Nous contractâmes ainsi l’habitude de vivre constamment ensemble ; c’était ensemble que nous parcourions les champs encore humides de rosée, que nous écoutions l’hymne de l’alouette et le gai rappel de la caille. […] La toile se relève sur Faust et Méphistophélès qui causent ensemble.
II C’est ainsi que le comte de Maistre nous apparaît aujourd’hui, à trente-sept ans de distance du temps où nous nous promenions ensemble sous les châtaigniers de la vallée de Chambéry, lui me récitant ses vers sur le Caucase et sur le Phâse, deux excellentes rimes pour un vieux poète revenant de Russie, moi lui récitant les premières stances des Méditations, sans penser qu’un jour il serait divinisé et moi lapidé pour de la prose ou pour des vers. […] L’ensemble était d’un homme qui sent sa valeur et qui, sans l’imposer par trop d’orgueil, veut la faire sentir aux autres par quelque emphase dans l’attitude. […] La confédération seule est le mode futur de l’indépendance italienne, parce qu’elle laisse, à chacune des nationalités si diverses et si justement fières de la Péninsule, son nom, sa capitale, ses mœurs, sa langue, sa dignité, son poids personnel dans l’ensemble.
Sa taille était droite, élevée ; elle avait une démarche d’impératrice, et son teint blanc et mat achevait cet ensemble harmonieux et frappant. […] « Songez qu’il faut que nous achevions nos jours ensemble. […] Il arrivait tous les jours chez elle à deux heures et demie ; ils prenaient le thé ensemble et passaient une heure à causer en tête à tête.
Ouvrons donc ensemble ce poème inimitable, œuvre badine d’un homme qui n’a point eu d’égal dans l’antiquité, point d’émule dans les temps modernes : le divin Arioste. […] Aussi l’intérêt et l’attendrissement, qui sont fréquents dans chaque épisode, sont-ils nuls dans l’ensemble ; il n’y a que des pages, il n’y a pas de livre. […] Ainsi, dans cette circonstance de ma vie poétique, la belle villa des collines euganéennes, les bois de lauriers sous nos pieds au penchant de la pelouse, le pin murmurant sur nos têtes, la mer Adriatique à l’horizon, le tintement du petit jet d’eau des terrasses qui venait jusqu’à nous sur les tièdes bouffées du vent du soir, ces deux charmantes figures de femme, l’une dans le septembre encore fleuri, l’autre dans l’avril à peine fleurissant de leurs années ; cette tendresse égale, mais diverse, qui se peignait dans leurs yeux bleus en se regardant avec leur jeune amour, l’un de mère, l’autre de fille ; le groupe enchanteur qu’elles formaient sans y penser en folâtrant ensemble dans des attitudes langoureuses ou enfantines, sous mes yeux ; les joyeux éclats de rire innocents qui retentissaient dans leurs jeux, entre leurs dents sonores, tout cela me faisait une telle illusion et se confondait tellement dans mes yeux et dans mon imagination avec les stances de l’Arioste, encore vibrantes à mes oreilles, qu’il me semblait voir en réalité une Ginevra dans la mère, une Angélique dans la fille, et que, si on m’avait demandé : Êtes-vous dans le poème ?
Le monde moderne en sera plus fort et plus beau, et plus conforme au plan de Dieu, qui n’a pas fait de l’homme un fragment, mais un ensemble. […] Ils étudiaient ensemble : l’acteur, à imiter les intonations, les attitudes et les gestes que la nature inspirait d’elle-même à Cicéron ; l’orateur, à imiter l’action que l’art enseignait à Roscius ; et, de cette lutte entre la nature qui imite et l’art qui achève, résultait, pour l’acteur et pour l’orateur, la perfection, qui consiste, pour l’acteur, à ne rien feindre au théâtre qui ne jaillisse de la nature, et, pour l’orateur, à ne rien professer à la tribune qui ne soit avoué par l’art et conforme à la suprême convenance des choses, qu’on nomme le beau. […] Puis les deux proscrits, comme s’ils avaient eu le pressentiment de leur éternelle séparation, se récrièrent sur l’extrémité de leur malheur, qui ne leur permettait pas même de le supporter ensemble, pleurèrent de tendresse sur le chemin à la vue de leurs esclaves, et, se serrant dans les bras l’un de l’autre, se séparèrent et se rapprochèrent plusieurs fois, comme dans un dernier adieu.
c’est que la vie et la mort sont sœurs et naissent ensemble comme deux jumelles. […] Je me règle sur le soleil, et nous nous levons ensemble. […] Mademoiselle de Guérin avait vingt-huit ans ; elle n’était pas jolie, selon le vulgaire, bien que les yeux, où se reflète le génie, la bouche, où s’épanouit la bonté, le contour harmonieux et délicat du visage, qui encadre le caractère, les cheveux, grâce de la figure, la taille svelte et souple, qui fait ressortir les formes du corps, la vivacité de la démarche, qui transporte la personne avec la rapidité de la pensée, fissent de cet ensemble un aspect très agréable, plus que suffisant au bonheur d’un époux.
