[Cours de littérature (1840).] […] Les littératures, comme la po-lilique, ont leur tiers parti, dont le sort inévitable est celui de toutes les choses de transition ; ils s’effacent peu à peu et disparaissent.
Je pense d’ailleurs qu’il ne faut jamais hésiter à faire entrer la science dans la littérature ou la littérature dans la science ; le temps des belles ignorances est passé ; on doit accueillir dans son cerveau tout ce qu’il peut contenir de notions et se souvenir que le domaine intellectuel est un paysage illimité et non une suite de petits jardinets clos des murs de la méfiance et du dédain.
Il n’en est pas un qui ne mette la gloire de la littérature française au-dessus de sa renommée personnelle. […] Camille Lemonnier, compte désormais une littérature, et les cadets seront dignes de leurs aînés. […] Vraiment M. de Bouhélier et ses amis ont su donner à la littérature une impulsion nouvelle. […] Ils redoutent l’influence des littératures du Nord qui corrompt les formes harmonieuses de notre génie national. […] Ces écrivains, tous deux originaires de Belgique, contribuent à illustrer la littérature française.
Elle se rattache, par ce caractère, à toute une littérature, dont je n’ai pas parlé encore, et dont elle résume et ramasse les meilleures qualités : je veux dire la littérature narrative d’inspiration cléricale. […] Une littérature religieuse ainsi se forma, en partie traduite, en partie originale, correspondant à la littérature profane, moins riche, mais aussi variée, et couvrant en quelque sorte la même étendue, de l’épopée au fabliau, et du roman à la chronique : récits bibliques ou évangéliques, vies de saints et de saintes, miracles de la Vierge, légendes et traditions de toute sorte et de toute forme, toute une littérature enfin qui, se développant comme la poésie laïque, eut ainsi son âge romanesque, où s’épanouissent à profusion les plus fantastiques miracles, où le merveilleux continu se joue des lois de la nature et parfois des lois de la morale. […] L’histoire, enfin, sortit aussi de la littérature narrative des clercs.
La littérature passe au second plan. […] C’était encore de la littérature, et de la meilleure : Voltaire se gâtera plus tard, par l’excès d’injure et de violence. […] À lui aboutit toute cette lignée de conteurs facétieux ou satiriques qui depuis les origines de notre littérature ont si alertement traduit les conceptions bourgeoises de la vie et de la morale : Voltaire a élevé à la perfection leurs qualités de malice, de netteté, de rapidité. […] La littérature, à mesure que Voltaire avançait en âge, n’a de plus en plus été pour lui qu’un moyen. […] Article paru dans le Journal de politique et de littérature, t.
On y apprend également que beaucoup de prétendues innovations, dont les historiens de la littérature ne continuent pas moins de faire honneur à Corneille, ne lui appartiennent pas en propre, ne sont à lui que comme à ses contemporains. […] Il existe dans notre littérature deux œuvres, un roman et une comédie, l’une et l’autre beaucoup plus qu’estimables, et que l’on peut considérer, — avec un peu de complaisance, — comme étant à peu près du même temps. […] Elles le sont toujours un peu, vous le savez, Mesdames, en fait de littérature, par une espèce d’horreur instinctive de la vieillesse et des modes de l’année dernière. […] Cette grande littérature avait quelque chose de trop viril ; — entendez, alternativement et selon les genres, quelque chose tantôt de trop grave ou de trop austère, et tantôt quelque chose de trop libre ou de trop cynique. […] Ce n’est donc pas de Rousseau, ni de Diderot, comme on le dit quelquefois encore ; ce n’est pas des environs de 1750, mais de ceux de 1730, vous le voyez ; c’est de Prévost et de Marivaux, que date l’avènement de la sensibilité dans notre littérature.
De l’esprit général de la littérature chez les modernes Ce ne fut pas l’imagination, ce fut la pensée qui dut acquérir de nouveaux trésors pendant le moyen âge. […] Toutefois si la poésie d’images et de description reste toujours à peu près la même, le développement nouveau de la sensibilité et la connaissance plus approfondie des caractères ajoutent à l’éloquence des passions, et donnent à nos chefs-d’œuvre en littérature un charme qu’on ne peut attribuer seulement à l’imagination poétique, et qui en augmente singulièrement l’effet. […] Tous les sentiments auxquels il leur est permis, de se livrer, la crainte de la mort, le regret de la vie, le dévouement sans bornes, l’indignation sans mesure, enrichissent la littérature d’expressions nouvelles.
