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444. (1911) Nos directions

Elle faillit bien nous gâter le pittoresque lyrisme des personnages, lorsque, par leur bouche rustique, elle s’exprima ! […] Il donne au rythme une signification humaine que la plus puissante danseuse n’aurait pas les moyens, la force d’exprimer. […] S’étant replacé dans la situation d’un Malherbe, que le poète s’exprime naturellement et en toute sincérité ainsi que s’exprimait Malherbe, cela ne nous choquera pas. […] Oui, leur strophe si variée, capable d’exprimer tous les tumultes — écoutez la grande voix de Verhaeren ! […] Et son rythme vaudra ce que vaudra ce qu’il exprime.

445. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre III. L’Âge moderne (1801-1875) » pp. 388-524

« Elle a voulu, en écrivant, exprimer ce qu’elle avait dans lame bien plus qu’exécuter des ouvrages d’art » ; ou encore : « Corinne est l’idéal de Mme de Staël, Delphine en est la réalité durant sa jeunesse ». […] C’est qu’on n’exprimait, en ce temps-là, la nature même qu’en fonction de l’homme, et l’homme qu’en fonction de la société. […] et, quand ils en sont arrivés à penser, et très sérieusement, comme Flaubert, qu’un « assemblage de mots, indépendamment de ce qu’il exprime », avait en soi sa beauté, n’ont-ils pas été dupes d’une véritable hallucination d’art ? […] S’il est loisible au peintre ou au sculpteur de ne se soucier uniquement que de la réalisation du caractère ou de la beauté, ni l’auteur dramatique, ni le poète ne le peuvent, parce qu’ils se servent de mots, et que les mots expriment des idées, et que les idées se changent en mobiles ou en motifs d’action. […] La Bonne vieille, Le Vieux Célibataire, Les Cinq Étages, Le Vieux Caporal, etc. ]. — Il y en a dans le choix des « refrains » ; — qui presque toujours expriment en un vers l’intention de la chanson tout entière ; — et dont le retour est toujours amené avec infiniment d’aisance et de naturel [Cf. 

446. (1891) Impressions de théâtre. Cinquième série

il n’y a pas de paroles pour exprimer ce queje souffre ! […] Et les autres personnages s’expriment dans le même langage sur le cas de la jeune chrétienne. […] Le charme capiteux, la griserie légère de cette vie de Paris y sont si vivement et si naturellement exprimés ! […] Certes, elle souffrira moins, et elle le sent : et c’est cela que son cri exprime instinctivement. […] C’est une marmite qui moucharde, si j’ose m’exprimer ainsi.

447. (1933) De mon temps…

Cette animosité, Villiers ne manquait guère l’occasion de l’exprimer en « mots cruels » et même en actes presque injurieux, à en croire l’anecdote qu’on m’a contée et qui est bien dans la « manière » de Villiers. […] Cette foi, il en exprima les aspirations et les élans en de nombreuses pages qu’il légua en mourant à Paul Adam. […] Sa façon de s’exprimer était brève et dédaigneuse. […] La bizarrerie des images s’exprimait par d’étranges déformations verbales. […] Pierre de La Gorce, et il me semble avoir exprimé avec une respectueuse sincérité l’admiration que m’inspire l’œuvre du grand et probe historien du Second Empire.

448. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Histoire de la querelle des anciens et des modernes par M. Hippolyte Rigault — II » pp. 150-171

