10 mai Des journées de malaise, de détente morale, des journées passées au lit, dans une vague vie.
Cette spiritualisation de la peine donne au poëme une puissante portée morale.
Les jésuites, très favorisés alors par l’empire et par le cardinal Fesch, oncle de Napoléon, saluèrent le Génie du Christianisme avec moins d’enthousiasme que le parti de l’empire et que le parti royaliste ne l’avaient salué ; ils ne se dissimulèrent pas que le secours apporté en apparence par ce livre à la religion était un secours dangereux, plus poétique que chrétien, et que les sensualités d’images et de cœur par lesquelles l’écrivain alléchait, pour ainsi dire, les âmes, étaient au fond très opposées à l’orthodoxie littérale et à la sévérité morale de dogme et de l’esprit chrétien.
Les premiers chefs de ces républiques se persuadèrent, sans doute, qu’un mépris trop évident de l’autorité des siècles et des traditions affaiblirait la morale en avilissant la vieillesse aux yeux de l’enfance ; ils craignirent de porter trop d’atteinte à la majesté des temps et à l’intérêt des souvenirs. […] Je crois bien que votre conduite n’est pas conforme aux règles d’une morale très-sévère ; mais l’héroïsme a ses licences : et Voltaire ne manquerait pas de vous dire que vous faites votre métier d’illustre brigand comme Alexandre et comme Charlemagne.
Laissez venir seulement ces deux corrupteurs de la morale et de l’innocence, laissez venir Louis XV et Voltaire, alors Don Juan le scélérat, ne sera plus qu’un homme à bonnes fortunes, un philosophe ; il s’appellera M. le duc de Richelieu, pendant qu’en Angleterre, dans la patrie d’Hamlet, on verra ce même personnage de don Juan changer de nom, de costume, et s’appeler Lovelace ! […] La morale de tout ceci, c’est qu’il faut laisser Molière comme il est !
Nous asseyant chacune sur un genou, il nous faisait de la morale, et nous démontrait, par des exemples saisissants et des paraboles superbes, l’avantage qu’il y avait à être sage, à se bien conduire et à apprendre rapidement les leçons prescrites ; puis, pour bien fixer dans notre esprit l’excellence de son discours, il concluait en nous faisant cadeau d’une pièce de quarante sous. On peut s’imaginer à quel point cette morale nous plaisait, nous l’aurions voulue tous les jours. Mais il dut renoncer à ce système, le jour où, avec une naïve impudence, nous lui proposâmes de supprimer la morale, et de donner tout de suite les quarante sous.
* * * Après Saül, qui est encore un traité de morale et déjà une œuvre d’imagination, Gide, nous le savons, quitte la littérature subjective, et n’écrit plus — Amyntas mis à part — que des drames et des romans. […] Bibliographie347 Les Cahiers d’André Walter (sans nom d’auteur), Librairie Perrin, 1891 * Les Cahiers d’André Walter (sans nom d’auteur), Librairie de l’Art Indépendant, 1891 Les Poésies d’André Walter (sans nom d’auteur), Librairie de l’Art Indépendant, 1892 Le Traité du Narcisse, Librairie de l’Art Indépendant, 1892 La Tentative Amoureuse, Librairie de l’Art Indépendant, 1893 Le Voyage d’Urien (avec illustrations de Maurice Denis), Librairie de l’Art Indépendant, 1893 Paludes, Librairie de l’Art Indépendant, 1895 * Le Voyage d’Urien, suivi de Paludes, Librairie du Mercure de France, 1896 * Les Nourritures Terrestres, Librairie du Mercure de France, 1897 Réflexions sur quelques points de littérature et de morale, Librairie du Mercure de France, 1897 * Philoctète (Philoctète, Le Traité du Narcisse, La Tentative Amoureuse, El Hadj), Librairie du Mercure de France, 1899 Feuilles de route, Librairie du Mercure de France, 1899 * Le Prométhée mal enchaîné, Librairie du Mercure de France, 1899 Lettres à Angèle, Librairie du Mercure de France, 1900 De l’influence en littérature, Librairie de l’Ermitage, 1900 Le Roi Candaule, Librairie de la Revue Blanche, 1901 Les Limites de l’Art, Librairie de l’Ermitage, 1901 Saül, drame, Librairie du Mercure de France, 1902 * L’Immoraliste, récit, Librairie du Mercure de France, Edit. in-18, 1902 L’Immoraliste, récit, Librairie du Mercure de France, Edit. petit in-16, 1902 De l’importance du public, Librairie de l’Ermitage, 1903 * Prétextes, réflexions sur quelques points de littérature et de morale, Librairie du Mercure de France, 1903 * Saül, Le Roi Candaule, Librairie du Mercure de France, 1904 * Amyntas, Librairie du Mercure de France, 1906 * Les Poésies d’André Walter, réimpression, dans Vers et Prose, Tome VIII, 1906-07 Le Retour de l’Enfant Prodigue, dans Vers et Prose, Tome IX, 1907 Bethsabé, dans Vers et Prose, Tome XVI, 1908-09 * La Porte Étroite, récit, Librairie du Mercure de France, Edit.
