Si cela est vrai, comme nous le disons, des hautes époques et des Siècles de Louis XIV, cela ne l’est pas moins des époques plus difficiles où la grande gloire est plus rare, et qui ont surtout à se défendre contre les comparaisons onéreuses du passé et le flot grossissant de l’avenir par la réunion des nobles efforts, par la masse, le redoublement des connaissances étendues et choisies, et, dans la diminution inévitable de ce qu’on peut appeler proprement génies créateurs, par le nombre des talents distingués, ingénieux, intelligents, instruits et nourris en toute matière d’art, d’étude et de pensée, séduisants à lire, éloquents à entendre, conservateurs avec goût, novateurs avec décence. […] Racine, dans la prairie de Port-Royal, lisait et savait par cœur Théagène en grec, comme nous écoliers, aux heures printanières, nous lisions Estelle et Numa ; mais, le livre jeté ou confisqué, il lui restait de plus le grec qu’il savait à toujours, l’accès direct et perpétuel d’Euripide et de Pindare. […] Villemain, qui avait lu deux ans auparavant quelque chose de son Éloge de Montaigne à une séance de l’Académie, en présence de Delille, lut, en 1814, un morceau de son Discours sur la Critique, dans une séance à laquelle assistaient les souverains alliés. […] C’est ce qu’on a pu lire au tome Ier des Portraits littéraires dans l’article sur Bayle.
Elle nous ouvrit une salle basse, un peu isolée, au fond de laquelle un adolescent studieux, d’une belle tête lourde et sérieuse, écrivait ou lisait, loin du gai tumulte de la maison : c’était Victor Hugo, celui dont la plume aujourd’hui fait le charme ou l’effroi du monde. […] Lisez et comprenez l’histoire. […] Ces vers, lisez, encore une fois, les voici ; j’oublie, en les transcrivant, celui pour qui ils furent écrits, mais jamais celui qui les écrivit : Ode à M. […] « Virgile n’a jamais laissé fuir de sa lyre « Des vers qu’à Lycoris son Gallus ne pût lire. […] Il existe encore, et on la lira bientôt.
On conte que « Despréaux alla lire une de ses premières pièces à l’hôtel de Rambouillet : il n’y eut pas de succès, et on l’engagea à prendre une espèce de poésie moins odieuse et plus généralement approuvée des honnêtes gens que la satire. […] Ces Vitry, ces Vivonne, ces Gourville n’ont pas l’esprit plus réglé que les mœurs ; Barillon, l’ami de La Fontaine, appartient à ce groupe sceptique que Saint-Évremond représente devant la postérité ; et c’est chez Broussin, devant Boileau, que l’épicurien Molière, s’il faut en croire la légende, lisait sa traduction perdue de Lucrèce. […] Le monde, le vrai inonde le recherchait ; on était curieux de le voir, de l’entendre lire ses œuvres : d’autant qu’il avait un vrai talent de lecteur, et doublait la beauté de ses vers par la justesse de la diction. […] Il nous dépeint dans ses lettres les formalités et cérémonies préparatoires à la prise des eaux, saignées, purgations, etc. ; le médecin Tant-Mieux attestant une amélioration que le malade ne sent pas, et l’apothicaire sourd qui lui affirme que la voix lui revient ; la tragique affaire du demi-bain, et les disputes des médecins dont les uns lui ordonnent de se baigner s’il veut guérir, et les autres le lui défendent s’il tient à la vie ; l’épreuve angoisseuse de ce bain, « ses valets faisant lire leur frayeur sur leurs visages, et M. […] Un jour, Bossuet y venait entendre l’Épître sur l’Amour de Dieu ; un autre jour, La Bruyère y lisait ses Caractères, ou d’Aguesseau s’y arrêtait en revenant de Versailles.
., si en faveur encore dans ces années, et si lu pendant ce mois de décembre 1851, nous vendions en tout, et pour tout, une soixantaine d’exemplaires de l’infortuné En 18.. […] Il aime les petites œuvres polissonnes, les mémoires de filles, les confessions d’alcôves, les saletés érotiques, le scandale qui se retrousse dans une image aux devantures des libraires : ce qu’il va lire est sévère et pur. […] Et mon ambition, je l’avoue, serait que mon livre donnât la curiosité de lire les travaux sur la folie pénitentiaire 9, amenât à rechercher le chiffre des imbéciles qui existent aujourd’hui dans les prisons de Clermont, de Montpellier, de Cadillac, de Doullens, de Rennes, d’Auberive ; fît, en dernier ressort, examiner et juger la belle illusion de l’amendement moral par le silence ; que mon livre enfin eût l’art de parler au cœur et à l’émotion de nos législateurs. […] Oui, j’aurais l’ambition de composer mon roman, avec un rien de l’aide et de la confiance des femmes, qui me font l’honneur de me lire. […] Au reste, — qui le lira ?
