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46. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre quatrième »

Ses prescriptions ne touchent qu’aux genres et aux soins de la langue. […] Je ne m’informe pas du genre de ses fautes ; le moins qu’il ait été, c’est un homme équivoque. […] Non : c’est la faute du genre, et un peu la faute de Chapelain et de Fréron. […] C’est un genre charmant, et Voltaire en est le modèle. […] Pour l’élégie, dont le genre était si cultivé au dix-huitième siècle, en est-il une seule qui ait échappé à l’oubli ?

47. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre IV. Le théâtre romantique »

La théorie du drame romantique : abolition des unités ; mélange des genres. […] Plus de distinction des genres : « des scènes paisibles sans drame, dit Vigny, mêlées à des scènes comiques et tragiques ». […] Il y a même un genre qui réalise toutes les conditions requises par le romantisme : c’est le mélodrame, qui a pris un superbe essor depuis 1800. […] En somme, nous apercevons dans la théorie du drame romantique un double caractère : 1° les barrières des genres dramatiques sont retirées ; tragédie, comédie, drame, tout se mêle ; 2° les barrières qui séparent le genre dramatique des autres genres, sont abattues aussi ; et l’épique, le lyrique, l’histoire, le symbole envahissent le théâtre. […] Tous les genres reparaîtront, en vertu de leur essentielle distinction, plus ou moins déformés ou masqués.

48. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre V. Transition vers la littérature classique — Chapitre I. La littérature sous Henri IV »

Je ne m’arrêterai pas aux controversistes : leur genre aura plus tard des chefs-d’œuvre, il n’en est qu’à se discipliner. […] L’idée capitale de la Renaissance est passée dans les faits : la substitution des genres gréco-romains aux vieux genres français est définitivement acquise, et notre littérature, à peu près détachée du moyen âge, va se relier à l’antiquité. Alors se déterminent la plupart des genres et des formes importantes de notre art classique. […] Dans la prose, deux grands genres se laissent discerner : le discours moral et l’éloquence religieuse. […] En revanche nous assistons à l’avortement d’un genre qui fut considérable dans l’antiquité : c’est l’histoire.

49. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XIII. Des tragédies de Shakespeare » pp. 276-294

Les peuples libres ont un esprit de propriété pour tous les genres de gloire qui illustrent leur patrie ; et ce sentiment doit inspirer une admiration qui exclut toute espèce de critique. […] Les lettres ayant recommencé dans l’Italie, les pays où elles arrivèrent ensuite imitèrent d’abord le genre italien. Le Nord a été plus vite affranchi que la France de ce genre recherché, dont on aperçoit des traces dans les anciens poètes anglais, Waller, Cowley, etc. […] Le genre noble veut des nuances ; mais des oppositions trop fortes ne sont que de la bizarrerie. […] Cependant qu’y a-t-il de plus difficile dans le genre noble, de plus voisin du ridicule, que l’imitation d’un homme contrefait sur la scène ?

50. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre premier. Des principes — Chapitre IV. De la méthode » pp. 81-92

Le critérium dont elle se sert (axiome 13), est celui que la providence divine a enseigné également à toutes les nations, savoir : le sens commun du genre humain, déterminé par la convenance nécessaire des choses humaines elles-mêmes (convenance qui fait toute la beauté du monde social). C’est pourquoi le genre de preuve sur lequel nous nous appuyons principalement, c’est que, telles lois étant établies par la Providence, la destinée des nations a dû, doit et devra suivre le cours indiqué par la Science nouvelle, quand même des mondes infinis en nombre naîtraient pendant l’éternité ; hypothèse indubitablement fausse. […] Mais en attendant, ils se gouvernèrent par la certitude de l’autorité, par le sens commun du genre humain (critérium de notre Critique métaphysique), sur le témoignage duquel se repose la conscience de toutes les nations (axiome 9). […] Aussi Grotius, plus érudit et plus éclairé que les deux autres, combat les jurisconsultes romains presque sur tous les points ; mais les coups qu’il leur porte ne frappent que l’air, puisque ces jurisconsultes ont établi leurs principes de justice sur la certitude de l’autorité du genre humain, et non sur l’autorité des hommes déjà éclairés. […] Son critérium est la maxime suivante : ce que l’universalité ou la pluralité du genre humain sent être juste, doit servir de règle dans la vie sociale.

51. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — V. — article » pp. 457-512

Ses succès dans quelques genres, lui ont procuré des suffrages qu’il ne méritoit pas dans d’autres. […] L'Epopée, la Tragédie, la Comédie, l'Opéra, l'Ode, la Poésie légere, tous les genres de Poésie ont été de son ressort. […] On a prétendu excuser M. de Voltaire, en s'efforçant de prouver qu'elle ne comportoit pas ce genre d'ornement. […] ce qui a fait croire, avec assez de raison, à plusieurs Critiques, qu'il n'est alternativement que leur Copiste, sans avoir de genre qui lui soit véritablement particulier. […] Je ne songeois qu'à son génie, & je ne m'appercevois pas que le mien n'est point fait du tout pour le genre lyrique ».

52. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre second. De la sagesse poétique — Chapitre premier. Sujet de ce livre » pp. 101-107

Nous verrons d’un bout à l’autre de ce livre que tout ce que les poètes avaient d’abord senti relativement à la sagesse vulgaire, les philosophes le comprirent ensuite relativement à une sagesse plus élevée (riposta) ; de sorte qu’on appellerait avec raison les premiers le sens, les seconds l’intelligence du genre humain. […] Les choses les plus sublimes en ce monde, sont les connaissances que l’entendement et le raisonnement peuvent nous donner relativement à Dieu ; les choses les meilleures sont celles qui concernent le bien de tout le genre humain ; les premières s’appellent divines, les secondes humaines ; la véritable sagesse doit donc donner la connaissance des choses divines pour conduire les choses humaines au plus grand bien possible. […] Nous verrons dans la suite que dans ce genre de sagesse, les sages furent les poètes théologiens, qui, à n’en pas douter, fondèrent la civilisation grecque. […] Ainsi la Science nouvelle pourra devenir une histoire des idées, coutumes et actions du genre humain. […] En conséquence la métaphysique doit essentiellement travailler au bonheur du genre humain dont la conservation tient au sentiment universel qu’ont tous les hommes d’une divinité douce de providence.

53. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXVI. Des éloges académiques ; des éloges des savants, par M. de Fontenelle, et de quelques autres. »

Je suis las d’entendre répéter le juste Aristide, disait un paysan d’Athènes ; et l’histoire de ce paysan est presque celle du genre humain. […] Je m’arrête peu sur tous ces éloges, pour venir à ceux de Fontenelle ; sa grande célébrité, dans ce genre, est aussi méritée que connue. […] On a beaucoup parlé de l’esprit de Fontenelle ; ce genre d’esprit ne paraît nulle part autant que dans ses éloges. […] Je sais qu’il y a des hommes qui ne peuvent approuver, dans les autres, ce qu’ils n’ont pas senti ; ceux-là goûtent des beautés d’un autre genre. […] Depuis que cet ouvrage est écrit, il a paru des éloges d’un mérite distingué dans différents genres, et justement accueillis du public.

54. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre troisième. Découverte du véritable Homère — Chapitre IV. Pourquoi le génie d’Homère dans la poésie héroïque ne peut jamais être égalé. Observations sur la comédie et la tragédie » pp. 264-267

Homère, venu si longtemps avant les philosophes, les critiques et les auteurs d’Arts poétiques, fut et reste encore le plus sublime des poètes dans le genre le plus sublime, dans le genre héroïque ; et la tragédie qui naquit après fut toute grossière dans ses commencements, comme personne ne l’ignore. […] C’est que les caractères poétiques dont Horace admire dans ses ouvrages l’incomparable vérité, se rapportèrent à ces genres créés par l’imagination (generi fantastici), dont nous avons parlé dans la métaphysique poétique. À chacun de ces caractères les peuples grecs attachèrent toutes les idées particulières qu’on pouvait y rapporter, en considérant chaque caractère comme un genre. […] Ils attribuèrent à ces deux caractères les actions particulières dont la célébrité pouvait assez frapper l’attention d’un peuple encore stupide, pour qu’il les rangeât dans l’un ou dans l’autre genre.

55. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. EUGÈNE SCRIBE (Le Verre d’eau.) » pp. 118-145

Saintine, un homme qui, en bien des genres, a fait preuve d’un vrai talent. […] Le moment d’entière fraîcheur pour le genre ne dura que tant que Madame donna au théâtre son nom. […] Janin, a semblé depuis quel-temps déclarer une guerre si vive à ce genre de comédie, que c’est pour elle encore un succès. […] En tout genre, les personnages célèbres morts ne sont-ils pas des marionnettes aux mains des vivants ? […] Scribe, dans le genre qui lui appartient et qu’il augmente, de s’en être tiré avec tant d’honneur.

56. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Erckmann-Chatrian » pp. 95-105

Lorsque le genre que l’on choisit autorise tout, voyons ! […] En d’autres termes, sans être dans son genre un lord Byron, Erckmann-Chatrian a-t-il senti la vocation — cette tigresse qui dort parfois comme une marmotte — s’éveiller en lui sous le rude toucher de la Critique, et nous forcera-t-il à reconnaître qu’il a le génie fantastique, qui doit être le plus étonnant et le plus rare de tous les génies, puisque, ainsi que je l’ai avancé, il se permet tout, et que l’imagination, cette Rêveuse difficile, a toujours le droit de lui dire : Je m’y attendais ? […] Restent donc, pour le fantastique essayé, Le Rêve du cousin Elof, qui n’est qu’un rêve somnambulique d’un effet usé et qu’il fallait renouveler, comme Edgar Poe, quand on ose toucher à ce genre de fantastique ; La Montre du Doyen, qui n’est qu’une histoire de la Gazette des tribunaux ; Les Trois Âmes, Hans Storkus, L’Araignée-Crabe. […] C’est de l’horrible matériel qui tient de la place, et non pas de l’horrible subtil tel qu’on le rencontre dans les maîtres du fantastique, ce genre d’horrible impondérable qui vous donne la sensation, autour du cœur, d’un étau froid. […] Ce peintre d’école hollandaise levant des paysages allemands vus par la fenêtre d’un cabaret, ce peintre de genre encore trop heurté de couleur et qui attend comme un bénéfice le velours brun du temps, de l’expérience et de l’art, sur son rouge trop dur, a tout d’un coup élargi sa toile, et, dans un horizon plus vaste que celui dans lequel il se contient d’ordinaire, il est monté jusqu’à l’idéal.

57. (1896) Matière et mémoire. Essai sur la relation du corps à l’esprit « Chapitre III. De la survivance des images. La mémoire et l’esprit »

Le sommeil, naturel ou artificiel, provoque justement un détachement de ce genre. […] Au lieu de considérer chaque genre comme comprenant en acte, une multiplicité d’objets, on veut au contraire maintenant que chaque objet renferme, en puissance, et comme autant de qualités qu’il retiendrait prisonnières, une multiplicité de genres. […] Dira-t-on que nous ne faisons que reculer le problème, que nous rejetons simplement dans l’inconscient l’opération par laquelle se dégagent les ressemblances et se constituent les genres ? […] Mais, des genres ainsi esquissés mécaniquement par l’habitude, nous avons passé, par un effort de réflexion accompli sur cette opération même, à l’idée générale du genre ; et une fois cette idée constituée, nous avons construit, cette fois volontairement, un nombre illimité de notions générales. […] Mais chacun de nous sent bien que ces lois existent, et qu’il y a des rapports stables de ce genre.

58. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre V. De la littérature latine, pendant que la république romaine durait encore » pp. 135-163

Le genre humain s’applique de préférence à perfectionner, quand il est dispensé de découvrir. […] Les Romains ne cherchaient donc point à se distinguer, comme les Grecs, par des systèmes extraordinaires, par d’inutiles sophismes, par un genre de vie bizarrement philosophique23. […] À Athènes, la philosophie était, pour ainsi dire, l’un des beaux-arts que cultivait ce peuple, enthousiaste de tous les genres de célébrité. […] Nos poètes n’ont laissé aucun genre sans l’avoir essayé ; et ils ont mérité beaucoup de louanges, en osant abandonner les traces des Grecs, et célébrer des événements domestiques, soit dans le genre tragique, soit dans la comédie. Je ne sais à quel genre d’ouvrage ni à quelle époque de la littérature latine se rapportent ces quatre vers d’Horace.

59. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre II. Les formes d’art — Chapitre IV. Le roman »

Partie du genre héroïque, Mme de la Fayette achemina le roman vers la vérité. […] En un mot, Lesage est un réaliste, uni des grands artistes que nous ayons en ce genre. […] Pour gagner les gens du monde, aucun genre ne convenait mieux. […] On peut dire que Montesquieu dans ses Lettres persanes a créé le genre. […] Au même genre doivent se rapporter les Mémoires de la comtesse de M***, par Mme de Murat.

60. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre VI. La parole intérieure et la pensée. — Second problème leurs différences aux points de vue de l’essence et de l’intensité »

Mais, dira-t-on, les individus, dans un genre, sont plus ou moins typiques, plus ou moins génériques ; il y en a qui caractérisent nettement le genre ; d’autres sont attachés au genre par un lien moins étroit ; les premiers sont le genre proprement dit, sans épithète ; les autres font partie du genre sous la réserve d’un caractère spécifique qui leur est propre et grâce auquel ils sont un genre dans un genre, une espèce originale. […] Tout signe analogue au genre est inégalement analogue aux individus qui composent le genre ; les représentant inégalement, il représente mal le genre tout entier. Tout au contraire, un signe conventionnel, également dénué de tout rapport d’analogie avec chacun des individus du genre, les représente également, et, par suite, est propre à bien représenter leur ensemble, c’est-à-dire le genre, comme une unité intellectuelle. […] Le soleil, par exemple, a un nom dans toutes les langues ; entendons-nous par là un être physique individuel, ou le genre commun d’une série d’apparitions éphémères ? […] Ce genre d’oubli n’est pas sans avoir été remarqué par quelques penseurs.

61. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre VIII : Hybridité »

On voit même les deux cas opposés se présenter dans un seul et même genre : tel est, par exemple, le genre Dianthus (œillet). […] On peut trouver dans la même famille un genre, tel que les Dianthus, dont beaucoup d’espèces croisent très aisément, et un autre genre, tel que les Silènes, dont les efforts les plus persévérants n’ont jamais pu obtenir un seul hybride, même entre les espèces les plus semblables. Dans les limites du même genre, on rencontre les mêmes différences. […] Quoique beaucoup de genres distincts dans la même famille aient été greffés l’un sur l’autre, en d’autres cas des espèces du même genre se refusent à une semblable opération. La Poire peut être beaucoup plus aisément greffée sur le Coing, généralement considéré comme un genre distinct, que sur la Pomme, qu’on regarde comme une espèce du même genre.

62. (1864) William Shakespeare « Conclusion — Livre III. L’histoire réelle — Chacun remis à sa place »

Le bâillon casse entre les dents du genre humain. […] Ce genre de grands hommes est soluble au progrès. […] Longtemps on a ignoré le prix d’achat de ce genre de gloire. […] En Angleterre, ce genre d’histoire s’appelle l’histoire « loyale ». […] Voilà à peu près tout le secret de ce genre d’histoire.

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