Wagner a indiqué dans Eine Mittheilung an meine Freunde (1851) la façon dont il entendait être compris : « Cette explication, dit-il, je projette de la faire à mes amis, parce que je ne puis être compris que de ceux à qui leur penchant vers moi fait éprouver le besoin de me comprendre, et ceux-là seuls peuvent être mes amis. […] Dans les pays voisins, y compris la Belgique, la tentative a été plus déterminée, et par suite a réussi. […] Nos Wagnériens savent tous, je le jurerais, qu’il faut chercher à comprendre Wagner et non à imiter ses petits procédés de modulation. A comprendre Wagner ils tâchent : je m’étonne même que leurs efforts n’aient rien enlevé à la délicate fraîcheur de leur teint. […] Se sentir si entièrement compris de si nobles âmes, n’est-ce point le rêve idéal, pour un artiste ?
On comprend le physicien, le chimiste, l’astronome, beaucoup moins le philosophe, encore moins le philologue. […] Tout cela faute d’avoir compris dans un sens assez large l’histoire de l’esprit humain et l’étude du passé. […] On dirait qu’ils n’ont pas compris leurs propres beautés. […] Roger Bacon, en qui se remarquent les premières étincelles de l’esprit moderne et qui, presque seul, en un espace de dix siècles, comprit la science comme nous la comprenons, avait déjà deviné la philologie. […] Pour bien comprendre le caractère de la critique ancienne, voir l’excellent article de M.
Double vie qui suppose la plus puissante tranquillité de corps et d’âme ou quelque chose de bien plus étonnant encore que cette tranquillité… Il est évident que, pour elle, les lois humaines sont renversées, et que la meilleure manière de la comprendre, c’est de dire qu’on ne comprend plus ! […] On ne comprend plus, même le langage de Sainte Térèse, ce langage trop simple, trop raréfié, trop irrespirable pour l’épaisseur de nos esprits. […] Le Système du Monde de Laplace n’a qu’un petit nombre de lecteurs qui l’entendent et peuvent le juger, mais les écrits de Sainte Térèse sont plus difficiles à comprendre dans les arcanes de leur beauté que les livres même de Laplace. […] Seulement, avant de terminer, nous voulons dire un mot d’un livre plus facile à comprendre pour les esprits positifs du siècle (positifs ! […] Dire que c’est la vie d’une âme éprise de Dieu et de perfection, qui a monté pendant quarante ans, chaque jour, une marche du ciel, le chrétien seul nous comprendrait, le chrétien qui sait à quel prix sanglant s’achète cette lente et magnifique Assomption de l’Amour !
je ne parlerai pas d’eux, parce que je n’y comprends rien et que cela m’ennuie. […] J’essaye de comprendre ce que vous voulez faire. […] Il faut être ivre pour comprendre. […] Longtemps je n’ai pu comprendre ce sonnet — et je l’aimais pourtant. […] On croit comprendre ; puis le sens échappe.
Le physicien comprend la nature, non pas sans doute dans tous ses phénomènes, mais enfin dans ses lois générales, dans sa physionomie vraie. […] L’Orient n’a jamais compris la véritable grandeur philosophique, qui n’a pas besoin de miracles. […] Ceux-là peuvent comprendre le Christ qui y ont cru ; de même, pour comprendre, dans toute leur portée, ces sublimes créations, il faudrait y avoir cru, ou plutôt (car le mot croire n’a pas de sens dans ce monde de la fantaisie) il faudrait avoir vécu avec elles. […] Comment comprendre par exemple la beauté d’Homère sans être savant, sans connaître l’antique, sans avoir le sens du primitif ? […] La presqu’île est toujours restée pure d’hellénisme, et n’a jamais compris que le Coran et les vieilles poésies.
