantômes de la nuit, quand il va en pèlerinage pour le soulagement de ses maux, il est évident que ces opinions ne sont que des relations touchantes entre quelques scènes naturelles, quelques dogmes sacrés, et la misère de nos cœurs. […] Des opinions d’une espèce différente, mais toujours d’un caractère religieux, inspiraient l’humanité : elles sont si naïves, qu’elles embarrassent l’écrivain. […] Elle n’aurait point rejeté cette autre opinion, par laquelle il était tenu pour certain que tout homme qui jouit d’une prospérité mal acquise, a fait un pacte avec l’Esprit de Ténèbres, et légué son âme aux enfers. […] S’il cesse de soumettre son esprit à la religion, il se fera des opinions monstrueuses.

62. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXIVe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (5e partie) » pp. 65-128

L’humilité de son extérieur n’était que l’affiche de ses opinions. […] L’opinion affecta l’indifférence sur une des plus odieuses exécutions qui consternèrent la république. […] L’histoire, à quelque opinion qu’elle appartienne, en versera d’éternelles sur cet échafaud. […] Il prit les opinions extrêmes pour un asile. […] Mais elle en tirera cette grande leçon : c’est que, quand l’opinion et la nature se combattent dans le cœur d’un citoyen, c’est la nature qu’il faut écouter ; car l’opinion se trompe souvent, et la nature est infaillible.

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