On ajoutera, pour être vrai, qu’il avait, comme Jean des Figues, la main fine et l’âme fière, et l’on gravera une cigale sur son tombeau, de goût presque antique, afin d’exprimer qu’il était naturellement poète et qu’il aimait le soleil.
Les quinze lettres de Georges Guérin que nous avons entre les mains sont une monodie non moins touchante et non moins belle que les plus beaux poèmes psychologiques destinés et livrés à la publicité.
Voltaire, suivant Gœthe, a été un génie multiple pour lequel il déroule une longue litanie d’éloges ; suivant Joseph de Maistre, ce fut un petit esprit et un grand corrupteur, auquel il consent qu’on élève une statue, à condition que ce soit par la main du bourreau.
Les siennes étant faites pour être dans les mains de tout le monde, la cherté des gravures met des obstacles à un débit qui ne sauroit être trop universel.
Et à tout prendre, je vois qu’il vaut encore mieux pour nos artistes qu’ils soient tombés entre mes mains qu’entre les vôtres.
Votre Diogène ressemble à un gueux qui tend la main de bonne foi ; et puis il est sale de couleur.
J’imagine ce bout de dialogue auquel il ne manque que l’esprit et le tour de main de Voltaire : « … Ce mandarin parle si bien, reprit Kou-Tu-Fong, qu’il fait courir à ses leçons toutes les dames de Pékin Ce qu’il dit est donc bien neuf ? […] On connaît la mystique invocation d’Hippolyte à Artémis, ce chant vraiment pieux et dont le ton rappelle celui des cantiques à la sainte Vierge : « … Ô ma souveraine, je t’offre cette couronne cueillie et tressée de mes mains dans une fraîche prairie, que jamais le pâtre et ses troupeaux ni le tranchant de fer n’ont osé toucher, où l’abeille seule au printemps voltige, et que la Pudeur arrose de ses eaux limpides, etc. » Cette image (la Pudeur et ses eaux limpides), M. […] ……………………… Vous dépendez ici d’une main violente Que le sang le plus cher rarement épouvante, Et je n’ose vous dire à quelle cruauté Mithridate jaloux s’est souvent emporté65. […] Les innocents sont généralement sacrifiés (ainsi va le monde) ; si les coupables sont punis, c’est toujours de leurs propres mains, et l’horreur qu’ils auraient pu inspirer se tourne en compassion.
Elle lui sert enfin, non seulement pour communiquer sa pensée aux autres, non seulement pour s’en rendre compte à lui-même, non seulement pour l’apercevoir, si l’on peut parler ainsi, mais sans elle il ne penserait pas, comme sans ses yeux il ne pourrait pas voir, comme sans ses mains il ne pourrait pas toucher, comme sans ses oreilles il ne pourrait pas entendre. […] Les animaux restent et doivent rester emprisonnés dans leurs instincts divers : l’homme, perfectible sous le rapport de ses facultés comme sous le rapport du sentiment moral ; l’homme, à qui il est donné de savoir et de connaître ; l’homme, qui peut choisir le bien ou préférer le mal, l’homme est un être libre, et ce n’est que dans l’état social qu’il trouve à la fois et les attributs et les limites de sa liberté : alors il peut en abuser, au point de renoncer à la société elle-même, au point de faire le sacrifice de sa vie ou de s’en dépouiller de sa propre main. […] « Ne vous rendez point semblables aux animaux muets », disent-ils ; et nos philosophes n’ont pas fait attention qu’en fondant la doctrine de l’invention de la parole ils ont fait de l’homme un animal muet lorsqu’il est sorti des mains du Créateur, ou plutôt, pour me servir de leurs propres termes, lorsqu’il a été produit par la nature. […] Il faut d’abord supposer que les hommes ont subsisté, pendant un assez long espace de temps, privés du bienfait d’un langage organisé : ce furent de simples interjections, des cris, des onomatopées ; les signes des mains, l’expression de la figure, aidaient à l’intelligence de ces émissions de la voix.
Il a raconté ainsi cet assaut qui manqua, mais qui amena la reddition le lendemain : Rien de plus terrible que l’assaut où j’ai été blessé en passant par un créneau : mes carabiniers me soutenaient en l’air ; d’une main j’embrassais le mur, je parais les pierres avec mon sabre, et tout mon corps était le point de mire de deux retranchements dominant à dix pas. […] Qu’il suffise de dire que Joubert, avec sa division, a été comme le centre et le noyau de Rivoli, qu’il a porté le premier poids de l’affaire, qu’elle a roulé longtemps sur lui, qu’il avait commencé la veille, qu’il a été chargé d’achever le lendemain de la victoire ; que dans l’immortelle journée, au moment le plus critique de la mêlée, quand on était tourné au revers de la chapelle de San Marco et qu’on allait être cerné, quand pendant deux heures d’horrible confusion et de refoulement les charges étaient alternatives ainsi que les déroutes, quand chacun sur son point et par où il pouvait, faisait rage (Berthier, Masséna, Leclerc, Lasalle), lui, il redevint grenadier, chargea à pied le fusil à la main, et reprit à la baïonnette les ouvrages de Rivoli.
