« Son front large et proéminent, ses yeux mobiles, qui ressemblaient à ceux de sa mère, signalaient à tous, comme un être singulier, l’enfant que le professeur désignait comme un modèle. » Qu’on me permette de mettre sous les yeux du lecteur une esquisse que j’ai tracée, jadis, de M.
Le sort en est jeté, j’écris ce livre : qu’il soit lu par mes contemporains ou par la postérité, n’importe ; il peut bien attendre un lecteur pendant un siècle, puisque Dieu lui-même a manqué, durant six mille années, d’un contemplateur tel que moi. » Cette expression hardie d’un orgueilleux enthousiasme prouve la force intérieure du génie. […] Il eut peu de lecteurs comme ce qui dépasse le vulgaire, mais il forma entre ceux qui le lurent et qui le comprirent, la famille intellectuelle de madame de Staël, la secte du beau, la religion de l’esprit. […] Nous retrouvons en ce moment l’impression fugitive de cette apparition, dans une lettre à un de nos amis d’enfance qui nous a été restituée après la mort de cet ami ; nous demandons pardon au lecteur d’en détacher cette page.
Nos lecteurs savent quelle relique était le Gral, et je ne m’y arrêterai point ; ajoutons seulement que l’on donne deux origines à ces pieuses légendes, l’une purement celtique, bretonne, l’autre provençale, liée à des récits espagnols, italiens, grecs, arabes. […] Pour renvoyer nos lecteurs à des documents moins rares, disons que Henri Heine a repris cette même version (De l’Allemagne, tome II). […] Nous conseillons à nos lecteurs d’observer, à l’Opéra, les mouvements de bras d’un chanteur quelconque : ils s’apercevront combien cette coutume qui est transmise dans l’enseignement du Conservatoire par les anciens acteurs aux nouveaux23, est contraire à toute vérité et à tout naturel.
Ce sont les Étapes de ce voyage que je compte aujourd’hui, non point par le menu des détails — ce qui serait aussi fastidieux pour le lecteur que désagréable pour moi, — mais par les résultats. […] Nos lecteurs ont dû se demander pourquoi nous cherchons toujours nos exemples en Castille : la raison en est bien simple. […] Peut-être est-ce d’ailleurs là, qu’il faut chercher la raison du succès des œuvres de Garcia ; durant sa vie et jusqu’en 1702, les lecteurs épuisent successivement quatre ou cinq éditions de ses poésies. […] Le talent de l’auteur n’a certes pas besoin d’être indiqué aux lecteurs de Feu Follet : ils savent quel art moderniste M. […] Je m’efforce d’intervenir le moins possible dans l’analyse de ce drame et de mettre Aubanel en rapports directs avec mes lecteurs par des citations fréquentes et liées seulement par le récit.
Renan n’était guère sorti de cette conception banale quand il disait tout crûment à ses lecteurs de 1849 : « Le bien, c’est le bien ; et le mal, c’est le mal. » Mais il en est revenu. […] Ainsi, entre autres, les solitaires de Port-Royal : voyez donc à quoi se ramène leur action et leur sainteté : « … Une pensée triste accompagne le lecteur durant tout le cours de cette belle histoire, que M. […] Les lecteurs qu’elles ont passionnés ont-ils beaucoup réfléchi à la responsabilité d’Adrien Sixte ? Si ces lecteurs sont des philosophes, le cas du « Disciple » les fera-t-il reculer d’un pas dans leurs recherches ou devant leurs conclusions ? […] Et n’est-il pas naturel que le journaliste qui se servait de sa plume et prenait occasion des livres qu’il avait à juger pour attirer ses lecteurs dans de telles régions ait paru à ses confrères de la nouvelle école un débris d’un autre âge ?
Seulement, incapable d’incorporer cette sensibilité personnelle en des formes stylistiques de formation originale, il choisit des phrases qui, l’ayant ému lui-même, doivent encore, croit-il, émouvoir ses lecteurs. […] Ces deux catégories parallèles d’écrivains et de lecteurs constituent les deux grands types de l’humanité cultivée. […] Au point où nous en sommes de ces études sur le style, il n’est pas un lecteur qui puisse lire sans surprise l’entrefilet de M. […] Il ne faut jamais renvoyer le lecteur à un ouvrage que l’on n’a pas lu soi-même. […] Pica, il est persuadé que vraiment Verlaine est plus d’exception que Victor Hugo ; et son critérium semble être ceci : que Victor Hugo plaît à un plus grand nombre de lecteurs que Verlaine.
