Ces colonnes, de styles variés, soutiennent les différentes parties de l’édifice ; elles s’ornent d’images, de souvenirs, d’ex-voto, qui racontent l’histoire d’une âme et son voyage du Rêve à la Vie ; car les premiers vers du recueil sont destinés au Piédestal d’une statue du Rêve, les derniers au Piédestal d’une statue de la Vie, et les vers intermédiaires iront décorer les autres colonnes du sanctuaire.
Son deuxième volume a prouvé, en outre, qu’il sait joindre au charme des expressions la beauté des images.
Son verbe est sonore, précis, harmonieux, ses images rares et justes.
Souchon la trouve tout naturellement, grâce à une langue souple et pure, à des images d’une belle et touchante sérénité.
Où a-t-il pris, entre autres choses, que la Morale n’a jamais été développée avec plus de vérité & plus de charmes que de nos jours ; que ce sont nos Ecrivains modernes qui ont réduit les Romans à être l’image de la Nature & l’Ecole de la Vertu ; que nos Tragédies modernes ont plus de pathétique & d’utilité que celles de Corneille & de Racine ; que les maximes des Tragédiens de nos jours sont plus vraies, & inspirent plus d’humanité ?
Les métaphores du langage précieux ne sont pas des « images », au sens exact du mot, des réveils de sensations, mais des façons spirituelles de donner à deviner des idées. […] Comme après tout il est impossible de vider les mots de toute qualité sensible, comme ils restent sons, et recèlent toujours quelque possibilité d’image, de grands poètes, de grands artistes sauront organiser ce langage intellectuel selon la loi de la beauté, ils en exprimeront des formes esthétiques ; mais il en est d’autres, et non les moins grands, qui refuseront de souscrire aux arrêts de l’Académie, et qui, pour épancher leur riche imagination, iront rechercher les éléments d’un plus copieux et substantiel langage.
Mais Banville aura des successeurs, et le théâtre verra fleurir des œuvres lyriques fantaisistes, tendres et farces simultanément, qui peut-être n’auraient plus de public si des entreprises comme le Chemineau ne maintenaient en appétit de rythmes et d’images les attentions contemporaines. […] comme il relève par l’image ou par le rythme la familiarité voulue de l’expression !
On se plaint aussi de M. d’Alembert, de son peu de fidélité, de force même dans sa copie, de son projet de ne traduire que des morceaux, du reproche qu’il fait à Tacite de présenter des images ou des idées puériles, d’opposer, par exemple, « la rougeur du visage de Domitien à la pâleur des malheureux qu’on exécutoit en sa présence, & de faire remarquer que cette rougeur, étant naturelle, préservoit le visage du tyran de l’impression de la honte ». […] « La prose, dit-il, ne sçauroit représenter qu’imparfaitement les graces de la poësie ; c’est-à-dire qu’elle ne peut en réprésenter le rythme & la cadence : mais, à cela près, elle peut en représenter parfaitement toutes les graces, en retracer toutes les images & en rendre même toute l’harmonie, par une autre sorte d’harmonie qui lui est propre & qui vaut bien, dans son genre, celle dos vers. » Il soutient que le traducteur en vers & le traducteur en prose font sujets aux mêmes loix ; qu’ils sont aussi astreints à la fidélité l’un que l’autre ; qu’il est aussi ridicule de voir l’un se donner l’essor & perdre de vue son original, que de voir l’autre ramper servilement & ne faire de sa traduction qu’une glose ennuyeuse & littérale.
J’ai lu de près ce que ce prosateur a laissé d’excellent, et je m’offre à prouver quand on voudra qu’il y a dans Bernardin tout le vocabulaire descriptif de Chateaubriand, non pas même sa langue, mais son style, ses plus belles épithètes, ses procédés de peinture écrite, ce qui ne m’empêche pas de distinguer aussi bien qu’un autre en quoi ces deux écrivains diffèrent et combien Chateaubriand dépasse son modèle par le génie de son style et la supériorité de ses images. « Il ne faut, dit M. de Gourmont, s’en laisser imposer ni par l’unanimité ni par la singularité. » Je suis de cet avis, et c’est pourquoi, m’étant fait une opinion personnelle, M. de Gourmont ne trouvera pas mauvais que sa « singularité » ne m’en « impose pas ». […] Il a trop souvent renvoyé les images nouvelles qui venaient à lui, pour faire accueil à de vieilles connaissances ».
