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1435. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre IV. Shakspeare. » pp. 164-280

Timon, Léonatus, Cressida, toutes les jeunes filles, tous les principaux personnages des grands drames ; Shakspeare peint partout l’impétuosité irréfléchie du premier mouvement. […] Elles ont des mouvements d’abandon, de petites colères, de jolis mots d’amitié, des mutineries coquettes, une volubilité gracieuse, qui rappellent le babil et la gentillesse des oiseaux. […] Dans sa forme, dans ses mouvements, comme il est achevé et admirable ! […] Me défendez-vous de m’attarder auprès d’elle, de regarder ses sourires, ses brusques rougeurs, la moue enfantine de ses lèvres roses, et la coquetterie de ses jolis mouvements ? […] À chaque phrase, on suit les regards de ces yeux si vifs, les plis de cette bouche rieuse, les brusques mouvements de cette taille svelte.

1436. (1913) Les livres du Temps. Première série pp. -406

Moins de clarté, de couleur, et de mouvement. […] De bonnes âmes expliquent ces mouvements divers de l’opinion par le droit qu’elles concèdent aux auteurs d’évoluer à leur guise. […] On n’a nullement à craindre un mouvement analogue à celui du flamingantisme. […] Ces Cahiers ont joué un rôle notable dans le mouvement des idées, tant par l’apport personnel de M.  […] On avait excité contre lui la haine de sa petite Zohira, qui, entraînée dans le mouvement, voulait à présent s’affubler de chapeaux à l’instar de Paris.

1437. (1902) Propos littéraires. Première série

Et ce monsieur ne cessait pas d’être correct dans ce mouvement de vivacité ; car il était le mari de la dame spirituelle. […] Plus grand et de plus vif intérêt est encore le mouvement philosophique et religieux de l’Angleterre depuis 1848, et c’est une esquisse un peu étendue de ce mouvement qui manque dans le bel ouvrage que je viens de lire. […] Il suit les mouvements du cœur avec une singulière sûreté. […] Gérard était un grand lévrier qui avait besoin d’être toujours en mouvement. […] Prouvez-le, comme le philosophe grec prouvait le mouvement en marchant.

1438. (1903) Propos de théâtre. Première série

Il a oscillé, il a eu quelques petits mouvements en sens divers, en avant quelquefois, en arrière de temps en temps, et l’on a noté ces mouvements à peu près, et on en a fait ce qu’on appelle l’histoire, qui est une chose intéressante. […] Une vague coquetterie se mêle au mouvement très ingénu de son cœur. […] Un candidat, d’ordinaire, circule au milieu des opinions avec des mouvements moelleux, adoucis et précautionnés. […] — Elle le deviendrait sans cela, par le mouvement naturel de sa passion. […] Il y a des hommes qui naissent chefs des hommes, Ils commandent d’instinct ; les autres leur obéissent d’un mouvement naturel.

1439. (1893) Alfred de Musset

Celui-ci raconte qu’à peine hors des langes, le petit poète en herbe avait des « mouvements oratoires et des expressions pittoresques » pour peindre ses malheurs ou ses plaisirs d’enfant. […] L’âme des temps nouveaux était en lui, et il ne dépendait pas de sa volonté de la chasser, car le mouvement de 1830 avait apporté autre chose, de bien plus important et plus tenace, qu’une forme littéraire. […] D’abord, un mouvement lent, donnant une impression de paix et de sérénité. […] Le mouvement se précipite et devient furieux. […] Le mouvement suit avec souplesse l’allure de l’idée, tantôt paisible, tantôt pressé et passionné.

1440. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXIIIe entretien. La Science ou Le Cosmos, par M. de Humboldt (2e partie). Littérature de l’Allemagne. » pp. 289-364

Relativement à l’infini, cela n’a point d’intérêt, ou cela ne peut avoir d’autre intérêt que l’étendue, l’espace, et les différentes impulsions que Dieu leur imprime et qui leur commandent le mouvement. […] Nous pourrions encore, avec toute vraisemblance, ajouter au cortège de notre soleil, et placer dans la sphère où s’exerce immédiatement son action centrale, d’abord un anneau de matière nébuleuse et animé d’un mouvement de rotation ; cet anneau est probablement situé entre l’orbite de Mars et celle de Vénus, du moins il est certain qu’il dépasse l’orbite de la terre : c’est lui qui produit cette apparence lumineuse, à forme pyramidale, connue sous le nom de lumière zodiacale ; en second lieu, une multitude d’astéroïdes excessivement petits, dont les orbites coupent celle de la terre ou s’en écartent fort peu : c’est par eux qu’on explique les apparitions d’étoiles filantes et les chutes d’aérolithes. […] « Les comètes, qui laissent quelquefois entrevoir les étoiles à travers leur queue, semblent être un composé de matière gazeuse plus apparente que dangereuse. » Quant aux pierres tombantes ou étoiles filantes qui étonnent souvent nos yeux, Humboldt les considère comme des millions de petites planètes emportées par un mouvement de rotation autour du soleil, et qui frappent aveuglément la terre quand nous les rencontrons, comme des papillons aveugles.

