/ 3085
903. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Le Marquis Eudes de M*** »

Voilà, en quelques mots bien courts et bien insuffisants, l’analyse d’un mémoire que tout le monde voudra lire, car il prend l’imagination au même degré que le désir et la faculté de connaître. […] Mais pour en avoir une idée il faut le lire, le lire tout entier !

904. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Jules de Gères »

On n’oublie pas plus les poètes qu’on a lus que les femmes qu’on a aimées… Jules de Gères est un poète. […] Eh bien, c’est après avoir lu cette pièce de L’Arbre devenu vieux et celle de la Soif de l’infini, qu’on se demandera comment une pareille âme de poète peut se pelotonner assez pour vouloir tenir dans ce mouchoir de poche d’un sonnet… et s’escamoter dans ce mouchoir ? […] Lisez-les.

905. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Laurent Pichat »

Je ne dormais pas sur les livres de Laurent Pichat, qui a, paraît-il, écrit beaucoup de vers, mais je dormais à côté… Je ne les lisais pas, indifférent, presque incrédule, sachant vaguement, il est vrai, que Laurent Pichat, depuis de longues années, voulait être un poète, mais elle est si rare, la poésie, que je ne crois à elle que forcé dans mes gardes et qu’à la dernière extrémité ! […] Quand on l’a lu, quand on l’a fermé, quand on est loin et qu’on ne s’en rappelle que l’idée première, on le méprise, si on n’a que l’esprit droit, mais on le hait, si on a l’âme ardente ; car si les choses étaient ce que Pichat, cet Aruspice de l’avenir, dit qu’elles sont maintenant ou qu’elles vont être, toute poésie en mourrait du coup, et Pichat, cessant d’être poète, ne serait plus que le plus vulgaire des rêveurs. […] qui lirait, à cette heure, le poète des Réveils, s’il n’y avait que ses idées dans ses vers et si la forme qu’il leur donne ne les faisait pas souvent oublier ?

906. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Madame Sand et Paul de Musset » pp. 63-77

Deux célébrités contemporaines de trop de bruit, d’un bruit qui ne fut pas toujours de la gloire, et qui en vont faire encore, l’un du fond de sa tombe, l’autre du fond de sa vieillesse, en nous condamnant à lire ces deux volumes d’Elle et Lui et de Lui et Elle, à la lueur cruelle de leur triste célébrité. […] et de distiller, si on dit vrai, sa goutte de poison homicide, — nous venons de le lire avec soin, et nous pouvons bien affirmer que sans la célébrité et l’intimité trop publique de madame George Sand et d’Alfred de Musset, qui donnent à tout des significations terribles, et qui auraient dû — en fierté, en délicatesse et en pitié, puisqu’elle s’en targue, de pitié ! […] Littérairement (s’il est permis de finir par un mot de littérature en présence de livres pareils), le roman de Paul de Musset est écrit avec le goût un peu sec, mais ferme, d’un homme qui a beaucoup lu les romans du xviie  siècle et qui s’est tapissé l’esprit de leurs formes.

907. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Deux romans scandaleux » pp. 239-251

d’un bruit qui ne fut pas toujours de la gloire, et qui, insatiables, veulent en faire encore, l’un du fond de sa tombe, l’autre du fond de sa vieillesse, en nous condamnant, tous les deux, à lire ces deux volumes d’Elle et Lui et de Lui et Elle, à la lueur cruelle de leur triste célébrité ! […] et de distiller, si on dit vrai, sa goutte de poison homicide, — nous venons de le lire avec soin, et nous pouvons bien affirmer que sans la célébrité et l’intimité trop publique de Mme George Sand et d’Alfred de Musset, qui donnent à tout des significations terribles et qui auraient dû, en fierté, en délicatesse et en pitié, puisqu’elle s’en targue, de pitié, l’empêcher d’écrire ce livre d’Elle et Lui dont elle croit orner son déclin, il n’y aurait ici qu’un roman triste, en soi, ni meilleur, ni pire, ni plus nouveau en talent et en morale, que les autres productions de l’auteur d’Indiana, de Jacques et de Leone Leoni 24 ! […] Littérairement (s’il est permis de finir par un mot de littérature en présence de livres pareils), le roman de M. de Musset est écrit avec le goût un peu sec, mais ferme, d’un homme qui a beaucoup lu les romans du dix-septième siècle et qui s’est tapissé l’esprit de leurs formes.

908. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Malot et M. Erckmann-Chatrian » pp. 253-266

je vous ai déjà lus et vous valiez mieux. » Les échos ont mangé les voix ! […] Hector Malot, qui, du moins, a une plus longue haleine, qui lient plus longtemps son sujet, publie, à son tour, une histoire qui fait l’effet d’un palimpseste, — d’un palimpseste dont les lettres reparaissent peu à peu, altérées, jaunies, pâlies, mais distinctes cependant, et telles qu’on les avait lues autrefois ! […] Telle est la question qu’on se fait, soit en le lisant, soit après l’avoir lu… M. 

909. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre iv »

Ailleurs, dans la vie du jeune Escande, nous lisions que privé de voir l’aumônier protestant, il aimait à entrer dans la petite église catholique de Courtemont, où, caché derrière un pilier, il se tenait dans le silence et le recueillement. […] Ils sont nombreux, ces protestants qui, voyant une opposition entre la guerre en soi et la pensée de Dieu… ‌ La même opposition entre la loi d’amour et la guerre est sentie, exprimée mille fois, dans les lettres de toutes provenances que j’ai lues. […] Les grands soldats français de toutes les époques la purent lire sans rougir.

910. (1874) Premiers lundis. Tome I « Œuvres de Rabaut-Saint-Étienne. précédées d’une notice sur sa vie, par M. Collin de Plancy. »

On a comparé ce roman à ceux de Voltaire : il ne leur ressemble guère ; il n’est pas gai ; disons-le même, il n’est pas amusant ; mais il attache par les faits, et on le lit comme on lirait le testament d’un proscrit. […] Quelques nuages se promènent encore sur le ciel de la France  ; mais la Constitution est faite, la masse de la France est assise … Illusion naïve du savoir et de la vertu, qui fait sourire en même temps qu’elle attriste, illusion de tous les temps, de tous les lieux, de tous les hommes, la nôtre aussi, toutes les fois qu’il nous arrive de juger le passé d’hier avec nos idées du réveil et de croire y lire l’éternel avenir !

911. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « Une petite revue ésotérique » pp. 111-116

Je lis dans l’avertissement : « Ce que veut être Psyché, le dessin de son frontispice l’indique : Sur les flancs du taureau ailé, elle va des mystères antiques aux mystères modernes, vers l’île de la Seine élue pour contenir la fatidique “Arche d’Isis”. […] Les bureaux en étaient chez Clerget, boulevard Montparnasse, nº 13, chiffre fatidique où Moréas, superstitieux, lisait un mauvais présage.

912. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Jean-Baptiste Guarini, et Jason de Nores. » pp. 130-138

Les femmes ne se lassoient point de la lire. […] Pour peu qu’on ait lu le Pastor fido, il n’est personne qui ne se rappelle la belle scène d’Amarillis dans l’acte troisième.

913. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Nicole, Bourdaloue, Fénelon »

… On lit Nicole une fois, — les gens qui lisent, — mais on n’y revient plus. […] Les œuvres dénuées de grâce ne durent pas, — et, comme les ossements arides ne se lèvent que sous le souffle des prophètes, toutes les préfaces de Sacy ne feront pas trouver de saveur dans un moraliste comme Nicole à la génération qui a eu le bonheur de lire Joubert, — un délicieux livre à réimprimer, par parenthèse, et que Techener ne réimprime pas.

