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2101. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 11-15754

) comme un pere de famille. […] Qu’il me soit permis d’observer ici que les noms propres de famille ne doivent être précédés de la préposition de, que lorsqu’ils sont tirés de noms de terre. Nous avons en France de grandes maisons qui ne sont connues que par le nom de la principale terre que le chef de la maison possédoit avant que les noms propres de famille fussent en usage. […] Nous avons aussi des maisons très-illustres & très anciennes, dont le nom n’est point précédé de la préposition de, parce que ce nom n’a pas été tiré d’un nom de terre : c’est un nom de famille ou maison. Il y a de la petitesse à certains gentilshommes d’ajoûter le de à leur nom de famille ; rien ne décele tant l’homme nouveau & peu instruit.

2102. (1769) Les deux âges du goût et du génie français sous Louis XIV et sous Louis XV pp. -532

Mais, enfin, la famille des Arts & des Sciences m’a paru mériter une généalogie plus complette. J’essaierai d’indiquer, très-rapidement, & la souche & la filiation de ses différentes parties de la suivre dans ses émigrations ; de montrer, enfin, plus en détail, comment s’est introduite parmi nous cette famille tant de fois errante, & qui semble pour jamais bannie des lieux qui l’ont vu naître. […] Il le trouva dans cette seule famille qui, pour le bonheur des Arts, occupait & le siege de Rome & le trône de Toscane. […] “Tel, dit M. de Fontenelle, qui, par les partages de sa famille, n’avait que la moitié ou le quart d’un vieux château, allait quelque tems courir le monde en rimant, & revenait acquérir le reste du château”. […] Les Godefroi, pere, fils & petit-fils, les Sainte-Marthe, autre famille où la science fut héréditaire ; les Labbé, les Vignier, les le Laboureur, les Cordemoi, les Fourni, les Valois, les Baillet, les Tillemont, les Mabillon, les Longuerue, & tant d’autres érudits profonds, jettaient sur les ténebres de notre histoire des traits de lumiere qui dirigeaient la marche de leurs successeurs.

2103. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre III. Ben Jonson. » pp. 98-162

À son retour, dans le repas des réjouissances, sa mère lui montra un violent poison qu’elle aurait mis dans sa boisson pour le soustraire à la sentence, et « pour montrer qu’elle n’était pas poltronne, ajoute Jonson, elle était résolue à boire la première. » On voit qu’en fait d’actions vigoureuses, il trouvait des exemples dans sa famille.

2104. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXXe entretien. Conversations de Goethe, par Eckermann (2e partie) » pp. 315-400

Même dans une seule famille, par exemple dans celle des fauvettes, il y a de grandes différences.

2105. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 13, qu’il est probable que les causes physiques ont aussi leur part aux progrès surprenans des arts et des lettres » pp. 145-236

Quinte-Curce caracterise si bien toutes les circonstances de l’avenement de Claudius à l’empire qui calma le tumulte, il parle si nettement de la famille de ce prince, qu’on ne sçauroit hésiter sur l’application de ce passage, d’autant plus que l’exposé qu’on y trouve ne peut être appliqué à l’avenement à l’empire d’aucun des trente successeurs immédiats de Claudius.

2106. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Paul Féval » pp. 107-174

Et d’ailleurs ce ne serait point par le petit dernier de cette puissante famille de livres qu’il y pourrait entrer.

2107. (1932) Les deux sources de la morale et de la religion « Remarques finales. Mécanique et mystique »

Dans un pays de trop faible natalité comme la France, l’État doit sans doute pousser à l’accroissement de la population : un économiste qui fut pourtant le plus grand ennemi de l’« étatisme » demandait que les familles eussent droit à une prime pour chaque nouvel enfant à partir du troisième.

2108. (1902) Symbolistes et décadents pp. 7-402

Dans ce désarroi, il cherchera à faire un aveu qui ne s’attire comme réponse qu’un conseil, et ce conseil il le demandera presque instinctivement à un être faible, Sonia, une pauvre petite prostituée, vivant dans cet état illogique, de faire son métier pour nourrir sa famille, pure cérébralement, déchue physiquement. […] Et la pauvre Godelieve aux yeux de lac, au teint de lait, n’est-elle pas de la famille de ces douces femmes closes dans une quotidienne simplicité, enrichissant de profondeur tout détail de vie qu’elles touchent, à travers qui les peintres primitifs ont effigié les saintes femmes, celles qui pleurent aux pieds du Christ et les madones un peu lourdes et gauches, mais d’un si intime recueillement, auprès de qui l’enfant Jésus tourne les pages d’un livre ? […] « Si je reviens (en Europe), écrit-il à sa famille (en 1885), ce ne sera jamais qu’en été, et je serai forcé de redescendre, en hiver au moins, vers la Méditerranée.