1441. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXVIe entretien. Le Lépreux de la cité d’Aoste, par M. Xavier de Maistre » pp. 5-79

(En disant ces mots, le voyageur fit un mouvement involontaire pour saisir la main du Lépreux, qui la retira avec vivacité.) […] Maintenant il ne m’arrive plus de rencontrer sur mon chemin une fleur effeuillée, ou quelques branches d’arbrisseau qu’elle y laissait tomber en passant ; je suis seul : il n’y a plus ni mouvement ni vie autour de moi, et le sentier qui conduisait à son bosquet favori disparaît déjà sous l’herbe. […] Mon premier mouvement fut de lever les yeux vers le ciel pour le remercier de m’avoir préservé du plus grand des malheurs.

1442. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLIe entretien. Molière et Shakespeare »

Qui peut faire mouvoir la forêt, commander à l’arbre de mettre en mouvement sa racine attachée à la terre ? […] Désormais, les premiers mouvements de mon cœur seront aussi les premiers mouvements de ma main ; dès à présent, pour couronner mes pensées par les actes, il faut, par une exécution aussi prompte que ma volonté, surprendre le château de Macduff, m’emparer de Fife, passer au fil de l’épée sa femme, ses petits enfants, et tout ce qui a le malheur d’être de sa race.

1443. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 14 mars 1885. »

Vous ne pouvez vous figurer le mouvement de cette satanique fugue. […] Mendès prend l’exemple du dernier mouvement de la 9e symphonie de Beethoven qui mêle texte et musique dans l’« Ode à la joie », alors que Wagner en parle plus tôt dans son texte. […] Le premier correspond à la période révolutionnaire de Wagner, lorsqu’il participa au mouvement révolutionnaire de Dresde en 1849.

1444. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 mars 1886. »

Le théâtre allemand est un théâtre qui a ses aspirations, son mouvement propre, sa mise en scène qui résulte de son essence et de ses croyances, tout autres que celles du théâtre français, anglais, japonais, italien, espagnol, etc. […] Quand la musique était en Italie, nous avons eu le théâtre italien ; le mouvement musical s’accuse aujourd’hui en Allemagne, ayons le théâtre allemand, rien de plus juste. […] On parle beaucoup de patriotisme en cette affaire : les naïfs, les montons, ceux qu’on entraîne croient peut-être, les pauvres gens, que c’est là le véritable motif de la campagne entreprise contre Richard Wagner et son Lohengrin ; mais ces innocents s’abusent étrangement et ceux qui mènent le mouvement savent fort bien qu’ils jouent de ce grand mot et que le patriotisme est pour eux comme un fonds de commerce : ils l’exploitent le plus avantageusement du monde et sans risques ni périls.

1445. (1856) Cours familier de littérature. II « XIe entretien. Job lu dans le désert » pp. 329-408

Le mouvement, dans une certaine proportion, est aussi nécessaire à l’intelligence que l’air. […] Rousseau, artisans, inventeurs d’admirables procédés dans les perfectionnements de leurs métiers spéciaux, leur esprit cependant, faute de mouvement et d’espace dans leur vie et dans leurs idées, se fausse souvent sur tout le reste. N’avez-vous pas remarqué que toutes les idées fausses, tous les rêves incohérents, toutes les utopies absurdes en politique, en constitutions sociales de ces trente dernières années, sont sorties de la tête d’un de ces hommes sédentaires, concentrés dans la contemplation exclusive d’une profession ou d’une occupation unique, manquant d’air dans la poitrine, de mouvement dans les pieds, d’espace dans les yeux, d’universalité dans le point de vue !

1446. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre X : De la succession géologique des êtres organisés »

Si, comme nous l’avons vu précédemment, l’on représentait l’apparition et la disparition d’un groupe d’espèces par une ligne verticale d’épaisseur variable, cette ligne tendrait à s’amincir plus graduellement vers son extrémité supérieure, qui indique le mouvement de décadence, qu’à son extrémité inférieure, qui représente l’apparition première du groupe et la multiplication progressive de ses espèces. […] Comme nous avons des motifs de croire que de vastes régions du globe sont affectées à la fois par le même mouvement, il est probable que des formations exactement contemporaines ont été souvent accumulées sur de vastes espaces dans la même partie du monde, mais nous n’avons aucun droit de conclure qu’il en ait été ainsi à toutes les époques, et que de grandes régions aient toujours été affectées à la fois des mêmes mouvements.

