/ 4213
1177. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1858 » pp. 225-262

Le matin, pour la première fois de sa vie, se trouvant au monde avec un souverain dans sa poche, cet homme, qui ne se couchait jamais, songea à coucher dans un lit. […] Quel homme, Diderot ! […] Cela donne à l’homme une assiette, une dignité, une sorte de fonction, je ne sais quoi d’occupant et d’officiel. […] Les hommes y perdent leur piédestal comme les choses y perdent leur pudeur. […] mettez cet homme à la porte ! 

1178. (1888) Études sur le XIXe siècle

Taine, c’est l’homme intérieur. […] L’homme est le second. » Or, l’infini et l’homme, dégagés de toute idée contingente, ne sont plus que des notions absolument banales, des mots vides de sens. […] Le cœur de vingt-cinq millions d’hommes palpite, frémit d’amour pour la patrie ! […] Garibaldi est un homme intègre, très audacieux, plus heureux encore. […] L’homme qui rit.

1179. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre III. Poëtes françois. » pp. 142-215

Les grands hommes ont des imitateurs. […] Il sçut la manier en homme de goût. […] Wattelet est d’un homme qui sçait manier le pinceau, le burin & la lyre. […] Tout y respire l’homme d’esprit, l’homme aimable & le bon citoyen. […] Legier sont dignes d’un homme d’esprit.

1180. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre premier. Des principes — Chapitre III. Trois principes fondamentaux » pp. 75-80

Cela admis, tout homme qui réfléchit, ne s’étonnera-t-il pas que les philosophes aient entrepris sérieusement de connaître le monde de la nature que Dieu a fait et dont il s’est réservé la science, et qu’ils aient négligé de méditer sur ce monde social, que les hommes peuvent connaître, puisqu’il est leur ouvrage ? […] Puisque le monde social est l’ouvrage des hommes, examinons en quelle chose ils se sont rapportés et se rapportent toujours. […] Ainsi, de ce monde social embelli et policé par tous les arts de l’humanité, ils tendent à en faire la grande forêt des premiers âges, où, avant Orphée, erraient les hommes à la manière des bêtes sauvages, suivant au hasard la coupable brutalité de leurs appétits, où un amour sacrilège unissait les fils à leurs mères, et les pères à leurs filles. […] Dès lors les cités se dépeupleraient, les champs resteraient sans culture, et les hommes chercheraient les glands mêlés et confondus avec la cendre des morts. […] Avant lui, Polybe avait dit : si les hommes étaient philosophes, il n’y aurait plus besoin de religion .

1181. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Addition au second livre. Explication historique de la Mythologie » pp. 389-392

Lorsque l’idée d’une puissance supérieure, maîtresse du ciel et armée de la foudre, a été personnifiée par les premiers hommes sous le nom de Jupiter, la seconde divinité qu’ils se créent est le symbole, l’expression poétique du mariage. […] Junon impose à Hercule de grands travaux ; cette phrase traduite de la langue héroïque en langue vulgaire signifie, que la piété accompagnée de la sainteté des mariages, forme les hommes aux grandes vertus. Diane est le symbole de la vie plus pure que menèrent les premiers hommes depuis l’institution des mariages solennels. […] Dans l’état de famille, les fruits spontanés de la terre ne suffisant plus, les hommes mettent le feu aux forêts et commencent à cultiver la terre. […] La comparaison des deux classes d’hommes qui composent ainsi la société naissante, fait naître l’idée de Vénus, déesse de la beauté civile, de la noblesse.

1182. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre VI » pp. 394-434

Après les riches, que dites-vous de nos grands hommes ? […] » Pis que des hommes, ils étaient des paysans. […] Nous sommes des hommes, et en cette qualité, nous ne sommes étrangères à rien de ce que font les hommes ! […] disait-elle, homme heureux, qui reste absolument le maître des esprits et des âmes ! […] l’homme heureux qui se passe de moi, qui avais tant de peine à me passer de lui ! 

