L’auteur de Werther, s’il a jamais un moment ressemblé à son héros, serait une belle preuve de cet apaisement graduel, dont on pourrait citer d’autres exemples moins contestables. […] Le héros, au premier chapitre, s’éveille le décadi matin, heureux d’aller se marier le même jour avec l’aimable et vive Charlotte. […] Bref, de décadi en primidi, de primidi en duodi, de contre-temps en contre-temps, le mariage avec Charlotte, qui est coquette, ne peut manquer de se défaire, le héros d’ailleurs étant lui-même assez volage et très-irrésolu. […] Henriette, qui finit par remplacer Charlotte dans le cœur du héros, petite personne de vingt-quatre ans, assez grasse et très-fraîche, a du charme ; la fragile Charlotte est drôle, et non pas sans agrément. Ce héros, qui a si peu de passion, légèrement bizarre comme un original de La Bruyère, et qui rêve une nuit si plaisamment qu’il va en épouser quatre, devient tendre à la fin, quand il éclate en pleurs aux pieds d’Henriette93.
Ils n’avaient pas sous les yeux, pour peindre l’homme, l’idéal du Clovis, le guerrier sans faiblesse, toujours égal à lui-même, que son courage n’emporte ni ne trahit jamais, un héros dans la langue des romans, un parfait dans la langue de la théologie. […] devant Didon, qu’à la vue de Polyphème s’avançant dans la mer à la poursuite de son vaisseau, il a gagné le large au plus vite : Nos procul inde fugam trepidi celerare… Un héros d’épopée qui fuit, et qui en fait l’aveu, quelle honte ! […] C’était dans les mœurs de ses héros. […] Pour Achille, n’est-ce pas un étrange héros d’épopée qu’un homme qui demande à la déesse sa mère de le venger de ses ennemis, et qui reste sous sa tente pendant qu’on se bat ? […] Tous les deux ont l’esprit touché d’un idéal de héros qu’ils ont trouvé, Perrault dans les romans, Boileau dans les poétiques d’alors.
Balzac a montré, par l’histoire de César Biroteau, que l’honneur commercial peut avoir ses héros. […] le héros se trouve être un ingénieur, un maître de forges, un chimiste. […] La curiosité s’est attachée aux moindres faits et gestes de ces privilégiés de l’intelligence ; leurs souvenirs, les volumes d’indiscrétions dont ils sont les héros et les victimes ont toujours trouvé des acheteurs. […] Jules Verne peut voyager, comme ses héros, dans un yacht à lui que lui ont payé ses lecteurs. […] Il n’y a que cela qui se vende. » Et par leur intermédiaire la littérature a subi jusqu’en ses mœlles l’action de ces motifs peu relevés qui faisaient dire déjà au héros de la Métromanie: Ce mélange de gloire et de gain m’importune.
Ils en sont venus à mêler à la psychologie des héros, ou des groupes destinés à personnifier telle ou telle conception de l’existence, un ressort moral qui n’était plus seulement la passion ou les émois personnels de ces hommes, ni les réactions produites sur leur âme par ces mouvements. […] C’est, désormais, la collectivité elle-même, tout un ensemble d’êtres de semblable origine ou associés dans une existence commune, qui devient le véritable héros du roman. […] C’est pourquoi les héros de ses romans sont toujours des passionnés. […] Il donne à ses héros des traits pris aux gens d’aujourd’hui, et ces traits appellent aussitôt de piquants et de significatifs rapprochements. Si, par ailleurs, il nous introduit dans un milieu contemporain, il apporte tous ses soins à creuser profondément la psychologie de ses héros en lui prêtant quelques nuances surannées, qui les rendent plus originaux.
Il applaudit, comme jadis, des drames dont les héros et les héroïnes sont des personnages tarés de tout âge et de toute condition, jeunes gens cyniques, vieillards libertins, courtisanes du grand et du petit monde, femmes adultères par passion ou prostituées par cupidité. […] Quasimodo et Triboulet, les deux héros bossus, avaient épuisé la veine entre les mains du maître. […] Et nous n’avons pas abattu sous les sifflets ces héros infâmes ou sanglants du conte ou du théâtre ! […] N’a-t-on pas vu des héros de Cour d’assises singer les héros du drame ? […] De nos jours, le roman a mis ses héros, non au-dessus, mais en dehors de la nature humaine.
