Le ministre des États-Unis à Paris, Gouverneur Morris, témoin aussi impartial que bien informé, et qui est fort à consulter sur l’évêque d’Autun en 89, nous a montré ces trois jeunes gens, Narbonne, Choiseul et l’abbé de Périgord, formant une sorte de triumvirat à la mode, et se donnant la main pour arriver : « Ce sont trois jeunes gens de famille, hommes d’esprit et de plaisir. […] Cette tragédie, si je ne me trompe, est au cinquième acte : le dénouement va paraître. » Il ne se serait point ouvert à lui, comme à un confident, sur le misérable caractère de cette royale famille espagnole, de ce brave homme ou benêt de roi, du prince des Asturies, de la reine, de ce méprisable et inséparable prince de la Paix qui, disait-il, avait l’air d’un taureau : « Le prince des Asturies est très-bête, très-méchant, très-ennemi de la France… La reine a son cœur et son histoire sur sa physionomie, c’est vous en dire assez. » Il ne lui eût pas confié ces princes en personne et ne les lui eût pas donnés tout d’abord pour hôtes à Valençay pour « les bien traiter et leur faire passer agréablement le temps », tout en lui recommandant de les isoler et « de faire surveiller autour d’eux. » Notez bien que cette année 1808, celle de la fourberie de Bayonne, ne fut point du tout une année de disgrâce pour Talleyrand. […] Ici deux points de vue, deux façons de sentir, qui avaient l’une et l’autre leur raison d’être et leur légitimité, sont en présence, et l’histoire ne peut que les constater sans trancher le différend : il y avait la manière héroïque et patriotiquement guerrière d’entendre la défense du sol, la résistance nationale ; de faire un appel aux armes comme aux premiers jours de la Révolution, et, ainsi que Napoléon l’écrivait à Augereau, de « reprendre ses bottes et sa résolution de 93 » ; mais il y avait aussi chez la plupart, et chez les hommes de guerre tout les premiers, fatigue, épuisement, rassasiement comme après excès ; il y avait partout découragement et dégoût, besoin de repos, et, dans le pays tout entier, un immense désir de paix, de travail régulier, de retour à la vie de famille, aux transactions libres, et, après tant de sang versé, une soif de réparation salutaire et bienfaisante.
Il était nuit quand j’arrivai à la ville, je me glissai à travers la porte à la faveur d’un groupe de familles connues des gardes de la douane qui rentraient, avant les portes fermées, dans la ville, sans être vue au visage, ni fouillée, ni interrogée ; j’en rendis grâce à la Madone dont la statue dans une niche, sous la voûte de la porte, était éclairée par une petite lampe. […] Seulement le père Hilario ne pouvait plus sortir du couvent à cause de ses infirmités croissantes, et la reconnaissante famille lui préparait un panier de châtaignes choisies, que Hyeronimo et Fior d’Aliza devaient lui porter, le lendemain, au monastère, en souvenir du salut qu’ils lui devaient. […] — Que le bon Dieu bénisse à jamais cet arbre, cette maison et cette famille, dis-je tout bas en me retirant ; ils sont heureux, et que leur bonheur se perpétue d’âge en âge et de génération en génération !
Une séparation prononcée sur de faux griefs a prévenu le scandale ; mais le marquis est resté seul, sans foyer, sans famille ; l’aigreur de l’époux trahi s’est tournée en fiel. […] Si les affections, la vie privée, la famille en étaient réduites à trembler devant la plume d’un écrivassier, le monde où l’on imprime ne serait plus habitable. […] Le journalisme, comme l’art dramatique, n’est-il pas une branche de la famille littéraire ?
Sa mère, de famille dijonnaise, fille d’un greffier au parlement de Bourgogne, était de ces personnes fortes et simples qui suffisent à tous les devoirs. […] Je ne crois pas me tromper en disant que telle est la forme primitive d’esprit dans sa famille. […] C’est alors, vers 1824, qu’une grande et brusque révolution se fit en lui ; ses amis, sa famille apprirent tout à coup qu’il renonçait au barreau, et qu’il était entré à Saint-Sulpice.
M. de Chateaubriand devient ce secrétaire ; il vit là dans la famille ; il lit de l’italien avec la charmante miss Ives ; comme Saint-Preux, il se fait aimer. Mais, au moment où tout va s’aplanir, où la jeune fille est touchée, où sa mère, qui la devine, prévient l’aveu et offre d’elle-même l’adoption de famille au jeune étranger, un mot fatal vient rompre l’enchantement : Je suis marié ! […] la jolie famille !