» La vulgarité devient là une calembredaine ; mais voici qui est mieux : « Si la Convention voyait clair et devant et derrière elle, elle serait une Convention paralysée ; mais comme elle voit clairement jusqu’au bout de son nez, elle n’est pas paralysée. » La vulgarité de l’image sert du moins ici à quelque chose. […] Ce n’est certainement pas moi qui lui ferai un crime, tout spiritualiste que je sois, de la matérialité de ses images.
Mais c’est l’ineffable pour Chateaubriand comme c’est l’inexprimable pour David, et rien de la puissance de Madame Récamier ne s’atteste dans les images que nous avons d’elle et qui nous font dire : « Ce n’était donc que cela ! […] Et, dans la rage de l’amour exaspéré auquel cette Image accomplie de femme ne donnait rien, le mendiant ne devint pas voleur, quand l’honneur d’un pareil amour et d’un pareil désespoir était peut-être de le devenir !
On souffre un peu de voir une intelligence d’une trempe si mâle, si solide et si claire, porter perpétuellement l’image d’Hegel et la retenir, comme la glace ne retient pas l’image, mais comme le bronze retient l’effigie.
et pourquoi Autren, nu jusqu’à la ceinture sur son écueil, fait-il surgir dans l’imagination, qui a le souvenir autant que le rêve, la nette image de ce matelot, nu aussi jusqu’à la ceinture, et qui, debout sur le pont du navire, demandait à genoux à Virginie l’honneur de la prendre dans ses bras et de la sauver ?… Certainement ce n’est pas là du copiage volontaire et conscient, mais il n’en est pas moins certain que le réverbérateur de toutes ces choses, dont la seule invention est de se croire un inventeur, allume en nous d’anciennes images qui ont plus de vie que les siennes et qui nous en éclairent la petitesse par la comparaison !
Quelle image, que l’on croirait pétrie par un Michel Ange ! […] L’image de ce petit culte nous touchait, mais n’avait pas de sens pour nous.
Il faut donc, jusqu’à ce qu’il se rencontre un écrit qui montre une première image de l’esprit français, et marque une première époque de la langue littéraire, se borner à caractériser ce fonds commun de langage qui a été d’usage général, avant les premiers monuments auxquels la France se soit reconnue. […] De petites cours à l’image des cours de Provence font éclore une poésie héritière de la poésie mourante des troubadours. […] Ses chroniques en sont l’image si fidèle, et son art suffit si complètement à sa matière, qu’il a fait de la chronique comme un genre parfait en soi, qui a devancé la venue de la littérature. […] Si ce style manque de nerf, s’il n’est pas marqué de ces expressions de génie qui sont comme des pas que fait la langue vers sa perfection, c’est que la source unique de ces expressions est la raison découvrant les vérités générales, et se servant de l’imagination et de la sensibilité pour en donner des images qui demeurent. […] L’un emprunte ses images et ses couleurs aux spectacles qu’il décrit ; et lors même qu’il veut peindre les douleurs morales, il s’attache plus à en faire voir la pantomime qu’à en analyser les effets intérieurs.
Ensuite que peuvent bien évoquer ces images insensées à force d’impropriété : souriant fracas originel haï ? […] Ceux-ci prennent soin de préciser et d’unir entre elles, autant qu’ils le peuvent, les images qui rendent leur émotion. […] La poésie, qui est synthèse, usera d’images et de musique. […] Elle va d’un train de foudre et, grâce aux images prodiguées, accumulées — je les ai soulignées — images dont pas une n’est inutile, elle nous évoque en une trentaine de vers une mêlée qu’un prosateur eût mis trois pages au moins à nous raconter… Je ne sais si M. […] Supposez un éléphant qui voudrait se balancer sur une toile d’araignée, vous aurez l’image de leurs prétentions.
Le roi est l’image, de son peuple ; tous deux s’éloignent et se roidissent de même. […] Quelquefois une pure image, qui semble détachée d’un bas-relief athénien, soi ! […] — Ton image est debout devant mes yeux, et qu’elle est colossale ! […] Et cependant il n’y a là qu’une image transfigurée de leur terre et de leur œuvre. […] Désormais son état est la contemplation persistante sans images et sans paroles, dont parlent les docteurs.