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699. (1890) La vie littéraire. Deuxième série pp. -366

Ils leurs mettaient dans la bouche l’obole de Caron. […] Il mettait la sagesse dans l’impassibilité. […] Il y mettrait de la raison. […] Je ne peux pas mettre ce bouton de bottine sans crochet ! […] Je ne mets pas de ces saletés-là, moi !

700. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre I. Les origines. — Chapitre II. Les Normands. » pp. 72-164

Les Normands, hommes avisés, calculèrent les chances du paradis et de l’enfer et voulurent mettre Dieu dans leurs intérêts. […] Un autre a des hommes d’armes qui, à coups d’épée, mettent à la raison ses moines récalcitrants. […] Il se met à rire, et dit que l’armée n’a plus rien à craindre de la famine, qu’elle a des provisions sous la main. […] Mais cette parade sacrilége n’a qu’un temps, et Dieu met la main sur les hommes pour les avertir. […] Mais lui meisme ne volt mettre en ubli.

701. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre IV. L’âge moderne. — Chapitre II. Lord Byron. » pp. 334-423

Byron était encore tout petit enfant, en jaquette, lorsque sa nourrice le gronda rudement d’avoir sali une cotte neuve qu’il venait de mettre. […] Ce sont ses chagrins, ses révoltes, ses voyages, à peine transformés et arrangés, qu’il met dans ses vers. […] Il n’y a que les événements qui mettent à l’épreuve la force et le ressort de l’âme ; il n’y a que les actions qui manifestent et mesurent cette force et ce ressort. […] Chacun des deux modèles a sa beauté et ses taches, l’artiste épicurien comme le politique moraliste1307 ; chacun des deux montre par ses grandeurs les petitesses de l’autre, et, pour mettre en relief les travers du second, lord Byron n’avait qu’à mettre en relief les séductions du premier. […] Il met à nu les procédés poétiques, se demande où il en est, compte les stances déjà faites, gouaille la Muse, Pégase et toute l’écurie épique, comme s’il n’en donnait pas deux sous.

702. (1848) Études critiques (1844-1848) pp. 8-146

Aujourd’hui c’est La Fontaine qui est mis à contribution et rendu trait pour trait. […] Si Satan se met à s’attendrir avec les petites filles qu’il séduit, où en serons-nous, grands dieux ! […] Janin a, sinon inventé, du moins mis grandement à la mode, la critique humoristique. […] Quel malheur de se mettre à un faux point de vue ! […] Et en outre l’amour-propre non moins que les traditions de la langue se trouvaient mis de côté.

703. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1894 » pp. 185-293

Et achetant toutes celles qu’on lui apportait, il finissait par en avoir une quarantaine, qu’il surveillait, et qu’il mettait à la broche, lorsqu’une plume se détachait du cou. […] Un petit bossu, se met à marcher devant, un bossu effrayant, dont la bosse mouvante se déplaçait, et allait d’une épaule à l’autre, à chacun de ses pas. […] Il me dit qu’il vient d’en lire une partie à sa femme, qui a été un peu troublée par la passion mise dans le bouquin. […] C’est tout de même curieux cet éreintement de tout ce que j’écris, aussi bien ailleurs qu’en France, et cela par ce seul fait, que je mets de la vérité dans ce que j’écris. […] L’eau du fleuve, toute remuante, toute vagueuse, et où les lueurs d’émeraude et les lueurs de rubis des bateaux, semblent mettre les ondes bigarrées d’une étoffe zinzolin.

704. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — A — article » pp. 163-165

d’Arnaud, sont autant de Cours de Morale mise en action de la maniere la plus propre à faire impression, & qui peuvent être utiles à toutes les Nations policées. […] d’Arnaud ne sauroit donc recevoir trop de marques de reconnoissance & de considération de la part de cette classe d’hommes, que leur sagesse & leurs lumieres mettent seuls en état d’apprécier le talent & son véritable usage. […] Les siennes étant faites pour être dans les mains de tout le monde, la cherté des gravures met des obstacles à un débit qui ne sauroit être trop universel.

705. (1859) Critique. Portraits et caractères contemporains

Il mettait trois mois à l’écrire. […] Mettez tout cela sous la dent, et vous m’en direz de bonnes nouvelles ! […] Elle demandait qui donc mettrait du bois dans l’âtre, et sur la table le pain de chaque jour ? […] voilà ce garçon (il était un peu bègue) qui se met à baragouiner un jargon inintelligible, et d’une façon si plaisante, que le prévôt, les archers, l’assistance se mettent à rire comme des fous. […] Il met habit bas, et il forge… à la façon des Cyclopes dans l’Iliade.

706. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre I. Les origines. — Chapitre III. La nouvelle langue. » pp. 165-234

Il se mit à la ranimer comme il put, Il la prit dans ses deux bras et l’embrassa souvent. […] Elles descendirent de cheval et se mirent à danser dans la prairie. […] L’hôte met la paix partout, fait parler ou taire les gens, en homme qui a présidé longtemps une table d’auberge, et qui a mis souvent le holà entre les criards. […] À quoi peut aboutir le talent, même le génie, quand de lui-même il se met dans de pareilles entraves ? […] Comme les écrivains de la décadence latine, ces gens ne songent qu’à transcrire, à compiler, à abréger, à mettre en manuels, en mémentos rimés, l’encyclopédie de leur temps.

707. (1861) La Fontaine et ses fables « Deuxième partie — Chapitre II. Les bêtes »

Par amour du raisonnement et de la discipline, on mettait tout l’homme dans l’âme, et toute l’âme dans la raison. […] Nous savons bien, en leur prêtant ainsi des pensées et des émotions, que nous mettons notre âme dans leur être, et que notre discours n’est qu’image. […] C’est que l’âme se modèle sur le corps, qui l’exprime et qui la façonne ; le poëte devine, l’une par l’autre, et les met d’accord. […] Est-ce un mets propre pour les milans ? […] Après quoi il se fait habiller, met sa perruque, relève ses manchettes, s’assoit gravement dans un cabinet aussi noble qu’un salon.

708. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Divers écrits de M. H. Taine — I » pp. 249-267

On peut donc, jusqu’à un certain point, voir dans une œuvre autre chose encore que ce qu’y a vu l’auteur, y démêler ce qu’il y a mis à son insu et ce à quoi il n’avait point songé expressément. […] Cette première impression de pudeur serait bientôt dissipée, et l’on se mettrait à parler, à disserter du grand écrivain, avec liberté, avec hardiesse, en se figurant quelquefois qu’on le surprend bien un peu et qu’on l’étonne, mais en s’efforçant tout aussitôt de le convaincre et de le gagner à son sentiment. […] On se mettrait d’abord, autant que faire se pourrait, à une sorte d’unisson : car il importerait surtout que le grand écrivain trouvât que nous entrons dans son sens assez directement pour consentir ensuite à entrer un peu dans le nôtre. […] Taine y a mis d’ailleurs de l’habileté et de l’art. Par exemple, ses théories pour ou contre les points de vue de montagnes, il les a distribuées en dialogues ; il a un voisin de table, un raisonneur obstiné « qui met ses impressions en formules, et qui professe les mathématiques du paysage » ; il le fait causer, il lui donne la réplique et l’occasion de le contredire.

709. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Œuvres de Vauvenargues tant anciennes qu’inédites avec notes et commentaires, par M. Gilbert. — III — Toujours Vauvenargues et Mirabeau — De l’ambition. — De la rigidité » pp. 38-55

Mais d’ailleurs, c’est mon histoire que je fais… Il trace en effet, dans ce peu de mots, l’idéal de sa vie, un idéal qu’il n’a rempli qu’imparfaitement, mais qu’il était honorable, à vingt-cinq ans, de concevoir et de se mettre résolument à poursuivre. […] Mais, lorsqu’on est assez heureux pour avoir de la vertu (toujours vertu dans le sens antique et non dans l’acception de la morale étroite), c’est, à mon sens, une ambition très noble que celle d’élever cette même vertu au sein de la corruption, de la faire réussir, de la mettre au-dessus de tout, d’exercer et de protéger des passions sans reproche, de leur soumettre les obstacles, et de se livrer aux penchants d’un cœur droit et magnanime, au lieu de les combattre ou de les cacher dans la retraite, sans les satisfaire ni les vaincre. […] Ce qui est bien certain, c’est que l’élévation lui met un signe au front et fait le cachet de sa nature. […] Vous souvenez-vous que, César voulant faire passer une loi trop à l’avantage du peuple, le même Caton voulut l’empêcher de la proposer, et lui mit la main sur la bouche, pour l’empêcher de parler ? […] Il me tomba, en même temps, un Sénèque dans les mains, je ne sais par quel hasard ; puis des lettres de Brutus à Cicéron, dans le temps qu’il était en Grèce, après la mort de César : ces lettres sont si remplies de hauteur, d’élévation, de passion et de courage, qu’il m’était bien impossible de les lire de sang-froid ; je mêlais ces trois lectures, et j’en étais si ému, que je ne contenais plus ce qu’elles mettaient en moi ; j’étouffais, je quittais mes livres, et je sortais comme un homme en fureur, pour faire plusieurs fois le tour d’une assez longue terrasse (la terrasse du château de Vauvenargues), en courant de toute ma force, jusqu’à ce que la lassitude mît fin à la convulsion.

710. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Ducis épistolaire. »

Puis, et toujours de souvenir en souvenir, je me suis mis à ressonger mélancoliquement à Ducis, au bon Ducis, comme on l’appelle, qui en son temps avait entamé et remué cette grosse question dramatique à tout hasard et par pur instinct ; qui aima Shakspeare d’élan et de vague sympathie sans trop savoir pourquoi et sans l’avoir jamais connu, et de qui l’on a pu dire bien spirituellement, ici même, « qu’il a fait toute une révolution sans le vouloir, comme cela est arrivé quelquefois à la garde nationale67. » Le mot est parfait, mais il y a des jours, ne l’oublions pas en parlant de Ducis, où un garde national a son héroïsme aussi et se bat comme un lion. […] Je conçois, Monsieur, que vous avez dû me trouver bien téméraire de mettre sur le Théâtre-Français une pièce telle qu’Hamlet. […] « Monsieur, après avoir mis Hamlet sur notre théâtre, je viens d’y mettre Roméo et Juliette. […] Vous avez bien voulu m’y accorder mes entrées ; je suis bien tenté d’aller les mettre à profit, pour voir une nation respectable dont j’estime le caractère fort et prononcé, et pour causer avec vous, en les prenant sur le fait, des plus hauts mystères de la tragédie. […] Après une heure de conversation, il le quittait vers midi ; la table était mise.

711. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Œuvres complètes de Molière »

Eudore Soulié a mis dans ses recherches méthode, suite, un plan ingénieux qui, à travers bien des détours et même de petites embûches, l’a conduit à bonne fin sur quelques points et peut le conduire à mieux encore. […]  » Il s’agissait avant tout, pour cela, de mettre la main sur un premier acte qui menât à d’autres. […] L’inventaire, fait huit mois après sa mort, donne sur cette mère de Molière des aperçus, des détails caractéristiques, et la font entrevoir comme une femme digne d’avoir mis au monde un tel fils. […] En tout cas, Molière n’est pas allé bien loin pour trouver ce « gros Plutarque à mettre les rabats. […] On y mettrait une école de dessin ou une salle d’asile, et les enfants du quartier viendraient y étudier ou y apprendre à lire sous l’invocation de ce nom illustre et trois fois populaire.

712. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Oeuvres inédites de la Rochefoucauld publiées d’après les manuscrits et précédées de l’histoire de sa vie, par M. Édouard de Barthélémy. »

Deux et trois mis à la suite et à la file, c’est trop. […] pourquoi mettre tous les six mois le public dans la confidence de ses tâtonnements, de ses démangeaisons et de ses faiblesses ? […] S’étonner et s’émerveiller qu’ils sussent si bien le français avant la publication des Provinciales, c’est vraiment y mettre trop de naïveté. […] M. de La Rochefoucauld fit les siennes ; il y prit goût ; il eut l’idée d’y mettre en entier les résultats de sa philosophie et de son expérience, et c’est ainsi que de simples jetons de société sont devenus par lui des médailles immortelles. […] « Taisez-vous, mon enfant, lui dit-il en lui montrant le corps de Turenne étendu mort, voilà ce qu’il faut pleurer éternellement, voilà ce qui est irréparable. » Et lui-même il se mit à s’affliger et à pleurer.

713. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Théophile Gautier (Suite et fin.) »

Loin de là, nul, en nous faisant pénétrer dans le talent de chaque peintre, dans la nature et dans l’intention de chaque œuvre, ne nous met plus à même de les qualifier. […] Il se met à la place des autres. […] Cousin, qui n’est qu’éloquent et nullement peintre, ne sont plus de mise aujourd’hui. […] Un jour que Mlle J… du Théâtre Français récitait la pièce dans une soirée, l’auteur présent, celui-ci surpris lui-même et gagné au sentiment que sa poésie recélait se mit tout d’un coup à éclater en sanglots. […] Il n’a pas pris soin d’observer la division dans son volume les Beaux-arts en Europe, et il a mis les deux articles sur Delacroix bout à bout.

714. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Histoire de Louvois par M. Camille Rousset. Victor-Amédée, duc de Savoie. (suite et fin.) »

Louvois voulait acquérir Casai du duc de Mantoue et y mettre une garnison française pour s’ouvrir une porte sur le Milanais. […] Ce traître Mattioli pris au piège (Catinat présent), arrêté, bâillonné, garrotté, fut mis dans la citadelle de Pignerol, et n’est autre, selon M.  […] Ainsi mise en demeure, et au dernier moment, elle recula devant ce qu’elle-même avait semblé proposer. […] Victor-Amédée reçoit l’outrage et dissimule en public : il se met aussitôt à licencier en effet une partie de son armée. […] Guerrier d’une espèce à part et qui mettait sa franchise à masquer le politique !

715. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Marie-Antoinette (suite.) »

La reine n’avait pas été mise dans le secret des projets de Calonne. […] Dix autres, que leur naissance, leurs anciens engagements, leurs charges, devraient mettre aux pieds du roi, sont aussi dans l’opposition. […] Les lettres qu’on a d’elle au comte de Mercy-Argenteau, ambassadeur d’Autriche et son confident, qu’elle mit en mouvement pour sonder M.  […] Enfin je suis bien malheureuse… « Je crains beaucoup, dit-elle encore, que l’archevêque ne soit obligé de partir tout à fait, et alors quel homme prendre pour mettre à la tête de tout ? […] Il n’y a plus à hésiter ; si demain il peut se mettre à la besogne, c’est le mieux.

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