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655. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Connaissait-on mieux la nature humaine au XVIIe siècle après la Fronde qu’au XVIIIe avant et après 89 ? »

Avant 89, il y a un but, il se mêle presque toujours à l’observation un élément dogmatique, polémique, une intention et une arme de combat ; c’est qu’on a en effet des ennemis à vaincre, à mettre en déroute : on est à la guerre, on marche à une conquête. […] Elle a produit de brillants et vigoureux réactionnaires, des restaurateurs ou des prédicateurs du passé, Bonald, de Maistre, Chateaubriand ; des marcheurs en avant et même des utopistes en partie clairvoyants, et, par opposition aux injurieux prophètes du passé, des prophètes plus ou moins aventureux de l’avenir, tels que Saint-Simon, Comte ; de savants législateurs surtout, dans l’ordre du possible, les Tronchet, les Cambacérès, les collaborateurs du Code Napoléon… La simple observation morale eût paru un jeu un peu trop égoïste et désintéressé après de tels naufrages.

656. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Mémoires de Malouet »

M. de Merle me menait souvent avec lui chez les princes et les ministres, de sorte que j’ai eu occasion de voir fréquemment le fameux marquis de Pombal, qui n’était pas un grand ministre, comme le disent ses panégyristes, mais qui avait plus d’esprit et surtout plus de caractère que tout ce qui était à la cour de Portugal, où la maison royale, le ministère et le palais, ne présentaient pas un personnage marquant… » Il avait beaucoup écrit sur ce qu’il avait vu et observé en Portugal durant les dix-huit mois qu’il y passa ; ses notes se sont perdues : l’essentiel, c’est qu’il y avait surtout acquis un commencement d’observation et d’expérience. […] Ce qui est vrai, c’est qu’il y a profit et plaisir à suivre Malouet dans ce voyage d’exploration en Guyane, dans ses visites chez les principaux colons, à les écouter, comme il fit lui-même, exposant chacun leurs observations pratiques. leurs expériences variées et concordantes sur ce sol trompeur qui rendait si vite, mais qui s’épuisait si promptement ; à le suivre encore dans ses courses à travers les forêts, à noter, chemin faisant avec lui, de curieux phénomènes d’histoire naturelle concernant les fourmis, les serpents, les singes, et en général sur les mœurs des animaux, qui, n’étant gênés par rien dans ces vastes solitudes, y forment librement des groupes et y atteignent atout le mode relatif de sociabilité dont ils sont capables.

657. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. PROSPER MÉRIMÉE (Essai sur la Guerre sociale. — Colomba.) » pp. 470-492

1841 Ces deux écrits, l’un d’histoire érudite et sévère, l’autre d’observation pittoresque et d’imagination, composés presque en même temps, montrent, chez l’auteur à qui on les doit, une alliance et comme un faisceau aussi brillant que serré de qualités diverses et rares. […] De telles considérations, si judicieuses et lumineuses, appartiennent à cette véritable et, j’ose dire, unique philosophie de l’histoire, comme Machiavel et Montesquieu l’entendaient, qui ne procède qu’appuyée sur l’observation humaine et sur les faits.

658. (1890) L’avenir de la science « V »

On eût mis l’esprit humain au défi de concevoir les plus étonnantes merveilles, on l’eût affranchi des limites que la réalisation impose toujours à l’idéal, qu’il n’eût pas osé concevoir la millième partie des splendeurs que l’observation a démontrées. […] Et pourtant on était libre alors de créer des merveilles ; on taillait en pleine étoffe, si j’ose le dire ; l’observation ne venait pas gêner la fantaisie ; mais c’était à la méthode expérimentale, que plusieurs se plaisent à représenter comme étroite et sans idéal, qu’il était réservé de nous révéler non pas cet infini métaphysique dont l’idée est la base même de la raison de l’homme, mais cet infini réel, que jamais il n’atteint dans les plus hardies excursions de sa fantaisie.

659. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXVI » pp. 413-441

Sans doute on ne peut pas plus comparer La Bruyère à Molière qu’on ne compare le talent de peindre les caractères à celui de les faire agir et de faire sortir leurs traits de la situation où l’art sait les placer ; mais, supérieur à Molière par l’étendue, la profondeur, la diversité, la sagacité, la moralité de ses observations, il est son émule dans l’art d’écrire et de décrire, et son talent de peindre est si parfait, qu’il n’a pas besoin de comédiens pour vous imprimer dans l’esprit la figure et le mouvement de ses personnages. […] Voici nos observations sur la première : En 1677, quand Phèdre a paru, il y avait trente-deux ans que la société de Rambouillet était dissoute par le mariage de Julie : il y en avait douze que la marquise n’existait plus ; huit que la duchesse de Montausier, dernier reste de la famille passait au lit une vie malade et sans espérance ; si, qu’elle était morte.

660. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Éloges académiques de M. Pariset, publiés par M. Dubois (d’Amiens). (2 vol. — 1850.) » pp. 392-411

Ils eurent tous plus ou moins la prétention d’avoir un pinceau dans des sujets qui exigent avant tout exactitude et observation. […] Son compagnon dressa les deux observations en style médical.

661. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Œuvres de Mme de Genlis. (Collection Didier.) » pp. 19-37

Ces ouvrages, remarquables par un intérêt facile, de fines observations et des portraits de société, un style coulant et clair, et de justes prescriptions de détail, sont tous plus ou moins gâtés par du romanesque, de la sensiblerie factice, de l’appareil théâtral ; et, sous leur première forme, ils ont fait leur temps. […] L’élégance commune de la forme n’y dérobe plus l’insipidité du fond, et quelques observations fines y surnagent à peine dans des flots de paroles.

662. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Monsieur Droz. » pp. 165-184

À toutes les qualités qui sont nécessaires à l’orateur, Droz demande que son caractère unisse encore la sensibilité : « Beaucoup de force d’âme au premier coup d’œil, dit-il, paraît l’exclure : mais l’élévation est le point qui les unit. » L’élévation d’âme n’est pas tout encore, si l’orateur n’y joint réellement la vertu ; Droz y insiste, et non point par des lieux communs de morale, mais par des observations pratiques incontestables : « Croyez qu’il n’est chez aucun peuple assez d’immoralité, dit-il, pour que la réputation de celui qui parle soit indifférente à ceux qui l’écoutent. » Lorsque plus tard, historien de la Révolution, il aura à parler de Mirabeau, dont il appréciait si bien la grandeur, combien il aura occasion de vérifier ce côté d’autorité morale si nécessaire, par où il a manqué ! […] Dès cette époque, dans des Observations sur les maîtrises, sur les règlements, les privilèges et les prohibitions qui intéressent les progrès de l’industrie (1801), il se prononçait pour une liberté sage, non absolue ; il admettait quelques restrictions, sans rien d’exclusif, et il faisait preuve de connaissances pratiques et positives.

663. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mémoires et correspondance de Mallet du Pan, recueillis et mis en ordre par M. A. Sayous. (2 vol. in-8º, Amyot et Cherbuliez, 1851.) — II. » pp. 494-514

Homme d’observation toutefois et de bon sens avant tout, absolument étranger par ses origines comme par ses habitudes d’esprit aux doctrines du droit divin, il est évident pour ceux qui le lisent que, s’il avait vécu, il ne se serait nullement considéré comme enchaîné à la Restauration, et qu’il eût fait mieux que consentir à l’essai de monarchie constitutionnelle de Louis-Philippe : il aurait cru un moment y voir la réalisation tardive de ce qu’il avait longtemps désiré et de ce dont il avait désespéré tant de fois, l’établissement d’un gouvernement mixte, devenu enfin possible en France après ces trente ou quarante ans d’une éducation préliminaire si chèrement achetée. […] Aujourd’hui, sans recourir à des publications volumineuses et difficiles à rassembler, on pourra, grâce aux Mémoires de Mallet du Pan, avoir sous les yeux la série de ses observations essentielles, de ses jugements et de ses descriptions concernant la grande période historique dont il a été l’un des combattants, mais surtout l’annotateur assidu et passionné.

664. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Portalis. Discours et rapports sur le Code civil, — sur le Concordat de 1801, — publiés par son petit-fils — II. » pp. 460-478

Des observations bien faites produisent la sagesse, comme des affections bien ordonnées disposent à la justice. […] On trouvera dans les Mémoires de l’Académie des sciences morales et politiques, au tome II (2e série, p. 261), des Observations sur le droit civil français considéré dans ses rapports avec l’état économique de la société, par M. 

665. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Monsieur Étienne, ou une émeute littéraire sous l’Empire. » pp. 474-493

J’y vois observation, finesse, une certaine naïveté qui s’y combine et qui aurait besoin d’être expliquée, et aussi l’absence d’étendue. […] [NdA] Dans la brochure intitulée : Observations sur le jeune homme qui a écrit la comédie intitulée Les Deux Gendres, ou Lettre à M. 

666. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Fervaques et Bachaumont(1) » pp. 219-245

Mais, il faut bien le dire, l’observation du romancier ressemblait à l’amour de son ami Chamfort. […] Arsène Houssaye ne mettait pas la balle de son observation dans cet as de cœur où il faut la mettre, quand on tire bien !

667. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Chapitre premier. Le problème des genres littéraires et la loi de leur évolution » pp. 1-33

La société, en effet, commence par chanter ce qu’elle rêve, puis raconte ce qu’elle fait, et enfin se met à peindre ce qu’elle pense… Une observation importante : nous n’avons aucunement prétendu assigner aux trois époques de la poésie un domaine exclusif, mais seulement fixer leur caractère dominant. […] Aristote ayant distingué les genres lyrique, épique et dramatique, en faisant à leur sujet certaines observations pratiques qui se ramenaient à des lois, on s’ingénia à perfectionner son système.

668. (1809) Tableau de la littérature française au dix-huitième siècle

Plus tard, on s’est imaginé qu’on était plus profond parce qu’on étalait tout le travail de l’observation, et que l’imagination avait perdu le pouvoir de reproduire la nature vivante. […] C’était là son talent, et l’on ne peut disconvenir de la vérité de ses observations ; mais il ne faut pas se laisser abuser par ce genre de mérite, et l’on doit remarquer qu’en en faisant parade, on en diminue l’effet. Marivaux ne nous donne pas le résultat de son observation, mais l’acte même de l’observation. […] Un véritable esprit d’observation fut apporté dans l’étude des faits intellectuels. […] Ici, ils sont tellement directs et immédiats, qu’il n’est pas besoin d’une observation subtile pour les démêler.

669. (1875) Premiers lundis. Tome III « Eugène-Scribe. La Tutrice »

Scribe y songe : la haute muse comique, qui à la vue des excès du vaudeville est blessée au cœur et nous boude avec raison, a tendu la main à l’auteur de la Camaraderie, et le protégerait de préférence à beaucoup d’autres, si, au lieu d’éparpiller ses forces, il s’appliquait à les réunir ; s’il livrait plus souvent de véritables combats, au lieu d’escarmouches sans fin ; s’il donnait à son observation plus d’étendue et de profondeur, et s’il ne dédaignait pas aussi ouvertement cette puissance ombrageuse qui ne se laisse captiver que par de continuels sacrifices, mais qui seule aussi peut faire vivre l’écrivain : c’est du style que je veux parler.

670. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — V — Villiers de L'Isle-Adam, Auguste de (1838-1889) »

Huysmans … Alors il s’adressait à Villiers de l’Isle-Adam, dans l’œuvre éparse duquel il notait des observations encore séditieuses, des vibrations encore spasmodiques, mais qui ne dardaient plus, à l’exception de sa Claire Lenoir, une si bouleversante horreur… Ce conte dérivait évidemment de ceux d’Edgard Poe, dont il s’appropriait la discussion pointilleuse et l’épouvante.

671. (1887) Discours et conférences « Appendice à la précédente conférence »

Appendice à la précédente conférence Un cheik afghan, remarquablement intelligent, de passage à Paris, ayant présenté dans le numéro du 18 mai 1883 du Journal des Débats des observations sur la conférence précédente, j’y répondis le lendemain, dans le même journal, ainsi qu’il suit.

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