Taine nous a montré dans son héros une volonté uniquement et une sensibilité. […] C’était une ode aux Héros des Thermopyles, avec une épigraphe empruntée à Voltaire. […] Il estompe les âmes sinistres de ses plus dangereux héros, il se fait le complice des jolis mensonges de ses plus coupables héroïnes. […] Nous l’éprouvons, cette même sensation, si douce et si âcre, à suivre le voyage de votre Claudine Rosay et de votre Georges Vétheuil, l’héroïne et le héros d’Amants vers l’île enchantée et décevante. […] Balzac a été bien audacieux dans l’invention de ses héros.
Ces héros nous viennent d’Homère ! […] Hermann, son héros, sera aubergiste ; Dorothée elle-même n’aspire pas plus haut qu’à devenir servante. […] Sera-ce un héros achevé, celui qui ne saura point les pratiquer ? […] Chacun de nous, en effet, est le héros de sa propre existence. […] L’héroïne s’appelle Agathe.
C’est un petit épisode qui a un caractère parfait d’originalité, et qui montre, comme si l’on y était, le genre d’esprit et de vie d’un héros. Ce héros est le général Lasalle, un des Achille et des Roland de l’Empire, de la première qualité des braves, un des prochains maréchaux s’il avait vécu, et avec cela aimable, spirituel, étourdi, généreux, tel enfin qu’il va se peindre à nous. […] Là il était un héros : à présent c’est un empereur.
On confondait ensemble les héros et les dieux, parce qu’on en attendait les mêmes secours ; et les hauts faits de la guerre s’offraient avec des traits gigantesques à l’esprit épouvanté. […] Les héros grecs s’accusent publiquement de lâcheté, le fils d’Achille immole une jeune fille aux yeux de tous les Grecs qui applaudissent à ce forfait. […] On faisait précéder les repas de libations aux dieux propices ; sur le seuil de la porte, on se prosternait devant Jupiter hospitalier ; la vie agricole, la chasse, les occupations champêtres des plus fameux héros de l’antiquité servaient encore à la poésie, en rapprochant les images naturelles des faits politiques les plus importants.
» L’instant d’après, Oreste reparaît sous le costume d’un voyageur phocéen ; il va prendre en parlant l’accent des montagnards du Parnasse : l’exécuteur se masque pour faire son office : — « Car, dit-il, c’est par la ruse qu’ils ont tué le héros, ils mourront aussi par la ruse. » Son appel à l’esclave de garde — Παι ! […] Elle se faisait toute à tous ; divine envers les dieux, héroïque avec les héros, populaire avec les esclaves et les personnages subalternes. […] Le vieux Phœnix envoyé avec Ulysse, par Agamemnon, pour fléchir le héros rentré sous sa tente, lui rappelle comment il jouait avec lui dans son enfance, lorsqu’il était l’hôte de Pélée — « Et je l’aimais dans mon cœur, autant que ton père, ô Achille semblable aux Dieux !
M. de Fezensac, nourri de souvenirs littéraires, a eu le droit de mettre en tête de son écrit ces vers touchants du plus pieux des poètes antiques, de Virgile faisant parler son héros : « Iliaci cineres, et flamma extrema meorum… », ce qu’il traduit ainsi, en l’appropriant à la situation : Ô cendres d’Ilion ! […] Tel qui avait été un héros sur le champ de bataille paraissait alors inquiet et troublé, tant il est vrai que les circonstances du danger effraient souvent plus que le danger lui-même. […] On voit bien des braves et de ceux qui semblaient des héros devant les balles, aux prises désormais avec la faim et le froid, s’écrier comme le pauvre homme de la fable : « Pourvu qu’en somme je vive, je suis content !
Il a la force dans l’invention (voyez les héros de ses romans et même ses héroïnes, qui sont toutes des femmes à caractère !) […] Dans cette Correspondance, qui commence en 1829 pour finir en 1842, nous trouvons, au milieu de toutes les questions intellectuelles qui y sont agitées, plusieurs lettres où Stendhal parle d’amour pour son propre compte et non plus pour le compte de ses héros de roman.
