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228. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre XII : Pourquoi l’éclectisme a-t-il réussi ? »

Les mêmes forces mènent partout l’inventeur et la foule ; et la seule différence entre l’un et l’autre, c’est que l’un proclame tout haut ce que l’autre murmure tout bas. […] L’analyse systématique et universelle, inconnue à Voltaire, a changé la foule éparse des événements en un corps de lois fixes, et M.  […] Si l’on excepte les élèves qui croient sur parole, les professeurs qui croient par état, et les inventeurs qui croient à titre d’inventeurs, on trouve que sur la foule, savants, jeunes gens et gens du monde, cette philosophie n’a plus de prise, Ceux-ci admettent comme l’école Dieu, l’âme, le devoir ; mais l’obligation en est au catéchisme et à l’opinion plus qu’à l’école.

229. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » p. 377

Les Sermons qu’il prêchoit à Charenton attiroient une foule d’Auditeurs moins empressés de s’édifier, que de s’égayer par des bons mots & des allusions satiriques dont ils étoient remplis.

230. (1834) Des destinées de la poésie pp. 4-75

  En ce temps-là, je vivais seul, le cœur débordant de sentiments comprimés, de poésie trompée, tantôt à Paris noyé dans cette foule où l’on ne coudoyait que des courtisans ou des soldats ; tantôt à Rome, où l’on n’entendait d’autre bruit que celui des pierres qui tombaient une à une dans le désert de ses rues abandonnées ; tantôt à Naples, où le ciel tiède, la mer bleue, la terre embaumée m’enivraient sans m’assoupir, et où une voix intérieure me disait toujours qu’il y avait quelque chose de plus vivant, de plus noble, de plus délicieux pour l’âme que cette vie engourdie des sens et que cette voluptueuse mollesse de sa musique et de ses amours. […] Il semble que le retour des Bourbons et de la liberté en France donnât une inspiration nouvelle, une autre âme à la littérature opprimée ou endormie de ce temps ; et nous vîmes surgir alors une foule de ces noms célèbres dans la poésie ou dans la philosophie qui peuplent encore nos académies, et qui forment le chaînon brillant de la transition des deux époques. Qui m’aurait dit alors, que quinze ans plus tard, la poésie inonderait l’âme de toute la jeunesse française, qu’une foule de talents d’un ordre divers et nouveau, auraient surgi de cette terre morte et froide ; que la presse multipliée à l’infini ne suffirait pas à répandre les idées ferventes d’une armée de jeunes écrivains ; que les drames se heurteraient à la porte de tous les théâtres ; que l’âme lyrique et religieuse d’une génération de bardes chrétiens inventerait une nouvelle langue pour révéler des enthousiasmes inconnus ; que la liberté, la foi, la philosophie, la politique, les doctrines les plus antiques comme les plus neuves, lutteraient, à la face du soleil, de génie, de gloire, de talents et d’ardeur, et qu’une vaste et sublime mêlée des intelligences, couvrirait la France et le monde du plus beau comme du plus hardi mouvement intellectuel qu’aucun de nos siècles eût encore vu ? […] Un de ces couvents était une imprimerie arabe pour l’instruction du peuple maronite, et l’on voyait sur la terrasse une foule de moines allant et venant et étendant sur des claies ou roseaux les feuilles blanches du papier humide. […] Et d’abord j’ai la conscience d’en avoir mérité beaucoup ; mais fussent-elles toutes injustes et amères, elles auraient été amplement compensées par cette foule innombrable de lettres que j’ai reçues de mes amis inconnus.

231. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — P. — article » p. 540

Il faut être capable du même essor qui les éleve au dessus de la foule, pour pouvoir profiter de leurs leçons : l’éducation ne donne pas le talent, elle ne fait que le développer.

232. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — L — article » p. 160

Malgré cela, la Muse de M. de la Louptiere doit être distinguée de la foule de ces Muses mesquines qui accourent s’y montrer trois fois par mois.

233. (1759) Salon de 1759 « Salon de 1759 — Restout » p. 91

Si la foule qui s’ouvre devant l’homme fier qui passe, s’inclinait ou se prosternait et qu’on remarquât un seul homme debout, on dirait, voilà Mardochée.

234. (1837) Lettres sur les écrivains français pp. -167

Là il y avait foule, et notre aimable compatriote me fit remarquer les nuances qui distinguaient ces Messieurs, et que du reste j’appréciai sur-le-champ. […] Mon compatriote, qui connaît une foule de secrets de coulisses, depuis qu’il a eu un acte de vaudeville joué à l’Ambigu, m’a affirmé que M.  […] que de billets furtivement glissés dans les beaux manchons de velours, que d’œillades et de ris que la foule intercepte et qui n’arrivent pas à leur destination ! […] Son principal mérite, c’est d’avoir ouvert le premier les portes du moyen-âge, où la foule s’est précipitée depuis en l’écrasant. […] Dumas y est fort habile, et qu’il pratique journellement une foule de travaux de cette sorte qui restent ignorés.

235. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « DES MÉMOIRES DE MIRABEAU ET DE L’ÉTUDE DE M. VICTOR HUGO a ce sujet. » pp. 273-306

Je foule aux pieds ses jugements ignorants et précipités par des passions d’emprunt…. ; et tant que santé et volonté me dureront, je serai Rhadamanthe, puisque Dieu m’y a condamné. » Ainsi parlait de lui-même, en style de Saint-Simon, ce représentant du xvie et du xviie  siècle dans le xviiie , cette nature d’homme à la Montluc et à la d’Aubigné, vénérable jusque dans sa cruauté patricienne, cette volonté de fer dans un corps de fer. […] Lorsqu’on pousse trop loin l’idée de la prédestination des grands hommes, il arrive qu’on est amené, sans y prendre garde, à être sévère et injuste pour une foule d’hommes secondaires, mais estimables, qui dans leur temps et au nom de leur bon sens ou de leur vertu, et aussi de leurs passions, ont osé contredire sur quelque point et retarder un moment les triomphateurs. « A quarante ans, dit le poëte, il se déclare autour de Mirabeau, en France, une de ces formidables anarchies d’idées où se fondent les sociétés qui ont fait leur temps. […] Tout le génie d’écrivain, tout l’éclat des couleurs, ne sauraient me décider à en passer par là : arcs de triomphe pour quelques-uns, et pans de murailles abattus ; puis, au-dessous d’une certaine taille, fourches caudines pour le grand nombre, pour tout ce qui n’est pas la foule du cortège95 ! […] on trouve de tout temps en tête des partis populaires un patricien dissolu et brillant, qui renie sa caste et gagne la faveur de la foule : à Rome Catilina, César ; des exemples sans nombre dans les républiques italiennes ; les Guises en France, Retz et Beaufort, D’Orléans, Mirabeau.

236. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CXLVIIIe entretien. De la monarchie littéraire & artistique ou les Médicis (suite) »

II Une foule immense assiégeait d’acclamations le palais de Laurent. […] Le fils et le petit-fils du roi étaient venus au-devant de lui sur la darse ; et la foule se portait sur la route d’un homme si célèbre. […] Jeune encore, il fit briller, au milieu des ténèbres de la barbarie qui s’étaient étendues sur toute l’Italie, une simplicité de style, une pureté de langage, une versification heureuse et facile, un goût dans le choix des ornements, une abondance de sentiments et d’idées, qui firent encore une fois revivre la douceur et les grâces de Pétrarque. » Si l’on ajoute à ces témoignages respectables les considérations suivantes, que les deux grands écrivains dont on prétend établir la supériorité sur Laurent de Médicis employèrent principalement leurs talents dans un seul genre de composition, tandis qu’il exerça les siens dans une foule de genres différents ; que, dans le cours d’une longue vie consacrée aux lettres, ils eurent le loisir de corriger, de polir, de perfectionner leurs ouvrages, de manière à les mettre en état de supporter la critique la plus minutieuse, tandis que ceux de Laurent, presque tous composés à la hâte, et, pour ainsi dire, impromptu, n’eurent quelquefois pas l’avantage d’un second examen, on sera forcé de reconnaître que l’infériorité de sa réputation comme poëte ne doit pas être attribuée à la médiocrité de son génie, mais aux distractions de sa vie publique. […] Jean sort à cheval pendant ce temps, et la foule s’amuse à le suivre. » Ils allèrent passer l’hiver à Caffagiolo.

237. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Mendès, Catulle (1841-1909) »

Mais cet amour était quand même de l’amour, et rien n’est beau comme d’aimer les lettres, de se réfugier même sous terre pour les adorer, lorsque la grande foule les ignore et les dédaigne. […] Paul Adam Gog ne le cède point à l’Assommoir pour exprimer le tumulte et l’agitation des foules ; la Maison de la Vieille est bien supérieure à l’Œuvre, pour dire en quel terreau peut éclore la mentalité, et de quelles forces mises en faisceau par le hasard de la faim et de la sympathie se forme une phalange alerte pour gagner à l’assaut des esprits le verger de la bonne soif. […] Vu à travers la majesté de Imprécations d’Agar, à travers la splendeur de Pierre le Véridique, où les phrases sont pareilles à de frêles guirlandes tressées de pâquerettes, de boutons d’or, de myosotis et de toutes petites roses, Mendès m’apparaissait comme une espèce de dieu, tout en rayons, planant au-dessus de la foule. […] Faire du rêve une réalité par le succès, c’est mieux encore ; et je ne cache pas la joie que j’éprouve à entendre applaudir un drame qui ne cherche pas à réussir en offrant à la foule incertaine et qu’il faut chercher à ramener vers les sommets, l’appât de quelque curiosité vulgaire.