C’est sa vie que nous voulons savoir ; or, la vie, c’est le corps et l’âme, non pas posés vis-à-vis l’un de l’autre comme deux horloges qui battent ensemble, non pas soudés comme deux métaux différents, mais unifiés dans un grand phénomène à deux faces, qu’on ne peut scinder sans le détruire. […] Est-il croyable qu’il n’existe pas dans toute l’Europe une seule chaire de linguistique et que le Collège de France, qui met sa gloire à représenter dans son enseignement l’ensemble de l’esprit humain, n’ait pas de chaire pour une des branches les plus importantes de la connaissance humaine que le XIXe siècle ait créées ? […] Chacun saisit dans ce vaste tableau un trait, une physionomie, un jet de lumière ; nul ne saisit l’ensemble et la signification du tout.
Wagner a été lui-même la cause, bien innocente, d’un autre malentendu à propos de Tristan ; d’un malentendu assez grave, puisqu’il peut fausser toutes nos idées sur l’ensemble des œuvres du maître, et aussi sur le fond même de ses convictions artistiques. […] Certes, si on prend l’œuvre dans son ensemble, la musique prédomine dans une très large mesure ; mais c’est le sujet qui le commandait, et j’ai démontré que cela n’est nullement la négation d’une unité vivante et organique. […] Il reçut le prix Nobel de littérature pour l’ensemble de son œuvre en 1902.Jacob Moleschott est un philosophe et un physiologiste néerlandais, né à Bois-le-Duc en 1822 et mort à Rome en 1893.
Ce qu’il faudrait savoir, c’est ce qui, dans une cellule ou un nerf, cause le rudiment du plaisir ou de la peine, pour s’étendre ensuite à l’ensemble du corps vivant. […] La vie, a-t-on dit, est l’ensemble des forces qui résistent à la mort : la lutte pour vivre est continuelle. […] C’est que, devant l’immensité du ciel, de la mer ou de la montagne, la possibilité d’apercevoir l’ensemble, d’embrasser tout du regard ou même de l’imagination nous est enlevée ; mais, par un effort supérieur de la pensée, nous concevons l’infini et anéantissons l’obstacle matériel devant l’idée intellectuelle.
Ils n’ouvroient les yeux que sur les beautés de détail des anciens, & les fermoient sur l’ensemble. […] Ils se prévaloient des vices qu’on remarque dans l’ensemble, pour ne pas rendre justice aux détails : ainsi l’état de la question ne fut saisi ni de part ni d’autre. […] Ils ne trouvent que dans les nôtres l’ordre & la sagesse dans le plan, la nouveauté des situations, la plus exacte bienséance, un ensemble plus beau, plus fini, & toujours supérieur aux écarts brillans d’une imagination féconde & désordonnée.
. — Nous la lirons bientôt ensemble. […] La nature du supplice lui-même, le vent glacial qui emporte dans un tourbillon de frimas les deux coupables, mais qui les emporte ensemble, échangeant l’amère et éternelle confidence de leur repentir, buvant leurs larmes, mais y retrouvant au fond quelque arrière-goutte de leur félicité perdue, quoi de plus dans un tel récit épique ? […] Louis Ratisbonne rappelle la traduction, jusqu’ici inimitable, des Géorgiques de Virgile par l’abbé Delille ; mais le Dante, poète abrupte, étrange, sauvage et mystique tout ensemble, est mille fois plus inaccessible à la traduction que Virgile.
Les longs corridors, les hauts dortoirs, la vaste église attenant à l’édifice, les portiques et les cours espacées sur lesquelles s’ouvrent les salles d’étude, donnent à tout l’ensemble de ce bâtiment l’aspect d’une magnifique abbaye de cénobites épris des champs, plutôt que la physionomie murale d’une prison d’enfants, physionomie trop habituelle à ces monuments d’étude. […] « Mes amis, nous dit alors le bon professeur, je vais faire une chose inusitée, peut-être répréhensible, je vais tenter sur vos esprits une épreuve de goût ; je vais voir si l’impression qu’un livre tout moderne m’a faite ce matin en parcourant ses pages est une illusion de la nouveauté, ou si c’est une admiration légitime et motivée pour des images et pour un style aussi réellement beaux que l’antique où nous cherchons ensemble le beau. […] Les étoiles sembleraient frappées du même vertige ; ce ne serait plus qu’une suite de conjonctions effrayante : tout à coup un signe d’été serait atteint par un signe d’hiver ; le Bouvier conduirait les Pléiades, et le Lion rugirait dans le Verseau ; là des astres passeraient avec la rapidité de l’éclair ; ici ils pendraient immobiles ; quelquefois, se pressant en groupes, ils formeraient une nouvelle Voie lactée ; puis, disparaissant tous ensemble et déchirant le rideau des mondes, selon l’expression de Tertullien, ils laisseraient apercevoir les abîmes de l’éternité.
