Avec sa fortune, ses talents et son audace naturelle, protégé par Richelieu et par le cardinal de Bérulle, il aurait très bien pu faire son chemin en France. […] On parle sans cesse des hasards de la guerre et de la fortune incertaine des combats ; en détail, rien de plus vrai ; en grand, rien de plus faux, car je défie qu’on me cite une seule partie perdue par l’humanité. […] La fortune d’un grand homme est de représenter mieux qu’aucun autre homme de son temps les idées de ce temps, ses intérêts, ses besoins. […] Enfin, comme il avait fallu que la philosophie de Locke passât le détroit pour faire fortune, de même il fallait au spiritualisme une autre terre que l’Écosse pour y déployer la puissance et la fécondité de ses principes.
Mais Molière avait probablement, dans ses longues séances chez le barbier-chirurgien, une intention, plus directement applicable à son art que l’ancien secrétaire florentin, lequel cherchait surtout, il le dit, à narguer la fortune et à tromper l’ennui de la disgrâce.
Il y a donc un jargon particulier dans chaque période littéraire que la mode adopte, qui séduit tout le monde, qui se démode et qui, après avoir fait la fortune des livres, les condamne justement à l’oubli.
Samedi 28 novembre Avec la plus petite fortune du monde, j’aurais connu toutes les jouissances des gens les plus riches de la terre, sauf celles des chevaux et des femmes de luxe.
La perte de deux petites filles, l’existence avec un mari souffrant continuellement de ses blessures, et de la ruine d’une santé détruite par la campagne de Russie, faite tout entière, l’épaule droite cassée, et encore tout jeune ; tout ardent de vaillance, et tout irrité de ne pouvoir rentrer dans la vie militaire, de ne pouvoir accepter d’être l’aide de camp du roi, ainsi que le sont ses camarades D’Houdetot et De Rumigny, de ne pouvoir faire les campagnes d’Afrique… Puis veuve, avec une petite fortune en terres, aux fermages difficiles à recouvrer.
Dix mille Grecs, qui s’étoient attachés à sa fortune, retournerent dans leur patrie, à travers mille dangers de toute espèce : Xenophon les commanda vers la fin de cette célébre retraite, dont il a fait l’histoire.
Cette dernière idée, malheureusement, a fait fortune ; car il y a aujourd’hui, parmi les psychologues, une école du toucher ou, pour mieux dire, une école du muscle, qui ramène de gré ou de force toutes les opérations de l’âme au toucher actif et au sens musculaire.
Dans un pays que des fortunes aussi diverses, mais également malheureuses, bouleversaient, où l’insécurité du lendemain obsédait, au point de détourner les intelligences et les énergies d’entreprises qui ne s’attachaient point à la défense d’intérêts immédiats, imagine-t-on des poètes, des prosateurs créant des œuvres immortelles7 ? […] Et alors, pouvez-vous justifier les fortunes si différentes de ces deux mouvements littéraires à l’égard des poètes belges ?
Ces vers de Pharnace dans Mitridate, de mes prétentions je pourois vous instruire ; et je sais les raisons que j’aurois à vous dire, si vous-même laissant les vains déguisemens, vous m’aviez découvert vos secrets sentimens : ou ceux de Xiphares dans la premiere scene : ainsi ce roi, qui seul a durant quarante ans lassé tout ce que Rome eut de chefs importans ; et qui dans l’orient balançant la fortune, vengeoit de tous les rois la querelle commune ; ces vers, dis-je, sont égaux entant que versification, malgré la simplicité des uns et l’élégance frapante des autres. […] J’entens par son exposition l’état où se trouvent les personnages, et sur lequel ils déliberent ; j’entens par son noeud, les intérêts ou les sentimens qu’un des personnages oppose aux desirs des autres ; et enfin par son dénoûment, l’état de fortune ou de passion où la scene doit les laisser.
L’introduction, se relevant après coup et acquérant tout son prix, aurait suivi la fortune de tout l’ouvrage.
Le pauvre ministre a perdu sa fortune, et, transporté dans une petite cure, il est devenu fermier.
Supposons qu’un ami vienne nous demander si nous lui conseillons de risquer toute sa fortune dans une loterie où il n’a qu’une chance contre dix, nous ferions de notre mieux pour l’empêcher de courir un pareil risque.
« Est-ce que je sais, moi, pourquoi il y a de la hausse ou de la baisse… Si je le savais, j’aurais fait ma fortune !
Et nous avons cette mauvaise fortune sans exemple à la Comédie-Française, d’être arrêtés, les rôles distribués et acceptés par les meilleurs acteurs de la troupe, les décors faits et essayés, — et cela par la volonté d’un seul acteur qui a reçu notre pièce à boule blanche, et qui joue, tous les soirs, dans Musset, des rôles aussi jeunes que celui, dont il a prétexté la jeunesse pour ne le pas jouer.
I Les Fleurs du Mal et les Petits poèmes en prose ont été, comme tous les recueils de poésies, écrits au gré de l’occasion et de l’imagination, mais ces occasions suivaient certaine voie de la fortune, cette inspiration soufflait d’un certain point, le sentiment de la composition artistique survenait pour préciser et compléter cet ordre naturel, et ce n’est pas sans raison que Baudelaire écrivait à Alfred de Vigny : « Le seul éloge que je sollicite pour ce livre est qu’on reconnaisse qu’il n’est pas un pur album, et qu’il a un commencement et une fin. » À plus forte raison Baudelaire en eût-il dit autant des Poèmes en prose, qui étaient d’abord intitulés le Spleen de Paris, et dont on pourrait unir artificiellement les deux titres en celui de Poèmes de Paris. […] Elle est à peu près sans fortune, et cette union, en imposant à Fromentin des charges nouvelles, rend plus urgente pour lui l’utilisation matérielle de son talent.
non sans doute ; il n’en faut qu’une, mais il faut la choisir ; & le fondement de ce choix ne peut être que la terminaison, parce qu’elle sert comme de signal pour rassembler dans une même classe des mots assujettis à une même marche, & qu’elle indique d’ailleurs le principal point de vûe qui a donné naissance au verbe dont il est question ; car voilà la maniere de procéder dans toutes les langues ; quand on y crée un mot, on lui donne scrupuleusement la livrée de l’espece à laquelle il appartient par sa signification ; il n’y feroit pas fortune s’il avoit à-la-fois contre lui la nouveauté & l’anomalie : si l’on trouve donc ensuite des mots qui dérogent à l’analogie, c’est l’effet d’une altération insensible & postérieure. […] Ce n’est pas seulement l’hellénisme qui peut passer dans une autre langue, & y devenir une figure de construction ; tout idiotisme particulier peut avoir le même sort, & faire la même fortune.
Si c’est elle qui a apporté la fortune, elle ne s’en souviendra point, car « tout ce que la femme apporte elle-mesme sont au mary comme au seigneur ». […] Elle est plus encore dans la Bruyère (Du Cœur, des Biens de fortune, l’Homme). […] Ne vous inquiétez pas de moi, les Muses me tiendront lieu de fortune et d’amours. » ) Ouf !