Il a eu l’art de rejoindre solidement tous ces morceaux de textes originaux, sans lesquels il ne met pas un pied en avant. […] Cicéron disait d’Athènes qu’on n’y pouvait faire un pas sans mettre le pied sur une histoire. […] Né en janvier 1641 et de trois ans plus jeune que Louis XIV, Louvois comprit dès l’enfance la vérité de ce que La Bruyère, a mis en maxime : Jeunesse des princes, source des belles fortunes . […] Vous lui témoignerez qu’il doit mettre en pratique son industrie pour faire faire les ouvrages à bon marché et très-promptement, afin que l’on puisse faire voir au roi que les mauvais offices qu’on lui a rendus sur cela sont mal fondés. » Ces mauvais offices rendus à Vauban par un intendant d’Alsace, cousin de Colbert, faillirent perdre cet illustre ingénieur et guerrier au début de sa grande carrière. […] Ils échangent leurs cadeaux d’amitié : Vauban aura le portrait de Louvois, peint par Mignard ; Louvois recevra de Vauban « un Plan de Lille bien rectifié, avec la description de tout son paysage à la portée du canon à la ronde, où toutes choses, jusqu’au moindre fossé, sont mises dans leur place juste, et où il ne manque pas la moindre chose du monde » ; présent sévère et de main de maître aussi.
Mais peu à peu elle comprit que l’âge fait changer l’expression de l’amour et que « les tendresses, les caresses, ce lait du cœur, s’en vont droit vers les plus petits » ; et elle se mit à aimer passionnément ce jeune frère […] Puis il m’a fait descendre ma guitare qui pend à la muraille pour voir ce que c’était ; il a mis sa petite main sur les cordes, et il a été transporté de les entendre chanter […] Je n’ai voulu que mettre en goût ceux que ce genre de lectures intimes est de nature à intéresser. […] J’en ai mis devant notre image de la Vierge. […] Douce image qui des deux côtés est charmante, quand je pense qu’une sœur est fleur… » Aussitôt qu’il est parti, elle rentre dans la chambrette qu’il occupait ; elle prend le livre qu’il a lu : c’est un Bossuet où il a mis des signets de sa main, souvent aux mêmes endroits qu’elle avait notés elle-même : « Ainsi nous nous rencontrons partout comme les deux yeux ; ce que tu vois beau, je le vois beau. » Quand il est près de se marier, elle semble que cela ne réussisse pas et ne vienne à manquer par quelque côté, car ce frère chéri est, comme elle l’appelle, « un mauvais artisan de bonheur. » Elle se met à sa place et craint qu’il ne recule au dernier instant. « Toujours me semble « effrayant pour toi, aigle indépendant, vagabond.
. — Tous ces petits tourments d’une femme sont le bonheur d’un homme. » Il lui prêche l’instinct, il lui en veut d’avoir trop d’esprit et d’en mettre à tout : « Votre instinct, c’est le meilleur de vous. […] Il essaye de se mettre au point de vue de Marie, et quand elle a fort raisonné sur ce qu’il implore d’elle et qu’elle a épilogué sur les différentes manières d’aimer et sur celle même qu’elle ne comprend pas, il lui dit : « Eh bien ! […] J’aurais mis des gants jaunes pour vous plaire, ou je les aurais cachés pour ne pas vous déplaire. […] Au lieu d’en user pour vivre vite, on disserte trop souvent, on met le raisonnement à la place du plaisir. […] L’héroïne d’un roman à la mode : mettez-y le nom que vous voudrez.
Il n’y a pas longtemps que, me trouvant distrait et peu capable d’un travail suivi, je me mis, à mes menus instants et dans mes quarts d’heure de loisir, à refeuilleter tout Vaugelas. […] Chapelain ne perdait aucune occasion ce revenir à la charge, de faire valoir son ami, ou de l’excuser quand le cardinal s’impatientait de ne voir rien venir de ce fameux Dictionnaire, dont la première édition devait mettre encore plus de cinquante ans à paraître Chapelain à M. de Bois-Robert. […] Les bons auteurs mettent le sceau, mais la source première est la conversation des honnêtes gens. […] Voiture disait cela à propos de cette interminable traduction de Quinte-Curce que Vaugelas retouchait sans cesse et qui ne fut mise au jour qu’après lui ; il l’aurait pu dire également pour ces Remarques tant remaniées et ruminées. […] Et si elles étaient comme elles eussent pu être ; si un meilleur ouvrier que moi y eût mis la main, combien de personnes en pourraient-elles profiter durant ce temps-là !
