C’est un logicien dogmatique, qui a rangé toutes les productions de l’esprit dans des catégories définies, et a de plus séparé les catégories bonnes des mauvaises, au nom d’une certaine destination morale de l’art qu’il a décrétée nécessaire en lui-même. […] Émile Faguet, qui est évidemment le plus sérieusement intellectuel et la plus solide personne morale de tous nos critiques, s’est tiré de ce mauvais pas par la large franchise de son intelligence, qu’illumine la clarté d’un beau caractère dédaigneux des intrigues et des mesquineries de l’arrivisme. […] Cela n’est pas juste, puisque souvent ils sont mauvais appréciateurs.
Il n’est pas mauvais de s’être essayé à la tragédie dans les conservatoires ou la peinture d’histoire dans les athénées, même si l’on doit fleurir comme « artiste de genre ». […] C’est un mauvais temps, un temps ambigu, à passer. […] Il y a des lumières rares, dons des chimies nouvelles et savantes, pour qui la rétine vulgaire est un mauvais photomètre.
En somme, il n’est pas un mauvais côté du roman que M. de Balzac n’ait fait pire ; le roman n’a pas une mauvaise influence que M. de Balzac n’ait rendue plus funeste et plus corrosive. […] Il n’en est pas qui laisse plus découragé, plus désarmé contre les vraies luttes de la vie, plus disposé du moins à jeter bas les bonnes armes et à s’emparer des mauvaises. […] Un martyre politique et poétique qui va jusqu’aux mauvais vers, c’est de tous le plus méritoire ! […] « L’aventure des Calas, écrit-il huit mois plus tard (5 janvier 1763), peut servir à relâcher beaucoup les chaînes de vos frères qui prient Dieu en mauvais vers. […] Il fallait corrompre jusqu’aux sources de la pensée, recruter comme compagnies franches dans son implacable guerre contre le christianisme toutes les mauvaises passions de l’homme.
Michel est fier, austère et noble ; Raoul est faible, charmant et mauvais. […] Et pourtant les machines ne sont mauvaises que quand elles nous gouvernent. […] Nous ne trouvons point mauvais que M. […] Locker » est vraiment trop mauvais, même pour de la critique transatlantique. […] C’est chose mauvaise pour un siècle que de regarder sans cesse dans l’art pour y trouver son image.
Quel mauvais cœur résisterait à ce spectacle ? […] Et tous deux (mais peut-être n’eût-il pas été mauvais de nous convaincre davantage de la grandeur de leur amour mutuel) pouvaient avoir de beaux déchirements — et de beaux cris. […] Il dit au banquier Tasselin (j’abrège ses propos et j’en intervertis l’ordre, mais cela vous est égal) : « Vous êtes, quoique personne ne s’en doute encore, dans de mauvaises affaires. […] Leur mauvais caractère nous punit encore des crimes de nos aïeux. […] Le mauvais renom s’en aggrave encore quand on s’aperçoit que c’est presque uniquement l’ancienne bourgeoisie qui a profité des « conquêtes de la Révolution », et qu’elle en abuse.
» Selon lui, « tout roman vrai doit empoisonner les lecteurs délicats. » Un de disciple l’école, Guy de Maupassant, a trouvé une formule meilleure et plus vraie en disant : « La vie, voyez-vous, ça n’est jamais ni si bon ni si mauvais que ça. » Mais pour la plupart des réalistes l’humanité semble composée de « brutes », de fous, de coquins. […] Il ne faut pas d’ailleurs juger le roman par le libretto d’opéra-comique qu’on en a tiré, où le grave don Jozé Lizavrabengoa devient un « tourlourou » sentimental et Carmen une simple fille de mauvaise vie. […] Mais décidément, il n’y avait point de veilleuse, même à demi éteinte, dans la cheminée ; c’était un bien mauvais signe. […] Autre exemple d’attente trompée et d’une mauvaise coordination des idées et images : « Jamais rien que d’ailé n’avait posé le pied là. […] Rappelez vous l’exhibition que fait la Mouquette « dans un dernier flamboiement de soleil. » Ce qu’elle montrait « n’avait rien d’obscène et ne faisait pas rire, farouche. » Ce sont les procédés du plus pur et du plus mauvais romantisme, c’est l’effort pour faire sublime avec du grotesque.
