Le militarisme, que l’on voudrait nous représenter comme l’un des facteurs indispensables de la civilisation et comme le refuge presque exclusif de l’« honneur » humain, n’est en somme, qu’une conséquence logique de la barbarie relative où nous nous agitons.
Après avoir contemplé, pendant trois jours, les fêtes données dans la ville en l’honneur d’un prince d’Occident, ils jetaient devant eux, en regagnant le désert, le salut à la vie insouciante et nomade.
On tient à l’éloge et aux honneurs dans l’exacte mesure où l’on n’est pas sûr d’avoir réussi.
» « Tous les rois des nations ont dormi avec honneur, chacun dans sa tombe.
Chaque Français individuellement subit des revers de fortune, perdit des membres de sa famille, et se sentit personnellement atteint dans ses conceptions les plus chères, voire même dans son honneur. […] « Tous deux nous chercherons les bosquets où est Madame Marie avec ses cinq demoiselles d’honneur, dont les noms sont cinq douces symphonies, Cécile, Gertrude, Madeleine, Marguerite et Rosalys ». […] Le déclassé qui aspire au vin de Champagne et aux femmes, au loisir et aux honneurs, et qui accuse l’ordre social parce qu’il ne donne pas satisfaction à ses fringales, est frère du symboliste qui réclame la vérité et honnit la science, parce que celle-ci ne lui présente pas celle-là sur un plat d’or. […] En réalité, ils ne contiennent rien ; mais les nègres contemplent les récipients vides avec une crainte religieuse et leur rendent, à eux et à leurs possesseurs, des honneurs divins. […] Ils organisèrent en l’honneur de Moréas un banquet où, au dessert, on l’adora comme le libérateur qui brisait les vieilles formes et les vieilles idées, comme le Sauveur qui amenait le royaume de Dieu de la vraie poésie.
Le plus grand honneur que cet artiste obtint, durant sa vie, fut que sa célébrité parvint jusqu’à la cour de Tokougawa, et qu’il put étaler son talent sans rival devant le grand prince. […] Il avait peint une affiche d’un marchand d’estampes, et le marchand en avait été si satisfait et si glorieux qu’il l’avait fait richement encadrer et placer devant sa boutique, lorsqu’un jour passe devant la boutique un camarade d’atelier, d’une réception plus ancienne que lui, et qui trouve l’affiche mauvaise, et la déchire pour sauver l’honneur de l’atelier Shunshô. […] C’est une carte du Jour de l’An qu’on offrait à un petit nombre d’amis, c’est un programme de concert, c’est la commémoration d’une fête en l’honneur d’un lettré, d’un artiste mort ou vivant. […] Une série en l’honneur de la Lune représentée par des femmes, et dans laquelle rien de plus gracieux que cette petite femme, la tête renversée en arrière et d’une main retenant sur sa gorge un fichu-fanchon de crêpe noir, un bôshi, tout envolé autour d’elle et, de l’autre main, tenant contre son côté un parasol fermé. […] Cette série en l’honneur du cheval, où dans l’association des bibelots les plus divers, un objet comme un mors, une selle, rappelle le cheval, porte la marque d’une petite gourde imprimée en rouge.
C’est son honneur et sa gloire de monter parfois des œuvres qui ne soient susceptibles de plaire qu’à un public restreint, mais délicat et lettré. […] Le Cid a par lui-même un effet représentant considérable, mais Corneille ne s’est pas abandonné à la couleur locale ; ses héros sont marqués de traits humains plus que particulièrement espagnols, sauf en ce qui concerne l’honneur. […] Ce qui nous trompe, et ce qui en cela fait le plus grand honneur à l’art, c’est la vérité et la puissance des passions auxquelles les acteurs prêtent l’apparence matérielle de leurs corps. […] Dans le code du monde, par exemple, un homme est considéré comme outragé si un adversaire ou un ennemi ose lever la main sur lui et il se battra pour venger son honneur. […] Soudain sur l’escalier d’honneur, supposé en dehors de la scène, éclate la marche nationale illyrienne.