1183. (1913) Le bovarysme « Deuxième partie : Le Bovarysme de la vérité — II »

Il faut donc reconnaître que l’on touche ici, avec l’aspiration à la vérité, à une nouvelle croyance bovaryque d’une force extraordinaire et qui jouit dans l’esprit des hommes d’un caractère sacré. […] Au moyen de cette illusion suprême, l’homme, concevant la vie phénoménale autre qu’elle, n’est en son fond le plus essentiel et rassemblant toutes ses forces pour la réduire à cette fausse conception, s’élance constamment vers l’impossible. […] Se croyant destiné à atteindre la vérité, l’homme à tout moment crée le réel. […] Si, en effet, le pouvoir départi à l’homme de ce concevoir autre qu’il n’est a pu apparaître sous un jour défavorable, une telle dépréciation avait pour origine la foi en ce concept d’une vérité dont on vient de montrer le caractère illusoire. […] C’est elle, voyons-nous, qui, d’une façon suprême et par un sortilège métaphysique, dupe l’esprit des hommes.

1184. (1898) Impressions de théâtre. Dixième série

C’est un homme qui dit bonnement les choses. […] Nous y rencontrons un homme et deux femmes. […] Il est bien homme de lettres. […] C’est « l’homme fort », l’homme qui connaît les femmes et qui « professe » sur elles. […] J’estime, pour moi, que c’est un habile homme.

1185. (1891) Impressions de théâtre. Cinquième série

Car il est homme. […] Aussi Arlequin n’est-il pas un homme. […] Il paraît orgueilleux et dur, il a gardé son assurance et sa sécheresse d’homme d’esprit et d’homme fort. […] C’est un homme qui veut se venger. […] J’ai été la maîtresse de cet homme.

1186. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Les Chants modernes, par M. Maxime du Camp. Paris, Michel Lévy, in-8°, avec cette épigraphe. « Ni regret du passé, ni peur de l’avenir. » » pp. 3-19

Un homme qui depuis trente ans tient un des premiers rangs dans la poésie française, et qui a lui-même traversé bien des phases, a vu se rattacher à lui et s’en détacher, pendant cette longue durée plus d’un groupe, plus d’une colonie de disciples et d’imitateurs. […] Toute une jeune race forte et libérale se rangea derrière eux, et la révolution, longtemps disputée, put enfin s’accomplir. — Ces hommes, nul ne les a remplacés ; ils sont encore les plus élevés et les plus vigoureux malgré l’âge qui vient et les événements qui les oppriment… Je ne veux pas abuser des citations, mais il est impossible de ne pas montrer tout d’abord à l’auteur combien son appréciation des faits est arbitraire et sa classification des hommes inexacte. […] M. du Camp néglige tous ces hommes, il ne les compte pas, il ne les connaît pas. […] Parmi ces trois hommes que M. du Camp appelle sérieusement littéraires, il en est un qui, par malheur, ne saurait mériter ce nom. […] Encore une fois, je puis le certifier à M. du Camp avec toute l’impartialité d’un homme qui a très peu l’esprit de corps, — à cet endroit où il parle de l’Académie, il frappe fort, mais il frappe à côté.

1187. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Appendice » pp. 453-463

: Jacques Demogeot, Étude sur les lettres et l’homme de lettres au xixe  siècle. […] Un discours sur les lettres et l’homme de lettres au xixe  siècle. […] Il est homme de lettres celui que la nécessité (pourquoi ne pas la nommer, cette mère rigoureuse de plus d’un grand esprit ?) […] De là, des questions positives qui se mêlent aux questions morales et qui intéressent la condition future de l’homme de Lettres et sa véritable indépendance. […] Eugène Villemin, homme de lettres et docteur en médecine.

