Il est de ces esprits qui ont le bénéfice d’avoir duré sans avoir le mal d’avoir vieilli. […] et sa descente du ciel vers les fascinantes vallées de misère qui l’attirent du fond de la béatitude, et ce Satan, que la fierté du génie de Milton n’a pas fait si terrible que la tendresse de M. de Vigny, car la séduction est plus redoutable pour les cœurs purs que la révolte, ce Satan qui a en lui la beauté attristée, la suavité du mal et de la nuit, l’attrait des coupables mystères : Je suis celui qu’on aime et qu’on ne connaît pas !
car elle nous fait volupté et douleur ; autant de bien que de mal en même temps. […] III Je l’ai dit, c’est le poète moderne par excellence, — l’excellence du mal de ce temps.
Je ne souhaite point male mort au document : le document a du bon. […] Les servants d’armes, et un berger qui sert de guide aux trois voyageurs, n’osent approcher de ce malheureux : ils craignent la contagion de son mal horrible. […] Où est le mal ? […] Aussitôt la pauvre Chimène pâlit et va se trouver mal. […] Ce quatrain est curieux au point de vue de la versification, parce qu’il est tout en rimes masculines : Qu’on parle mal ou bien du fameux Cardinal, Ma prose ni mes vers n’en diront jamais rien Il ma fait trop de bien pour en dire du mal Il m’a fait trop de mal pour en dire du bien.
On l’accusait de mal écrire, ce qui le rendait très malheureux. […] La nature n’a pas ces raideurs dans le bien ni dans le mal. […] La question a donc toujours été très mal posée. […] Dans toute grande évolution, il faut faire la part du mal. […] Balzac a été, comme Stendhal, accusé de mal écrire.
Sa petite Comédie lyrique du Bûcheron est pleine d’agrément, de gaieté, & est bien mieux assortie au vrai goût du Théatre Italien, que le jargon philosophique qu’on a eu la mal adresse d’y admettre.
Sans sa petite Piece, connue de tout le monde, quoique médiocre, Je songeois cette nuit que de mal consumé, & c.
C’est un patient dont les membres ont été mal reboutés ; de la manière dont vous avez ouvert ce tombeau, c’est vraiment un miracle qu’il en soit sorti ; et si on le faisait parler d’après son geste, il dirait au spectateur ; Adieu, Messieurs, je suis votre serviteur ; il ne fait pas bon parmi vous, et je m’en vais.
Elle est bien rédigée, assez habile et spécieuse ; mais au fond violente, pleine d’insinuations assez calomnieuses, et même d’une menace mal déguisée vers la fin.
Cela est petitement fait, mal agencé, sec, dur, sans plan, sans liaison de lumières, platement peint, obscur, en dépit de la longue description du livret.
Il a deux ou trois vers, quelques-uns disent quatre, mal écrits. […] Lysidas me fait une nécessité de mettre mes idées anciennes en langage nouveau, non parce qu’il écrit plus mal ou parle moins, simplement qu’autrefois, mais parce qu’il pense avec beaucoup plus de profondeur. […] Pourquoi, lorsqu’elle était enfant, n’aimait-elle pas Molière ou l’aimait-elle si mal que Le Misanthrope lui paraissait moins beau que Les Fourberies de Scapin, et que, dans cette farce préférée, Géronte roué de coups à travers un sac lui semblait plus comique que Géronte maudissant le Turc et sa galère ? […] Vous êtes plus savant qu’Uranie, et ce n’est point un mal. Mais, prenez garde ; il y a des esprits que l’érudition surcharge, que la métaphysique embrouille, et qui voient mal les choses à force de lumière.
Ils ne savent pas que cette hospitalité même dont ils me font un crime est un impôt personnel et inévitable sur la célébrité bien ou mal acquise. […] me dit-on aujourd’hui avec une apparence de raison qui trompe les esprits mal informés. […] Il n’y a ni bien, ni mal, ni vrai, ni faux, qui puisse échapper à sa lumière ; il entre par sa justice et par sa providence jusque dans les cachettes les plus ténébreuses de nos maisons ; il ne laisse ni le moindre bien sans récompense, ni le moindre mal sans châtiment… « Faites un calendrier, ô peuples ! […] « Un autre malheur non moins ordinaire que le premier, et qui dérive, comme lui, de la nomination solennelle d’un successeur au trône, est le changement de bien en mal de celui qui a été choisi. […] Outre les absurdités répandues dans cette requête, il se trouve un reproche des plus atroces et des plus mal fondés.
Elles déposent auprès du héros les aliments, le breuvage ; et le divin Ulysse, après avoir supporté tant de maux, mangeait et buvait avidement, car depuis longtemps il était reste sans nourriture. […] Je n’ai jamais pu m’empêcher de mal espérer d’un pays qui a fait du rire une institution dans ses journaux ; cela n’avait lieu à Rome que dans les triomphes, pour rappeler aux heureux qu’ils étaient hommes. […] XIII Au milieu de la rue qui porte aujourd’hui le nom de rue Lamartine, nom qui s’inscrivit de lui-même le lendemain de la victoire de la République conservatrice, en juin 1848, sur les factions liberticides qui voulaient tuer à la fois l’ordre et la liberté, nom qui me fait penser toutes les fois que je passe, même dans ce quartier de petits trafics, au bon sens et au courage du vrai peuple de Paris, s’ouvre une petite rue annexe, montante, tortueuse, mal bâtie, mal pavée, et à laquelle on a laissé par oubli le vieux nom de rue Neuve-Coquenard. […] — Oui, souffrons avec patience et avec résignation l’un et l’autre, reprit-il, comme un Job quand il se repent d’avoir mal parlé ; puis, ouvrant le papier que je lui avais tendu sur son lit, il se prit à me lire la dernière ode que je lui avais inspirée ! […] Quand Flora reniait jusqu’à la Providence, Et qu’après l’impudeur vint l’âge d’impudence Et des amants qu’elle a trahis ; Il lui restait encor, tout meurtri de sa cage, Un oiseau de boudoir, regrettant le bocage, Et qui meurt du mal du pays.
