/ 2598
774. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XVIII. Pourquoi la nation française était-elle la nation de l’Europe qui avait le plus de grâce, de goût et de gaieté » pp. 366-378

Le climat peut encore y apporter quelques changements ; mais l’éducation générale des premières classes de la société est toujours le résultat des institutions politiques dominantes. […] Le point le plus élevé, la source de toutes les faveurs, est l’objet de l’attention générale ; et comme dans les pays libres le gouvernement donne l’impulsion des vertus publiques, dans les monarchies la cour influe sur le genre d’esprit de la nation, parce qu’on veut imiter généralement ce qui distingue la classe la plus élevée.

775. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section III. Des ressources qu’on trouve en soi. — Chapitre IV. De la bienfaisance. »

La bonté est la vertu primitive, elle existe par un mouvement spontané ; et comme elle seule est véritablement nécessaire au bonheur général, elle seule est gravée dans le cœur ; tandis que les devoirs qu’elle n’inspire pas, sont consignés dans des codes, que la diversité des pays et des circonstances peut modifier ou présenter trop tard à la connaissance des peuples. […] C’est sur ce fondement que tous ont intérêt au sacrifice de chacun, et qu’on retrouve, comme dans le tribut de l’impôt, le prix de son dévouement particulier dans la part de protection qu’assure l’ordre général.

776. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre V. Transition vers la littérature classique — Chapitre II. La langue française au xvie siècle »

On sent bien que la langue s’est réglée plutôt par une sorte de lassitude générale que par une intime solidité d’organisation qu’elle reste livrée à tous les hasards de la fantaisie individuelle de toutes parts on aspire à l’ordre, à la stabilité, à l’unité. C’est le cri général : Henri Estienne protestait contre le débordement de l’italianisme, au nom du « pur et simple » français : il est vrai que le latinisme ni l’hellénisme ne l’effrayaient.

777. (1911) La valeur de la science « Deuxième partie : Les sciences physiques — Chapitre IX. L’avenir de la Physique mathématique. »

Le principe de moindre action est intact jusqu’ici, et Larmor paraît croire qu’il survivra longtemps aux autres ; il est en effet plus vague et plus général encore. En présence de cette débâcle générale des principes, quelle attitude va prendre la Physique Mathématique ?

778. (1913) Le bovarysme « Première partie : Pathologie du bovarysme — Chapitre IV Le Bovarysme des collectivités : sa forme imitative »

Cet antagonisme engendre un défaut de convergence dans l’effort commun, et ce dommage, ainsi que chez l’individu, se traduit, tantôt par des effets superficiels et comiques, tantôt par des conséquences plus graves, déterminant un rendement moindre de l’activité générale, une dépréciation de l’énergie collective, une production moins parfaite, une impuissance et jusqu’à une complète désagrégation. […] On s’est fait illusion sur la liberté chez les anciens et pour cela seul, la liberté chez les modernes a été mise en péril. »7 D’un point de vue plus général, on pourrait aussi montrer que la Révolution française exprime un Bovarysme idéologique dont le mécanisme caché sera l’objet par la suite d’un complet examen, et qui, en la circonstance, a pour effet de substituer une réalité rationnelle à la réalité historique, de mettre le fait concret sous le gouvernement de l’idée abstraite.

779. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre VIII. La mécanique cérébrale »

D’autres enfin Newton lui-même, Hartley et Bonnet, ont combiné les deux hypothèses en substituant aux esprits animaux un fluide plus général, qui obtient chaque jour plus de crédit dans la science moderne l’éther. […] « Il est bien vrai, dit-il, que les changements organiques du cerveau font quelquefois disparaître la mémoire des faits qui se rapportent à certaines périodes ou à certaines classes de mots, tels que les substantifs, les adjectifs ; mais cette perte ne pourrait être expliquée au point de vue matériel qu’en admettant que les impressions se fixent d’une manière successive dans des portions stratifiées du cerveau, ce à quoi il n’est pas permis de s’arrêter un seul instant… La faculté de conserver ou de reproduire les images ou les idées des objets qui ont frappé les sens ne permet pas d’admettre que les séries d’idées soient fixées dans telles ou telles parties du cerveau, par exemple, dans les corpuscules ganglionnaires de la substance grise, car les idées accumulées dans l’âme s’unissent entre elles de manières très-variées, telles que les relations de succession, de simultanéité, d’analogie, de dissemblance, et ces relations varient à chaque instant. » Müller ajoute : « D’ailleurs, si l’on voulait attribuer la perception et la pensée aux corpuscules ganglionnaires et considérer le travail de l’esprit, — quand il s’élève des notions particulières aux notions générales, ou redescend de celles-ci à celle-là, — comme l’effet d’une exaltation de la partie périphérique des corpuscules ganglionnaires relativement à celle de leurs parties centrales ou de leur noyau relativement à leur périphérie, si l’on prétendait que la réunion des conceptions en une pensée ou en un jugement qui exige à la fois l’idée de l’objet, celle des attributs et celle de la copule, dépend du conflit de ces corpuscules et d’une action des prolongements qui les unissent ensemble ; si l’on prétendait que l’association des idées dépend de l’action soit simultanée, soit successive, de ces corpuscules, — on ne ferait que se perdre au milieu d’hypothèses vagues et dépourvues de tout fondement72. » De tout ce qui précède, je ne crois pas qu’il soit bien téméraire de conclure que nous ne savons rien, absolument rien, des opérations du cerveau, rien des phénomènes dont il est le théâtre lorsque la pensée se produit dans l’esprit.