Ils commencèrent à faire les honneurs de mai. […] Allons confesser les riches, « les vendeurs de victuaille. » On ne gagne honneur et profit que chez eux. — Mais il faut, comme lui, savoir s’y prendre.
Il n’a point, pour attirer sur lui l’intérêt des opinions politiques, l’avantage du veto de la censure administrative, ni même, pour lui concilier tout d’abord la sympathie littéraire des hommes de goût, l’honneur d’avoir été officiellement rejeté par un comité de lecture infaillible. […] À la vérité, plusieurs des principaux champions des « saines doctrines littéraires » lui ont fait l’honneur de lui jeter le gant, jusque dans sa profonde obscurité, à lui, simple et imperceptible spectateur de cette curieuse mêlée.
C’était le cicerone de la contrée ; il en faisait les honneurs aux nouveaux venus, et personne ne s’entendait mieux à ménager à son spectateur la surprise du premier coup d’œil. […] Et les murs de nos somptueuses et maussades demeures se couvrent des images d’un bonheur que nous regrettons, et les animaux de Berghem ou de Paul Potter paissent sous nos lambris, parqués dans une riche bordure ; et les toiles d’araignée d’Ostade sont suspendues entre des crépines d’or, sur un damas cramoisi ; et nous sommes dévorés par l’ambition, la haine, la jalousie et l’amour ; et nous brûlons de la soif de l’honneur et de la richesse, au milieu des scènes de l’innocence et de la pauvreté, s’il est permis d’appeller pauvre celui à qui tout appartient.
Permettez-moi de relever une légère inexactitude : ce n’est pas cette année, c’est l’année dernière, que j’ai fait suivre de réflexions personnelles le règlement du concours de poésie qui porte mon nom, mais dont la Société des gens de lettres m’a fait l’honneur d’accepter la gestion littéraire (comportant, bien entendu, l’entière indépendance de ses jugements). […] Sully Prudhomme m’a fait l’honneur de m’écrire et de me poser quelques questions ; au risque de paraître incomplet ou obscur, je ne puis me dispenser de lui donner une réponse.
En voici une de deux dames de Smyrne, qui furent si remarquables en leur temps, que la cité leur vota des couronnes d’honneur ; voici un médecin grec examinant un bambin qui souffre d’indigestion ; voici le monument de Xanthippe, qui fut probablement un martyr de la goutte, car il tient à la main le moulage d’un pied destiné sans doute à être offert en ex-voto à quelque dieu. […] Voilà certainement un comble de la part d’un éditeur, et nous ne pouvons nous empêcher de dire que cela fait plus d’honneur à la bonté d’âme de M. […] Dans ces derniers temps, ils ont eu beaucoup de mal à cause des longues distances qu’ils ont dû franchir à la course, et ils apprennent avec mécontentement l’élection d’artistes qui habitent à Hampstead ou à Bedford-Park, car ils se font un point d’honneur de ne point recourir au chemin de fer souterrain, aux omnibus, ou aux autres moyens artificiels de locomotion. […] Le dernier chapitre du livre, où nous est décrite la grande fête en l’honneur des morts est si belle de style que nous ne pouvons nous empêcher de citer ce passage. […] » Une démocratie ne saurait comprendre l’honneur.
