Outre les imaginatifs et les soi disant réalistes, il y a encore une classe d’hommes, timides et obéissants, qui mettent tout leur orgueil à obéir à un code de fausse dignité. […] Dans cette classe très-nombreuse, mais si peu intéressante, sont compris les faux amateurs de l’antique, les faux amateurs du style, et en un mot tous les hommes qui par leur impuissance ont élevé le poncif aux honneurs du style. […] C’est dans ce capharnaüm de faux ex-voto, dans cette immense voie lactée de plâtreuses sottises, qu’ont été reléguées ces deux modestes toiles. […] Pour moi, je ne crois pas que le patriotisme commande le goût du faux ou de l’insignifiant. […] Il y a ensuite dans le cœur de l’homme un certain amour de la victoire exagéré jusqu’au mensonge, qui donne souvent à ces toiles un faux air de plaidoiries.
Le jugement, d’ailleurs, vu hors du cadre, et si l’on y cherchait une conclusion définitive, ne soutiendrait pas l’examen ; il est parfaitement faux que Delille, en vieillissant, ait enfanté des beautés plus hardies et plus fières ; c’est le contraire plutôt qu’il faudrait dire […] Ainsi masquant de grâces fantastiques Le noble auteur des douces Géorgiques, Par trop d’esprit il n’eut qu’un faux succès… Oh ! […] Ginguené encore a jugé dans la Décade la traduction de l’Énéide, et cette fois sa sévérité plus rigoureuse va chercher les négligences et le faux jusque dans les moindres replis de ce faible ouvrage45. […] Le jugement, d’ailleurs, vu hors du cadre, et si l’on y cherchait une conclusion définitive, ne soutiendrait pas l’examen ; il est parfaitement faux que Delille, en vieillissant, ait enfanté des beautés plus hardies et plus fières ; c’est le contraire plutôt qu’il faudrait dire
Le glaive qu’il a à la main le blesse dès qu’il le porte à faux, et tout l’éclat de sa couronne ne doit pas coûter un soupir au dernier de ses sujets. […] Il n’y a ni bien, ni mal, ni vrai, ni faux, qui puisse échapper à sa lumière ; il entre par sa justice et par sa providence jusque dans les cachettes les plus ténébreuses de nos maisons ; il ne laisse ni le moindre bien sans récompense, ni le moindre mal sans châtiment… « Faites un calendrier, ô peuples ! […] On a affecté de croire depuis en Europe que les Chinois, frappés de la sublimité de ce livre, avaient divinisé son auteur ; le Père Amyot proteste contre cette fausse idée en ces termes : « Je n’ai rien à ajouter à ce qui concerne Confucius. […] Comment s’y prendre pour détruire des idées aussi fausses ?
Rien n’est plus faux. […] Et maintenant, grande âme, dépaysée dans un corps infirme et dans la région des faux jugements, des fausses gloires et des faux mépris de ce bas monde, tu as secoué vigoureusement ce vil tissu de matière, ce manteau de plomb qui t’embarrassait dans ton essor, et que tu soulevais à chaque pas comme une lourde chaîne dont les anneaux te retenaient au sol !
Il fuit l’Angleterre, séjourne un an à Trie chez le prince de Conti sous un faux nom, puis, comme traqué, se réfugie en Dauphiné, à Bourgoin, à Monquin. […] Si sa doctrine pouvait être aux autres de quelque utilité, c’est en changeant les objets de leur estime et retardant peut-être ainsi leur décadence qu’ils accélèrent par leurs fausses appréciations. […] Portée de la doctrine On dit communément que cette doctrine est fondée sur des postulats non nécessaires, qu’elle est souvent sophistique en ses enchaînements, outrée ou fausse en ses conséquences. […] Mais surtout, disait Galiani, l’Emile est faux parce qu’il ne prépare pas à la vie : qu’est-ce que la vie ?
Je les aime… Toutefois le savant ne peut prendre ce parti, quand il le voudrait, car ce qui lui a été démontré faux est pour lui désormais inacceptable. […] Mais je maintiens que quand un sceptique prêche au pauvre ce dogme consolateur sans y croire, afin de le faire tenir tranquille, cela doit s’appeler une escroquerie ; c’est payer en billets qu’on sait faux, c’est détourner le simple par une chimère de la poursuite du réel. […] Il suffira d’une maladresse, d’un faux pas, pour qu’ils vous poussent, vous renversent et vous écrasent. Êtes-vous bien sûrs de ne pas faire un faux pas en vingt ans ?