780. (1912) L’art de lire « Chapitre X. Relire »

C’est chose toujours un peu impétueuse ; de tempérament si sain que l’on soit, ou quelque bonne méthode de lecture que l’on ait, on ne peut jamais s’empêcher tout à fait d’être pressé, avec un philosophe de voir quelle est son idée générale et quelles sont ses conclusions, avec un romancier de voir comment cela finit. […] C’est ainsi qu’à relire, on se compare à soi-même, on note les hausses et les décadences — plus souvent celles-ci — de sa sensibilité ; les pertes et les gains — plus souvent ceux-ci — de notre intelligence générale et de notre intelligence critique, et l’on trace ainsi les courbes de sa vie intellectuelle et morale.

781. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre XI. Première partie. Conséquences de l’émancipation de la pensée dans la sphère des idées religieuses » pp. 315-325

Le sentiment religieux, qui paraît menacer de s’éteindre dans les croyances particulières, vit toujours dans les croyances générales. Le moment est donc arrivé où nous devons nous entendre sur les croyances générales et unanimes.

782. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Louandre »

… Il nous reste une foule de gens d’esprit, assez forts pour mettre chez toutes les nations de l’Europe la carte de la France, comme celle de la nation la plus spirituelle ; mais, à cela près, — à cela près de ce qu’il peut tenir d’esprit sur une carte de visite, nous n’avons rien, ni œuvres, ni hommes, parce que les grands sentiments qui font naître les grandes œuvres, et les croyances générales qui font naître les grandes passions, ne subsistent plus. Il ne faut pas s’y tromper : le génie le plus individuel, le plus indépendant, le plus lui-même, a besoin de croyances générales autant que le génie le plus impersonnel, le plus vaste, le plus social.

783. (1774) Correspondance générale

J’écrirai à M. le général Betzky l’ordinaire prochain. […] Et puis, monsieur le général, venons à la dernière lettre dont vous m’avez honoré. […] monsieur le général, nous encyclopédiserons donc, et je puis prendre mes mesures en conséquence de vos ordres. […] Je suis, avec respect, monsieur le général, etc. […] On ne trouve point (Correspondance générale de Voltaire) la lettre qui donna occasion à cette réponse.

784. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLIIIe entretien. Littérature cosmopolite. Les voyageurs »

Il fut fait ensuite gouverneur de Guilan (Guylân) qui est une province voisine, et fut employé en qualité de général et de commissaire général en plusieurs emplois très-importants. Il parvint de là à la qualité de nazir (nâzir): on appelle ainsi le surintendant général, ou maître de la maison du roi et de tout son domaine, et enfin à celle de premier ministre d’État. […] On y passe le caravansérai surnommé: du général des courtches, qui est le plus ancien corps de milices de Perse ; celui qui est nommé Aberganiè (Abergânyéh), et le palais de Siahouch kan (Tchâoùch khân), autrefois Koullar agasi (Qouller âghâcy) ou général des esclaves, qui est un corps de troupes estimé en Perse, comme celui des janissaires en Turquie. […] Il y a, entre autres, le palais du général des mousquetaires, et la vénerie33, où sont les oiseaux de proie. […] Djâny-Khân était général des qourtchy.

785. (1898) Émile Zola devant les jeunes (articles de La Plume) pp. 106-203

Dès que les œuvres du grand romancier eurent pénétré dans le public, ce fut une perturbation générale. […] C’est à cette époque que ses sensations se coordonnèrent et qu’il put se faire une vision générale du monde vivant. […] Et sachant que le petit reproduit le grand, et le particulier le général, comme le phénomène contient la loi, il détacha du grand arbre des races une grappe humaine, forte, gonflée de vie et de soleil. […] Or ces idées générales, ces vérités nouvelles étaient douées d’une telle puissance, d’une si forte intensité, qu’elles ne devaient pas tarder à provoquer dans la littérature et dans les arts une véritable révolution. […] « Ce serait, proclamez-vous, une étrange erreur de s’imaginer que la venue du génie est aussitôt accueillie par l’allégresse générale et par la reconnaissance des nations, etc.

786. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre septième »

Le cœur et l’esprit s’y étaient assez développés pour offrir à l’observateur ces traits généraux auxquels l’humanité se reconnaît dans tous les temps. […] On a vu comment Louis XIV, en abattant les distinctions, en tirant du peuple des ministres, des généraux, des têtes pour le commandement, avait créé une sorte d’égalité en présence de sa grandeur personnelle et de sa gloire. […] Libre comme au seizième siècle, la prédication ne fut plus le privilège de dire sans courage des personnalités impunies ; ce fut l’enseignement moral le plus haut et le plus général. […] Pour la chaire, comme pour les autres genres, le temps présent ne fut qu’un terme de comparaison pour connaître la vie dans tous les siècles ; les personnes particulières ne furent que des indications vivantes pour faire le portrait général de l’homme. […] Ce titre ne s’est pas glissé dans la langue générale par hasard, ni sur la seule foi de Voltaire, qui l’a mis en tête de son histoire du règne de Louis XIV.

787. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 11-15754

Selon les Grammaires Hébraïques, & la Grammaire générale de P. […] Il, est alors un terme abstrait & général comme ce, on. […] Grand Général. […] La Grammaire générale de P. […] ) Mais revenons à la Grammaire générale.

788. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre cinquième. Le peuple. — Chapitre II. Principale cause de la misère : l’impôt. »

Il suffit de repasser l’histoire de ses crues périodiques pour montrer à l’homme du Tiers que, seul ou presque seul, il a payé et paye698 pour la construction des ponts, chaussées, canaux et palais de justice, pour le rachat des offices, pour l’établissement et l’entretien des maisons de refuge, des asiles d’aliénés, des pépinières, des postes aux chevaux, des académies d’escrime et d’équitation, pour l’entreprise des boues et pavés de Paris, pour les appointements des lieutenants généraux, gouverneurs et commandants de province, pour les honoraires des baillis, sénéchaux et vice-baillis, pour les traitements des bureaux de finances, des bureaux d’élection et des commissaires envoyés dans les provinces, pour les salaires de la maréchaussée, des chevaliers du guet, et pour je ne sais combien d’autres choses  Dans les pays d’États, où la taille semble devoir être mieux répartie, l’inégalité est pareille. […] En Provence, où les communautés s’imposent librement et devraient, ce semble, ménager le pauvre, « la plupart des villes, notamment Aix, Marseille et Toulon724, ne payent leurs impositions » locales et générales « que par le droit de piquet ». […] À moi seul, pauvre homme, je paye deux gouvernements : l’un ancien, local, qui aujourd’hui est absent, inutile, incommode, humiliant, et n’agit plus que par ses gênes, ses passe-droits et ses taxes ; l’autre, récent, central, partout présent, qui, se chargeant seul de tous les services, a des besoins immenses et retombe sur mes maigres épaules de tout son énorme poids. » — Telles sont, en paroles précises, les idées vagues qui commencent à fermenter dans les têtes populaires, et on les retrouve à chaque page dans les cahiers des États généraux. […] (Remontrances du Parlement de Metz, 1768.) « La classe des indigents forme plus des 12/13 de la totalité des villages de labour et le général de ceux de vignobles. » Ibidem, G, 319. […] Boivin-Champeaux, 34, 36, 41, 48  Paris (Doléances des paroisses rurales de l’Artois, 301, 308)  Archives nationales, procès-verbaux et cahiers des États généraux, t. 

789. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXIXe entretien. Tacite (2e partie) » pp. 105-184

Ces légions apprennent que celles de Rome et de Germanie vont s’entrechoquer pour décider à qui des deux armées reviendra le bénéfice de donner un maître à l’empire ; elles s’indignent qu’on en dispose ainsi sans leur aveu ; elles méditent de s’en saisir pour un de leurs généraux, pendant qu’on le dispute pour d’autres. […] Cependant les généraux d’Othon le conjurent de tenter encore la fortune. […] Rassuré un moment sur les dispositions de ce général, ajoute Tacite, Vitellius et son armée, se croyant sans compétiteur, se vautraient à Rome dans tous les excès de cruauté, de pillage et de débauche dont ils avaient rapporté l’habitude de leur long séjour chez les barbares. » XI Pendant ces désordres, Vespasien, mûri par l’âge et par sa sollicitude pour ses deux fils, délibère avec lui-même s’il cédera au vœu de ses légions, qui le provoquent à l’ambition du pouvoir suprême. […] Les généraux de Vespasien font offrir des conditions favorables à Vitellius, s’il veut abdiquer l’empire qui s’écroule ; il penche vers ce parti. […] Il avait une mère affaissée par les années, qui toutefois, par une mort opportune, échappa, peu de jours avant, au spectacle de la catastrophe de sa maison, n’ayant gagné elle-même à la souveraineté de son fils que des chagrins et une estime générale. » XVIII « Le 15 des calendes de janvier, à la nouvelle de la défection des légions et des cohortes à Narni, Vitellius sort de son palais, vêtu de deuil et entouré de sa famille éplorée ; on portait près de lui, dans une petite litière, son fils en bas âge comme dans une pompe funèbre.

790. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série «  M. Taine.  »

Général, consul, empereur, il reste officier de fortune et ne songe qu’à son avancement. […] Ainsi, sans nier l’exactitude générale de la colossale image construite par M.  […] Ces ressorts généraux d’un caractère et d’un esprit, après, les avoir atteints et définis, il les rapproche, il les anime, il les met en branle. […] Taine n’est en effet qu’un entomologiste, un myope, uniquement attentif aux petites choses, comme si, au contraire, cette comparaison n’impliquait pas une vue très générale sur l’histoire de la Révolution. […] Je crois, d’une façon générale, à sa sincérité dans les deux cas.

/ 2598