Il a donc tout lu, tout vu, tout comparé, et il est désabusé de tout, mais il n’est pas désabusé de la coquetterie de le dire, et cette superbe élégance de contempteur nous crie : Vous ne méprisez pas cela ; moi non plus ! […] Qui lira le livre de M. […] D’aptitude spontanée et incontestable, l’auteur des Révolutions d’Italie était un homme de forte imagination et de pénétration littéraire, et il n’est pas permis d’en douter, quand on a lu son livre d’aujourd’hui, et qu’on en a comparé les meilleures pages historiques aux quelques fragments de littérature qu’il a introduits dans son travail, car l’histoire, telle que nous autres modernes la concevons, est une véritable encyclopédie. Les jugements sur l’Arioste, sur Dante, sur Boccace, sur Métastase, sur Pétrarque, sur Pétrarque surtout, « cette Rosière du Capitole », sont des chefs-d’œuvre de critique étincelante et à fond de lame, et quand on vient de les lire, comme nous les avons lus, la sympathie pour un talent si brillant et si spirituel engendre le regret de ne pas voir l’auteur des Révolutions d’Italie refaire Ginguené, comme il a refait Sismondi ! […] Ferrari s’est si spirituellement moqué dans sa jeunesse, mais qu’il n’a pas toujours lu pour s’en moquer.
Au cours de son voyage, Paul peut lire l’heure marquée par celle de ces horloges auprès de laquelle il passe, et comparer cette heure à l’heure marquée par une horloge, identique aux autres, qu’il a emportée dans son boulet. […] Quelle heure lira-t-il sur cette dernière ? […] Quelle heure lira-t-il sur cette dernière, si les deux horloges marquaient 0 h au départ ? Une des formules de Lorentz donne la réponse : l’horloge du point M marque 2 h. » « Je réponds : Paul est incapable de lire quoi que ce soit ; car, en tant que se mouvant, selon vous, par rapport à Pierre immobile, en tant que référé à Pierre que vous avez supposé référant, il n’est plus qu’une image vide, une représentation. […] L’heure de cette horloge réelle est précisément celle qu’y lirait Paul s’il redevenait réel, je veux dire vivant et conscient.
Schiller lut le premier ce poème, et il en fut ravi. […] À lire seulement la scène qui ouvre son livre, le sang bout dans les veines. […] Quiconque sait l’orthodoxie en sait assez, n’eût-il jamais rien lu hors la Bible et le catéchisme, que bien souvent encore il a mal lus, ou peu ou point. […] Quand vous receviez de certaines lettres, vous les lisiez avec un empressement ! […] On ne saurait trop recommander aux pères prudents de ne jamais lire Marivaux.
Ensuite il a été lu, au nom de M. […] Dübner. » L’honorable directeur ne m’a pas bien lu. […] « Je vous avouerai que les choses dites par moi à l’occasion de la Grammaire étaient plus vives dans ce qui a été lu sur la tombe : je les ai atténuées déjà dans le Moniteur.
Telles qu’on les peut lire aujourd’hui, sous cette forme de révision sévère, la suite de leçons où figurent successivement tant de noms célèbres dans l’ordre philosophique ou moral, Helvétius, Saint-Lambert, Hutcheson, Smith, est d’un aimable autant que sérieux intérêt. […] Chacun a pu lire d’ailleurs, soit dans la Revue des Deux Mondes, soit dans le Journal des Débats, de grands extraits pleins d’élévation et d’éloquence sur Dieu, sur le mysticisme, sur le beau. […] On éprouvait quelquefois un regret, lorsqu’on lisait M.
Et parmi ceux de nos vieillards politiques que la hache des factions ou la fièvre intérieure de la lutte a épargnés, combien y en a-t-il qui, à travers la corruption de l’Empire et la turpitude de nos sénats, soient demeurés fidèles à eux-mêmes et à leurs commencements, fidèles à la majesté du Jeu de paume, à la nuit du 4 août, aux grandes journées d’autrefois, où nous lisons leurs noms ? […] On peut lire (tome II, p. 415) l’histoire du premier bal qui fut donné après l’installation du président, et la cérémonie grotesque du sopha, sur lequel on fit trôner, bien à contre-cœur sans doute, pendant toute une soirée, le modeste et sensé Washington. […] Pasquier de ce temps-là… Mais d’ici à l’an deux mil nous avons peut-être la marge suffisante pour nous prémunir : jeunes gens, jeunes gens, lisons donc et relisons Jefferson !
