Des deux côtés les versants qui le nourrissent se redressent avec un aspect énergique ou austère ; les pins couvrent les sommets de leurs draperies silencieuses, et descendent par bandes jusqu’au fond des gorges ; le puissant élan qui les dresse, leur roide attitude donne l’idée d’une phalange de jeunes héros barbares, immobiles et debout dans leur solitude que la culture n’a jamais violée.
. — Attrait du genre biographique ; — habileté singulière de Plutarque à mettre ses héros « en scène » ; — tendance morale de son œuvre. — Que, comme auteur de ses Œuvres morales, Plutarque a fait le tour des idées de son temps ; — et, à ce propos, d’une supériorité des contemporains de l’Empire sur les écrivains plus classiques de la littérature grecque. — On ne pouvait donc mieux offrir que Plutarque aux lecteurs du temps de la Renaissance.
En mangeant d’un animal, d’un héros ou d’un dieu, on s’approprie les qualités de la victime. […] Le paradis, selon les classes sociales : un salon où l’on est présenté au roi, la cour ; un théâtre où l’on fait, dans les coulisses, connaissance avec les acteurs du destin ; un cirque sans façons où l’on fraternise avec les héros du paillon ; une « société » où l’on chante en chœur les éternels refrains, etc.
Sur une petite étagère de bois de fer se trouve l’assemblage d’originaux objets d’art : un petit bronze, formé d’une feuille de nénuphar, toute recroquevillée, et après laquelle monte un crabe : un bronze d’une patine sombrement mordorée, admirable ; — une petite caisse, dont les lamelles, formant des jours d’un dessin géométriquement différent, sont plaquées du plus beau bois jaune satiné, et sur lesquelles des chrysanthèmes de nacre se détachent d’un feuillage en ivoire colorié ; — une feuille de lotus, qu’enguirlande la liane de sa tige fleurie de deux boutons : un morceau de bambou qui a l’air d’une cire, signé de l’artiste chinois Ou-Sipang ; — un plateau en fer battu, assoupli en la large feuille d’une plante aquatique, mangée par les insectes, et sur laquelle se promène un petit crabe en cuivre rouge, au milieu de gouttes d’eau, fac-similées en argent ; — une boîte à gâteaux, dont l’ornementation est laquée sur bois naturel, et dont le couvercle représente le guerrier, dessiné par Hokousaï, en tête de son album intitulé : Yehon Sakigaké (Les Héros illustres), le guerrier écrivant sur un arbre l’avis qui doit amener la délivrance de son maître ; — une écritoire dans un marbre rouge (appelé là-bas crête-de-coq), sur un pied de bois noir, aux stries des vagues de la mer, et au couvercle surmonté d’un vieil ivoire laqué, représentant le dragon des typhons ; — une boîte à papier, où se voient des bestiaux en corne, paissant sous un soleil couchant, fait d’un morceau de corail, un pâturage de fleurettes d’or ; — un crabe en bronze, d’une exécution si troublante de vérité, que j’étais tenté de le croire surmoulé, si le naturaliste Pouchet ne m’avait affirmé qu’il n’en était rien, se basant sur l’absence de certains organes de la génération.
Si quelqu’un a été le héros involontaire d’une semblable scène, il reconnaîtra sans peine dans notre analyse ce qui s’est alors passé en lui.
» Stendhal a plusieurs héros : Napoléon, Lauzun, Bassompierre ; il en a un qu’il chérit plus tendrement que tous, c’est Lafargue. […] Il faut d’abord l’en féliciter : la plupart des romanciers négligent parfaitement de nous dire ou de nous faire deviner le pourquoi des amours de leurs héros. […] Celui de Stendhal est un fanatique de la volonté, un héros de la volonté et une victime de la volonté. […] Le héros de Volupté finit par se retirer de la vie active et par se retrancher dans la vie de contemplation.
Il a eu des héros et il a eu des saints, dans le sens vrai de ce mot. […] Il n’est pas impossible que les Athéniens reconnaissent très nettement en moi un second Socrate et me fassent boire de la ciguë, ce qui est la bonne mort des héros de la pensée ; il n’est pas impossible, quoiqu’il soit moins probable, qu’ils se prennent d’enthousiasme pour ces doctrines et qu’ils se régénèrent en s’en inspirant ; il n’est pas impossible, encore, qu’ils s’en amusent tranquillement, sans en profiter le moins du monde, et qu’ils me laissent tranquille jusqu’à l’âge le plus avancé. […] Les dieux, les héros, les rois sont-ils moraux, dans les histoires légendaires qu’on raconte en leur honneur ; sont-ils moraux, c’est-à-dire abstinents, tempérants, respectueux de la justice et de l’égalité entre les hommes ?
