Mais si Sapho, Anacréon, Catulle, Chapelle, Chaulieu, la Sabliere, se sont immortalisés par un petit nombre de Vers heureux, il seroit absurde de confondre leur gloire avec celle qui n'appartient qu'à ces Génies supérieurs qui ont excellé dans des genres plus élevés & plus difficiles.
Son génie heureux & facile, qui savoit se plier à tout, le rendit trop indulgent à lui-même ; il auroit dû se défier de la grande facilité, qui l'entraîne sans lui permettre ni le choix ni la correction ; de l'intempérance d'idées, qui s'appesantit sur un sujet & ne le quitte qu'après l'avoir épuisé.
Il paroît que le génie de cet Ecrivain avoit besoin d'être ému par des événemens extraordinaires ; c'est pourquoi il n'est vraiment supérieur, que lorsqu'il traite les changemens subits arrivés dans les Gouvernemens.
Le temps a enlevé la couleur ; mais la force de la composition et des caractères, le génie de l’artiste est resté.
Il ne coupe pas les ailes au génie, mais il le protège contre les attraits des principes extrêmes dont l’histoire montre la fragilité. […] Mais la philosophie n’en est pas moins, aussi bien que la religion, l’art, l’État, l’industrie, un besoin spécial et réel de l’intelligence, un résultat nécessaire, non du génie de tel ou tel homme, mais du génie même de l’humanité. […] La réflexion, le doute, le scepticisme, appartiennent à quelques-uns ; l’aperception pure, la foi spontanée appartient à tous ; la spontanéité est le génie de l’humanité, comme la philosophie est le génie de quelques hommes. […] À une dizaine d’années de distance, on a honte pour de si grands génies qu’ils aient poursuivi des buts aussi vulgaires. […] Le genre humain emploie les uns comme les symboles du génie politique et militaire, et les autres comme les symboles du génie philosophique.
On peut orner la raison, des charmes de l’imagination & de l’esprit ; on peut donner à la morale une tournure piquante, en développer les maximes d’une maniere ingénieuse, sans déroger au génie fabuliste, qui est la simplicité ; on se rend même par-là plus intéressant, sur-tout quand il n’est pas possible d’atteindre un modele inimitable par lui-même.
Il n’appartient qu’au génie de rendre intéressans les sujets les plus arides par eux-mêmes.
FRANÇOIS DE SALES, [Saint] Evêque & Prince de Geneve, sa patrie, né en 1567, mort à Lyon en 1622 ; Ecrivain au dessus de son siecle, & que le caractere de son génie ne rendra jamais inférieur aux siecles qui le suivront.
Pourquoi le génie d’Homère dans la poésie héroïque ne peut jamais être égalé.
Ce sont des génies singuliers, partant solitaires et tristes. […] En France, du moins, la théologie est belle ; les plus fines fleurs de l’esprit et du génie s’y sont épanouies sur les ronces de la scolastique ; si le sujet rebute, la parure attire. […] Avec Addison, avec Steele et Swift, le goût et le génie font irruption dans la polémique. […] Cherchons des génies moins âpres, et tâchons de rencontrer un accent plus doux. […] Encore une phrase, car véritablement cette clairvoyance politique touche au génie.
Qui n’y reconnaîtra le génie et la beauté de la première Consolation ? […] t’écriais-tu, ces admirations, « Ces tributs accablants qu’on décerne au génie, « Ces fleurs qu’on fait pleuvoir quand la lutte est finie, « Tous ces yeux rayonnants éclos d’un seul regard, Ces échos de sa voix, tout cela vient trop tard ! […] Ne furent mieux de toi mérités qu’aujourd’hui ; Dans sa source et son jet, c’est le même génie ; Mais de toutes les eaux la marche réunie, D’un flot illimité qui noierait les déserts, Égale, en s’y perdant, la majesté des mers. […] Le Poëte y survit, si l’Âme le mérite ; Le Génie au sommet n’entre pas au tombeau, Et son soleil qui penche est encor le plus beau ! […] Dans un chapitre du Génie du Christianisme, où il compare Virgile et Racine, M. de Chateaubriand a trop bien parlé de l’un et de l’autre, et avec trop de goût, pour que je n’y relève pourtant pas un passage hasardé qui n’irait à rien moins qu’à fausser, selon moi, l’idée qu’on peut se faire de la personne de Virgile : « “Nous avons déjà remarqué, dit M. de Chateaubriand, qu’une des premières causes de la mélancolie de Virgile fut sans doute le sentiment des malheurs qu’il éprouva dans sa jeunesse.
La Société écossaise y conclut : 1º Que les chants d’Ossian sont d’une antiquité et d’une authenticité incontestables ; 2º Qu’à une époque de l’histoire très-reculée, les montagnes de l’Écosse virent naître un barde, ou poëte populaire, dont les œuvres rendirent le nom immortel et dont le génie n’a été surpassé par aucun moderne ou même ancien émule. […] On ne contrefait pas le génie. Ossian est plein de génie. […] Les climats donnent leur teintes au génie : Homère est la limpidité azurée des montagnes de l’archipel de l’Ionie ; Ossian est le nuage flottant de l’archipel des Hébrides. […] Le rythme majestueux et calme des vers est conforme au génie habituel du barde Connal : « Alors, sur le penchant du Cromla, Connal adressa la parole à Cuchullin : « Fils de Semo, pourquoi cette sombre tristesse ?