Les éditeurs ne font probablement pas un mauvais marché malgré ces dépenses : il s’est vendu, de l’Histoire de la Révolution française, 80 mille exemplaires en tout. […] Balzac a dit que les trente mille livres de rente de l’abbé de Tiron (au xvie siècle) avaient fait faire bien des mauvais sonnets et envoyé bien des pauvres poëtes à l’hôpital ; on peut à plus forte raison appliquer la même parole aujourd’hui : des poussées de jeunes gens qui n’ont qu’une ambition ardente et nulle vocation spéciale se jettent dans les Lettres comme dans une carrière où l’or se ramasse pêle-mêle avec la gloire : ils confondent d’abord l’âpre soif du lucre et du plaisir avec l’étincelle sacrée et l’on sait ce que devient celle-ci.
Elle badine volontiers sur les assassinats, se joue autour de la guillotine ; et les plus effroyables manifestations du mal physique, les pires cruautés de la nature mauvaise, incendie, inondations, tremblements de terre, catastrophes de toute espèce, lui sont matière à calembours et à coq-à-l’âne. […] La justice des hommes se promettait par avance une de ces satisfactions d’amour-propre qu’au dire des comptes rendus elle éprouve chaque fois qu’il lui est donné de présider à une cérémonie de cet ordre, et le tout-Paris des dernières, friand de tout bruit de coulisse et notamment de celui que fait le sinistre couperet en glissant dans sa rainure retenait déjà ses places, etc… » Ne croyez pas, je vous en supplie, que ces lignes soient l’indice d’un mauvais cœur.
Il me semble évident que quand madame Scarron se retira de la société qu’elle fréquentait, sans dire pourquoi, et se retira dans une grande maison isolée, avec des gens et un carrosse, il se trouva quelque mauvaise langue qui répandit, à petit bruit, ou que madame Scarron était grosse, qu’elle l’était du fait du roi, qu’elle avait fait cet affront à madame de Montespan, ou qu’après avoir cédé au roi, dans l’espérance de supplanter madame de Montespan, elle avait été déçue ; que le roi ayant passé sa fantaisie, était retourné à madame de Montespan avec plus d’ardeur qu’avant, et que le roi avait donné à la belle abusée une maison pour y cacher son dépit, sa honte, le repentir de son ingratitude envers sa bienfaitrice, et qu’elle cachait sa honte et son ingratitude dans une maison que le roi lui donnait en attendant qu’elle allât expier sa faute et cacher son infamie dans quelque refuge comme la Trappe. […] Mais voyant que je fais bâiller et que le fais bâiller les autres, je suis quelquefois prête à renoncer à la dévotion. » Sans doute, l’abbé Testu, afin qu’on ne le soupçonnât pas d’avoir eu part aux mauvais propos, faisait dans sa lettre des remontrances sur l’inutilité d’une réforme.
D’après cette remarque, du Fresnoy auroit donc fait un mauvais Poëme ; car, selon M. Clément, tout Poëme qui n’est pas fait pour tout le monde, est nécessairement mauvais**.
La prévention où la plûpart des hommes sont pour leur tems et pour leur nation, est donc une source féconde en mauvaises remarques comme en mauvais jugemens.
… Les familles littéraires vont continuer, dans le monde mouvementé du progrès, ce qu’ont fait, dans le monde stationnaire, les familles militaires et sacerdotales, et ce que nous avons trouvé si mauvais ! […] Jusque-là tout était parfait, — un peu ardent peut-être, — mais enfin…, bien, et, catholique comme je le suis, je n’aurais été qu’édifié de cette conduite et je n’en aurais parlé que discrètement et pour l’édification des âmes, si la trop crâne dévote qui avait effarouché les Pères de la Terre-Sainte ne s’était pas avisée de publier le livre que je vous annonce ; livre qui tient tout à la fois des Mémoires et du Roman, et dans lequel, Mme Marie-Alexandre Dumas, nous parle d’elle-même sans guimpe ni voile, et de son couvent et de sa cellule et de ses communions, comme de choses officielles et connues, que tout le monde doit savoir, sans explication préalable, et si ce livre n’avait pas la portée voulue d’une prédication mauvaise à entendre, et compromettante pour qui la fait… Certes, je ne veux pas ici nier la pureté d’intention, ni même la ferveur d’âme de l’auteur d’Au lit de mort, mais je dis que, même après la péripétie de la conversion, on n’a peut-être point dans cette dramatique famille Dumas, une idée bien nette de la sainteté !