On y mit le temps. […] « Je ne m’étendrai pas davantage pour cette fois-ci, mais j’attendrai votre réponse avec honnêtement d’inquiétude ; pensez le reste. » Il y a là quelque bon désir, quelque étincelle ; et quinze jours après (9 août), lorsque la retraite de l’armée de Bavière a ramené la guerre à notre frontière du Rhin, Louis XV dira : « Si l’on mange mon pays, il me sera bien dur de le voir croquer, sans que je fasse personnellement mon possible pour l’empêcher ; mettons-nous au moins en état de réparer de bonne heure ce que nous aurons pu perdre toute cette année-ci. » Sous des expressions peu nobles on aime à surprendre de ces réveils d’honneur. […] Les exemples que j’en pourrais donner seraient trop fastidieux. — Au printemps suivant (mai 1744), à grand renfort de Mme de Châteauroux, du duc de Richelieu et du maréchal de Noailles, ligués et conspirant pour sa gloire, Louis XV se décide enfin ; il visite ses frontières du nord et se met à la tête de l’armée. […] Fénelon n’était pas un flatteur ou il ne l’était qu’avec goût, lorsque dans son Mémoire sur les occupations de l’Académie française, et conseillant à la docte Compagnie de donner une Rhétorique et une Poétique, il disait : « S’il ne s’agissait que de mettre en français les règles d’éloquence et de poésie que nous ont données les Grecs et les Latins, il ne vous resterait plus rien à faire : ils ont été traduits… Mais il s’agit d’appliquer ces préceptes à notre langue, de montrer comment on peut être éloquent en français, et comment on peut, dans la langue de Louis le Grand, trouver le même sublime et les mêmes grâces qu’Homère et Démosthène, Cicéron et Virgile, avaient trouvés dans la langue d’Alexandre et dans celle d’Auguste. » Il y aurait à dire aux analogies, mais ce qui est certain, c’est que, s’il est naturel et juste de dire la langue de Louis XIV, il serait ironique et ridicule de dire la langue de Louis XV. […] Si le projet qu’il a indiqué après coup est bien exact et s’il paraît assez bien combiné, l’exécution en fut déplorable. » — Je cherche partout des témoignages à l’appui de mes réserves, car il est bien difficile d’oser mettre un peu de vérité dans ces articles que j’écris, et l’on aurait peine à croire à combien de suggestions et d’instances j’ai dû résister pour maintenir ce jugement modéré et un peu restrictif sur le maréchal de Noailles.
Je retourne la pensée dans tous les sens, mais je n’y mets rien de plus. […] Il aurait droit de nous dire que La Bruyère est un de ces écrivains chez qui il faut faire attention à tout, car lui-même il mettait à tout de l’intention. […] Y mettre la lumière, si je pouvais, mais surtout l’attirer… J’ai jeté des hypothèses ; n’est-ce pas permis, d’autant qu’ayant pris exprès un titre de fantaisie, je ne me donne pas comme historien ? […] C’est mon cas en bien des endroits ; mais que le jour vienne où était l’ombre, et peut-être nous fera-t-il voir les choses où je les ai mises. […] Il a attribué et fait semblant d’attribuer uniquement à Leurs Altesses les suffrages que Bussy, par un retour naturel de politesse, a mis uniquement sur le compte de son mérite.
La table est mise, un morceau de mouton, qui achève de cuire, va y être servi : qu’attend-on ? […] Bref, les papillotes, les chansons, attirent dans la boutique un petit ruisseau si argentin, qu’en son ardeur poétique Jasmin met en pièces le fauteuil redouté où tous ses pères se sont fait porter à l’hôpital ; lui, au lieu de l’hôpital, il est allé chez un notaire, et finalement, le premier de sa famille, il a vu son nom briller sur la liste du collecteur. […] » Depuis qu’il fait des vers, en effet, Jasmin, pour parler en pose, grâce au bon débit de ses productions et à l’intérêt bien entendu qu’y ont mis les Agenais, a pu, sans quitter son état, devenir propriétaire de la maison qu’il habite et obtenir une petite aisance, qui paraît le comble de ses vœux. […] » Et elle se met en marche vers l’église, appuyée sur l’enfant ; pas de soleil encore, il bruine ; l’odeur du laurier qui jonche le chemin lui arrive parfois et la fait frissonner. […] La cérémonie commence, l’anneau est béni, et Baptiste le tient ; mais, avant de le mettre au doigt qui l’attend, il faut qu’il prononce une parole… Elle est dite ; aussitôt, du côté du garçon d’honneur, une voix s’élève ; Marguerite, qui peut-être au fond de son cœur doutait encore, a crié : « C’est lui !