On devient capable de sentir qu’on ne comprend pas, ou qu’on ne comprend pas tout ; on devient incapable de se contenter des fausses clartés et des à peu près ; on devient habile à distinguer la voix intérieure qui part du fond de nous, de la parole que nous transmettent l’EIzévir et le Didot. […] Lorsque, au cours du XVIIIe siècle, s’introduisit l’habitude de mettre au programme des classes des ouvrages en français, auxquels le XIXe siècle fit la part de plus en plus large, on finit bien par s’apercevoir qu’on n’y comprenait pas tout, et qu’il y avait des ouvrages qui devenaient de plus en plus difficiles à comprendre. […] Je n’en conclus pas du tout qu’on soit moins capable de comprendre et de sentir les œuvres françaises quand on ne sait pas le grec et le latin. Il en faudrait inférer que le public français (dans sa très grande majorité) n’a jamais ni compris ni senti sa littérature. […] Je puis ajouter que la valeur de cet exercice a été depuis une vingtaine d’années de plus en plus reconnue dans les pays étrangers, en Europe et en Amérique, à mesure que nos professeurs l’ont démontré par leur pratique et en font comprendre la méthode et le but.
Il y a dans ce caprice poétique une beauté que tout le monde comprendra. […] Étrange manière de comprendre la foi catholique ! […] Ainsi rien n’est plus facile à comprendre que l’union de ces deux partis. […] Ils s’ennuient, parce qu’ils ne comprennent pas ; ils ne comprennent pas, parce qu’ils ne savent pas. […] Lorsqu’il commet une telle imprudence, il s’expose à n’être pas compris.
Beaucoup n’ont, dans l’Histoire, que le bruit de leur vie répercuté par la foule des esprits médiocres, qui, comme tous les échos, ne comprennent pas ce qu’ils répètent. […] Si un grand homme est une chose rare, c’est une rareté de plus, superposée à la première, qu’un grand esprit qui le comprenne, qui s’applique à lui et qui l’explique. […] Des milliers de plumes, sous prétexte d’histoire, se voueront au service de sa renommée, mais il n’aura pas d’historien digne de son génie, qui le comprenne et qui le juge ; car, pour comprendre et juger le génie d’un homme, il en faut presque la moitié. […] C’est une variété d’historien qui nous fait comprendre à merveille ce qu’il y avait de plus intime et de plus profond dans la pensée politique de Napoléon. […] Mais le temps a montré aux esprits les plus superficiels ou les plus aveuglés que les institutions de l’Empereur répondaient aux besoins compris de la France et à ce qu’il y a de moins transitoire chez un peuple, — ses nécessités et ses instincts.
Pour moi, je ne comprends le parfait bonheur que quand tous seront parfaits. […] Je comprends la plus radicale divergence sur les meilleurs moyens pour opérer le plus grand bien de l’humanité ; mais je ne comprends pas que des âmes honnêtes diffèrent sur le but et substituent des fins égoïstes à la grande fin divine : perfection et vie pour tous. […] Cette manie qu’ont les sots de vouloir qu’on leur donne la raison de ce qu’ils ne peuvent comprendre et de se fâcher quand ils ne comprennent pas est un des plus grands obstacles au progrès. […] Ces deux langues-là sont faciles à comprendre. […] Je le répète, la France n’a compris que la liberté extérieure, mais nullement la liberté de la pensée.
Cependant il y a, parmi les littérateurs, à peine quelques hommes qui comprennent les œuvres d’art. […] Murger, ou bien ils comprendront M. de Pontmartin et ne comprendront pas M. […] Le public l’a compris et s’est moqué des éclectiques. […] On entrerait en communion avec lui, il comprendrait, jugerait, et se passionnerait. […] Perrier peut donc comprendre qu’il y ait un M.
Double vie, qui suppose la plus puissante tranquillité de corps et d’âme, ou quelque chose de bien plus étonnant encore que cette tranquillité… Il est évident que, pour elle, les lois humaines sont renversées, et que la meilleure manière de la comprendre, c’est de dire qu’on ne comprend plus ! […] on ne comprend plus, si l’on veut faire l’entendu à la manière humaine, si on la tire hors de son nimbe, cette tête divinement incompréhensible qui doit y rester, et qui se joue, de là, de l’observation scientifique et des proportions naturelles. On ne comprend plus, même le langage de sainte Térèse, ce langage trop simple, trop raréfié, trop irrespirable pour l’épaisseur de nos esprits. […] Le Système du monde de Laplace n’a qu’un petit nombre de lecteurs qui l’entendent et peuvent le juger, mais les écrits de sainte Térèse sont plus difficiles à comprendre, dans les arcanes de leur beauté, que les livres même de Laplace. […] Seulement, avant de terminer, nous voulons dire un mot d’un livre plus facile à comprendre pour les esprits positifs du siècle (positifs !
