Raffinant trop peut-être, même pour ceux qui ont la hardiesse d’aimer cette dangereuse distinction dont il est épris et… coupable… Il a horreur de la vulgarité dans la forme, de cette bienheureuse vulgarité qui ferait passer (est-ce incroyable !) […] On s’étonnerait même qu’un homme animé d’un sentiment ou d’un ressentiment si personnel pût se traduire avec tant de verve et de mouvement et de vérité dans l’émotion sous des formes d’une imitation si complète, si on ne savait combien les habitudes de l’esprit sont impérieuses et enveloppantes.
Cette verve est inconcevable, et elle serait réputée impossible, si les preuves n’étaient pas là, sous forme d’une œuvre immense, collection innombrable de vignettes, longue série d’albums comiques, enfin d’une telle quantité de personnages, de situations, de physionomies, de tableaux grotesques, que la mémoire de l’observateur s’y perd ; le grotesque coule incessamment et inévitablement de la pointe de Cruikshank, comme les rimes riches de la plume des poëtes naturels. […] Il y a dans l’idéal baroque que Brueghel paraît avoir poursuivi, beaucoup de rapports avec celui de Grandville, surtout si l’on veut bien examiner les tendances que l’artiste français a manifestées dans les dernières années de sa vie : visions d’un cerveau malade, hallucinations de la fièvre, changements à vue du rêve, associations bizarres d’idées, combinaisons de formes fortuites et hétéroclites.
Le seul tolérable fut Coriolan, parce que la poésie s’agitait en lui sous la forme de la trahison ; mais ses remords me le rendent odieux. […] Quel ton bref et décisif sous ces formes courtoises ! […] J’évoquais la forme d’Elvire, sa frêle beauté, heureuse de s’offrir, sa grâce d’épouse fière d’être vaincue. […] Et leurs parents ont voulu que le fameux sculpteur Callon d’Élis immortalisât leur forme terrestre. […] Nous ne pouvons le quitter, tant nos yeux aiment à suivre le contour parfait de sa forme vigoureuse et souple.
Lafoscade nous apprend ; c’est que Lorenzaccio est, sous sa forme primitive, de George Sand. […] N’oubliez point que si cela n’est qu’une forme du théâtre, c’en est la forme peut-être la plus vivante. […] Elle est gâtée par la forme, tantôt funambulesque et tantôt barbare, qu’a adoptée l’auteur. […] Bergerat est ingénieux, spirituel et amusant comme idée, souvent gracieux et joliment précieux comme forme. […] Une femme bien nette de forme et de contours, sortant de l’appartement du lieutenant et filant vivement par le corridor.
Alfred de Musset, il a fait ressortir tout ce qui manque à un récit, quels qu’en soient d’ailleurs l’intérêt et le charme, s’il reste individuel et accidentel, s’il ne reflète pas, sous une forme poétique et vraie, un type et un symptôme contemporains. […] L’enlèvement de Lucien de Rubempré par madame de Bargeton, leurs premières impressions à Paris, le désenchantement rapide qu’ils éprouvent l’un pour l’autre, tout cela, sauf l’incorrigible abus des de Marsay, des Montriveau et des Vandenesse, forme un tableau achevé. […] Cette faute, M. de Balzac l’a commise sous toutes les formes, avec toutes les circonstances aggravantes, et sur des personnages qui ne valent ni Elvire ni Amélie. […] C’est un hymne de douleur paternelle qui forme le point culminant, et, disons-le, la partie la plus remarquable de son livre. […] Voilà l’égalité moderne telle que la philosophie l’a prêchée, telle que la Révolution l’a voulue, telle que la France l’a poursuivie, depuis soixante-dix ans, à travers toutes les variations de sa politique, toutes les formes de son gouvernement.
Il y a un peu trop d’esclavage de forme.
Mais, parmi d’autres pages où, sous une forme encore hésitante, se trahissent une âme douce et chaude et un esprit ingénieux, je vous recommande particulièrement les Deux gendarmes.
Henri Barbusse est moins une série de poèmes qu’un long poème purement subjectif, conçu sous la forme d’une rêverie, disant ce charme des matins et des ombres, de la solitude et de la tristesse.
Adolphe Boschot nous offre, dans ses Poèmes dialogués, une pure essence de poésie : quelque chose de doux, de profond, de sincère, de pénétrant, des rêves épanouis en images, une imprécision claire, un poudroiement lumineux qui enveloppe toutes les formes et les idéalise.
Chênedollé est, en général, très correct ; il est toujours harmonieux et s’élève fort souvent aux plus hautes formes poétiques ; c’en est assez pour faire concevoir que c’est un poème didactique recommandable (Le Génie de l’homme) ; il faut avouer aussi qu’il participe au malheur de presque tous les poèmes didactiques modernes : il est extrêmement pénible à lire de suite.
La poésie en est grande et simple tout à la fois ; elle caractérise merveilleusement, selon nous, le génie de l’auteur, qui-appartient au romantisme par le fond et au genre classique par la forme.
Jamais, je crois, on n’a vu un livre de début, un livre de jeune, conçu d’une façon aussi nette, aussi logique dans le fond comme dans la forme, poursuivant à travers les stades successifs de l’idée un but, culminant et lumineux, vers lequel toute page s’oriente.
J’ignore si je les ai bien jugés ; du moins j’ai la conscience qu’au moment où ces pages ont reçu leur dernière forme, il ne m’était resté aucun ressentiment de l’usage qu’on avait fait des erreurs de ces écrivains contre les vérités conservatrices de la société humaine.
Après cela, il entre dans la définition du goût, il en expose les sources, il développe les moyens propres à le former & à l’entretenir, il découvre les vices qui l’affoiblissent & le corrompent ; & de tous ces articles il forme une chaîne de preuves qui le ramenent à son principe général, l’imitation.
Or dans l’être qui prend conscience de la vie qui l’anime et en forme une représentation, cette loi se transforme et devient la nécessité de se concevoir autre.
Nous avons fait, dans ces derniers temps, un grand bruit de notre science en politique ; on dirait qu’avant nous le monde moderne n’avait jamais entendu parler de liberté, ni des différentes formes sociales.
Le premier surtout mérite d’être remarqué ; l’auteur y montre des paysans vivant sous une double oppression ; on les voit aux prises avec un intendant hypocrite et brutal, comme il y en a tant en Russie, et un de ces propriétaires qui, sous les formes d’un homme du monde, cachent l’insensibilité et l’égoïsme calculateur du commerçant le plus madré. […] Mais elle a mal choisi son heure et sa forme. […] Je suis organisé de telle sorte que… rien ne m’indigne plus, j’ose le dire, que l’ingratitude… Je n’ai pas besoin de vous le répéter, vous connaissez ma femme ; c’est un ange sous forme humaine ; elle est d’une bonté inexprimable. […] Courbé en deux et la tête enfoncée dans mon manteau, j’attendais patiemment la fin de l’orage, lorsque à la lueur d’un éclair une forme élevée apparut à mes yeux sur la route, et comme je continuais à regarder de ce côté, elle se dressa devant moi, près du drochki, comme si elle sortait de terre. […] On commençait déjà à distinguer la forme des arbres que le vent et la pluie venaient de battre avec tant d’acharnement.