Cette allusion au roman russe Oblomoff, dont le héros passe ses journées couché sur son poêle, dans une paresse fataliste et un slavisme indolent, nous renseigne sur l’existence que menait, en ces années, le jeune lettré polonais Téodor Wyzewski, qui jouissait déjà d’une certaine notoriété dans les milieux littéraires avancés du temps où s’élaborait la doctrine du Symbolisme sous la double influence de Stéphane Mallarmé et de Paul Verlaine.
L’auteur qui commence un roman met dans son héros une foule de choses auxquelles il est obligé de renoncer à mesure qu’il avance.
» L’auteur adresse et approprie à son héros cette apostrophe célèbre de Tacite à Agricola, reproduite elle-même de celle de Cicéron à l’orateur Crassus : « Heureux Eugène !
Ce diable ridicule au moyen âge, enchanteur cornu, sale farceur, singe trivial et méchant, chef d’orchestre dans un sabbat de vieilles femmes, est devenu un géant et un héros.
Au lieu des courtisanes de Lély, on voit à côté d’eux des dames honnêtes, parfois sévères et actives, de bonnes mères entourées de leurs petits enfants qui les baisent et s’embrassent ; la morale est venue, et avec elle le sentiment du home et de la famille, la décence du costume, l’air pensif, la tenue correcte des héroïnes de miss Burney.
Fondateurs et réformateurs de religions, mystiques et saints, héros obscurs de la vie morale que nous avons pu rencontrer sur notre chemin et qui égalent à nos yeux les plus grands, tous sont là : entraînés par leur exemple, nous nous joignons à eux comme à une armée de conquérants.
Je sens que je me modérantise, et il faudra que vous me proposiez anodinement une petite contre-révolution pour me remettre à la hauteur des principes… Si la paix se fait, comme je le parie, et que la république tienne, comme je le désire, je ne sais si mon voyage en Allemagne ne sera pas dérangé de cette affaire-là, et si je n’irai pas voir, au lieu des stupides Brunswickois et des pesants Hambourgeois, les nouveaux républicains ; Ce peuple de héros et ce sénat de sages !
Jal qui, en tête d’un article, mettait un jour ceci pour épigraphe : « La manière dont j’ai conçu le caractère de mon héros, exige qu’on ne le comprenne pas. » Il y a des sujets qui vous emportent, une fois qu’on les a entamés ; d’après tout ce que j’ai recueilli sur M.
Mais il est vrai aussi qu’il n’y a qu’un seul Jupiter, le quoi que ce soit qui n’a rien au-dessus de lui… Il est bien vrai que Minerve est sortie du cerveau de Jupiter… Il est bien vrai que chaque homme a son génie conducteur et initiateur qui le guide à travers les mystères de la vie… Il est bien vrai qu’Hercule ne peut monter sur l’Olympe qu’après avoir consumé par le feu, sur le mont Eta, tout ce qu’il avait d’humain… Il est bien vrai que les héros qui ont bien mérité… ont droit d’être déclarés dieux par la puissance légitime ; la canonisation d’un souverain dans l’antiquité païenne et l’apothéose d’un héros du christianisme dans l’Église… partent du même principe… Il est bien vrai que les dieux sont venus quelquefois s’asseoir à la table des hommes justes, et que d’autres fois ils sont venus sur la terre pour expier les crimes des hommes… » Et ainsi de suite pendant des pages ; car si le jeu est imprudent, il est facile. […] Mme de Staël ne sait point tirer des héros eux-mêmes, du choc de leurs passions naturellement en jeu et en acte, les péripéties de ses aventures.
Et quand enfin ils avaient vu le prince qui les persécutait au nom de « la vraie religion », passer de La Vallière à Montespan, de Montespan à Fontanges, puis les aimer toutes les trois ensemble ; quand ils avaient vu s’associer à l’intolérance comme aux plaisirs du maître « tout ce qu’il y avait de courtisans infidèles et flatteurs » ; quand ils avaient vu jusqu’aux « héroïnes de Bussi » — celles de l’Histoire amoureuse des Gaules — s’enflammer contre eux d’un beau zèle, alors, c’est vraiment alors qu’ils avaient pu croire qu’on attaquait en eux la muette protestation de leurs mœurs contre les désordres de cour ; qu’ils étaient les « saints du Seigneur » ; et que leur cause était la cause même de la vérité, de la justice, et de la vertu.