L’anniversaire du jour de l’an est une fête de famille, et Florian en est de droit. Une autre année, à un autre anniversaire, si nous y sommes encore, nous parlerons de cet autre ami de la famille, de l’auteur des Contes de fées, je veux dire de Perrault. […] Son nom de famille était Claris ; il naquit en 1755 dans les basses Cévennes, non loin d’Anduze, au château de Florian qu’avait fait bâtir son grand-père.
Né à Paris le 12 janvier 1628, dans une famille de bonne et riche bourgeoisie, sa mère lui apprit à lire ; il eut son père pour premier précepteur et répétiteur ; il fit ses études au collège dit de Beauvais, et il revenait le soir à la maison paternelle. […] On voit d’ici ce qu’était cette active, spirituelle et irrévérente famille. […] C’était en bon mari et en père de famille, bien plutôt qu’en poète, que Perrault avait répondu à Boileau, au satirique célibataire et valétudinaire, orphelin en naissant, et à qui jamais sa mère n’avait conté les contes du coin du feu.
Son île est à la fois un cimetière pour les mortels bienfaisants, un verger pour les arbrisseaux exotiques, une prairie artificielle, un prytanée, un rendez-vous de noces et festins pour les pauvres vertueux, un lieu d’asile inviolable pour les pères de famille endettés et pour tous les infortunés : que sais-je encore ? […] Retiré à Essonne, il y perdit bientôt sa première femme, qui lui laissa deux enfants nommés comme de juste Paul et Virginie, et qui lui légua aussi de fâcheux démêlés avec sa famille. […] Même lorsqu’il est le mieux traité et le plus choyé dans ses voyages à Paris, lorsque chacun le caresse et veut le retenir, Bernardin ne soupire pas moins après sa solitude champêtre ; il sent que la vie s’écoule, que ses dernières pages à achever le réclament, et il écrit alors naïvement à sa jeune femme : Je suis comme le scarabée du blé, vivant heureux au sein de sa famille à l’ombre des moissons ; mais, si un rayon du soleil levant vient faire briller l’émeraude et l’or de ses élytres, alors les enfants qui l’aperçoivent s’en emparent et l’enferment dans une petite cage, l’étouffent de gâteaux et de fleurs, croyant le rendre plus heureux par leurs caresses qu’il ne l’était au sein de la nature.
Quelle famille, que ces Blanc ! […] Cette Italie qu’il croyait, après sa rénovation, reprendre un élan, et redevenir quelque peu l’Italie du xvie siècle, il constate tristement qu’elle imite maintenant les États-Unis, et est obligé de déclarer que les vrais et désintéressés savants qu’elle possède encore, sont des savants de la vieille génération : « On sait très bien, dit-il, comment se fait une vocation, c’est par l’action sur l’imagination des enfants, des jeunes gens, du rôle que joue dans les conversations autour d’eux, un individu de leur famille ou de leur connaissance. […] Quand j’entends ces blagueurs, ces enflés de la parole, parler de leurs travaux sur l’antiquité, je pense à notre travail sur la révolution, à cette lecture de livres et de brochures, qui feraient une lieue de pays, à ce plongement dans cet immense papier du journalisme, où nul n’avait mis le nez, à ces journées, à ces nuits de chasse dans l’inconnu sans limites, je nous revois pendant deux ans, retirés du monde, de notre famille, ayant donné nos habits noirs, pour ne pouvoir aller nulle part, nous payant seulement, après notre dîner, la distraction d’une promenade d’une heure, dans le noir des boulevards extérieurs… et en mon dédain silencieux, je les laisse blaguer.
Sa famille, excellente de tout point, était indulgente et tendre. […] Ce beau livre, simple recueil des impressions du père de famille, est devenu classique à juste droit. […] Dans toutes les familles, dans toutes les écoles, ce recueil doit occuper la place d’honneur. […] Il n’y eut plus en 1814 et surtout en 1815 que des combattants dans les familles des patriotes. […] Le chef de cette famille, M.
L’Homme moral, & sur - tout les Mémoires philosophiques du Baron de **, dont il vient d’enrichir notre Littérature, prouvent que l’esprit & les talens ne sont pas moins héréditaires dans sa famille, que les vertus patriotiques qui l’ont depuis long-temps illustrée.