On concède qu’il peut y avoir du profit à imiter les auteurs étrangers ; mais imiter un auteur de la même langue c’est, paraît-il, chose inadmissible ; et comme on est gêné par l’exemple de Flaubert, élève authentique et avoué de Chateaubriand, on explique le cas de Flaubert en disant que le romantisme représentait pour Flaubert une « véritable littérature étrangère ». […] La littérature devient de la biologie. Hæckel ou Le Dantec suffisent à la critique, et l’on enseignera quelque jour la littérature par la physiologie cellulaire.
Les productions les plus rares et les plus difficiles d’exécution, en littérature, ne sont point — comme on pourrait le croire — les livres graves, mais les livres légers. […] C’est cette grande difficulté — la grâce des forts — d’être léger en littérature, autrement qu’à la manière du liège, sans cesser d’être substantiel, pénétrant, profond, incisif, qu’Edmond About a affrontée. […] de faire claquer leurs fouets et de se donner des airs de Jolicœurs dans leurs grosses bottes ; les postillons l’auraient peut-être emporté sur les voyageurs qu’ils menaient, dans ce genre de littérature.
Je ne sache pas que sous une autre plume virile, dans aucune littérature, les défaillances d’un tempérament aient été plus minutieusement décrites. […] Parmi ses titres, c’est, à mon sens, celui qui compte le plus ; j’y vois la décisive épreuve, la ceinture de flammes qu’elle sut traverser et dont elle sortit vivante… Trop de littérature, trop de musique autour d’une enfance, autour d’une âme qui s’éveille à la vie, cela peut être plus redoutable qu’aucune littérature, aucune musique du tout. […] Faut-il ajouter que ce qu’il y a de plus médiocre dans la littérature féminine se garda bien de manquer à l’appel ? […] On chercherait à tort ici un tableau de la littérature féminine telle qu’elle se présente aux environs de l’année 1908. […] Ce n’est pas qu’on ne rencontre, dans notre littérature contemporaine, des figures féminines issues d’une même veine poétique.
Chez nous, auteurs et spectateurs s’obstinent à préférer la littérature nationale à celle de la sainte alliance ; et tel est encore leur respect pour les lois d’Aristote qu’ils ne veulent pas se départir des trois unités, ni même essayer d’une tragédie en prose. […] c’est que les étrangers sont aussi envieux de la gloire éminente de notre littérature, qu’ils l’ont été de celle de nos armes ; et qu’il leur conviendrait de nous importer ou imposer Shakespeare et Schiller, pour qu’il ne soit plus parlé enfin de Voltaire, Racine, Molière et Corneille. […] En renonçant à la méthode philosophique d’Aristote, on a dû abjurer en même temps ses principes de littérature. […] Tout en reconnaissant l’énorme distance qui sépare ces deux littératures, nous ne trouvons encore là rien qui nous fasse comprendre pourquoi la première s’appelle romantique. […] Mais, à ce qu’il semble, le romantique n’est à confondre ni avec le romanesque, ni avec la littérature romane.
Il compte dans la littérature par deux titres considérables. […] Tout ce qui a été fait depuis Jésus-Christ dans la littérature et les arts est chrétien, œuvre du principe chrétien, et preuve de la vérité chrétienne. […] Tirer la conclusion définitive de la querelle des anciens et des modernes, montrer qu’à l’art moderne il faut une inspiration moderne (Chateaubriand disait chrétienne), ne pas mépriser l’antiquité, mais, en dehors d’elle, reconnaître les beautés des littératures italienne, anglaise, allemande, écarter les anciennes règles qui ne sont plus que mécanisme et chicane, et juger des œuvres par la vérité de l’expression et l’intensité de l’impression, mettre le christianisme à sa place comme une riche source de poésie et de pittoresque, et détruire le préjugé classique que Boileau a consacré avec le christianisme, rétablir le moyen âge. l’art gothique, l’histoire de France, classer la Bible parmi les chefs-d’œuvre littéraires de l’humanité, rejeter la mythologie comme rapetissant la nature, et découvrir une nature plus grande, plus pathétique, plus belle, dans cette immensité débarrassée des petites personnes divines qui y allaient, venaient, et tracassaient, faire de la représentation de cette nature un des principaux objets de l’art, et l’autre de l’expression des plus intimes émotions de l’âme, ramener partout le travail littéraire à la création artistique, et lui assigner toujours pour fin la manifestation ou l’invention du beau, ouvrir en passant toutes les sources du lyrisme comme du naturalisme, et mettre d’un coup la littérature dans la voie dont elle n’atteindra pas le bout en un siècle : voilà, pêle-mêle et sommairement, quelques-unes des divinations supérieures qui placent ce livre à côté de l’étude de Mme de Staël sur l’Allemagne. […] A vrai dire, ces choses-là ne sont presque plus de la littérature : on en est enchanté dans la mesure justement où l’on est sensible à la peinture. […] Il a indiqué des modèles, Dante, Milton, surtout la Bible, qui par lui a été classée définitivement comme un des « classiques » de la littérature universelle, qu’on n’a plus le droit d’ignorer.