On est sûr, en le lisant, si l’affectation de l’étrange ne vous repousse pas d’abord, de trouver abondance d’esprit, de verve, des aperçus fins, des saillies heureuses, mille traits d’irrévérence et des bouffées d’impiété ; je mets le tout sur la même ligne, car se sont là autant d’éloges avec lui. […] Il supprime alors, pour plus de simplicité, le Cupidon, et met en place : Ne crains rien, la forêt nous garde. […] Par malheur, il est trop vrai que, de nos jours, plus d’un jeune auteur s’est accoutumé à tout mettre dans la chaleur du sang et dans la fougue du désir ; leur talent a passé de bonne heure dans le tempérament, et s’y est comme fixé. […] Je n’admettrai jamais qu’en poésie (autrement qu’une fois par hasard et comme tour de force) on se mette à peindre des pots cassés, des chaudrons, ou, si vous voulez, des porcelaines, uniquement pour le plaisir de les peindre. […] Gautier de le relire, tant il le trouve coriace (c’est, je crois, son mot) ; mais il suffirait qu’il eût entendu chanter, l’hiver dernier, ces nobles stances mises en musique par Reber : N’espérons plus, mon Ame, aux promesses du monde, etc.
Je mis mon doigt sur mes lèvres pour que le vieillard et l’enfant ne réveillassent pas le bargello ; vous savez que j’avais assez mérité sa confiance pour qu’il me laissât la clef du préau. […] L’enfant croyait qu’il tremblait de sa mort prochaine et se mit lui-même à sangloter. […] Cette robe, qu’on mettait par-dessus ses habits, ressemblait à un linceul qui cachait les pieds et les mains en traînant jusqu’à terre ; en abattant son capuchon percé de deux trous à la place des yeux, on voilait entièrement son visage. […] Je revins ensuite à la chapelle, je rétablis vite le barreau de la fenêtre à sa place, pour qu’on ne s’aperçût pas qu’il avait été déplacé ; puis je me mis à genoux la tête entre mes mains devant l’autel, comme un mourant qui a passé la nuit dans les larmes en pensant à ses péchés. […] Les soldats me mirent en joue ; à ce moment, le bourreau, qui était derrière moi, un peu à l’abri par un angle du mur, se jeta tout à coup sur moi, et, m’arrachant d’une main rapide et violente le capuchon et la robe de pénitent jusqu’à la ceinture, me découvrit presque nue aux yeux des soldats et de la foule.
Ce furent ensuite des drames liturgiques : une action plus développée, des personnages plus nombreux, une mise en scène plus riche. […] A Rouen, on a 27 personnages au lieu de 12, dont Balaam avec son ânesse : et la mise en scène se complique. […] Les rubriques latines d’un drame normand intitulé la Représentation d’Adam (xiie siècle) trahissent une significative préoccupation de la mise en scène et du jeu des acteurs. […] Jean Bodel a mis tout cela dans un drame bizarre, bien supérieur à son insipide et romanesque Chanson des Saxons : la nécessité d’aller au cœur de son public, la nouveauté d’un genre encore dénué de traditions ont maintenu le poète dans la simple sincérité, et comme dans le plein courant, de la vie. […] et ne fournirent-ils pas, dans une certaine mesure, le modèle, la forme selon laquelle s’organisèrent les éléments partout épars du théâtre profane et comique, au moins la mise en scène, la distribution matérielle du sujet, la méthode de figuration et de représentation ?
Il est impossible au critique journaliste, qui se met le plus souvent en quête pour se créer des sujets susceptibles d’intérêt, d’en éluder d’aussi importants quand ils se présentent de front. […] Dès le premier jour qu’il mit le pied dans l’histoire, M. […] On se met insensiblement en lieu et place de la Providence. […] On met le marché à la main à l’expérience. […] Des faits récents ont mis cette dernière vérité en lumière.
Toutes les fois qu’après un long bouleversement l’ordre politique se répare et reprend sa marche régulière, l’ordre littéraire tend à se mettre en accord et à suivre de son mieux. […] Il faut que la tradition nous aide à rassembler ses traits et nous mette sur la voie, si nous voulons recomposer avec quelque certitude sa figure et son caractère. […] On s’ingénie, on se met en quatre pour ne pas avoir un avis franc. […] On le sent tout d’abord chez Hoffman, le journaliste se souvient de l’auteur dramatique ; il introduit dans la critique un peu de comédie, de la mise en scène, des dialogues : ce critique sait manier et faire jouer les personnages. […] Ses connaissances classiques lui permettaient de parler des auteurs latins, des traductions alors à la mode, d’une manière à satisfaire les gens instruits, et il y mettait l’amorce pour les gens du monde.