Ainsi, du moins, le comprirent tous les peuples anciens. […] Je comprends la foi, je l’envie et la regrette peut-être. […] Ce siècle ne comprit bien que lui-même et jugea tous les autres d’après-lui-même. […] Ce siècle ne comprit pas la nature, l’activité spontanée. […] (Quant aux moyens, je comprends, je le répète, la plus radicale diversité.)
Frétillon est petite-fille de Manon Lescaut, et ne comprend rien à la constance. […] Uniquement occupé à se comprendre lui-même, il ne comprendra plus l’histoire qui se fait sous ses yeux. […] En vérité, on a peine à comprendre qu’un tel personnage ait pu être conçu par M. […] Nous avouons ne pas comprendre la distinction établie par M. […] Hugo ne le comprend pas.
Que de lecteurs ayant compris que Flaubert se moque d’Homais se sont dit : « Se railler d’un homme parce qu’il est anticlérical, ce n’est pas très fort ; après tout, moi je le suis et je ne suis pas si ridicule. […] Et quand on songe qu’une seule suffit pour interdire qu’on soit liseur, on comprend que La Bruyère, ou tout autre auteur, soit effrayé des obstacles qu’il a à vaincre et du petit nombre de personnes qui restent, non pas pour lire son livre, mais pour n’être pas dans l’impossibilité de l’ouvrir. […] La Bruyère a écrit une ligne qui est la plus fausse du monde comprise comme nous la comprenons infailliblement de nos jours, très juste dans le sens où, très probablement, il l’a entendue lui-même : « Le plaisir de la critique nous ôte celui d’être vivement touchés de très belles choses ». […] Celle de l’artiste, car l’artiste qui comprendrait se méprendrait, il n’a pas à regarder en arrière ; il n’a pas à regarder du tout ; il doit donner. […] C’est ainsi qu’assis dans le théâtre, il réfléchissait longuement, inquiet et troublé, et il dut s’avouer, lui, le spectateur, qu’il ne comprenait pas ses grands devanciers… Dans cette angoisse, il rencontra l’autre spectateur (Socrate) qui ne comprenait pas la tragédie et pour ce motif la méprisait.
Il est clair qu’un ouvrage sur la caricature, ainsi compris, est une histoire de faits, une immense galerie anecdotique. […] Du reste, elle ne comprend guère ni ce que cela veut dire ni à quoi cela sert. […] Et, en vérité, je vous le dis, qu’elle ait compris ou qu’elle n’ait pas compris, il lui restera de cette impression je ne sais quel malaise, quelque chose qui ressemble à la peur. […] L’école romantique, ou, pour mieux dire, une des subdivisions de l’école romantique, l’école satanique, a bien compris cette loi primordiale du rire ; ou du moins, si tous ne l’ont pas comprise, tous, même dans leurs plus grossières extravagances et exagérations, l’ont sentie et appliquée juste. […] Pour mon compte, je fus excessivement frappé de cette manière de comprendre le comique.
C’est-à-dire qu’il possédait, jointe à des connaissances positives, la vue supérieure du Christianisme sans laquelle il est impossible de juger la société antique et même de la comprendre, l’homme ayant besoin pour juger une chose de valoir mieux qu’elle, de la tenir sous ses pieds, de la dominer ! […] … Ainsi, tous deux, Thiers et Champagny, ne comprennent pas plus l’un que l’autre, dans des mondes différents, le passage de la République à l’Empire. […] Que si, pour revenir au sujet de notre examen, Champagny l’avait compris, des clartés nouvelles auraient jailli du fond de son livre, et nous en auraient illuminé les détails. […] Initié aux vues supérieures du gouvernement par le catholicisme ; qui, en généralisant les devoirs, a simplifié l’obéissance, Champagny a parfaitement compris le rôle de la famille dans l’organisation romaine. […] Pour n’avoir pas compris la nécessité de l’Empire, l’auteur des Césars n’en a pas compris la faiblesse.
Et cela se comprend. […] Je ne comprends pas, ou plutôt je comprends trop. […] Nous sommes aveugles, nous ne voyons pas et nous ne comprenons plus. […] Comprenez-vous ? […] Bien mieux, — rapprochons les distances, — Raphaël eût-il compris Rembrandt, eût-il compris un tableau de nos maîtres modernes ?