Après le meurtre du faux Smerdis, et selon le pacte étrange conclu entre les sept prétendants, son cheval de guerre hennissant le premier au soleil levant, l’avait sacré et proclamé roi. […] C’est bien justement que nul homme ne t’offre de sacrifices, fausse mer ! […] Le carnage fut tel qu’il rompit leurs lances, comme la moisson ébrèche les faux dans un champ trop dru. […] Mais le faux dieu du jour stérile, derrière lequel se cachait le démon nocturne, rencontra sur la mer brillante de l’Hellade le jeune dieu de la vraie lumière.
De là, je suis entré dans un salon au luxe fané et banal, aux dorures usées, au velours de coton élimé, aux meubles de Boule pour l’exportation, aux tableaux, modernes semblant achetés dans un passage où, le soir, on économise le gaz, aux petites jardinières en pommes de sapin, ne renfermant rien dedans que de la mousse fausse. […] Il avait du reste passé sa vie à citer des vers de La Pucelle… toujours faux. […] Toujours la faim, et les grands volant les pains, la nuit, au moyen de fausses clefs. […] 1er octobre Il y a toujours je ne sais quoi de bas et de faux dans les enfants, qui ne sont pas les fils de leurs pères.
— Nous nous rendons bien compte aujourd’hui que dans un caractère, dans un type, dans un personnage de roman, il faut un alliage de faux pour le faire accepter de la sympathie du public. […] L’avocat, c’était Lachaud, l’innocenteur patenté des assassins, un acteur de bas drame, apportant à son client une fausse émotion, une fausse sensibilité, une déclamation gesticulante et ambulatoire. […] …………………………………………………………………………………………… En sortant de là, nous tombons chez la princesse, aujourd’hui tout animée, toute verveuse, et dans une robe de crêpe bleu, d’un délicieux bleu faux de Chine, et brodée de bouquets exotiques dont la broderie a l’épaisseur des fleurs.
Pour détruire sûrement ce qu’il appelloit de fausses divinités, il décria d’abord la principale. […] Despréaux s’y crut personnellement offensé : Racine le fut également ; & l’on connoît ce couplet contre Perrault, qui avoit défendu son opinion dans une séance publique de l’académie Françoise : Entêté de son faux systême, Perrault, philosophe mutin, Dispute d’une force extrême ; Et, coëffé de son avertin, Fait le lutin, Pour prouver clairement lui-même Qu’il n’entend ni Grec ni Latin. […] Cependant qu’étoit-ce qu’une critique de quelques vers foibles, de quelques mauvaises expressions, de quelques bévues réelles, & de quelques pensées fausses, en comparaison de tant de traits qu’il décocha sur toute la famille de Perrault ? […] Les premiers romans étoient un monstrueux assemblage d’histoires, moitié fausses, moitié véritables ; mais toutes sans vraisemblance, un composé d’aventures galantes, & de toutes les idées extravagantes de la chevalerie.
» Il reproche à son tour en images sublimes leur dureté de cœur et leur commisération accusatrice à ses faux amis : « Vous ai-je priés de venir ? […] La douleur crie, l’orgueil murmure, le désespoir doute, l’impiété argumente, le délire blasphème, l’amitié fausse ou impuissante raisonne, l’homme condamne et nie son Dieu ; Dieu nié, mais indestructible, se lève de lui-même et fait parler la conscience par sa propre voix ; la création tout entière se lève en témoignage, la toute-puissance visible atteste la justice invisible, l’homme se confond et rentre à la fois dans son néant et dans son immortelle espérance. […] « J’étais le père des nécessiteux, et, quand la cause que j’avais à juger m’était obscure, je ne négligeais aucune peine pour la bien connaître. » VIII Et le monde tout entier, tel qu’il est, avec ses injustices, ses reproches, ses impatiences contre l’infortune qui se plaint, et même contre celle qui se tait, n’apparaît-il pas dans toute sa vérité par la voix des amis faux ou durs de l’homme juste, abattu devant eux dans la poussière ? […] Quand on ne peut pas combattre corps à corps un destin plus fort que nous et qui nous raille d’un bout à l’autre de l’histoire, il y a encore un moyen de se venger de lui : c’est d’en rire ; c’est de se faire soi-même le bouffon de cette destinée, de se moquer des hommes et de soi, de prendre sa part de cette risée universelle qui éclate depuis le commencement du monde jusqu’à nous, derrière le rideau de la scène humaine, et de dire, comme Salomon (ce faux sage) le disait déjà de son temps : « Aimons, rions, buvons, amusons-nous ; tout le reste est vanité !
