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452. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — D — Dorchain, Auguste (1857-1930) »

Comme Brizeux, auquel il ressemble par la pudeur de son lyrisme voilé, il a aimé la Muse d’un amour exclusif, délicat et scrupuleux… Le poète de l’Âme vierge n’a pas attendu, pour nous dire sa chanson, que les annonciateurs de « formules » nouvelles aient prédit une révolution du goût.

453. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — H — article » pp. 497-500

Despréaux, si délicat là-dessus, ne le nioit pas ; & quand on lui demandoit, pourquoi donc au troisieme Chant de son Lutrin, & dans sa neuvieme Satire, il en avoit parlé avec mépris, il répondoit, qu’au lieu d’Hesnault, il avoit d’abord mis Boursault, & ensuite Perrault, avec lesquels il s’étoit réconcilié, & leur avoit substitué, en dernier lieu, Hesnault, qui, étant mort dès 1682, étoit hors d’état de former aucune plainte. »

454. (1763) Salon de 1763 « Sculptures et gravures — Falconet » pp. 250-251

Qu’ils sont doux et délicats !

455. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome I

Pourquoi un ignoble et grossier délire serait-il plus agréable au théâtre qu’un sentiment noble et délicat ? […] Corneille aimait mieux Cinna, pièce plus mâle et plus romaine ; son neveu, le galant Fontenelle, préférait Polyeucte, parce qu’il s’y trouve beaucoup plus de sentiments délicats et de passion romanesque. […] Le vice qu’elle attaque y est présenté du côté plaisant et comique ; la censure est fine, enjouée, délicate ; l’esprit est égayé sans que le cœur soit révolté. […] On est étonné de trouver dans une pièce jouée en 1642 une foule de traits délicats et de mots heureux, des tirades même du meilleur ton. […] Oublier un bijou qu’on aurait refusé, n’est pas une moindre sottise ; la femme capable de s’approprier un bijou oublié chez elle, ne l’aurait pas refusé si on l’eût offert, et ne vaut pas assurément la peine qu’on soit si délicat avec elle.

456. (1848) Études critiques (1844-1848) pp. 8-146

Il serait tout simple que le public, sevré de jouissances délicates, se rabattit sur une pâture d’un goût médiocre. […] Doué de sentiments littéraires plus actifs que délicats, M.  […] Aussi, toutes les conversations sur ce point délicat l’embarrassent et l’ennuient. […] Je ne me permettrai pas de m’immiscer dans cette querelle délicate ; n’ayant pas l’honneur d’être critique, je n’ai pas à décider si l’État de ces Messieurs est républicain ou monarchique ; tout ce que je puis dire, c’est que le sceptre de M.  […] Observateur délicat, nul n’a poussé plus loin l’attention pour découvrir des beautés que peu de gens, sans lui, auraient soupçonnées.

457. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Riposte à Taxile Delord » pp. 401-403

