Indépendant par la fortune, marié à une femme qui pourrait faire taire la Muse, ce qui est plus fort que de l’inspirer, heureux comme Byron aurait désiré l’être et comme il ne le fut jamais, il pouvait envoyer promener les lettres et ne les aimer qu’en sybarite délicat et nonchalant, comme on aime ce qui pare la vie. — les parfums, la musique et les fleurs.
De toute sa fortune, il ne lui restait qu’un dialogue de Platon, et une harangue de Démosthène, qu’il portait partout avec lui.
Et il quitte Genève le lendemain pour courir fortune à travers le monde. […] Il invente un nouveau système pour noter la musique, croit sa fortune faite, et se met en route pour Paris. […] Un de ses oncles était allé chercher fortune en Perse. […] Ce fut un de ces moments trop rares qui replacent les choses dans leur ordre naturel et vengent le mérite avili des outrages de la fortune ». […] L’entrée d’une maison opulente était une porte ouverte à la fortune ; je ne voulais pas risquer de me la fermer… Madame Dupin aimait avoir tous les gens qui jetaient de l’éclat, les grands, les gens de lettres, les belles femmes.
Etranger, il raille âprement l’étourderie, la frivole ivresse des têtes françaises ; et cette disposition, montée au comble, est l’ouvrière de son coup de fortune. […] Fortune ! […] Ils parlent de leurs fortunes amoureuses comme d’un dessein formé de toute éternité par la providence universelle sur leurs individus. […] Mais qu’une âme s’accorde avec elle-même dans toutes ses parties, c’est là un art et une fortune. […] En outre inégalité de fortune ; et c’est beaucoup encore, si notre fortune c’est au moins la moitié de nous-même.
Aussi leur littérature a fait fortune, elle pénètre insensiblement le public européen. […] Pour expliquer la fortune des Russes, on a parlé de mode et d’engouement. […] C’est le cas d’Atala, entraînant dans sa fortune le Génie du Christianisme. […] Parmi tant de noms qui ont eu leur éclair de fortune, deux surtout méritent de nous arrêter : ceux de Griboïédof et de Lermontof. […] La fortune prodigieuse de Walter Scott ne pouvait manquer de susciter des imitations ; nous les rencontrons vers 1820, dans les romans historiques de Boulgarine, de Gretch, de Zagoskine.
Si au XIXe siècle, c’était la possession d’une grande fortune qui plaçait un homme au premier rang de la société, aujourd’hui c’est le fait d’acquérir un capital qui est considéré comme la plus haute vertu. […] Cependant lorsqu’un jour un marchand lui offrit, au nom d’un collectionneur, la somme de cent mille francs pour son trésor, il ne put s’empêcher de céder à cette pression inattendue de la fortune. […] Si même une fortune doit lui échoir, ne saura-t-il pas mieux en profiter, mieux l’utiliser que n’importe quel autre individu ? […] Certes l’écrivain, de même que le savant, ne cherche pas, en principe, à faire une fortune avec ses livres.
Les antiquaires les négligent, que l’on vit dans ces dernières années faire une prodigieuse fortune à du bouquin de bien moindre valeur. […] On ne peut donc même pas dire que ce soit un succès de scandale qui détermine la fortune littéraire de M. […] Il s’y rencontre encore de subtils aventuriers qui, poursuivant leur fortune avec malice ou profondeur, rencontrent des succès divers ; de jolies femmes divinement vêtues ; des élégants, des raffinés, quelques sots, des snobs, des désœuvrés. […] Ce personnage séduisant et bizarre, qui mérite un peu de pitié (car les aventuriers sont à plaindre, dont trop souvent l’amour et la fortune roulent ensemble comme des dés ), dut toujours inquiéter et tenter l’esprit de notre auteur. […] Après lui on ne peut que paraître lourdaud, si l’on n’a la fortune de faire aussi bien.
Champfleury a fort bien décrit les coquineries honnêtes, les haines, les intrigues embrouillées, les grandeurs et les courages inconnus de tous ces chercheurs de fortunes, de tous ces héritiers. […] Tout est détail dans ce roman, tout est intime ; ce sont des héritiers qui tournent autour d’une fortune ; c’est bien simple et on s’y intéresse, parce que c’est vrai, parce que c’est la vie. […] Ce cynisme et ce désir de fortune qui lui sont tant reprochés par les critiques gentilshommes, qui en parlent bien à leur aise, sont-ils donc après tout des crimes bien abominables ? […] Cette fortune qu’il voulait, qu’il cherchait, l’a fui sans cesse, et quand il a été à même d’en jouir, il est mort. […] Cette fortune qu’il convoitait, la recherchait-il pour ce qu’est en elle-même la fortune ?
Des clubmen qui corrigent la fortune au baccara ! […] Victor Hugo a eu cette étrange fortune que de purs littérateurs, comme MM. […] Et c’est ainsi que l’école mathématique, si française par son origine et son caractère, eut l’étrange fortune de réussir dans tous les pays avant de pénétrer en France. […] Singulière fortune de ce mot d’« Université » ! […] Il ne serait guère moins important de régler la nomination et l’avancement des professeurs, de façon à réduire au minimum ces passe-droits, ce favoritisme qui ont fait la fortune de tant de médiocrités.