. — Il tourna ses pas vers de fausses voies, fausses images du vrai beau, qui ne tiennent rien de ce qu’elles promettent. — Et rien ne me servit de demander pour lui des inspirations, par lesquelles, et en songe et autrement, je le rappelais à moi, tant il en avait peu de mémoire. — Il tomba si bas que tous les moyens de le sauver étaient épuisés et qu’il ne restait qu’à l’épouvanter en lui montrant la race perdue des damnés. — C’est pour cela que je visitai la porte des morts, et que mes prières et mes larmes furent adressées à celui qui l’a conduit ici en haut ! […] » répond le coupable, « les choses présentes égarèrent mes pas par leurs faux attraits, aussitôt que votre visage me fut voilé ! […] C’est de cela que le cochon de saint Antoine s’engraisse, et bien d’autres qui sont pires que des porcs, payant le monde en fausse monnaie !
On a prétendu qu’il y avait eu antagonisme de nature et de tendance entre ces deux hommes du passé, Bonaparte et M. de Chateaubriand : rien n’est plus faux ; ces deux hommes s’entendaient à merveille alors. […] Néanmoins la Providence n’a point voulu qu’on s’y méprît tout à fait, et, pour peu qu’on examine de près les hommes féroces, on trouve sous leurs feintes douceurs un air faux et dévorant, mille fois plus hideux que leur furie. » XXIV Nous frémissions. […] J’écrivis des volumes de détestables élégies amoureuses avant l’âge de l’amour, à l’imitation de ces faux poètes. […] Bien qu’André Chénier, dans son volume de vers, ne soit qu’un Grec du paganisme, et par conséquent un délicieux pastiche, un pseudo-Anacréon d’une fausse antiquité, l’élégie de la Jeune Captive avait l’accent vrai, grandiose et pathétique de la poésie de l’âme.
On voit le ton ; il y a du vrai et du faux ; mais la situation est vivement sentie, vivement caractérisée. […] La farouche république a mis à la place l’esprit de discussion et la fausse éloquence.
Son jugement sur les choses publiques en est affecté et va changer dès lors de point de vue : lui qui jusque-là considérait la Révolution comme une sorte de grand chemin uni où l’on n’avait qu’à marcher droit en se tenant, il croira, à dater de ce moment, à je ne sais quel moteur invisible et qu’il ne désigne pas ; il lui attribuera toutes les fausses nouvelles, les craintes, les défiances, ce qui corrompra et dénaturera désormais la liberté : « Pour avoir tissu et suivi ce plan abominable, il faut, disait-il, et un esprit profond et beaucoup d’argent. […] Je ne pourrai parler du grand nez de Bailly et du faux toupet de La Fayette !
Nous sommes obligés de connaître Rome, comme des petits-fils de connaître leur vieille mère. » Il montrait que ce n’est pas tant à l’Université qu’il faut s’en prendre des maladies morales de la jeunesse qu’aux familles elles-mêmes, à l’esprit public et à l’air vicié du dehors, à la littérature enfin ; et faisant allusion à la grande plaie, selon lui régnante, au roman, il appelait de ses vœux un roman pareil à Don Quichotte, c’est-à-dire qui mît à la raison tous les mauvais romans du jour ou de la veille, et en sens inverse de Don Quichotte ; car, en ce temps-là, c’était la chevalerie, avec sa fausse exaltation idéale, qui était la maladie à la mode, et du nôtre c’est le contraire : « c’est le goût du bien-être personnel, c’est l’amour des jouissances positives, c’est l’égoïsme, c’est Sancho, en un mot, et non pas Don Quichotte. […] Il se releva vite de ce faux pas et eut de bonnes rencontres.
Je me souviens d’avoir lu un discours prononcé ex cathedra à Cambridge (1844), dans lequel l’orateur, s’emparant contre lui de son étendue et de son impartialité même, l’appelait égoïste, faux, méchant, traître, un homme « qui se jouait avec sang-froid de la paix et de la vertu d’autrui, et qui jouissait du haut de sa sérénité de voir les ruines qu’il avait portées dans les cœurs assez simples pour se confier au sien. » Les Pharisiens de tout temps, les hommes de secte et de parti sont bien les mêmes, qu’ils soient de Cambridge, ou de l’ancienne Sorbonne, ou d’un salon à la mode voisin de la sacristie. […] Mais, si on l’interrogeait sur les vrais talents, sur Béranger, sur Mérimée, auteur dès lors du théâtre de Clara Gazul, Gœthe faisait aussitôt la distinction, et il reconnaissait en eux la vraie marque, l’originalité : « Je les excepte, disait-il : ce sont de vrais talents qui ont leur base en eux-mêmes et qui se maintiennent indépendants de la manière de penser du jour. » Avoir sa base et son fondement en soi, c’était la chose qu’il estimait le plus ; il a parlé quelque part de ces faux talents, qui n’en ont que le semblant et le premier jet : « Nous vivons dans un temps, disait-il, où il y a tant de culture répandue qu’elle s’est, pour ainsi dire, mêlée à l’atmosphère qu’un jeune homme respire.