. — Le lecteur voit maintenant comment l’œil peut percevoir la figure d’un corps. […] Le lecteur les a vues quand nous avons montré la persistance sourde des images, leur vie latente, leur état rudimentaire, l’effacement qu’elles subissent, souvent pendant des années entières, et la prédisposition organique qui les conserve à l’état hibernant ou nul, comme la vie d’un rotifère desséché, jusqu’au moment où les cellules corticales en qui cette prédisposition est établie reprendront leur jeu, propageront leur danse et ramèneront l’image correspondante au premier plan cérébral. […] Leur signification musculaire et tactile surgit avec elles, et nous croyons percevoir ensemble une quantité de points distants et coexistants. — Le lecteur a déjà rencontré plusieurs opérations de ce genre ; c’est le cas pour tous les substituts abréviatifs. […] Supposez qu’un grand nombre de ces sensations localisées se produisent simultanément, et que les points auxquels nous les rapportons nous semblent à la fois distincts et continus ; composée de sensations partielles, coexistantes, distinctes et continues, c’est-à-dire telles qu’entre l’emplacement de l’une et l’emplacement de l’autre nous n’en imaginions aucune intermédiaire, la sensation totale nous paraîtra étendue. — Que le lecteur veuille bien s’observer lui-même ; il verra que tel est le cas pour les sensations de chaleur et de froid qui nous semblent occuper tout un membre, pour la sensation de contact et de pression que nous éprouvons en posant à plat notre main sur une table, pour la sensation de couleur que nous éprouvons en maintenant l’œil fixe et immobile sur une feuille verte placée à six pieds de nous. […] Tout ce mécanisme est admirable, et le lecteur voit maintenant la longueur de l’élaboration, la perfection de l’ajustement qui nous permettent de faire, avec effet et réussite, une action aussi ordinaire, aussi courte, aussi aisée que la perception extérieure.
Le lecteur aime les licences, mais non point les licences extrêmes, excessives… Le lecteur est homme ; mais c’est un bomme en repos, qui a du goût, qui est délicat, qui s’attend qu’on fera rire son esprit ; qui veut pourtant bien qu’on le débauche, mais honnêtement, avec des façons, avec de la décence. » — Que disais-je ? […] Il semble croire que son lecteur est très inintelligent et n’a jamais compris. […] — Le revirement est joli, il est très clair, et le lecteur n’a pas besoin de commentaire. […] Le lecteur s’est toujours obstiné à prendre, en lisant Montesquieu, le mot vertu dans tout son sens ; et, en vérité, il a raison. […] J’ai deux lecteurs : l’un certainement va me répondre oui, l’autre non, selon le livre de Voltaire, Mondain ou Candide, qui l’aura le plus frappé.
Pourquoi le lecteur ne peut-il s’intéresser aux larmes du chantre des Nuits ? […] Je vais essayer de remplir cette tâche auprès du lecteur. […] Michaud d’avoir fait usage de ces contrastes qui réveillent l’imagination des lecteurs. […] Ce chœur d’Euripide rappellera facilement au lecteur le dialogue de Roméo et de Juliette. […] En citant quelques morceaux de ces Mémoires, nous les ferons mieux connaître aux lecteurs.
Je les aime beaucoup tous les trois, mais je préfère encore la critique ; et je ne pense pas qu’ils s’en fâchent, mais le lecteur m’en approuvera. […] Alphonse Daudet ; et plutôt, pour notre part, si nous éprouvions quelque remords, ce serait, depuis quinze ou vingt ans, d’en avoir fatigué le lecteur. […] S’il est arrivé, par hasard, au lecteur de feuilleter quelqu’un de ces romans, je ne doute pas qu’il ne les reconnaisse au bref signalement que j’en donne. […] Pour en assurer la doctrine, je le sais ; et je le veux bien ; mais aussi, tous les deux, pour que la force de leur parole fit entrer plus sûrement leurs idées dans les esprits de leurs lecteurs ou de leurs auditeurs. […] J’espère cependant que le lecteur approuvera les autres, et qu’en les joignant toutes ensemble il voudra bien convenir avec nous qu’il est décidément des morts qu’il faut parfois qu’on ressuscite.
Il avait en même temps cherché à débarrasser le corps de l’histoire de tout ce qui retarde inutilement sa marche : L’historien doit chercher à s’instruire des moindres détails, parce qu’ils peuvent servir à l’éclairer, et qu’il doit examiner tout ce qui a rapport à son sujet ; mais il doit les épargner au lecteur. […] sinon pour l’agrément (laissons ce mot qui ne s’applique ni à l’un ni à l’autre), du moins pour l’intérêt, pour cet intérêt lent et suivi qui naît du fond des choses et qui, de l’auteur consciencieux, se communique au lecteur réfléchi.