Ce qu’on a senti ou pensé, on peut l’exprimer avec une élégance égale dans toutes les langues ; et chaque langue vous fournira les expressions uniques pour caractériser quelque pensée, quelque sentiment que ce soit, et pour en fixer le degré de vivacité ou de noblesse. […] Rendant hommage au mérite de M. de La Motte, qu’il ne craint pas d’appeler, « de l’aveu de tout le monde littéraire, un des premiers hommes de son siècle », l’abbé de Pons s’exprimait en paroles bien senties et moins contestables sur son caractère moral et ses vertus de société : Cette supériorité24, disait-il, est d’ordinaire compagne de l’orgueil immodéré ; mais le souverain éloge de M. de La Motte, c’est d’avoir su allier aux talents les plus éminents la plus modeste opinion de lui-même ; c’est de n’avoir jamais cherché dans les ouvrages de ses rivaux que le beau pour le protéger, et de s’être imposé un silence religieux sur les fautes dont il aurait pu triompher. […] Ami de la propriété des termes, de l’ordre logique et direct dans le langage, il se disait que l’esprit n’a ses coudées franches et son juste instrument que dans la prose ; « qu’elle seule a droit sur tous genres d’ouvrages indistinctement ; qu'elle a seule l’usage libre de toutes les richesses de l’esprit ; que, n’étant asservie à aucun joug, elle ne trouve jamais d’obstacles à exprimer ce que le génie lui présente ; qu’elle n’est jamais forcée de rejeter les expressions propres et les tours uniques que demandent les idées successives et les sentiments variés que ses sujets embrassent. » Mais, avec les vers, il faut toujours faire quelque concession, quelque sacrifice, tantôt pour la clarté, tantôt pour l’élégance, ces deux qualités dont la prose est toujours comptable : « Quand une pensée se trouve, à quelque chose près, aussi bien exprimée en vers qu’elle pourrait l’être en prose, on applaudit au succès du poète, on lui voue son indulgence, on lui permet de grimacer de temps à autre ; les expressions impropres sont chez lui de légères fautes ; les constructions inusitées deviennent ses privilèges. » Et il en citait des exemples jusque dans Boileau.

449. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Souvenirs militaires et intimes du général vicomte de Pelleport, publiés par son fils. » pp. 324-345

Il ne faut pas demander au récit du général Pelleport, son ami et son collègue comme colonel pendant la retraite de Russie, et qui, comme lui, eut l’honneur d’être à l’extrême arrière-garde de l’arrière-garde, il ne faut pas lui demander, dirai-je tout d’abord, les mêmes qualités de correction, d’élégance, et d’un pathétique par moments presque virgilien ; mais la vérité, la candeur, un ton de sûreté et de probité dans les moindres circonstances, le scrupule, la crainte de trop dire jointe à une bravoure si entière et si intrépide, un bon sens pratique et des jugements à peine exprimés qui comptent d’autant plus qu’ils ne portent jamais que sur ce que le narrateur a su par lui-même, tout cela compense bien pour le lecteur ce qui est inachevé littérairement, et nous dessine dans l’esprit une figure de plus d’un bien digne et bien estimable guerrier. […] Il nous exprime bien la moyenne d’esprit de l’armée. […] Le récit qu’il fait de la campagne de Russie où il eut une si belle conduite sous les ordres de Ney à l’arrière-garde de la retraite, commence par un aveu d’une effusion extrême, et qui exprime bien le genre d’intérêt religieux que ces militaires esclaves du devoir et de l’honneur attachent à la consécration des souvenirs : L’un des grands regrets que je puisse éprouver aujourd’hui, écrivait Pelleport dans les dernières années de sa vie, c’est de penser qu’il me faudra peut-être mourir sans avoir pu lire dans Thiers l’histoire de notre immortelle campagne de Russie. […] Son témoignage, exprimé avec l’énergie de conviction qu’il y met, est d’un grand poids. — Le plus grand tort des Mémoires de Marmont est d’avoir paru trop tôt.

450. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Entretiens de Gœthe, et d’Eckermann »

Le grand poëte n’avait cessé d’être de loin son « étoile polaire. » En recevant le volume de poésies, Gœthe reconnut vite un de ses disciples et de ses amis comme le génie en a à tous les degrés ; non content de faire à l’auteur une réponse de sa main, il exprima tout haut la bonne opinion qu’il avait conçue de lui. […] Le présent a ses droits ; les pensées, les sentiments qui, chaque jour, se pressent dans une âme de poëte veulent et doivent être exprimés. […] Moi-même il m’est arrivé de l’appeler en un endroit « le Talleyrand de l’art », voulant indiquer par là qu’il tirait à temps son épingle du jeu et qu’il était homme à tricher quelquefois avec les passions mêmes qu’il exprimait. […] Il n’évitait en rien l’émotion, il y restait ouvert et accessible par tous les pores, mais dans les limites de l’art autant que possible ; et il s’appliquait surtout à exprimer cette émotion dès qu’elle devenait vive, à la revêtir poétiquement, et par conséquent à la dominer.

451. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Anthologie grecque traduite pour la première fois en français et de la question des Anciens et des Modernes »

Dieu m’est témoin pourtant que c’est bien une crainte que j’exprimais, et non une opinion tant soit peu favorable à une telle issue, ni l’ombre d’un assentiment. […] Et maintenant, vois, toutes tes fleurs sont par terre, éparses et répandues. » Presque à côté je remarque une autre épigramme dont la conclusion, toujours la même, est exprimée d’une manière un peu plus raffinée, plus platonique, et sentant déjà le futur troubadour ; elle est d’Alphius de Mitylène : « Malheureux, ceux dont la vie se passe sans amour ! […] C’est bien elle, en effet, qui du bout de ses doigts exprime l’onde de sa chevelure ; c’est bien ce regard où luit l’éclat riant du désir, et ce sein qui, dans sa fraîcheur nouvelle, mûrit déjà7. […] C’est ce que je te recommande, moi, Priape, le gardien des ports, pour que tu ailles partout où le commerce t’appelle. » Léonidas n’eut pas seulement affaire aux pauvres gens et à ceux du commun ; nul n’a exprimé mieux que lui la délicatesse de cœur et d’esprit du parfait galant homme ; lisez plutôt cette Épitaphe d’Aristocratès, de l’homme aimable par excellence : « Ô Tombeau, de quel mortel tu couvres ici les ossements dans ta nuit !

452. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Corneille. Le Cid (suite.) »

Toute œuvre étrangère, en passant par la France, par la forme et par l’expression française, se clarifie à la fois et se solidifie, de même qu’en philosophie une pensée n’est sûre d’avoir atteint toute sa netteté et sa lumière, que lorsqu’elle a été exprimée en français. […] Chimène, dans la scène qui suit, exprime des craintes et un triste pressentiment au milieu de sa joie. […] Rodrigue, resté seul, exprime sa lutte douloureuse dans des Stances traduites ou imitées, qui font toujours plaisir à entendre, malgré les concetti dont elles sont semées : « Percé jusques au fond du cœur D’une atteinte imprévue aussi bien que mortelle… » Les paroles ont beau être déliées et subtiles, elles sont insuffisantes. […] Il exprime en cela l’opinion de la plupart des seigneurs et gentilshommes français qui écoutaient le Cid.

453. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Œuvres françaises de Joachim Du Bellay. [II] »

Du Bellay le sait bien ; il nous exprime la haute idée qu’il se fait du poète, et, à dénombrer toutes les qualités qu’il lui attribue, on sent qu’il doit l’être lui-même : il exige avant tout un je ne sais quoi de divin, et il reprend à sa source et dans son vrai sens naturel, pour le lui appliquer, le mot de génie, genius. […] Cicéron n’a-t-il pas exprimé au vif Démosthène, Isocrate et Platon, de manière à rendre les Grecs eux-mêmes jaloux ? […] Mais, ici, l’instituteur et promoteur poétique est plus voisin de l’inspiration puisée aux sources : Boileau serre de plus près la règle, curieux et jaloux de l’exprimer avec élégance. […] Les choses viennent premièrement, fait-il remarquer, puis les mots suivent pour les exprimer : c’est là la marche naturelle.

454. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « LOYSON. — POLONIUS. — DE LOY. » pp. 276-306

C’est ce qu’il exprime bien mélancoliquement dans son élégie, le Lit de mort ; c’est ce qu’il reprend avec un attendrissement redoublé dans celle qu’il intitule le Retour à la Vie. […] Une pièce de lui, le Luth abandonné, exprime avec mélodie cette disposition touchante : ……………. […] Il en est de la poésie amoureuse comme de Vénus quand elle se montre aux yeux d’Énée, naufragé près de Carthage et à la veille de voir Didon : elle prend les traits d’une mortelle, d’une simple chasseresse ; elle ressemble à une jeune fille de Sparte, et s’exprime sans art d’abord, avec un naturel parfait. […] En même temps que Loyson regrettait que l’éditeur d’André Chénier eût trop grossi le volume, Étienne Becquet, le même que nous avons vu mourir voisin des Ménades, mais qui, je le crains, n’aura point sa place au bosquet, exprimait dans les Débats, et bien plus vivement, les mêmes reproches.

455. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « M. Joubert »

« Voltaire l’avait, les anciens ne l’avaient pas. » Le style de son temps, du xviiie  siècle, ne lui paraît pas l’unique dans la vraie beauté française : « Aujourd’hui le style a plus de fermeté, mais il a moins de grâce ; on s’exprime plus nettement et moins agréablement ; on articule trop distinctement, pour ainsi dire. » Il se souvient du xvie , du xviie  siècle et de la Grèce ; il ajoute avec un sentiment attique des idiotismes : « Il y a, dans la langue française, de petits mots dont presque personne ne sait rien faire. » Ce Gil Blas, que Fontanes lui citait, n’était son fait qu’à demi : « On peut dire des romans de Le Sage, qu’ils ont l’air d’avoir été écrits dans un café, par un joueur de dominos, en sortant de la comédie. » Il disait de La Harpe : « La facilité et l’abondance avec lesquelles La Harpe parle le langage de la critique lui donnent l’air habile, mais il l’est peu. » Il disait d’Anacharsis  : « Anacharsis donne l’idée d’un beau livre et ne l’est pas. » Maintenant on voit, ce me semble, apparaître, se dresser dans sa hauteur et son peu d’alignement cette rare et originale nature. […] J’aime le papier blanc plus que jamais, et je ne veux plus me donner la peine d’exprimer avec soin que des choses dignes d’être écrites sur de la soie ou sur l’airain. […] Cela est d’autant plus probable, que depuis quelque temps je ne travaille à exprimer que des choses inexprimables. » Comme ceci est tout à fait inédit et pourra s’ajouter heureusement à une réimpression des Pensées, je ne crains pas de transcrire : c’est un régal que de telles pages. […] J’ajoutais, en terminant, quelques conseils de détail relatifs à une future réimpression ; ils deviennent inutiles à reproduire, le vœu que j’exprimais ayant été surabondamment rempli. — (Voir encore sur M. 

456. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre III. Le naturalisme, 1850-1890 — Chapitre V. Le roman »

Flaubert n’a rien voulu exprimer de lui-même, ni sa conception ni son rêve de la vie. […] Zola apparaît assez curieusement dans le caractère particulier de chacun des romans qui doivent l’exprimer. […] Toutes les parties de Germinal qui expriment la vie et l’âme collectives des mineurs, sont étonnantes de largeur épique. […] Dans leur œuvre laborieuse, ils ont réussi surtout à exprimer certains types de détraqués et de déclassés, gens de lettres, artistes, acrobates ; ils ont rendu avec une singulière originalité les formes d’âmes les plus factices qu’une civilisation trop raffinée fait éclore, la jeune fille du grand monde parisien, par exemple, dans ce roman de Renée Mauperin, qui demeurera, je pense, l’une des œuvres caractéristiques de notre temps.

457. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre sixième. La volonté — Chapitre premier. Existence de la volonté »

L’idée-force exprime l’immanence du vouloir à tous les faits de représentation. […] Mais, si l’on exprime par le mot de volonté ce fait que, dans tout état de conscience, même le plus élémentaire, la phase sensitive est inséparable d’une phase émotionnelle et celle-ci d’une phase appétitive ou réactive ; si l’on veut dire encore que, dès le début du processus psychologique, il y a déjà un appétit modifié par une sensation d’une manière plus ou moins agréable ou pénible, que c’est là le fait primitif, le fait irréductible de la psychologie, exprimable en abrégé par les mots de passion et de réaction, ne peut-on alors, par l’observation et le raisonnement, établir l’existence de la volonté ? […] La « représentation », comme telle, exprime surtout les relations de l’être vivant avec les autres objets, conséquemment le reflet de ces objets en lui ; la volition, le désir, le plaisir et la peine, en ce qu’ils ont de constitutif, expriment la nature même et le développement propre de l’être vivant.

458. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre X. Première partie. Théorie de la parole » pp. 268-299

La poésie n’est point, pour les Français, une production originale : qu’elle s’exprime en prose ou en vers, c’est toujours une traduction plus ou moins parfaite, mais une traduction seulement de la poésie ancienne, qui est la véritable poésie. […] L’homme de génie qui, voyant que tout est lié dans les destinées humaines, exprimerait d’avance les idées vulgaires d’un autre âge ; celui-là, comblant l’espace qui le tiendrait séparé des temps postérieurs, créerait dans l’avenir des événements et des chefs d’empire, et prédirait ainsi une épopée. […] Virgile exprime encore les sentiments délicats et généreux d’une civilisation avancée, et montre ainsi comment avec un goût parfait le poète peut marier certaines idées et certaines mœurs d’un siècle avec celles d’un siècle antérieur, leçon admirable qui ne fut point perdue pour Racine et pour Fénelon. […] Platon, en parlant de la langue-écrite, s’exprimait ainsi : « Elle ne sait ce qu’il faut dire à un homme, ni ce qu’il faut cacher à un autre.

459. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Première partie — Chapitre II. Réalité des idées égalitaires »

Ainsi dans les sociétés, les modes d’actions généralement pratiquées seront les signes, les plus expressifs du tour des opinions généralement reçues : consolidées, objectivées ou non, inscrites dans les choses ou seulement dans les âmes, les habitudes collectives, — c’est-à-dire celles que chaque individu se sent tenu d’observer, — manifestent les idées acceptées par la masse des individus ; les transformations des autres ne peuvent manquer de s’exprimer par les transformations des autres. […] Qu’ils fassent consister le progrès dans le passage des sociétés de type militaire aux sociétés de type industriel, — ou des sociétés fondées sur la solidarité mécanique aux sociétés fondées sur la solidarité organique, — ou des sociétés dominées par la coutume aux sociétés dominées par la mode6 — les différents systèmes sociologiques ont exprimé ce même fait chacun à leur façon : la différence même de leurs principes ou de leurs méthodes rend d’autant plus vraisemblable la réalité du phénomène qu’ils s’accordent à constater. […] La première, seule s’exprime directement par les institutions, soit : mais ne suppose-t-elle pas logiquement la seconde ? […] Toute réforme nationale délibérée est la mise en œuvre d’un syllogisme pratique, dont la majeure, exprimée ou sous-entendue, contient des propositions qui touchent à l’humanité15.

460. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Appendice. — Post-scriptum sur Alfred de Vigny. (Se rapporte à l’article précédent, pages 398-451.) »

Camille Doucet récipiendaire, a pu dire avec une finesse heureuse : « Tout à l’heure, Monsieur, vous exprimiez le regret de n’avoir point vécu dans la familiarité de M. de Vigny. […] Cette légère réserve faite, je ne sais rien de mieux raconté. » M. le comte de Circourt enfin, cet homme de haute conscience et de forte littérature, dans une lettre qu’il m’écrivait le 24 avril 1864, reconnaissait la vérité du Portrait et s’exprimait en ces termes par lesquels je terminerai et qui me couvrent suffisamment : « Les grands côtés du talent de M. de Vigny sont mis par vous en relief d’une manière tout à la fois large et fine ; et malgré la sévérité de quelques-unes de vos appréciations, je n’ai rien à souhaiter de mieux pour la mémoire de M. de Vigny, si ce n’est que la postérité s’en tienne sur lui à votre jugement, ce que j’espère ; j’apprends que ses vrais (et par conséquent rares) amis sont tout à fait de ce sentiment. » 79.

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