Si vous n’en avez pas fait vous-même, vous ne savez pas quel prix tout poète met à ses vers. […] On entre dans ce qui est du goût personnel et particulier, dans ce que la folle du dedans s’est mise à chérir par choix et à revêtir amoureusement à sa manière. […] Pour les gagner, il est obligé de partir et de se mettre en condition quelque temps. […] Lacaussade, qui sent profondément cette nature tropicale, a mis sa muse tout entière au service et à la disposition de son pays bien-aimé. […] — Je me rappelle qu’un jour, comme je mettais en avant le nom de M. de Laprade pour la chaire de poésie latine au Collège de France, M.
Mme des Ursins se met en avant volontiers et s’engage de toute sa personne. […] Mme de Maintenon raconte à Mme des Ursins le premier effet qu’elle produit (8 mai 1707) : Vous connaissez Marly et mon logement ; le roi était seul dans ma petite chambre, et je me mettais à table dans mon cabinet par lequel on passe ; un officier des gardes cria à la porte où était le roi : « Voilà M. de Chamillart ! […] Le roi et la reine d’Espagne, auxquels elle s’est donnée, ont des sentiments élevés, « aussi élevés que le rang où Dieu les a mis ; ils sont incapables de faire des bassesses. […] Mme de Maintenon, à la vue de tant de maux, s’incline, s’agenouille, et, pourvu qu’il y ait repos et relâche après cet excès de souffrances, elle ne recule devant aucune extrémité : Nous ne pouvons faire la guerre, dit-elle (24 juin 1709) : il faut bien baisser la tête sous la main de Dieu, quand elle veut renverser les rois et les royaumes ; voilà, madame, ce que j’ai toujours craint… Nous avons éprouvé une suite de malheurs dont la France ne peut se relever que par une longue paix ; et la famine, qui est le dernier et le plus grand de tous, nous met aux abois. […] Par un reste d’habitude, elle se mit à y gouverner la maison du roi et de la reine d’Angleterre, pour y gouverner quelque chose.
Bien longtemps après, quand Mme de Montespan, tombée en disgrâce et dans une entière retraite, eut pris ce fils légitime comme une partie de sa pénitence et qu’elle se fut mise, par manière de réparation, à vouloir lui fonder une fortune régulière, elle exigea de lui qu’il ne jouerait plus ; croyant mieux l’y obliger, elle obtint qu’il chargeât le comte de Toulouse, son demi-frère, de dire expressément au roi que lui, d’Antin, renonçait au jeu pour toute sa vie : sur quoi le roi fit cette réponse bien naturelle, mais désespérante d’indifférence : « À la bonne heure ! […] En voyant ces deux aspects d’un même personnage, je mettais en regard dans ma pensée les deux portraits que Saint-Simon a tracés également de d’Antin, l’un au début (t. […] Ce qui doit nous donner de l’indulgence pour d’Antin, dans ce métier avoué qui en lui-même n’a rien de bien honorable, c’est qu’insensiblement, et en même temps que son intérêt l’y attache, il y met son amitié, son affection, son cœur, et qu’aussi il ne fait jamais sa cour avec malignité ni aux dépens des autres. […] Je leur fis rendre compte, et en six mois je leur fis rapporter plus de cent mille écus comptant, dont ils étaient redevables au roi, ce qui me mit en bonne odeur dans les Bâtiments. […] La chose du monde que je comprends le moins, c’est qu’un homme se conduise comme je fais, et qu’il soit aussi convaincu que je le suis de toutes les vérités que je mets sur le papier.
D’intelligence forte et saine, ayant au plus haut degré la volonté du bien, il a mis son grand, son très grand talent, son impeccable probité littéraire au service des vertus de la classe moyenne. […] La nouvelle formule grandissait avec lui : l’observation exacte, la vie réelle mise à la scène, la peinture de notre société, en une langue sobre et correcte. […] La dernière pièce qu’Émile Augier mit en scène, à la Comédie, fut l’Aventurière, pour les débuts de M. […] — J’ai vu bien des auteurs veiller à la mise en scène de leurs œuvres, nous dit le directeur du Gymnase. […] Quant à Augier, convaincu de sa puissance théâtrale, il se mit tout seul à l’œuvre, soutenu et encouragé par son condisciple du collège Henri IV, S.
Dans ces derniers contes, la puissance de l’amitié chez les noirs est fortement mise en relief. […] Ce patriotisme de clocher, si naturel à l’homme, se manifeste dans le conte du Courage mis à l’épreuve. […] Il semble assez sceptique quant aux avantages qui peuvent résulter de la mise en commun de l’effort. […] Certains captifs ont cependant une très forte affection pour leurs maîtres puisqu’ils mettent le souci de l’honneur de ceux-ci au-dessus du désir de leur plaire. […] Reconnaissance. — Les noirs apprécient la beauté morale de la reconnaissance, mais ne croient pas outre mesure à la fréquence de sa mise en pratique.