… il finira mal ! […] — J’avais entendu dire que le vinaigre donne des maux d’estomac, et sans en prévenir M. […] Je ne puis pas dire que ma jambe me faisait mal, mais les pieds… Ah ! […] » Puis elle me fit asseoir près du fourneau et me demanda : « Vous avez mal aux pieds ? […] C’est alors que je sentis combien j’avais faim ; je me trouvai presque mal.
On ne lui veut ni mal ni bien, et quand, à la fin de la pièce, il s’écrie : Muse, tenez-moi lieu de fortune et d’amour ! […] Tout est mal, tout est bien, tout le monde est content. […] C’était s’y prendre mal, selon Diderot. […] » Et quel si grand mal qu’il en soit ainsi ? […] On voit son cœur mal satisfait dans cette gaieté agressive qui s’épanche toujours aux dépens de quelqu’un.
Comment faire représenter une œuvre par des chanteurs, des musiciens, des décorateurs qui n’en ont pas la moindre idée, et de plus, comment la faire comprendre à un public qui vient — non point sans notions artistiques quelconques, ce qui serait un mal léger — mais qui vient avec l’intention formelle d’y trouver autre chose que ce que l’auteur y a mis ? […] Bon gré, mal gré, nous serons donc forcés d’aller le même chemin qu’est allé le maître ; nous serons forcés d’examiner, ainsi que lui-même a dû le faire, la nature de l’art, son histoire, etc. […] Glatisenapp, l’auteur de la seule biographie complète, a gâté une œuvre de très grand mérite par l’absence de tout sens critique et de toute vue d’ensemble vraiment vivante, et aussi par un genre d’adulation qui sied mal à un artiste aussi viril que Wagner. […] La période pratique, commerciale, si vous voulez, ne tardera point à s’ouvrir en France, étant déjà ouverte ailleurs depuis pas mal d’années. […] Le sillon de feu brillera d’un éclat de plus en plus vif ; sa lumière se propagera et exercera partout une influence bienfaisante sur le drame musical ; grâce à elle, les maîtres presque oubliés, mal compris ou méconnus seront remis en honneur et appréciés comme ils méritent de l’être.
Cela tenait à des maux d’estomac, et ceux-ci venaient du nombre de choses diverses que je faisais, des travaux et des études multiples du professorat… Edwards, qui me soignait, disait à ma première femme : « Il se pourrait qu’il devînt fou ou qu’il mourût. » Un séjour de six semaines en Italie n’amenait aucun mieux. […] Pour se punir elle-même, quand elle avait fait quelque chose de mal, elle allait embrasser les latrines… puis recommençait… Vers les douze ans, elle tombe en puissance d’une tireuse de cartes du pays, une ci-devant vivandière, parcourant le Morvan, en quêtant avec une besace et un panier. […] Il n’a jamais dit de mal que des gens dont il n’estimait pas le talent… » * * * Juin Notre oncle de Courmont nous raconte aujourd’hui son enfance. […] Des citrons, des tomates, de l’absinthe, du laudanum, c’était l’alimentation de la princesse Narichine, et la duchesse de M… ne se nourrit que de salade et de bonbons, éprouve des maux de cœur devant le bouillon et la viande, et à ses dernières couches, on n’a pu la faire revenir d’une syncope qu’au moyen d’une bouteille de rhum. […] » — On s’étonne, en lisant l’Histoire auguste, que les notions du bien, du mal, du juste et de l’injuste aient pu survivre aux Césars, et que les Empereurs romains n’aient pas tué la conscience humaine.
La Cité de Londres, invitée, n’envoya pas de délégation aux funérailles du poète : des membres de son conseil prétendirent qu’ils n’avaient rien compris à la lecture de ses ouvrages ; c’était en effet bien mal comprendre Victor Hugo que de motiver son refus par de telles raisons. […] Baudelaire, cet esprit mal venu dans ce siècle de mercantilisme, ce mal appris qui abominait le commerce, se lamentait de ce que lorsque : Le poète apparaît en ce monde ennuyé, Sa mère épouvantée et pleine de blasphèmes, Crispe ses poings vers Dieu qui la prend en pitié. […] Ils comprennent bien mal Hugo, ceux qui voient en lui un homme voué à la réalisation d’une idée : à ce compte sa vie serait un tissu de contradictions irréductibles. […] Embarqué à la légère dans une opération politique, mal combinée, il se retourna prestement, laissa ses copains conspirer et dépenser leur temps et leur argent pour la propagande républicaine, et s’attela à l’exploitation de sa renommée ; et tandis qu’il donnait à entendre qu’il se nourrissait du traditionnel pain noir de l’exil, il vendait au poids de l’or sa prose et sa poésie. […] Baudelaire, Les Fleurs du mal.