Vous dites que vous avez assez de moi, c’est bien plutôt moi qui ne veux plus de vous ; de vous à qui j’ai consacré ma vie et mon génie et les chefs-d’œuvre des maîtres ; de vous à qui j’ai voulu plaire, même en faisant violence à ma vocation sur la terre ; de vous qui m’avez fait jouer, même des drames ; de vous qui avez mis le sanglot à ma voix, la pâleur à ma joue, le désordre à mes cheveux, le poison à mes lèvres, le poignard à ma main ! […] D’avoir tendu une main secourable à tous les petits beaux-esprits qui ont tenté, chez vous, la comédie, malingres génies que j’ai fait grandir sous mon souffle ; renommées chancelantes que j’ai appuyées de ma renommée ; gloires éphémères que j’ai abritées sous ma gloire… des êtres qui ont vécu par moi, de par moi, qui mourront avant moi ! […] Que tu sois tout de suite un homme de génie, la chose est possible ; mais pour que je l’avoue, et que j’en sois sûr, il faut attendre que nous sachions ce que tu as vécu. L’esprit, le génie, la bonne grâce et l’éclat de l’esprit, la verve, et la passion, l’inspiration et l’amour, quoi d’étonnant, quand vous êtes jeune, quand tout chanteau fond de votre âme, quand tout sourit autour de vous, quand vous nagez, de toutes les forces de votre passion, dans le courant joyeux des belles années ? […] Que de gloires se sont brisées à la borne ardente de la cinquantième année, et que de génie immolé sur cet autel de feu !
Le roman est bourré de digressions, de dissertations, où l’auteur s’étale sur tous les sujets qui l’intéressent autour et à propos de son sujet : cette composition est caractéristique du goût romantique : et par là, comme par tant d’autres aspects de son génie, V. […] Balzac, avec son génie robuste et vulgaire, est incapable de rendre les caractères et les mœurs dont la caractéristique est la délicatesse. […] Ses jeunes filles sont des répliques de l’ingénue banale ; il les a tirées de la même armoire que Scribe : de fades poupées, modestes, patientes, aimantes : la vertu, comme la grâce, réussit mal à Balzac ; son génie commence à la vulgarité et au vice. […] Il a été effrénément romantique : mais comme il manquait de sens artistique, de génie poétique et de style, les romans et les scènes d’inspiration romantique sont justement aujourd’hui les parties mortes, ayant été toujours les parties manquées de son œuvre.
La première partie nous montre que Napoléon fut un homme d’un surprenant génie ; et la seconde, que ce génie fut égoïste, et, au bout du compte, malfaisant. […] D’abord, tout le premier chapitre est irréprochable ; on y voit, méthodiquement décomposé, le génie d’un grand homme de guerre et d’un grand conducteur de peuples. […] Taine « arrive à cet extraordinaire paradoxe d’écrire, sur Napoléon, de longues pages, sans qu’il soit fait même une allusion à son génie militaire ?
Si le jeune écrivain, le jeune musicien, le jeune peintre a quelque chose en lui, son génie ou son talent lui seront un tonique suffisant, sans qu’il lui soit besoin de se réconforter en briguant une place dans un quelconque palmarès. S’il n’a ni génie, ni talent, alors qu’il se fasse sénateur… ou journaliste. […] …………………………………………………………………………………………………………… Les prix littéraires sont la plus grande immoralité du siècle parce qu’ils entravent la liberté du génie. […] Je ne songe nullement à nier le talent, le génie de l’auteur élu.
Deux symphonies de Robert Schumann, celles en ut majeur (1866, et en ré mineur (1841-1851) contiennent également un thème principal, qui, posé dès l’introduction lente, réapparaît dans la plupart des morceaux suivants, mais d’une manière peu intéressante, et au fond sans modifications véritables, si bien que l’éloge excessif de l’érudit docteur Richard Pohl : « ici Schumann entre véritablement dans une voie nouvelle »61 nous surprend parce qu’il a été l’un des premiers à approfondir et célébrer le génie de Berlioz. — à moins qu’il n’ait voulu dire : en ce qui concerne la musique allemande. […] Peut-être fus-je habitué par les musiciens romantiques à des fracas plus variés, ou bien les règles trop ineptes de la symphonie furent elles — seules de toutes règles — une entrave au génie de Beethoven. […] — est unanime à apprécier le génie de l’aigle de Bonn : une place lui est donnée, dans l’estime universelle, à côté de Mozart ; et, sur le fronton de notre Grand Opéra, entre Boïeldieu et Berton. […] J’ai devant moi un numéro du English Gentleman, un journal de Londres de l’année 1845, qui contient un article écrit par Ferdinand Praeger sur la première représentation de Tannhaeuser à Dresde en 1845 : Ferdinand Praeger a été le premier qui prononça et écrivit le nom de Richard Wagner en Angleterre, et qui endura plus tard des années de persécution pour avoir non seulement reconnu son génie mais pour l’avoir envers et contre tous proclamé sans cesse.