Combien de fois, il y a près de quarante ans, ne l’ai-je pas rencontré dans la plaine de Vanves (il passait alors les étés à Issy) tenant un livre à la main et lisant sous le soleil ! […] « Prends l’heure à la paroisse » est un honnête adage Dont plusieurs font abus, mais qui convient au sage, Eût-il même du Vrai le miroir en sa main.
Dans la pièce xxxiii, sur une vue d’église le soir, il montre l’orgue silencieux : La main n’était plus là qui, vivante et jetant Le bruit par tous les pores, Tout à l’heure pressait le clavier palpitant Plein de notes sonores, Et les faisait jaillir sous son doigt souverain Qui se crispe et s’allonge, Et ruisseler le long des grands tubes d’airain Comme l’eau d’une éponge. […] Qui de nous n’a pas vu de ces femmes brisées S’y cramponner longtemps de leurs mains épuisées.
Le ciel et le paysage lui tiennent lieu de conversation ; il n’a point d’autres poëmes ; ce ne sont point les lectures et les entretiens qui remplissent son esprit, mais les formes et les couleurs qui l’entourent ; il y rêve, la main appuyée sur le manche de la charrue ; il en sent la sérénité ou la tristesse quand le soir il rentre assis sur son cheval, les jambes pendantes, et que ses yeux suivent sans réflexion les bandes rouges du couchant. […] Toutes les impressions s’atténuent ; le parfum est si faible que souvent on ne le sent plus ; à genoux devant leur dame, ils chuchotent des mièvreries et des gentillesses ; ils aiment avec esprit et politesse ; ils arrangent ingénieusement en bouquets « les paroles peintes », toutes les fleurs « du langage frais et joli » ; ils savent noter au passage les sentiments fugitifs, la mélancolie molle, la rêverie incertaine ; ils sont aussi élégants, aussi beaux diseurs, aussi charmants que les aimables abbés du dix-huitième siècle : tant cette légèreté de main est propre à la race, et prompte à paraître sous les armures et parmi les massacres du moyen âge, aussi bien que parmi les révérences et sous les douillettes musquées de la dernière cour !
Et ainsi ce qui est pour l’homme de science un moyen de voir, n’est plus aux mains du littérateur qu’une manière de voir. […] Ou bien c’est une propriété littéraire aux mains de l’ayant droit, descendant ou acquéreur, qui s’oppose à la publication ou réclame le tripatouillage des documents.
Le mot serait juste en supposant que la rime fût une esclave maîtresse, battue et caressée de la même main vigoureuse. […] La fable et la fantaisie ; toute l’irréalité magnifique, la Muse et la Bacchante, les mains unies ; une fête prolongée, travestie et nuptiale, sans l’amertume des lendemains, ni la lie des regrets, ni la cruauté des revers, — ainsi la vie ; l’Olympe et la Comédie italienne fraternisant parmi des plasticités somptueuses et les Dieux souriants, doux au bonheur des hommes, — ainsi la destinée… Ainsi se manifestait à ses yeux la splendeur des formes, une enfance du monde….
Pour ceux qui se placent à ce point de vue, le principe de Carnot n’est qu’un principe imparfait, une sorte de concession à l’infirmité de nos sens ; c’est parce que nos yeux sont trop grossiers que nous ne distinguons pas les éléments du mélange ; c’est parce que nos mains sont trop grossières que nous ne savons pas les forcer à se séparer ; le démon imaginaire de Maxwell, qui peut trier les molécules une à une, saurait bien contraindre le monde à revenir en arrière. […] Il a cru d’abord que c’était un phénomène vital, mais il a vu bientôt que les corps inanimés ne dansaient pas avec moins d’ardeur que les autres ; il a alors passé la main aux physiciens.
» Et, continuant à bousculer son prédécesseur, il franchit le seuil à son tour, claqua la porte pour lui couper la retraite, courut au lit de Verlaine, lui serra les mains plein d’effusion et, avec l’enthousiasme d’un assaillant qui déploie un drapeau sur la citadelle enfin conquise, jeta triomphalement son nom en l’air : « Louis Le Cardonnel ! […] J’apprends que le manuscrit des Valentines, par bonheur retrouvé, est aux mains de l’éditeur Messein.
Quand Bernardin de Saint-Pierre a publié ses Etudes de la Nature, une jeune fille de Lausanne, dans un accès d’admiration, lui écrit pour lui offrir sa main. […] Retz est « un petit homme noir qui ne voit que de fort près, mal fait, laid et maladroit de ses mains à toutes choses » 47.