Ceux-ci, en effet, gens économes par nature, sont payés pour croire qu’on court après l’esprit quand on en a plus qu’eux : « Messieurs, lisez-moi, semblent-ils dire ; vous verrez un homme qui pense simplement, raisonnablement, qui va son grand chemin, qui ne pétille point : et voilà le bon esprit. » Selon Marivaux plaidant dans sa propre cause, « il y a un certain degré d’esprit et de lumières au-delà duquel vous n’êtes plus senti ; c’est même un désavantage qu’une si grande finesse de vue, car ce que vous en avez de plus que les autres se répand toujours sur tout ce que vous faites, embarrasse leur intelligence » ; on vous accuse d’être obscur par trop de subtilité ; et il conclut avec découragement, et en ayant l’air de consentir, par égard pour les lecteurs vulgaires, à ne plus être sagace qu’à demi : « Peignez la nature à un certain point, mais abstenez-vous de la saisir dans ce qu’elle a de trop caché ; sinon vous paraîtrez aller plus loin qu’elle, ou la manquer. » Tels étaient les ingénieux sophismes que le désir de se justifier suggérait à Marivaux, et sur lesquels il revient en vingt endroits. […] Il désire donc simplement qu’on se nourrisse de tout ce que l’on sent de bon chez les modernes ou chez les anciens, et qu’ensuite on abandonne son esprit à son geste naturel : « Qu’on me passe ce terme, qui me paraît bien expliquer ce que je veux dire, ajoute-t-il aussitôt malicieusement ; car on a mis aujourd’hui les lecteurs sur un ton si plaisant, qu’il faut toujours s’excuser auprès d’eux d’oser exprimer vivement ce que l’on pense. » Si Marivaux n’avait jamais employé d’autres expressions plus hasardées ou plus raffinées, on aurait pu l’accuser encore de recherche (qui n’en accuse-t-on pas d’abord parmi ceux qui ont un cachet ?)
La page de critique conjecturale où il se répand à ce sujet, et où il se laisse aller à quelques regrets sur son auteur favori, est trop heureuse de développement et d’une trop bonne venue pour que nous en privions le lecteur : On ne peut, nous fait-il remarquer, afficher plus de mépris pour la campagne que n’en montre Villon dans cette pièce. […] il n’est pas de poète en général, si étranger que soit son genre aux descriptions naturelles et à la peinture des champs, chez lequel ne se rencontre quelque échappée de paysage, quelque coin de nature qui, de temps à autre, rafraîchit le lecteur.
Il y a à distinguer deux choses dans cette réimpression qu’un savant professeur du Collège de France a dirigée et entourée de commentaires : premièrement, la réimpression même, qui est bonne en soi, qui remet sous les yeux des lecteurs studieux plusieurs écrits politiques, autrefois en vogue, sortis depuis longtemps de la circulation, et dont quelques-uns étaient difficiles à retrouver ; et, de plus, il y a l’esprit dans lequel ils sont reproduits, la pensée de résurrection qu’on y apporte et qui est à discuter. […] Ce calcul journalier, qui fait d’une feuille un revenu, qui suppute les souscriptions, qui établit une rétribution pécuniaire, si positive et si détaillée, entre le lecteur dont on flatte l’opinion, et l’écrivain qui la flatte, ne laisse ni le temps ni l’indépendance que demande la composition d’ouvrages utiles.
Je ne conseille la lecture du livre à aucune de mes lectrices du Constitutionnel ; c’est un livre de médecine et de pathologie. […] Deux ou trois scènes, qui ont le tort de parler trop complaisamment aux sens, ont masqué la pensée philosophique de ce livre qui est fait pour déconcerter plus d’un lecteur vulgaire.
Souffre donc quelquefois que, brisant la mesure, Je mette de côté la rime et la césure Et déroge un moment à mes goûts favoris, Puisqu’enfin les lecteurs chez nous sont à ce prix. […] Il voudrait qu’en tête de chacune le traducteur mît un avant-propos ou argument qui préparât le lecteur : précisément ce qu’a si bien fait M.
Chaque œuvre, chaque écrivain, en définitive, lorsqu’on les a suffisamment approfondis et retournés, peuvent être qualifiés d’un nom ; il faut que ce nom essentiel échappe au critique, ou du moins que le lecteur arrive de lui-même à l’articuler. […] lecteur, j’aurais pu affiler ma bonne lame, donner de la pointe à ce Scythe, à ce barbare, et lui rendre blessure pour blessure. — Mais nous autres, Grecs d’Athènes, si nous avons du sel aux lèvres, nous n’avons pas de fiel dans le cœur, etc., etc. » J’abrége la parodie : il ne manque à ce choc, à ce cahotage de tous les styles, que d’y avoir fait entrer plus au long ma bonne lame de Tolède ; l’amalgame eût été complet.