« Le contact de Rome, dit-il, engourdit la Grèce et l’Égypte, la Syrie et l’Asie-Mineure, et s’il existe de grands édifices qui attestent la grandeur de l’Empire, où sont les indices de vigueur intellectuelle et morale, si nous en exceptons cette citadelle de la nationalité, le petit pays de Palestine ? […] Les legs de l’hérédité peuvent nous faire modifier nos idées sur la responsabilité morale, mais ils ne peuvent qu’intensifier notre sentiment de la valeur de la critique, car le véritable critique est l’homme qui porte en soi les rêves, et les idées, et les sentiments d’une myriade de générations, celui auquel nulle forme de pensée n’est étrangère, pour lequel aucune impulsion émotionnelle ne manque de clarté. […] Traiter la vie dans l’esprit de l’art, c’est faire de la vie une chose dans laquelle fins et moyens ne font plus qu’un : encourager cette attitude, telle est la vraie signification morale de l’art et de la poésie.
C’est un jeune homme, dont la conduite est si morale et si honorable, qu’il a eu l’honneur, à trente ans, de parler avec l’empereur.
Mais agiter un article de foi aussi fondamental, dans un pays où le christianisme est déjà établi, ne peut qu’avoir des conséquences pernicieuses pour la morale et la tranquillité publique. » Il semblerait que Montesquieu eût voulu résumer toute la polémique religieuse de Swift et le fond de son argumentation ordinaire, lorsqu’il écrivit cette page, que le doyen de Saint-Patrick eût signée : « Quel peut être le motif d’attaquer la religion révélée en Angleterre.
Ni sa biologie, ni sa sociologie, ni sa morale, n’ont la prétention d’épuiser leur sujet ; elles ne visent qu’à établir des principes, en les accompagnant d’assez d’éclaircissements et d’exemples pour qu’on puisse bien comprendre ce qui s’y rapporte et en résulte.
Une Gigantomachie morale, on pourrait définir ainsi cette prodigieuse tragédie.
C’est le type dans la disgrâce physique de la grâce morale ; il y a chez cet apôtre du doute, la haute et intelligente amabilité d’un prêtre de la science. » Oui, je suis, ou du moins j’étais l’ami de l’homme, mais parfois l’ennemi de sa pensée, ainsi que je l’écrivais dans la dédicace de l’exemplaire à lui adressé.
— Et le voilà, appartenant à qui veut l’écrire, ce livre de morale, d’histoire, et de philosophie où se doit rencontrer, à la longue, le poème universel du genre humain !
Telle était, après 1814 et 1815, la situation morale de la France : elle avait de l’humeur contre le destin, elle attribuait aux Bourbons les torts de la guerre.
Il entrera donc dans le sentiment du gracieux une espèce de sympathie physique, et en analysant le charme de cette sympathie, vous verrez qu’elle vous plaît elle-même par son affinité avec la sympathie morale, dont elle vous suggère subtilement l’idée.
Je ne veux pas faire de morale exagérée ; c’est la mode aujourd’hui de parler légèrement des femmes du xviiie siècle ; j’en pense tout bas bien moins de mal qu’on n’en dit.