2109. (1856) Articles du Figaro (1855-1856) pp. 2-6

Dans ce siècle où l’on n’a guère plus d’aïeux, mais où l’usage n’interdit pas de s’en fabriquer, il était assurément difficile de faire un meilleur choix et de se composer une plus imposante galerie de portraits de famille. — Je sais bien que c’est à l’homme de lettres, envisagé sous un point de vue collectif, que M.  […] On compte jusqu’à vingt suicides occasionnés par la charmante ingénue, et si les journaux n’en ont rien dit, c’était uniquement pour ne point jeter l’alarme dans les familles.

2110. (1900) La culture des idées

Voilà sur quelle parole se serait fondée la famille nouvelle si l’opulence verbale du catholicisme païen n’avait su entourer de phrases sensuelles la parole brutale de l’apôtre juif ; l’Église substitua à l’idée de πορνεια la musique d’alcôve du Cantique des Cantiques. […] Tâchez de les atteindre dans leurs œuvres, dans leur famille, dans leur santé ; insinuez le plagiat, le bagne, la syphilis ; vous passerez pour un homme bien renseigné, spirituel, un peu mauvaise langue, et votre compagnie sera recherchée par les journalistes, — ce qui est toujours bon, car la célébrité, comme le tonnerre, est faite de petit échos multipliés qui ricochent et redondent les uns sur les autres. […] Le paganisme est resté traditionnel, notamment à Paris, dans certaines familles, où, dit-on, les libations et les sacrifices d’animaux sont encore en usage.

2111. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « M. de Rémusat (passé et présent, mélanges) »

Les pages dans lesquelles il compare ensemble Werther et René, à l’occasion du héros très-secondaire de Foscolo, sont d’un voisin de cette famille et qui s’est autrefois assez inoculé de ces maladies pour ne plus s’arrêter au coloris littéraire et pour ne s’attacher qu’au germe caché.

2112. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXIIIe entretien. Cicéron (2e partie) » pp. 161-256

« Ce fut sans doute une perte amère pour sa famille, pour la patrie, pour tous les gens de bien ; mais tel a été après lui le sort de la république, qu’on peut dire que les dieux ne lui ont pas ôté la vie, mais lui ont accordé la mort.

2113. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre cinquième. Le réalisme. — Le trivialisme et les moyens d’y échapper. »

Renan, ne nous empêchera point d’admirer simultanément le poète du Jésus-Ariel et celui de la tragique et grossière famille des Maheu.

2114. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre dixième. Le style, comme moyen d’expression et instrument de sympathie. »

Embarrassé par la consonne d’appui, il ne pourrait plus écrire :         Quand la perdrix         Voit ses petits En danger et n’ayant qu’une plume nouvelle Qui ne peut fuir encor par les airs le trépas, Elle fait la blessée, et va traînant de l’aile, Attirant le chasseur et le chien sur ses pas, Détourne le danger, sauve ainsi sa famille ; Et puis, quand le chasseur croit que son chien la pille, Elle lui dit adieu, prend sa volée, et rit De l’homme qui, confus, des yeux en vain la suit.

2115. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre III. Variétés vives de la parole intérieure »

V « la famille Joyeuse ») pour le passage cité ici.

2116. (1902) Les poètes et leur poète. L’Ermitage pp. 81-146

Je choisis Franc-Nohain parce qu’il est à la fois et le plus grand poète du xixe  siècle et… mon gendre (Ai-je l’esprit de famille assez développé ?

2117. (1896) Le IIe livre des masques. Portraits symbolistes, gloses et documents sur les écrivains d’hier et d’aujourd’hui, les masques…

Les mots assument donc, en dehors de leur sens interne, un autre sens, extérieur, moins précis, qui leur est départi par les lettres dont ils sont formés ; de là, la possibilité : soit de renforcer une idée en l’exprimant avec des mots contenant des syllabes appartenant par leur son à cette famille d’idées ; soit de faire courir sous l’idée exprimée par les mots un sens contradictoire ou atténué, en choisissant ses mots dans une série instrumentale différente. […] C’est à lui, je crois, qu’on doit le mot fameux : « Il n’y a pas d’innocent », mot terrible et digne d’un prophète plus biblique, opinion grave qui nous mettait plus bas que la ville maudite d’où Loth ne devait sortir, il est vrai, que pour donner un exemple fâcheux aux familles futures.

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