La suggestion, c’est pour eux la poésie même : Et tout le reste est littérature. […] Remarquez pourtant que les littératures décadentes se révèlent essentiellement coriaces, filandreuses, timorées et serviles : toutes les tragédies de Voltaire, par exemple, sont marquées de ces tavelures de décadence. […] Tomber dans l’excès des figures et de la couleur le mal n’est pas grand et ce n’est pas par là que périra notre littérature. […] Vous croyez que les littératures de tous les âges et de tous les pays n’eurent de raison d’être qu’en ce qu’elles préparèrent l’éclosion du symbolisme. […] Zola, s’il vous en souvient, s’est efforcé de prouver que la littérature tend, depuis les âges les plus reculés, au naturalisme, lequel en est la fin nécessaire, et que tous les progrès de l’art d’écrire ont abouti fatalement aux Rougon-Macquart.
Ayons en nous l’émotion complète de la Chose vivante, et, dans nos œuvres spéciales de littérature ou de musique, il se trouvera que nous la mettrons ; ayant vu tous les reflets, notre unique langage en gardera la marque ; ayant connu toute l’impression, notre poème ou notre tableau en sera imprégné ; la Chose sera exprimée, très fortement ; et notre œuvre, tout particulière, aura de très mystérieux palpitements d’universelle Clairvoyance. Cette littérature, fondamentalement Wagnérienne, est née, où réellement vit une pleine sensation de l’être, — où, dans les mots, des visions tout plastiques éclatent, ces musiques sonnent, — où, obsédé d’images, obsédé de sonorités, et décrivant littérairement, le poète a senti son idée vue, et en a oui les harmoniques accordances, — où flottent, étrangement, à travers les rayonnements et les enchantements des phrases, les paysages et les mélodies que le Wagner de l’avenir aurait dites en dessins et en orchestrations : une littérature Wagnérienne, cette littérature, absolument suggestive, — moins simple, moins précise, moins large, moins grandiose que l’art de Wagner, — plus hermétique ! […] Jusqu’à Lessing, l’histoire de la littérature allemande n’a guère à recenser que des œuvres qui sont la mise en application de doctrines, Lessing est lui-même le plus frappant exemple de ce souci continuel de la théorie qui semble hanter les poètes de sa race. […] La littérature wagnérienne est emplie d’échos musicaux, picturaux, elle est ici qualifiée de suggestive. André Suarès, après avoir tenté de composer de la musique sur certains de ses textes a finalement cherché l’union des arts dans la littérature.
La littérature française sous Louis XIV avait été une admirable expression de la société contemporaine ; elle était donc nationale, indigène, et en même temps elle traduisait avec une si rare perfection quelques-uns des sentiments éternels de l’humanité, qu’on voulut en faire le modèle de toutes les littératures à venir. […] Il y eut donc une protestation contre la France au nom des littératures nationales. […] Quel contraste entre le procédé de Goethe et celui qui dans notre littérature courante a usurpé ce nom ! […] Diderot, un des pères de cette littérature malsaine, avait des élans de cœur qui rachetaient bien des misères. […] Détachez un instant Madame Bovary du milieu où elle s’est produite, détachez-la de cette littérature d’imagination où, à part quelques exceptions éclatantes, on voit la nullité prétentieuse occupée à se battre les flancs, vous verrez quelles défaillances dans cette prétendue force et quelles taches dans ce soleil.
Gerbet et de Coux, un cours où il s’occupait de la littérature espagnole, considérée comme littérature catholique.
. — Essai sur la littérature anglaise (1836). — Le Paradis perdu de Milton (1836). — Le Congrès de Vérone (1838). — La Vie de Rancé (1844). — Les Mémoires d’outre-tombe (1849). […] [Tableau historique de l’état et des progrès de la littérature française depuis 1789 (éd. de 1834).]