Il avoit conservé à Sophonisbe, fille d’Asdrubal, & Reine de Numidie, le caractere de sa Nation, & plus particuliérement celui de sa famille.
Tous ses Ouvrages ont eu un succès qui se soutient encore, & lui ont procuré l’honneur d’être choisi pour donner des leçons de Physique à feu M. le Dauphin, auxquelles le Roi & la Famille Royale assisterent plus d’une fois.
Au bout de quelques semaines, il s’aperçoit qu’il aime encore sa quadragénaire ; il fait quelques tentatives pour être reçu chez elle, et, ne pouvant y réussir, il se tue, sans qu’une seule idée morale, un seul sentiment de famille, un seul mouvement de repentir, se mêlent à ce drame implacable. […] Pas un de ses romans, même Eugénie Grandet, ne peut être lu tout haut en famille, sans que le lecteur ne soit obligé de noter d’avance le passage ou la ligne qu’il doit omettre. […] Un vieux musicien, modeste et pieux, est le parent pauvre d’une orgueilleuse famille bourgeoise, où on le reçoit assez mal, et où il joue le triste rôle de parasite. […] Père de famille, il a été frappé par une de ces catastrophes terribles et sacrées, si sacrées et si terribles, qu’il nous semble, à nous, pauvres êtres prosaïques, qu’on les profane en les traduisant en hémistiches et en rimes. […] un héritage d’amour, de respect et de pitié, quelque chose comme l’écho d’une gloire et d’un culte de famille.
N’être pas encore et dormir déjà là, à part, comme les enfants que les familles, aux soirs de fête, font dîner à la petite table. […] Peut-être un père de famille ! […] Aussi bien cette façon de procéder vaut-elle mieux que les faux attendrissements avec lesquels on aborde ici les gens qui ont fait une perte de famille. […] Sur la table, je reconnais la grosse Bible, reliée en noir, qui est le livre de famille de tant de maisons protestantes. […] C’est moi, ajouta-t-elle, qui suis chargée de tenir en état le linge et les robes de la famille.
ils savent déjà qu’on ne dit rien de ce qui se passe dans la famille des paysans. […] car j’avais bravé les foudres de ma famille, l’obscurité, beaucoup d’autres choses, — parfait encore ! […] La famille de René, ce vieux professeur, son beau-frère, Émilie sa sœur, la famille Offarel, la petite Rosalie, jusqu’à Françoise, jusqu’aux moindres personnages, tout est étudié, rendu avec une incroyable force de vérité. […] Il s’agit d’un héritage de plusieurs millions réclamé par une famille qui y a droit ; les formalités administratives aidant, ladite famille s’est lassée et la fortune va revenir à l’État. […] Ropartz, à qui je trouve un air de famille avec les romantiques d’autrefois, de la bonne époque, de par ses Chevauchées, etc.
Et maudite dans ce qu’elle entreprenait de sage, de raisonnable, comme mère de famille, perdant dans de malheureuses affaires, les placements qu’elle faisait en vue de l’avenir de ses enfants : placements faits à force d’économies et de retranchement sur elle-même. […] Je la revois, ma mère, ce jour des mardis gras, où, tous les ans, elle donnait un goûter aux enfants de la famille, et à leurs petites amies et à leurs petits amis, et où tout ce monde minuscule de Pierrettes, de Suissesses, d’Écaillères, de Gardes-Françaises, d’Arlequines, de Matelots, de Turcs, emplissait de sa joie bruyante, le calme appartement de la rue des Capucines. […] Je la revois dans sa bourgeoise chambre à coucher, en ses vieux meubles de famille, avec sa pendule Empire, accotée dans un petit fauteuil, tout contre mon frère faisant ses devoirs, la tête presque fourrée dans le vieux secrétaire d’acajou, et surélevé, tout le temps qu’il fut petit, sur un gros dictionnaire, placé sur une chaise. […] Et je me tenais un peu derrière elle, comme pris d’un sentiment d’adoration religieuse pour cette femme, qui me paraissait d’une essence autre, que celle des femmes de ma famille, et qui, dans l’accueil, le port, la parole, la caresse de la physionomie, quand elle vous souriait, avait sur vous un empire, que je ne trouvais qu’à elle, qu’à elle seule. […] que des confrères placent dans la famille des Gautier, des Saint-Victor, et qui, mort ou vivant, le jour, où il n’occupera plus le rez-de-chaussée du Temps, peut s’attendre à être traité de bas scribe, et de pauvre plumitif dramatique.