Le père de Robert perdit l’emploi qu’il exerçait avec honneur depuis quarante-sept ans ; dès ce moment, le mari d’Henriette fut obligé de chercher ailleurs que dans les modiques émoluments de son vicariat la subsistance de sa famille. […] Mais ces titres ne défraieraient pas la persévérance d’un nouvel Addisons, qui tenterait, dans un demi-siècle, de remettre en lumière et en honneur ce nouveau Milton, méconnu de ses contemporains comme son illustre aïeul. […] Peut-elle revendiquer l’honneur d’un hardi conseil ou d’une vengeance courageuse ? […] C’est à Sainte-Beuve qu’il faut rapporter l’honneur d’avoir mis la poésie dans la critique ; c’est lui qui le premier a fait de l’analyse des œuvres littéraires quelque chose de vivant et d’animé, capable d’intéresser par soi-même, en dehors de l’œuvre qui servit de point de départ. […] Athénaïs, la jeune fermière que Bénédict doit épouser, est un portrait plein de fraîcheur, pris sur le fait et copié sur la nature avec une fidélité qui ferait honneur au pinceau de Wilkie.
Dans ces conditions, on comprend assez que la moralité, encore qu’elle soit en usage chez les Français, n’y soit pas en honneur, et peut-être y soit aussi peu en honneur qu’elle y est en usage. […] Tout au plus pourrait-on dire que, comme comédien, il ne pouvait pas avoir grande tendresse pour l’Église, qui n’en avait aucune pour sa corporation ; mais personnellement il n’avait nullement à se plaindre de l’Église, qui ne lui a jamais cherché querelle, qui baptisait ses enfants très honorablement ; et il n’est pas probable qu’il ait prévu qu’elle lui refuserait les honneurs suprêmes. […] Permettez-moi de vous dire que cela, c’est l’affaiblissement, l’oubli du véritable esprit républicain et que, sous prétexte de défendre la République, on aboutit à abolir ce qui est notre honneur et ce qui est notre force : l’esprit de large tolérance, l’esprit d’équité, le respect de tous les droits… Quant à nous, libéraux, nous n’avons pas à dire ce que nous sommes et ce que nous voulons. […] Elle est beaucoup plus libérale qu’on n’aurait pu l’attendre de la majorité qui l’a votée, ce qui fait honneur et à M. […] Nous n’avons plus la même prétention au titre de fille aînée de l’église, dont la monarchie se faisait un sujet d’orgueil pour la France, et nous avons la conviction absolue que notre considération et notre ascendant dépendent exclusivement aujourd’hui de notre puissance matérielle, ainsi que des principes d’honneur, de justice et de solidarité humaine qui ont valu à la France moderne, héritière des grandes maximes sociales de la Révolution, une place à part dans le monde. » Impossible de mieux dire, ou peut-être de plus mal dire, mais de dire plus formellement : « Le protectorat de la France sur les chrétiens d’Orient, au fond je suis ravi d’en être débarrassé.
Dans les banquets des clubs38, après le repas, on faisait des libations et l’on chantait le pœan en l’honneur d’Apollon, puis venait la fête à proprement dite39, la déclamation mimée, la récitation lyrique au son de la cithare ou de la flûte, un solo suivi d’un refrain comme plus tard la chanson d’Harmodius et d’Aristogiton, un duo chanté et dansé comme plus tard, dans le banquet de Xénophon, la rencontre de Bacchus et d’Ariane. […] Il y en eut une après la victoire de Salamine, lorsque Sophocle, âgé de quinze ans, le plus bel adolescent d’Athènes, se mit nu selon le rite et dansa le pœan en l’honneur d’Apollon, au milieu de la pompe militaire et devant le trophée. […] Il avait son chef, ses moniteurs, ses répétiteurs spéciaux, sa fête en l’honneur d’Hermès ; dans l’intervalle des exercices, les adolescents jouaient ; les citoyens y entraient à volonté ; il y avait des sièges nombreux autour du champ de course ; on y venait pour se promener, pour regarder les jeunes gens ; c’était un lieu de conversation ; la philosophie y naquit plus tard.
On était au mois de février 1773 ; il écrit à Kestner dans une espèce d’hymne triomphal : Nous avons une glace superbe pour patiner en l’honneur du soleil.
Sainte-Beuve le respectable billet suivant, qui a conservé son cachet noir avec la devise, honneur de la carrière de M.