Quant à nous, nous ne comprenons pas cette phrase banale : homme de bien, mais mauvais roi. […] Mais s’ensuit-il nécessairement que l’avis d’Addison fût mauvais ? Et si l’avis d’Addison était mauvais, s’ensuit-il nécessairement qu’il ait été donné avec de mauvaises intentions ? […] Mais, quand même il eût été mauvais, pourquoi le déclarerions-nous déloyal ? […] Très-tard dans la soirée, le vague soupçon de quelque mauvais dessein traversa l’esprit du fils aîné du chef.
Tant de gens passent devant vous avec de mauvaises têtes, et qui ne commettent pas de crimes, n’élèvent pas même des barricades. […] Maintenant qu’on a décidé Got à prendre le rôle de Bressant, Mme Plessy à remplir un rôle de mère, maintenant qu’il y a eu pour engager les uns et les autres à jouer, plus de démarches, de courses, de diplomatie dépensée que pour un traité de paix, — voici Delaunay — le personnage sur lequel repose toute la pièce — qui refuse son rôle, non qu’il se plaigne que la pièce soit mauvaise ou le rôle déplaisant, au contraire ; mais il le déclare trop jeune pour lui. […] Et nous avons cette mauvaise fortune sans exemple à la Comédie-Française, d’être arrêtés, les rôles distribués et acceptés par les meilleurs acteurs de la troupe, les décors faits et essayés, — et cela par la volonté d’un seul acteur qui a reçu notre pièce à boule blanche, et qui joue, tous les soirs, dans Musset, des rôles aussi jeunes que celui, dont il a prétexté la jeunesse pour ne le pas jouer. […] Et voilà ces mauvaises nuits de maladie, où sans personne à la maison, le plus valide de nous est à courir le pharmacien, à découvrir un médecin quelconque, à maladroitement et fiévreusement chercher à faire du feu avec de la braise dans un fourneau — avec une vague terreur et qu’on ne se communique pas, du choléra qui court. […] Mme Plessy racontait avoir vu Scribe, dans les derniers temps, manger un mouchoir pendant une mauvaise répétition.
Taine soit un mauvais peintre. […] Et cela ferait une mauvaise affaire. […] Aujourd’hui, j’expie cette mauvaise pensée dans les tourments du purgatoire. […] Rend-elle l’homme plus mauvais ? […] Ils reconnaissent, contraints et de mauvais gré, qu’il ne fut point sans art, et ils lui accordent un certain talent dont il fit, disent-ils, un mauvais usage.
Rien ne pousse dans la vie littéraire, comme un mauvais livre qui arrive à temps ; le talent est de le faire mauvais, juste ce qu’il faut, et au moment où il parut, il fallait que le livre fût le plus mauvais possible. […] Celui-là ne ferait point une mauvaise besogne, ni une sotte affaire. […] Camille Lemonnier : une mauvaise plaisanterie, comme on voit. […] L’heure est mauvaise à la raison et à la pitié. […] Nous voulons croire qu’elle se dresse, avec son grand nom et son grand symbole, comme une digue d’honneur et de paix, contre les envahissements mauvais et les mauvaises œuvres de la politique.
Hilaire de Poitiers, au chapitre treize de son Traité des Psaumes, n’hésite pas à dire que le mauvais style est un péché. […] Bon ou mauvais, le style ne se corrige pas : le style est inviolable. […] Tous les moyens lui sont bons, soit ; mais ce qui est utile à un homme sans nuire aux autres hommes n’est jamais mauvais. […] Si une société ne peut vivre sans la notion et la pratique du sacrifice, je ne sais si elle est mauvaise, mais elle est absurde. […] Cela n’apaisa pas le bouillonnement des mauvaises mœurs ; mais le péril qu’on y courait déconsidéra la liberté qui en faisait l’attrait.