Elles ont fait ainsi la fortune de ces genres qu’on appelle « communs », dont le caractère est de n’exister qu’autant qu’il existe un public pour les y encourager. […] Épouse ou maîtresse, la vieille demoiselle n’imagine qu’un moyen d’assurer à la fois et de se faire pardonner sa fortune, qui est d’affecter la dévotion et la pruderie. […] Cela ne manque en vérité que de composition, de profondeur et d’harmonie, qui sont de grandes choses, — mais non pas en tout temps ni partout nécessaires, puisque le manque même allait en contribuer à la fortune européenne de notre littérature. […] La fortune littéraire, l’autorité, la gloire, la réputation ne s’acquièrent plus autrement. […] De quelques autres mérites des Caractères ; — et en particulier de quelques portraits et de quelques narrations ; — qui annoncent la prochaine fortune du roman [Cf.
Deux bonnes fortunes attendaient Pocquelin au collège : il y suivit le cours des classes d’Armand de Bourbon, premier prince de Conti, qui dans la suite devint son protecteur, et il y fut accueilli par le célèbre Gassendi. […] Le jeune homme profite des leçons de son maître, cherche fortune, plaît à une belle, et cette belle est la femme du docteur. […] L’on s’explique enfin, l’oncle abandonne ses prétentions, le neveu rend l’or, le père touché, lui fait présent de sa fortune et de sa fille. […] La moralité. — Excellente, puisqu’elle tend à corriger un travers de tous les temps, de tous les lieux ; excellente surtout, par l’adresse qu’a Molière de placer son héros dans une classe qui, grâce à sa fortune, peut le mettre aux prises avec les charlatans de tous les états, depuis l’homme de cour jusqu’au baladin. […] Deux pédants également vains nous sont offerts ; mais Trissotin estime assez la fortune pour être préparé d’avance aux événements fâcheux d’un hymen mal assorti ; Vadius, ne songeant qu’à l’intérêt de sa ballade, se prépare à composer un poème contre celui qui l’a dédaignée.
Tout le beau feu de La Rochefoucauld se consuma alors dans ses dévouements intimes à la reine malheureuse, à Mlle d’Hautefort, à Mme de Chevreuse elle-même : en prenant cette route du dévouement, il tournait, sans y songer, le dos à la fortune. […] La fortune, en même temps que l’amitié, semblait sourire enfin à M. de La Rochefoucauld ; il avait la gloire ; la faveur de son heureux fils le relevait à la cour et même l’y ramenait : il y avait des moments où il ne bougeait de Versailles, retenu par cé roi dont il avait si peu ménagé l’enfance.
Après un court séjour, il y revenait à l’entrée de l’hiver, sous prétexte d’y faire son droit, mais en réalité pour y tenter la fortune littéraire. […] La phrase du président Hénault ne signifie que cela ; c’est un de ces mots spirituels qui rendent avec vivacité un résultat et qui font aisément fortune en France.
Il est agile et infatigable, et l’on devine, en voyant ses membres alertes et dispos, qu’il n’attendra pas chez lui la fortune. […] Certain esprit de liberté Leur fait chercher fortune : elles vont en voyage Vers les endroits du pâturage Les moins fréquentés des humains.
Un jeune Asturien de dix-neuf ans, le plus jeune des passagers, mourut, et sa mort impressionna péniblement Humboldt à cause des circonstances qui avaient motivé le voyage ; le jeune homme allait chercher fortune, pour soutenir une mère chérie qui attendait son retour. […] Puisse le destin, que notre affection implore en tremblant pour toi, t’accorder toujours la même faveur, toutes les fois que l’autre hémisphère attirera tes pas ; puisse-t-il te ramener toujours heureusement aux rivages de ta patrie, le front ceint d’une nouvelle couronne… Pour moi, dans le sein de l’amitié, je ne demande qu’une maison tranquille, où ton nom réveille dans mon fils le désir d’atteindre ta renommée, une tombe qui me recouvre, un jour, avec ses frères… Allez maintenant, mes vers, allez dire à celui que j’aime que ces chants vont timidement à lui, des collines d’Albano ; d’autres porteront plus haut sa gloire, sur les ailes de la poésie… » Pendant qu’Alexandre de Humboldt, faisant collaborer à son œuvre tous les savants français, par un concours de travaux spéciaux dont il leur donnait les sujets, et dont il payait les frais de sa fortune, formait une œuvre sur les régions équinoxiales, dont le prix dépassait déjà 5 ou 6 mille francs l’exemplaire, monument plus digne d’une nation que d’un particulier, Guillaume, chassé de Rome par Bonaparte, rentrait attristé dans sa patrie.
Ces considérations cependant éloignaient ces prétendants français, anglais ou italiens de la main de cette fille unique, malgré la fortune, le crédit, la popularité de son père ; mais les hommes du Nord, plus candides et plus enthousiastes, ne sont pas retenus par ce scrupule de leur amour-propre. […] Il ne fut troublé que plus tard par des séparations de fortune dans l’intérêt des enfants, séparations de biens qui amenèrent des séparations de personnes ; mais, quoique relâchés et peu intimes, les rapports entre deux époux si disproportionnés de nature, d’âge et d’opinion, conservèrent toujours la décence, cette seule vertu que le monde avait le droit de demander alors à ces unions de convenance.
Nos chansons de geste n’eurent, pas même fortune, et parce que leur forme insuffisamment belle n’imposait pas le respect, et parce que public et rédacteurs n’étaient aptes à voir que la matière : il ne leur paraissait pas importer que les mois fussent changés, si les choses subsistaient et même s’enrichissaient. […] Un cycle est l’histoire d’une famille épique, la suite des poèmes qui en présentent les générations successives et les fortunes variées.