1447. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Malherbe »

André Chénier a remarqué la beauté du tableau, et ce mouvement du dernier vers qui rappelle et rend à merveille l’assurgere des Latins : Utque viro Phœbi chorus assurexerit omnis. […] De cette ode il faut admirer le mouvement, l’élan, l’allégresse : les syllabes se pressent, le vers se resserre, la strophe s’allonge et bondit. […] Il a eu cependant d’heureux mouvements dans ses amours de tête, et l’on chante encore avec plaisir : Ils s’en vont, ces rois de ma vie,     Ces yeux, ces beaux yeux, etc. […] Non, non ; il est de l’applaudissement universel comme de la quadrature du cercle, du mouvement perpétuel, de la pierre philosophale et telles autres chimères : tout le monde le cherche, et personne ne le trouve.

1448. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1875 » pp. 172-248

Plus cette inquiétante concentration, plus ces mouvements nerveux, plus ces contractions de mains impatientes et prêtes à broyer des choses. […] Une figure presque historique de ce temps, car ce magasin a été l’endroit, l’école, pour ainsi dire, où s’est élaboré ce grand mouvement japonais, qui s’étend aujourd’hui de la peinture à la mode. […] Lundi 6 décembre C’est bon de sentir la reconnaissance de votre talent, de percevoir autour de votre œuvre un mouvement de l’opinion favorable admiratif, respectueux. […] Le directeur du Moniteur, tout aussitôt, fait une profession de foi de conservateur progressiste, et se comparant à une jambe qui marche, dans son mouvement en avant, prenant mal son point d’appui sur son pied de derrière, s’embourbe dans son speach, en manquant de tomber.

1449. (1925) La fin de l’art

On lui fait son affaire, un peu, il faut le dire, par hasard, dans un mouvement de colère, puis on se débarrasse du cadavre qu’on va pendre à un arbre, dans la campagne, avec une sérénité tempérée par la frousse. […] Elle est donc, en tant que route, bien inférieure aux plus, simples chemins, qui du moins n’ont pas de parti pris et nous mènent vraiment, avec le seul effort du mouvement, là où nous le désirons. […] Il nous guette à chaque mouvement et il n’y a vraiment qu’un moyen de lui échapper, c’est de tâcher de mettre son organisme en état de résistance constante. […] Je faisais cette remarque à l’un des décors de Faust, extrêmement agréable, d’une valeur de tableau, mais, comme un tableau, donnant la sensation d’être en dehors du mouvement.

1450. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre III. Variétés vives de la parole intérieure »

Si l’excitation intérieure continue à croître, l’état de l’âme doit s’exprimer par un phénomène qui lui soit égal en intensité ; alors la parole intérieure vive ne suffit plus ; l’âme a besoin de sensations fortes, de bruit et de mouvement ; la parole extérieure, qui ébranle fortement les nerfs du toucher comme ceux de l’ouïe, jaillit des lèvres ; aux mouvements de la phonation se joignent ceux de la physionomie, des bras, des jambes : on gesticule, on se promène sans but, uniquement pour se sentir vivre, comme si le degré maximum de la sensation était pour l’état mental le plus intense un complément esthétique à l’attrait irrésistible ; l’âme envahie par un sentiment violent ou par une conception vive de l’imagination n’a plus de conscience pour le milieu qui l’entoure ; elle l’oublie, elle l’ignore momentanément, et, avec lui, les convenances, la réserve, les habitudes sociales qu’il impose ; par les sensations qu’elle se donne, elle se crée un milieu artificiel en accord avec le phénomène dominant et exclusif qui la possède ; elle est tout à son rêve ou à sa passion, et ce qui s’est emparé d’elle tout entière est par là même maître absolu du corps comme de l’âme220. […] Un degré de plus dans l’intensité intérieure, et la langue s’agitera, frappant sans bruit le palais, les dents ; puis les lèvres s’entr’ouvrent et s’animent à leur tour et coordonnent leurs mouvements à ceux de la langue ; ce n’est encore qu’un murmure, car l’organe sonore par excellence, le larynx, ne prend pas part au jeu ; on parle tout bas, ce qui n’est pas parler. […] Ainsi, dans la Bible, la prière d’Anne, la femme stérile, qui, « le cœur plein d’amertume », demande un fils à Dieu, scandalise tout d’abord le sacrificateur Héli : « Il observait le mouvement de ses lèvres ; elle parlait en son cœur ; elle ne faisait que remuer ses lèvres, et l’on n’entendait point sa voix.

1451. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « M. Denne-Baron. » pp. 380-388

Lorsqu’un mouvement poétique véritable, dû à des causes générales, lorsqu’un vrai printemps poétique nouveau se prépare dans une société, il s’annonce à l’avance par bien des signes ; il y a de jolis matins de février.

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