Il a la force dans l’invention (voyez les héros de ses romans, et même ses héroïnes, qui sont toutes des femmes à caractère !) […] Dans cette Correspondance, qui commence en 1829 pour finir en 1842, nous trouvons, au milieu de toutes les questions intellectuelles qui y sont agitées, plusieurs lettres où Stendhal parle d’amour pour son propre compte, et non plus pour le compte de ses héros de roman.
in-12. peut être lue avec fruit, parce que le héros de cette histoire fut un des hommes illustres du regne de François I. […] Nous avons encore de ce héros son Parfait Capitaine. […] Il n’est pas même exempt de partialité, & il met tout en œuvre pour élever jusques aux nues son héros Alexandre Farnese. […] Ses réfléxions sont judicieuses, mais communes, & ses héros y sont peints foiblement. […] Charles XII. est le héros de la Suede, mais Christine en est l’héroïne.
Dans la comédie, les témoins des passions ne croient ni aux passions ni aux héros : ils en rient et veulent en rire. […] Il arrive donc que les faits soient tragiques, parce que les auteurs le veulent ainsi ; mais faute de héros, ils ne font pas des tragédies. […] Encore moins veut-il tourner le drame en farce et les héros en bouffons. […] Jusque-là, on pouvait le croire le héros du drame : à présent, un bon quart du drame va se jouer sans lui. […] Si l’insolent de 1920 raille à bon droit le héros de 1910, Byron semble une victime encore mieux désignée.
Un héros, la lyre à la main, qui chante comme Achille et qui combattrait comme lui. […] Il y avait le vénitien, mais c’était si frêle et si doux que cela ne pouvait être susurré que par des lèvres de femme, cela répugnait à la virilité des héros ; il y avait le milanais, c’était mêlé d’allemand et de français, plus jargon que langue ; il y avait le génois et le piémontais, cela n’avait ni syntaxe, ni accent, ni sens, patois de peuples qui ne s’appartiennent pas et qui s’entendent entre eux contre leurs conquérants par signes plus que par le langage. […] Il prit alors une des plus fortes résolutions qu’un héros ou un homme de lettres puisse prendre au commencement de sa vie, celle de s’expatrier pour l’amour du dialecte ou de la gloire : mais il lui fallait un prétexte ; il le trouva dans je ne sais quelle haine idéale du despotisme de la maison de Savoie. […] La cour le traitait en héros digne d’une couronne ; le Dauphin lui-même, père de Louis XVI, lui laissait espérer un autre avenir avec un autre règne. […] Le duc d’Aiguillon ne s’adressait plus, comme le duc de Choiseul, au héros d’Édimbourg et de Preston-Pans ; il lui disait simplement : “Soyez époux et père…” Égoïstes calculs de la politique !
Le citoyen de la Grande-Bretagne est un patriarche dans sa maison, un poète dans ses forêts, un orateur sur sa place publique, un marchand dans son comptoir, un héros sur son navire, un cosmopolite sur le sol de ses colonies, mais un cosmopolite emportant sur tous les continents avec lui son indélébile individualité. […] En mettant la main sur le cœur du vrai poète, il faut le sentir battre, comme celui des héros, plus vite et plus fort que celui des autres mortels. […] Les vrais poètes, comme les vrais héros, se reconnaissent à l’adoration qu’ils ont pour elles. […] Andromaque, Béatrice, Laure, l’épouse et les filles de l’Homère anglais, les héroïnes innomées de l’auteur de Lara, célèbres sous les noms de Médora ou de Gulnare, sont toutes des déifications de ce sexe outragé par Boileau. […] La première, au Roi, a des accents dignes de Virgile parlant la philosophie de Sénèque : ………………… En vain aux conquérants L’erreur parmi les rois donne les premiers rangs ; Entre les vrais héros ce sont les plus vulgaires ; Chaque siècle est fécond en heureux téméraires, Chaque climat produit ces favoris de Mars : La Seine a des Bourbons, le Tibre a des Césars !