Jeune homme, qui vous destinez aux lettres et qui en attendez douceur et honneur, écoutez de la bouche de quelqu’un qui les connaît bien et qui les a pratiquées et aimées depuis près de cinquante ans, — écoutez et retenez en votre cœur ces conseils et cette moralité : Soyez appliqué dès votre tendre enfance aux livres et aux études ; passez votre tendre jeunesse dans l’etude encore et dans la mélancolie de rêves à demi-étouffés ; adonnez-vous dans la solitude à exprimer naïvement et hardiment ce que vous ressentez, et ambitionnez, au prix de votre douleur, de doter, s’il se peut, la poésie de votre pays de quelque veine intime, encore inexplorée ; — recherchez les plus nobles amitiés, et portez-y la bienveillance et la sincérité d’une âme ouverte et désireuse avant tout d’admirer ; versez dans la critique, émule et sœur de votre poésie, vos effusions, votre sympathie et le plus pur de votre substance ; louez, servez de votre parole, déjà écoutée, les talents nouveaux, d’abord si combattus, et ne commencez à vous retirer d’eux que du jour où eux-mêmes se retirent de la droite voie et manquent à leurs promesses ; restez alors modéré et réservé envers eux ; mettez une distance convenable, respectueuse, des années entières de réflexion et d’intervalle entre vos jeunes espérances et vos derniers regrets ; — variez sans cesse vos études, cultivez en tous sens votre intelligence, ne la cantonnez ni dans un parti, ni dans une école, ni dans une seule idée ; ouvrez-lui des jours sur tous les horizons ; portez-vous avec une sorte d’inquiétude amicale et généreuse vers tout ce qui est moins connu, vers tout ce qui mérite de l’être, et consacrez-y une curiosité exacte et en même temps émue ; — ayez de la conscience et du sérieux en tout ; évitez la vanterie et jusqu’à l’ombre du charlatanisme ; — devant les grands amours-propres tyranniques et dévorants qui croient que tout leur est dû, gardez constamment la seconde ligne : maintenez votre indépendance et votre humble dignité ; prêtez-vous pour un temps, s’il le faut, mais ne vous aliénez pas ; — n’approchez des personnages le plus en renom et le plus en crédit de votre temps, de ceux qui ont en main le pouvoir, qu’avec une modestie décente et digne ; acceptez peu, ne demandez rien ; tenez-vous à votre place, content d’observer ; mais payez quelquefois par les bonnes grâces de l’esprit ce que la fortune injuste vous a refusé de rendre sous une autre forme plus commode et moins délicate ; — voyez la société et ce qu’on appelle le monde pour en faire profiter les lettres ; cultivez les lettres en vue du monde, et en tâchant de leur donner le tour et l’agrément sans lequel elles ne vivent pas ; cédez parfois, si le cœur vous en dit, si une douce violence vous y oblige, à une complaisance aimable et de bon goût, jamais à l’intérêt ni au grossier trafic des amours-propres ; restez judicieux et clairvoyant jusque dans vos faiblesses, et si vous ne dites pas tout le vrai, n’écrivez jamais le faux ; — que la fatigue n’aille à aucun moment vous saisir ; ne vous croyez jamais arrivé ; à l’âge où d’autres se reposent, redoublez de courage et d’ardeur ; recommencez comme un débutant, courez une seconde et une troisième carrière, renouvelez-vous ; donnez au public, jour par jour, le résultat clair et manifeste de vos lectures, de vos comparaisons amassées, de vos jugements plus mûris et plus vrais ; faites que la vérité elle-même profite de la perte de vos illusions ; ne craignez pas de vous prodiguer ainsi et de livrer la mesure de votre force aux confrères du même métier qui savent le poids continu d’une œuvre fréquente, en apparence si légère… Et tout cela pour qu’approchant du terme, du but final où l’estime publique est la seule couronne, les jours où l’on parlera de vous avec le moins de passion et de haine, et où l’on se croira très clément et indulgent, dans une feuille tirée à des milliers d’exemplaires et qui s’adresse à tout un peuple de lecteurs qui ne vous ont pas lu, qui ne vous liront jamais, qui ne vous connaissent que de nom, vous serviez à défrayer les gaietés et, pour dire le mot, les gamineries d’un loustic libéral appelé Taxile Delord.

458. (1874) Premiers lundis. Tome II « Sextus. Par Madame H. Allart. »

Tant de hautes facultés dissipées tour à tour dans un emploi mercenaire et dans d’indignes plaisirs, la confusion de tous les rangs et de toutes les conditions dans le même cercle d’intrigues sensuelles, cette familiarité délicate, ingénieuse encore dans sa licence, où vivent pêle-mêle, en confidents ou en rivaux, cardinal, prince, abbé, intendant, favori : c’était là un fonds de roman tout à fait hors des données vulgaires, et duquel, avec une âme sérieuse et tournée à l’histoire, on devait tirer de fortes leçons.

459. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — C — Cros, Charles (1842-1888) »

Vous y trouverez, sertissant des sentiments tour à tour frais à l’extrême et raffinés presque trop, des bijoux tour à tour délicats, barbares, bizarres, riches et simples comme un cœur d’enfant et qui sont des vers, des vers ni classiques, ni romantiques, ni décadents, bien qu’avec une pente à être décadents, s’il fallait absolument mettre un semblant d’étiquette sur de la littérature aussi indépendante et primesautière.

460. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Louÿs, Pierre (1870-1925) »

Ces poèmes, joints à quelques autres, forment maintenant le recueil intitulé : Astarté, qui est l’œuvre d’un artiste très subtil et très délicat.

461. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Mérat, Albert (1840-1909) »

Albert Mérat vient de publier un nouveau volume de vers, fins, délicats, légers et, de plus, amusants !

462. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « La doctrine symboliste » pp. 115-119

Il est de toute évidente qu’une oreille française, fortement enracinée, restera toujours sensible au délicat tremblé de l’e muet.

463. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — De l’état de savant. » pp. 519-520

Un père s’est enrichi par le commerce ; il a un grand nombre d’enfants ; parmi ces enfants il en est un qui ne veut rien faire, ses bras faibles et délicats lui ont donné de l’aversion pour la navette, la scie ou le marteau ; il se lève tard ; il reste assis la tête penchée sur la poitrine, il réfléchit, il médite ; il se fait poëte, orateur, prêtre ou philosophe.

464. (1898) Ceux qu’on lit : 1896 pp. 3-361

Il sanglote, suffoque, trempe son mouchoir, et tout cela très sincèrement, car il est de naturel tendre, il a le cœur délicat, et les infidélités de sa maîtresse l’accablent de mélancolie. […] Connue à travers une dentelle rousse, et déchirant ce délicat réseau, plongeait la rudesse du soleil. […] Je m’arrête sur ce point délicat, renvoyant les hommes de bonne foi, et les autres s’ils y veulent aller, à ouvrage de M.  […] C’est un livre de délicats qui se recommande par la sincérité de l’inspiration amoureuse qui l’anime. […] Xanrof ; il faut être Parisien achevé pour comprendre tout ce qu’il y a de gai sous son aspect sérieux, de délicat sous son réalisme voulu et d’observation dans ses croquis instantanés.

465. (1894) La vie et les livres. Première série pp. -348

Il faut aussi rendre hommage au zèle et à l’habileté dont fit preuve, en cette circonstance délicate, notre agent diplomatique au Caire, M. le baron de Ring. […] la Vie est triste, souillée, décevante ; elle est dure aux délicats, inclémente aux purs. […] Voilà un scrupule d’une espèce rare et délicate ; on doit en signaler l’exemple aux petits docteurs qui ne s’embarrassent pas d’une pareille expérience pour trancher les questions sociales et prédire l’avenir de l’humanité. […] À bout d’émotions, les raffinés d’Alexandrie s’efforçaient d’oublier les délicats régals dont ils étaient saturés, en se faisant, par plaisir, rustiques et canailles. […] Blondel restera un philosophe vraiment exquis, un confesseur délicat dont l’entretien est parfois un délice.

466. (1885) Les étapes d’un naturaliste : impressions et critiques pp. -302

Le lierre séculaire, qui les revêt, protège de ses festons rustiques les délicates fleurettes roses et bleues que renferme le tortueux labyrinthe des rochers. […] Crousillat est aussi un délicat, un vrai félibre. […] Celui-ci l’effeuille en strophes ailées jusqu’à ce que toutes les délicates pétales soient tombées ; puis il cherche un autre amour et un autre bouquet. […] Là les colonnes d’Hercule, là la svelte Giralda, et l’alcazar délicat, et l’immense cathédrale. […] Buet, il me faut achever la démonstration entreprise, en montrant à l’œuvre cette École sur un point d’histoire assez délicat.

467. (1895) La vie et les livres. Deuxième série pp. -364

Cette vulgarité envahissante inquiète quelques esprits délicats. […] Nous n’aurons pas le testament de cette conscience si délicate et si pure. […] Il eût aimé à vivre dans ce monde mobile, passionné et délicat. […] Ces métaphores, tirées de la vaseline et de la graisse, sont faites pour offenser le goût des personnes délicates. […] Cet artiste délicat et rare fut un des travailleurs les plus souterrains de l’équipe naturaliste.

468. (1769) Les deux âges du goût et du génie français sous Louis XIV et sous Louis XV pp. -532

Environ deux siecles après, on vit fleurir & l’énergique Alcée, & le délicat Anacréon, & la tendre Sapho, surnommée la dixieme Muse. […] Pétrone, licencieux & délicat ; Perse, obscur & Philosophe. […] C’est le cœur humain pris sur le fait dans une de ses situations les plus délicates à saisir. […] Sa plume délicate & sûre, Est le pinceau de la Nature, Et l’organe du sentiment. […] Le délicat Longueuil ajoutait encore aux charmes des sujets les plus voluptueux.

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