Plus tard, quand le dogme monothéiste se fut dégagé dans la conscience du genre humain et qu’on soupçonna l’existence d’une cause ordonnatrice de l’univers, l’harmonie de l’ensemble parut impliquer nécessairement entre les différons êtres vivans les liens de parenté les plus étroits. […] « A considérer l’ensemble des choses, les unes sont éternelles et divines, tandis que les autres peuvent être ou ne pas être. […] Et sans doute le philosophe grec a mieux servi la science par ses observations si souvent exactes et pénétrantes, ses larges vues d’ensemble, ses intuitions de génie, qu’il ne l’eût fait en édifiant un système hâtif et condamné d’avance à périr.
Ils ont un charme de vieillesse mélancolique, la grâce fanée des anciennes étoffes, l’attrait d’une masure perdue et dont les toiles brillent à la rosée, dans un massif lointain de platanes et de cèdres… Leur lyrisme hésitant et vif tout ensemble, leur mélange d’ingénuité et de réalisme, leur manque absolu de mesure et de goût leur ont valu une vogue éphémère. […] Il ne faut pas l’envisager comme un ensemble de nouvelles, mais comme une étude divisée des quatre grandes races coloniales, présentée chacune dans un petit roman dont l’intrigue est caractéristique des mœurs quotidiennes. […] Autrefois, les auteurs plus rares et d’ailleurs poussés par une vocation irrésistible qui rencontrait pour s’affirmer les obstacles les plus pénibles, tels que la faim, l’hôpital, le mépris public et la haine des sots, finissaient par grouper autour de leurs œuvres, dans l’ensemble du pays, une classe d’amateurs instruits et intelligents, qui savouraient dans la lecture un plaisir de dilettante et se contentaient d’avoir du goût.
Car ce dix-septième siècle est, dans son ensemble, un des plus bizarres entre les siècles, en dépit de la légende qui l’a défiguré en le momifiant. […] Mais, je ne sais comment, l’ensemble de la pièce m’a paru rendre un son moins allemand que français ; et cela n’a rien qui puisse nous déplaire. […] Un peu ridicule à le prendre par le menu, l’ameublement Empire donne, dans son ensemble, une impression de beauté et de fierté. […] Quelque hâte qu’ils mettent à se marier, ils ne pourront vivre ensemble plus de quatre ou cinq jours, car Yann sera obligé de partir pour la mer d’Islande. […] A l’acte suivant, le mur mitoyen est abattu : les deux compères ont réalisé leur rêve, qui était de réunir leurs propriétés et de vivre ensemble.
C’était un ensemble large qu’elle écouta au début avec un léger frisson. […] L’ensemble de ses ouvrages résume si bien sa tournure d’esprit, son langage, qu’on croit parfois, en le lisant, l’entendre parler. […] En tous cas, ils sont un point de départ et complètent l’ensemble d’une œuvre. […] Mais j’en ai assez dit, et je sens qu’elles sont si étroitement liées ensemble par l’intérêt qu’a su y mettre l’auteur que je finirais par les citer toutes. […] … Si différents, nous arrivons cependant ensemble du travail nécessiteux et de la froide obscurité à ce doux banquet de lumière… Prends un cœur et fraternisons.
L’erreur ne commença que le jour où l’on ne comprit plus l’essence transcendantale des symboles ; on fit ce contre-sens de les vouloir interpréter comme des allégories : on traita la chose-en-soi comme un ensemble de phénomènes divers. […] Quelques faits, des mots qu’on cite, des anecdotes, épars et puis groupés dans la tradition, réalisent autour de ce nom comme une légende fantastique, de gloire tout ensemble et de scandale, de turpitude et de beauté. […] Ses lettres de 1875-1891, qu’on a publiées19, forment, dans leur ensemble, un curieux roman d’aventures vraies. […] » Mais nul n’a voulu faire le premier pas, Voulant trop tomber ensemble à genoux. […] Tel est son programme, dont on voit, tout ensemble, l’originalité curieuse et les nombreuses difficultés.