Quand nous lisons ou que nous entendons prononcer le mot de Tuileries, nous prenons tous l’idée du même lieu, du jardin qui borde la Seine entre le Carrousel et les Champs-Élysées : mais des images s’éveillent en outre les mêmes pour tous, des dômes de verdure, de grises statues parmi les feuillages verts ou jaunissants, des enfants et des joueurs de ballon ; selon notre âge, nous voyons se dessiner un palais ou des ruines ; certains de nous aperçoivent les hôtes disparus de l’édifice détruit, les fameuses journées que l’histoire y compte ; selon le caprice de nos goûts et de nos études, la salle des maréchaux ou la salle des machines nous reviennent en mémoire, et nous peuplons les allées de muscadins ou de petits-maîtres. […] Souvent, par une maladresse ou une étourderie de l’écrivain, une vision importune détourne l’attention du lecteur, et l’arrache à la domination qu’il commençait de subir : quand on le reprend, il ne reste plus en lui trace de l’impression première ; c’est comme s’il avait cédé la place à un autre, qui commencerait de lire au milieu d’une page. […] Hugo qui a pour titre la Vache 10, lire le vers où il parle Du beau coq vernissé qui reluit au soleil sans penser plutôt à une enseigne de cabaret et d’auberge qu’à une cour de ferme.
On croirait à la lire être à la veille des événements qui se firent attendre les uns plus de trois siècles, et les autres près de six, surtout si l’on songe que de toutes parts, dès le xiiie siècle, la même clameur s’élève. […] Mais il écrit avant Jean de Meung, qui n’est pas aussi sans l’avoir lu. […] Il n’est pas besoin d’avoir lu La Calprenède pour dire de quelqu’un qu’il est fier comme Artaban.
Lire, entendre, c’est traduire. […] Si vous ne l’aviez point lu, si vous ne le connaissiez que par le raccourci de drame anonyme où je l’ai résumé en commençant, peut-être hésiteriez-vous sur leur condition sociale. […] Ils parlent sans doute avec élégance : mais, en somme, ils ont peu d’idées ; ce ne sont point des critiques ; leur culture philosophique est médiocre, et nulle part il n’apparaît qu’ils aient lu Darwin, Stendhal, Hartmann et Anatole France… Bref, la dualité de Jacques Dechartre me déconcerte.
Arlequin veut lire à son tour et craint d’avoir sa part de la punition. […] Voyant que son maître l’écoute avec assez d’attention, il s’enhardit, et poursuit en ces termes : « — Je me souviens d’avoir lu dans Homère, en son Traité pour empêcher que les grenouilles ne s’enrhument, que, dans Athènes, un père de famille ayant fait l’acquisition d’un cochon de lait, gentil, d’une agréable physionomie, de mœurs douces, dans sa taille bien pris, conçut tant d’amitié pour le petit cochon, qu’au lieu de le mettre en broche, il donna les plus grands soins à son éducation, et le nourrit avec des biscuits et du macaroni. […] À lire les récits que font les contemporains des merveilles qui s’y déployaient, on se demande si nous voyons rien de comparable ni d’approchant sur nos théâtres d’aujourd’hui, où pourtant le luxe des décors et de la mise en scène est porté si loin.
Je rencontrais tantôt cette phrase dans la vie d’un des Pères de la Thébaïde : « Il lisait les Écritures pour y trouver des allégories. » Il faut aux disciples de M. […] Car ce qui distingue le plus nettement Madame Bovary des romans qui lui étaient contemporains, c’est ce qu’il y a de physique dans la vie, dans les passions et jusque dans l’agonie d’Emma, cet empoisonnement d’où émane, à le lire, une contagion de nausée. […] Je suis impatient de lire les conjectures optimistes que vous laissez pressentir, et je vous prie d’agréer Monsieur, etc.
Car, comprendre sans affectation, sourire sans faire mal, aussi, bien que ce soit de moindre prix, lire les poètes latins et italiens, voilà des mérites, assurez-vous-en, qui n’ornent pas seulement l’évêque d’Assise. […] Comme ces fils de famille dont s’étonnait spirituellement M. de Wyzewa dans l’avant-propos de son Mouvement socialiste, qui pleins de sève et de santé, avec deux cent mille francs de rente par an, s’interrompent de la lecture d’Auteuil-Longchamp pour lire Le Socialiste de M. […] Et l’on se sent son obligé quand on a achevé de le lire.
C’est qu’après l’avoir lue, cette femme indisciplinée qui ne relève que d’elle-même, — qui a l’ivresse et la folie du plus satané orgueil que le diable, auquel elle ne croit pas, mais à qui elle fait croire, ait jamais départi à une aimable femme, on n’a plus sous les yeux qu’une personne ou assez modeste, ou assez prudente, ou assez sournoise pour se mettre derrière le nom de M. […] Les livres qu’elle a lus, « qu’elle a dévorés d’une façon absurde », dit-elle dans un éclair de bon sens, rare dans sa tête, rare dans les têtes de tous les pays, — c’est Eugène Sue, Balzac, Dumas, George Sand, Michelet, qui l’électrise (ici le bon sens disparaît !) […] Elle a lu tout cela avec frénésie ; elle s’est bourrée de tout cela, entre deux juments, dans les écuries de son père, son cabinet de travail, — comme le premier jockey venu aurait pu, sans être Cosaque, y étudier, entre les deux bêtes qu’il étrille, une théorie imprimée de l’entraînement et du pansage !