914. (1905) Promenades philosophiques. Première série

Taine avait lu le Rouge et le Noir soixante ou quatre-vingts fois. […] Mais toutes les femmes de haut parage lisaient au seizième siècle. […] On lisait et on lisait même Rabelais chez la Reine de Navarre ; c’était un ami de la maison. […] Les bourgeoises savaient lire. […] Une femme qui sait lire dans les livres d’Heures sait lire aussi dans les livres d’amour.

915. (1901) Des réputations littéraires. Essais de morale et d’histoire. Deuxième série

Mais aucun homme, aucune femme ne l’a jamais aimé, et peu de personnes peuvent le lire. […] Une grave légion de cuistres, une nuée babillarde de perroquets et de serins, qui n’ont jamais lu Bourdaloue, qui ne voudraient et ne pourraient pas le lire, ont répété de confiance ce qu’avait dit le maître du chœur. […] Personne n’est obligé d’avoir lu le sermon bizarrement intitulé Qui a soif ? […] Emile Souvestre, né à Morlaix, est resté vivant pour ses compatriotes longtemps après que les Parisiens ne le lisaient plus. […] Comment aurait-elle le temps de nous lire ou seulement la curiosité d’apprendre qu’un jour nous vécûmes et nous écrivîmes ?

916. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLIe entretien. L’homme de lettres »

Bailly, avait lu avec enthousiasme le manuscrit et avait garanti le succès de cette publication à ses patrons: il ne s’était pas trompé. […] Il nous apprend à lire Plutarque et Virgile ; ses citations sont de véritables découvertes. […] Il lisait souvent mes vers et il récitait par cœur mes Harmonies à sa belle-sœur. […] Il venait de lire sa profession de foi de déisme providentiel. […] D’ailleurs, que reste-t-il dans l’âme quand on l’a lu ?

917. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1866 » pp. 3-95

J’ai lu ces jours-ci, La Liste des portraits gravés du Père Lelong. […] L’homme lisait toujours, et il avait toujours la main de la jeune femme dans la main. […] ” » « Un jour la grande-duchesse m’apprenait qu’il était en colère, parce qu’il avait lu dans Custine qu’il avait pris du ventre. […] * * * — Autrefois la province ne lisait pas, et n’avait nulle opinion sur les faiseurs de livres et sur les livres. […] De tous ceux qui parlent du fameux coup de sabre de Lambesc, quels sont ceux qui ont lu la justification de Lambesc et savent le vrai de la scène ?

918. (1895) La science et la religion. Réponse à quelques objections

pour un seul article, d’un écrivain si « pâteux », dans un recueil d’ailleurs si peu lu ! […] » Et j’en tombe d’accord avec eux ; et je conviens qu’après les livres d’histoire naturelle générale, il n’en est pas que j’aie lus, que je lise encore plus volontiers, avec plus de fruit que les livres d’exégèse. […]  » Ne faudrait-il pas peut-être avoir lu Bossuet avant d’en parler ? […] Lisez plutôt sa Réfutation des erreurs de Michel Servet. […] ou n’avons-nous jamais lu les Soirées de Saint-Pétersbourg; et rappellerai-je ici la belle page de Joseph de Maistre sur les indulgences ?

919. (1888) Épidémie naturaliste ; suivi de : Émile Zola et la science : discours prononcé au profit d’une société pour l’enseignement en 1880 pp. 4-93

A présent, l’engouement est général, et nous lisons tous les jours des articles dithyrambiques sur le chantre des campagnards. […] Zola, procède de Diderot, c’est n’avoir pas lu celui-ci ou l’avoir mal lu, ou bien, l’ayant lu, ne pas s’en souvenir. […] Le roman étant l’objet littéraire le plus demandé, le plus recherché et le plus lu, la plupart des journaux ne vivent qu’à son aide. […] L’œuvre de Flaubert fut donc saluée par des cris indignés, ce qui fut un motif pour que chacun voulût la lire. […] Lisez certaine correspondance de Henri VIII, roi d’Angleterre, avec Luther, le réformateur, et vous en aurez une idée.

/ 3085