Taine, qui a là-dessus pris son parti, mais ceux qui veulent bien me lire, de se demander s’ils peuvent concevoir un mouvement sans quelque chose qui se meut. […] Quand même il n’y en aurait pas un seul qui me lut connu tel qu’il est en lui-même, je pourrais toujours affirmer qu’il y a un être absolument parfait, sauf à m’en rapporter à la foi ou à la vie future pour connaître d’une manière précise et sûre ses perfections.
Je lisais ce matin un feuilleton de M. […] Il suffit de l’avoir vu fulminer à la hâte ses colères, avec des soubresauts de plume et de chaise, ou simplement de les avoir lues, pour comprendre qu’il n’est pas là tout entier.
Quand nous lisons et que nous comprenons un de ces groupes de signes, par exemple 2 327 648, nous n’examinons point si la nature fournit un objet qui corresponde à notre idée.
Grandet, encore nommé par certaines gens le père Grandet, mais le nombre de ces vieillards diminuait sensiblement, était en 1789 un maître tonnelier fort à son aise, sachant lire, écrire et compter.
Des mois dura, par l’habitude et des vouloirs étrangers, le hantement des maisons universitaires, et j’appris étudier aux documents, lire les chronologies et savoir des choses qu’enferme une belle critique historique ; mais, depuis la triste décision des directeurs de l’École Normale, le démon musical s’était promu à une forte position en mon cœur ; les plus beaux procédés des critiques historiques eurent moins de mes faveurs ; elles allaient, mes faveurs, à la composition de musiques.
Au milieu de ce grand mouvement, un homme né à Kœnisberg, et qui, comme Socrate, ne sortit guère des murs de sa ville natale, publia un ouvrage de philosophie qui, d’abord peu lu et presque inaperçu, puis, pénétrant peu à peu dans quelques esprits d’élite, produisit, au bout de huit ou dix ans, un grand effet en Allemagne, et finit par renouveler la philosophie, comme la Messiade avait renouvelé la poésie.
On y lisait ses insomnies et ses méditations.
Lisez ces regrets.
Il suffira que nous marquions quelques-uns des points principaux, la compréhension du drame exigeant une connaissance sensorielle que l’analyse critique ne peut donner au lecteur, lequel se doit d’ailleurs à lui-même de voir jouer et de lire les drames wagnériens le plus souvent et le plus attentivement possible.
Le sentiment d’aise est profond à lire cette merveilleuse idylle de joie, de grâce, de gaieté, d’opulence, de bonté vraie où passent en leur vieillesse bonasse les deux parents entourés des mines espiègles, tendres et fines des petites-filles, de l’enthousiaste petite personne de Petia, au milieu de la foule des hôtes et des clients, entre les servantes, l’intendant, les valets et les veneurs.
Mais un être qui évolue plus ou moins librement crée à chaque moment quelque chose de nouveau : c’est donc en vain qu’on chercherait à lire son passé dans son présent si le passé ne se déposait pas en lui à l’état de souvenir.
C’est pourquoi l’idée de lire dans un état présent de l’univers matériel l’avenir des formes vivantes, et de déplier tout d’un coup leur histoire future, doit renfermer une véritable absurdité. […] Certes, un psychophysiologiste qui affirme l’équivalence exacte de l’état cérébral et de l’état psychologique, qui se représente la possibilité, pour quelque intelligence surhumaine, de lire dans le cerveau ce qui se passe dans la conscience, se croit bien loin des métaphysiciens du XVIIe siècle, et très près de l’expérience.
Sur la psychologie considérée comme science indépendante et ayant des caractères absolument propres, lire ce chapitre tout entier.
Dans la 3e édition anglaise on lisait ici : « D’autre part, les jeunes poulets « ont perdu, entièrement par habitude, la crainte des chiens et des chats qui, on n’en peut douter, était originairement instinctive dans leur espèce, comme on la voit encore si évidemment instinctive chez les jeunes Faisans, lors même qu’ils sont couvés par une poule domestique. » Ce paragraphe a déjà été modifié dans les deux premières éditions françaises et dans la première édition allemande.
Il suffira, pour s’en convaincre, de lire la remarquable description que le même auteur a donnée du dégoût : « Si l’excitation est faible, il peut n’y avoir ni nausée ni vomissement… Si l’excitation est plus forte, au lieu de se limiter au pneumo-gastrique elle s’irradie et porte sur presque tout le système de la vie organique.
Il a été entendu en effet que le concomitant matériel de l’activité mentale en était l’équivalent : toute réalité étant censée avoir une base spatiale, on ne doit rien trouver de plus dans l’esprit que ce qu’un physiologiste surhumain lirait dans le cerveau correspondant.
Si vous êtes de bonne foi, vous conviendrez que rien de bien net ne sort de ce spectacle extraordinaire ; mais lisez seulement quelques pages d’un ouvrage philosophique de l’Inde, et aussitôt une lumière vaste et sûre se lève sur cette civilisation mystérieuse, et l’esprit de ses cultes, de ses arts, de ses lois, réfléchi tout entier sur ce seul point, s’y manifeste à découvert. […] Un jour le père Malebranche entrant chez un jeune homme, qui fut depuis l’illustre chancelier d’Aguesseau, le trouva occupé à lire Thucydide ; sur quoi le bon et doux Malebranche se mit un peu en colère, et reprocha à son jeune ami de ne chercher que des amusements pour son imagination, de s’arrêter comme un enfant à des faits accidentels, qui avaient pu arriver ou n’arriver pas, au lieu de s’occuper de lui-même, de l’homme, de sa destinée, de Dieu, enfin d’idées et de philosophie. […] Lisez Thucydide ; voyez-y la manière de combattre des Athéniens et des Lacédémoniens : Athènes et Lacédémone sont là tout entières. […] Brucker a lu tous les ouvrages dont il parle ; ou quand il n’a pu s’en procurer quelques-uns, ce qui était inévitable, il n’en parle que sur des renseignements précis, avec des autorités qu’il a soin d’énumérer, afin de ne pas induire en erreur. […] C’est le 21 juin 1825 que Colebrooke a lu à la Société asiatique de Londres le premier de ces admirables mémoires qui ont fourni à la critique européenne les seules lumières qu’elle possède encore sur les systèmes philosophiques des Indiens133.