238. (1889) Les premières armes du symbolisme pp. 5-50

Le trait caractéristique de sa physionomie morale est une aversion déclarée pour la foule, considérée comme souverainement stupide et plate. […] La nature, l’oiseau, la femme étant les lieux communs inévitables de toute poésie, il aura soin de les rendre méconnaissables à l’odieuse foule. […] L’une, bien grosse, s’avance si lentement qu’on la croirait immobile : c’est la foule. […] Lui-même est un masque tragique ou bouffon, d’une humanité toutefois parfaite bien que rationnelle. — Tantôt des foules, superficiellement affectées par l’ensemble des représentations ambiantes, se portent avec des alternatives de heurts et de stagnances vers des actes qui demeurent inachevés.

239. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre cinquième »

Il prit au mot ce dédain du profane vulgaire, dont se vante Horace ; et, pour rendre la poésie d’autant plus inaccessible, il la hérissa de mots pédantesques, qui la protégeaient en effet contre les regards de la foule. […] Il fallait rendre la poésie populaire, appeler le plus grand nombre aux pures délices et aux sévères enseignements de l’art ; trouver, pour un pays encore partagé en classes, une langue qui ne fût ni au-dessous de la délicatesse des classes élevées, ni au-dessus de l’intelligence de la foule, une langue commune à la cour, à la ville et au peuple. […] Ronsard ayant à choisir entre le grec et le latin pour en tirer ses doctes obscurités, avait préféré au mot âme le mot entéléchie comme plus savant, et parce qu’aucune analogie ni ressemblance quelconque avec notre langue ne l’exposait à être compris de la foule. […] Parmi les traditions de l’antiquité, il n’employa que les plus populaires, et, dans la mythologie comme dans l’histoire, il s’en tint aux noms connus de la foule.

240. (1898) Les personnages de roman pp. 39-76

Il y a presque toujours un duc dans leurs drames, ou quelque haut personnage qui représente la richesse et l’oisiveté, deux termes tout voisins dans la pensée de la foule, et qui expriment, hélas ! […] La foule est grossière ; sa psychologie se réduit à des éléments par trop simples pour être curieux ; elle pense à peine ; elle ne rêve pas ; elle ressemble à une pierre rugueuse, que tout l’effort de l’artiste ne rendra pas agréable à l’œil. […] Sans elles, une foule de détails et de mots, obscurs dans la mémoire, ne se retrouveraient pas. […] L’intrigue elle-même, si elle est bien conduite, supprime une foule d’actions communes et sans intérêt ; elle simplifie le personnage, et c’est un effet de l’art ; elle l’engage en des situations où il reste fidèle au caractère d’élection, mais qu’il n’a pas traversées, et dont on peut dire seulement qu’il les eût traversées de cette manière.

241. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XXI. »

Puis le joug de fer des Turcs, aggravé par la foule de pillards asiatiques qu’avait attirés la longueur du siège, s’était étendu sur la malheureuse île. […] Ainsi, cinq mois après la conquête de Chypre, s’avançait sur la Méditerranée cet armement chrétien, formé de deux cents hautes galères, d’une foule de navires, et portant cinquante mille hommes de troupes. […] La flotte ottomane, forte de plus de deux cents galères poussées par les rames d’esclaves chrétiens, et traînant à sa suite une foule de navires, s’était embossée au rivage. […] Sous l’amas des épithètes et la barbarie d’un néologisme tout grec et tout latin, le poëte perd cette veine française et ces tours nerveux et naïfs que Malherbe plus tard recueillait dans le parler vivant de la foule, en les ennoblissant par le nombre et l’harmonie.

242. (1897) Aspects pp. -215

Ces femelles et ces petits d’anarchistes crevaient de faim, mis au ban par la foule imbécile. […] » balbutie la foule épouvantée. […] Dans les rues, sur les places, la foule regardait avidement. […] Ils empêchent la foule de prendre conscience d’elle-même en lui montrant leur derrière. […] Nous devons travailler pour la foule, non avec elle.

243. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — Y — Yann Nibor = Nibor, Yann (1857-1947) »

La foule était grande autour du cabaret breton, près des murailles grises de l’hostellerie de la duchesse Anne.

244. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — F. — article » p. 313

Fontaine-Malherbe ; mais ce n’est que par un vrai talent qu’on peut se distinguer de la foule des Poëtes Dramatiques, qui, chaque jour, devient plus nombreuse, sans que l’Art fasse les moindres progrès.

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