1188. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre VI : M. Cousin philosophe »

Cette identité absolue du moi et du non-moi, de l’homme et de la nature, c’est Dieu. […] Un orateur aime à parler sur la vertu, et fait volontiers la leçon aux hommes. […] Un orateur se conforme volontiers au sens commun, et accepte pour gouverner les hommes les croyances qui gouvernent le plus grand nombre des hommes. […] Entretenez en vous le noble sentiment du respect ; sachez admirer : ayez le culte des grands hommes et des grandes choses. […] Arrivons à l’homme.

1189. (1854) Nouveaux portraits littéraires. Tome II pp. 1-419

Le poète s’indigne à bon droit des mœurs efféminées de son temps, et compare le sort des hommes qui vivent de leur intelligence au sort des hommes qui vivent de leur voix. […] Il y a dans Ernest Maltravers trois hommes bien distincts, l’amant, le poète et l’homme d’État. […] Ernest représente l’homme de génie, et Castruccio la médiocrité. […] Bulwer a négligé de transcrire les productions de l’homme médiocre, comme il avait négligé de nous faire connaître les poèmes de l’homme de génie. […] Augier a montrée dans Un homme de bien.

1190. (1938) Réflexions sur le roman pp. 9-257

Il y a un art de faire de la vie et cet homme connaissait son art. […] Et, quels que soient les accommodements avec le ciel de lit, l’homme connaît mieux, évidemment, le plaisir de l’homme qu’il ne connaît le plaisir de la femme. […] L’homme a toujours écrit le roman du plaisir de l’homme sur un ton railleur, désenchanté, parfois envieux. […] Et pourtant la femme qui, sans méchanceté, vit pour le plaisir, est sympathique à l’homme et à la littérature des hommes. […] Ces hommes souffrent bien par des hommes, et ne souffrent que par des hommes, mais non par des hommes qui veulent les faire souffrir.

1191. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Deuxième partie. Invention — Chapitre V. Des personnages dans les récits et dans les dialogues : invention et développement des caractères »

Quel est l’homme ? […] L’invention consiste ici à trouver ce qu’en telle circonstance un homme de tel caractère doit dire ou faire. […] Chacun prend l’homme d’un côté, d’un certain point, sous un certain jour. […] Lisez les contes de Perrault, sans dédain, et les légendes populaires, les vies des saints sur lesquelles n’ont pas travaillé des hommes d’esprit ; lisez Homère. […] Une année de la vie la moins accidentée, si on la suivait comme des naturalistes ont étudié une espèce de chenille ou une variété de fourmi, jour par jour et comme minute par minute, nous en dirait long sur l’homme.

1192. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des pièces de théâtre — Préface de « Ruy Blas » (1839) »

Pour tout homme qui fixe un regard sérieux sur les trois sortes de spectateurs dont nous venons de parler, il est évident qu’elles ont toutes les trois raison. […] De là, dans tous les esprits, ennui de la veille, crainte du lendemain, défiance de tout homme, découragement de toute chose, dégoût profond. […] Quand le jour de la disgrâce arrive, quelque chose de monstrueux se développe dans le courtisan tombé, et l’homme se change en démon. […] Maintenant, au-dessus de ces trois hommes qui, ainsi considérés, feraient vivre et marcher, aux yeux du spectateur, trois faits, et, dans ces trois faits, toute la monarchie espagnole au dix-septième siècle ; au-dessus de ces trois hommes, disons-nous, il y a une pure et lumineuse créature, une femme, une reine. […] C’est tantôt un homme, tantôt une idée.

1193. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Abailard, et saint Bernard. » pp. 79-94

Il joignoit à la réputation de sçavant & d’athlète invincible pour l’ergotisme, celle d’homme aimable. […] Enfin, c’étoit l’auteur à la mode, également au gré des hommes & des femmes. […] Un homme de ce caractère n’aime point à voir sa considération partagée. […] Des motifs respectables influèrent toujours sur les démarches de cet homme apostolique. […] Il se flatta d’avoir gagné la supériorité sur un homme qui lui faisoit ombrage.

/ 4213