/ 2143
640. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — P — Ponchon, Raoul (1848-1937) »

Une sérénité divine, pour ainsi parler, règne dans ses Chroniques rimées et solides de nombre et de son, d’un si savoureux beau français qui donne comme l’impression du faire robuste et râblé de maître Nicolas Boileau-Despréaux.

641. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — A — article » pp. 163-165

d’Arnaud, sont autant de Cours de Morale mise en action de la maniere la plus propre à faire impression, & qui peuvent être utiles à toutes les Nations policées.

642. (1912) L’art de lire « Chapitre I. Lire lentement »

Il faut lire avec un esprit très attentif et très défiant de la première impression.

643. (1892) Les idées morales du temps présent (3e éd.)

Aussi, l’impression que le « sage de Francfort », dans ses dernières années, produisait sur ceux qui rapprochaient, était-elle plutôt pénible. […] Ainsi, il a observé, que dans tous les domaines ses impressions et ses goûts se modifient sans cesse : aussi ne les donne-t-il jamais comme définitifs. […] Est-ce que même il n’arrivera pas, en s’exerçant, à percevoir en même temps des impressions différentes, qui pourront être contradictoires ? Et ces impressions contradictoires, s’il n’est pas un sectaire, aura-t-il tort de les exprimer ? […] Généralement, leur essai de réaction a pour point de départ une impression profonde produite par les spectacles de l’injustice ou de la misère.

644. (1892) Sur Goethe : études critiques de littérature allemande

Il n’est pas rare que les lieux que nous habitons influent sur la direction de nos idées ; et l’enfance surtout est sensible à l’impression des objets extérieurs. […] l’impression produite n’en est que plus forte. […] Freytag qu’au drame de Goethe ; la même variété de scènes y aboutit à la même unité d’impression. […] Nous y verrons des impressions fugitives réagir, parce qu’elles sont poétiques, sur une vie tout entière et en préparer les joies aussi bien que les déceptions. […] Je suis vaine, ajouta-t-elle avec un sourire triste ; je veux que la dernière impression que vous emporterez de moi soit une impression joyeuse.

645. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXIVe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (5e partie) » pp. 65-128

Il semblait regarder toutes ses impressions comme des inspirations, et les recueillait à la hâte comme des hallucinations de la sibylle ou les pensées sacrées des prophètes. […] Ses dogmes étaient si sains que, si l’on avait effacé de ce code l’impression de la main sanglante qui les avait signés, on aurait pu les croire rédigés par le génie de Socrate ou même par la charité de Fénelon. […] Sa politique vacillante, suivant les impressions du moment, tour à tour timide comme la défaite, téméraire comme le succès, ne sut ni reculer ni avancer à propos. […] Ces impressions, recueillies par un enfant de la bouche d’une mère, revivaient à mon insu dans l’homme fait et dans l’historien ; elles mirent quelque pitié et peut-être quelque justice sous ma plume.

646. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCIe entretien. Vie du Tasse (1re partie) » pp. 5-63

III Je passais mes journées solitaires à errer souvent sans guide dans les rues et parmi les monuments de Rome ; plus j’étais jeune, plus ces images de vétusté se reflétaient en poignantes impressions sur mon esprit. […] Rentré le soir à l’hôtellerie, à Ferrare, et encore tout ému de mes impressions dans le cachot du Tasse, j’écrivis les strophes suivantes qui n’ont jamais, je crois, été imprimées. […] Il consentit à l’impression du poème, et autorisa son fils à renoncer à l’étude de la jurisprudence, pour se livrer tout entier à l’étude des lettres et à la philosophie. […] L’impression que Léonora fit sur le Tasse, la première fois qu’il la vit dans une des dernières fêtes du mariage d’Alphonse et de Barbara, se devine plus qu’elle ne s’exprime dans quelques vers de sa pastorale de l’Aminta, qu’il écrivait pendant l’absence du cardinal d’Este.

647. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLVe entretien. Vie de Michel-Ange (Buonarroti) »

Si vous sortez du Parthénon chrétien, le temple de Saint-Pierre de Rome, écrasé par la masse, l’immensité, la majesté, la divinité de ces édifices, véritables temples de l’infini, qui semble avoir été construit pour faire comprendre et adorer deux des attributs de Dieu, l’espace et la durée, rendus sensibles, et si vous voulez résumer en un seul nom d’homme vos impressions confuses pour reporter cette merveille à son principal auteur, c’est le nom de Michel-Ange qui tombe de vos lèvres : l’architecte de Dieu ! […] Le jeune Michel-Ange, placé par son père dans une école de grammaire, tenue par Francesco d’Urbino, se refusait à toute autre étude qu’à celles auxquelles la nature et ses premières impressions d’enfance chez sa nourrice le prédestinaient. […] Michel-Ange, pour étudier sur l’impression de la multitude les beautés ou les imperfections de son œuvre, se confondait quelquefois, inconnu, au milieu de la foule. […] « L’œuvre divine en elle manifeste tellement l’ouvrier, qu’elle me ravit à lui par des impressions aussi divines, et que j’y puise intarissablement mes idées, mes inspirations, mes œuvres, mes paroles, dans le feu dont je brûle pour l’angélique modèle !

648. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « M. Deschanel et le romantisme de Racine »

L’homme de lettres, l’artiste, celui qui, par métier, observe, analyse et exprime ses propres sentiments et par là développe sa capacité de sentir, reçoit de tout ce qui le touche et, en général, du spectacle de la vie des impressions plus fortes et plus fines que le vulgaire : ce n’est pas là, j’imagine, une infériorité pour l’artiste, même en admettant que cette impressionnabilité excessive ne soit qu’un jeu divin, une duperie volontaire et intermittente et qui ne serve qu’à l’art. […] Il est possible que ces solutions de continuité et ces trous, bien ménagés, donnent plus exactement l’impression de la réalité énigmatique ; mais on peut croire que ce n’est point un art inférieur que celui qui cherche à rendre la réalité plus claire et plus logique. […] Pour ces raisons, le théâtre de Racine (toujours au rebours de celui de Corneille) nous laisse sous l’impression d’une fatalité inéluctable : il n’a rien « d’édifiant », rien d’un enseignement par la « morale en action ». […] D’où une troisième espèce d’impression contradictoire : les criminels ne sont nullement odieux, et peu s’en faut qu’ils ne soient sympathiques et ne semblent plus à plaindre que leurs victimes.

649. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Agrippa d’Aubigné. — II. (Fin.) » pp. 330-342

Telle fut, en l’abordant, mon impression première et de jeune homme il y a plus de vingt-cinq ans ; ce qui me faisait dire avec Virgile parlant du laboureur qui découvre de grands ossements dans le sillon : Grandisque effossis mirabitur ossa sepulcris. Telle est encore aujourd’hui mon impression réfléchie, après cette seconde étude ; et je redirai avec une légère variante, et en usant cette fois de vers de Lucrèce : Et genus humanum multo fuit illud in arvis Durius, ut decuit, tellus quod dura creasset.

650. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Poésies complètes de Théodore de Banville » pp. 69-85

C’est le même rythme dont on a dit : « Ce petit vers masculin de quatre syllabes, qui tombe à la fin de chaque stance, produit à la longue une impression mélancolique ; c’est comme un son de cloche funèbre. » Chez M. de Banville, l’impression de cette mélancolie ne va pas jusqu’au funèbre, et elle s’arrête à la douceur regrettée des pures et premières amours ; elle n’est, en quelque sorte, que le son de la cloche du village natal, et elle va rejoindre dans ma pensée l’écho de la romance de M. de Chateaubriand.

651. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « M. Viguier »

Il sentait la manière de chaque grand auteur avec une singulière vivacité d’impressions et, on peut dire littéralement, jusqu’au bout des ongles ; son geste même l’indiquait : il avait hérité de la sensibilité esthétique de l’un de ses premier ? […] Jusque dans la dernière crise, il s’est montré courageux et résigné avec simplicité ; et, si je ne craignais d’altérer la tristesse de cette impression, j’ajouterais à l’appui d’une de vos remarques que, jusque dans les suprêmes douleurs, je l’ai vu sensible à l’impropriété de quelques mots qui blessaient la pureté de la langue. » — L’homme de goût fut le dernier à mourir en lui.

652. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. ALFRED DE MUSSET (La Confession d’un Enfant du siècle.) » pp. 202-217

J’insiste sur cet article de la contexture, parce que les trois quarts des gens jugent un livre d’après une page, sur une beauté ou un défaut, sur une impression isolée, et non par une idée recueillie de l’ensemble. Les très-jeunes gens surtout n’y regardent pas si longtemps, et sans marchander sur leurs impressions, comme les taureaux ardents qui n’aperçoivent que le voile de pourpre, ils s’y précipitent.

653. (1874) Premiers lundis. Tome II « Hippolyte Fortoul. Grandeur de la vie privée. »

On ne passe point indifféremment sans doute par ces divers systèmes ; on en garde des impressions, des teintes, un pli ; mais enfin l’on en sort quand on a un talent capable de maturité. […] A défaut du cadre en lui-même, on peut du moins en montrer les impressions dans l’âme des amants et y suivre, par le sentiment ému, les belles ombres plus flottantes.

654. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « Une soirée chez Paul Verlaine » pp. 18-33

Le Cardonnel ne se fit pas prier et nous régala de plusieurs poèmes où s’affirmait déjà sa maîtrise ; celui-ci, entre autres, d’une impression intense et neuve, d’une langue délayée, sans arêtes, aux contours imprécis comme un brouillard de rêve : VILLE MORTE Lentement, sourdement, des vêpres sonnent Dans la grand’paix de cette vague ville ; Des arbres gris sur la place frissonnent, Comme inquiets de ces vêpres qui sonnent. […] Il nous contait ses joies d’artiste, d’observateur ; ses impressions de flâneur et de noctambule.

655. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Avertissement sur la seconde édition. » pp. 23-54

  Pour nous, pendant qu’on nous attaquoit ainsi, nous pouvions nous flatter d’avoir fait d’heureuses impressions. […]   Au milieu de tous ces mouvemens, quelles impressions éprouvoit cette Ame maligne qu’on nous attribue si gratuitement ?

656. (1888) La critique scientifique « La critique scientifique — Évolution de la critique »

Elle suppose chez celui qui l’exerce, de la lecture, de la mémoire, un esprit ouvert aux impressions artistiques, des penchants décidés mais ordinaires, une certaine modération d’âme qui rend ses appréciations conformes à celles du public et qui fait qu’il les adopte. […] Jules Lemaître (1853-1914) : Normalien, auteur d’une thèse de Doctorat, professeur, puis universitaire jusqu’en 1884, écrivain, journaliste à la Revue Bleue, au Journal des Débats, ce fils d’instituteur du Loiret publia de nombreuses études critiques qui furent réunies et publiées dans les années 1880-1890 : ce sont les huit séries des Contemporains, et les dix séries des Impressions de théâtre.

/ 2143