Est-ce Corinne, est-ce Lesbie, Est-ce Phyllis, est-ce Cynthie, Dont le nom est par toi chanté ?
Un poète avec quelques vers passe à la postérité, immortalise son siècle, et porte à l’avenir les hommes qu’il a daigné chanter sur sa lyre : le savant, à peine connu pendant sa vie, est oublié le lendemain de sa mort.
Je ne sais ce qui arrivera des vers sans rime ; mais je ne désespère pas que s’ils s’établissent jamais, l’usage ne commence par nos vers lyriques, par ceux qui sont faits pour être chantés.
Exceptez un gouvernement où la main de Dieu a été évidente, nous l’avons encore au milieu de nous, ce siècle vivace, et quelques changements à la clef ne sauraient nous faire illusion sur l’affreuse musique qu’il a chantée et que nous exécutons après lui !
Si cette transformation qui recommence toujours est en effet la loi du monde, tous les crimes et même l’assassinat ne sont plus que des dérangements de molécules qui sauront toujours bien se reconstituer, et l’affreux poëte du suicide avait bien raison quand il chantait : De son sort l’homme seul dispose !
Du Clésieux est un poète à la voix pleine, harmonieuse, étendue, mais qui chante dans un medium dont il ne sort jamais par ces éclats si magnifiques dans Lamartine, qui, en sa qualité de génie poétique absolu, ayant tous les dons, a aussi le don de peindre avec des puissances, des délicatesses et des chastetés de pinceau véritablement raphaélesques, et quoique le musicien soit bien au-dessus du peintre dans son génie.
Quel est, dans le parcours de ces vingt-quatre chants qui ne chantent pas, le caractère ou la passion qu’il ait marquée de sa griffe de flamme créatrice et qui doive augmenter, d’une seule personnalité immortelle, le Décaméron de personnalités idéales, dues aux grands poètes de tous les temps ?
Après avoir fait rêver René, chanter Corinne, immolé Delphine à l’opinion, il n’y avait plus rien.
Jamais il ne se dispensa d’aucun exercice : et il occupait sa place au chœur, comme s’il n’eût eu autre chose à faire que de chanter les offices. […] Le jour qu’il doit arriver à la solitude sanctifiée par la pénitence de Bernard, son âme s’exalte dans un transport de dévotion : dès le matin, « il ne fait autre chose pendant tout le chemin que de chanter des hymnes et des cantiques » ; et quand, au débouché d’un bois, la fameuse abbaye se découvrit à ses yeux, il se jeta à bas de son cheval et se prosterna pour prier. […] Voilà un moine qui fait des parties de campagne à Suresnes, à qui l’on chante l’inepte chanson du jour et qui y rit de bon cœur, qui cause vers et théâtre, et décide un peu à tort et à travers sur Pindare et sur Boileau, sur Bussy et sur La Bruyère. […] Montchrétien pense comme lui, comme Malherbe, qui maudit la rébellion plus que l’hérésie, comme tous les écrivains d’alors, qui, chacun en son genre, chantent l’hymne de la paix et du travail. […] Je pourrais signaler quelques morceaux qui sont des réflexions morales, et des couplets qui ont le ton oratoire : il arrive à Montchrétien de raisonner au lieu de chanter et de moraliser au lieu de sentir.
Du voltairianisme modernisé : « Moi aussi, j’ai su louer Dieu, chanter pour lui des cantiques, et je crois même, ce faisant, l’avoir un peu surfait. » Des impressions de voyages, brèves, drues, synthétiques, évidemment influencées par Barrès. […] Protos, témoin de l’assassinat, prétend le faire chanter et l’embrigader dans sa bande. […] André Gide avait au moins une notion de la lumière, puisqu’elle imaginait le chant des oiseaux comme un de ses effets, ainsi que la chaleur qui caressait ses joues, et puisqu’il lui paraissait tout naturel que l’air chaud se mît à chanter, de même que l’eau bout près du feu. […] … Pourquoi les autres animaux ne chantent-ils pas ?
Or deux sortes d’idées accessoires peuvent modifier une idée primitive : les unes, prises dans la chose même, influent tellement sur celle qui leur sert en quelque sorte de base, qu’elles en font une toute autre idée ; & c’est à l’egard de cette nouvelle espece d’idées, que la premiere prend le nom de primitive ; telle est l’idée exprimée par canere, à l’égard de celles exprimées par cantare, cantitare, canturire : canere présente l’action de chanter, dépouillée de toute autre idée accessoire ; cantate l’offre avec une idée d’augmentation ; cantitare, avec une idée de répétition ; & canturire présente cette action comme l’objet d’un desir vis. […] Dans tous, l’idée principale est celle de l’action de chanter présentement : telle est encore l’idée de l’action de chanter attribuée à la premiere personne, à la personne qui parle ; laquelle idée est toûjours la même dans la signification des mots cano, canam, canebam, canerem, cecini, cecineram, cecinero, cecinissem ; tous ces mots ne different entr’eux que par les idées accessoires des tems. […] Des que l’on sait, par exemple, que canere signifie chanter, on en conclut avec certitude la signification des mots cantare, chanter à pleine voix ; cantitare, chanter souvent ; canturire, avoir grande envie de chanter ; cantillare, chanter bas & à différentes reprises ; cantio, l’action de chanter ; cantus, le chant, l’effet de cette action ; cantor & cantrix, un homme ou une femme qui fait profession de chanter, un chanteur, une chanteuse ; canax, qui aime à chanter. […] Et le superlatif le plus énergique se marquoit en hébreu par la triple répétition du mot : de là le triple kirie eleison que nous chantons dans nos églises, pour donner plus de force à notre invocation ; & le triple sanctus pour mieux peindre la profonde adoration des esprits célestes.
Louis Bertrand chante son « âme fraternelle » : il le présente comme un intellectuel venu à l’action et à la foi. […] » Puis elle chante un « cantique du Rhône », qu’on peut citer même après Mistral. […] Lui seul, comme un héros qui chante, dans une robe rouge, flamboie, sanglant, sur l’horizon. […] Il en a même créé, comme celui de cette Hespéris, déesse du soir, qu’il a nommée et chantée le premier. […] Il est naturel que Saadi n’ait pas fait exception et qu’il ait chanté les roses comme tous ses confrères.
Dans Barberine, le rôle peut être tenu par une actrice n’ayant pas de voix, puisque Barberine chante hors de la scène et peut être remplacée par une cantatrice. […] Les cas précédents sont beaucoup plus nombreux au théâtre, et se ramènent tous à une jeune fille ou à une jeune femme révélant au public l’état de son âme par le choix de la musique qu’elle joue ou de la romance qu’elle chante. […] Au premier et au second acte de Marie Tudor, la même romance chantée par Fabiani, qui s’accompagne sur une guitare, est employée comme une poétique formule d’amour. […] Et cela se conçoit, puisque l’intérêt n’est pas, en ce cas, dans le personnage qui chante, mais dans le personnage dont les sentiments s’épanouissent au contact de la sensation musicale. […] La mise en scène a donc été jusqu’à présent une force émotionnelle destinée à agir directement sur le spectateur, absolument comme dans le mélodrame une longue phrase chantée sur le violoncelle agit sur son système nerveux et le dispose à l’attendrissement.
La frêle et triste créature « qui chante en gémissant Itys, toujours Itys », a la sensibilité souffrante, les longs souvenirs d’une femme offensée, et en même temps la fierté innocente et le langage élégant d’un artiste. […] Rien de plus plaisant que de les observer un jour de pluie, plongeant leurs cols à chaque instant dans la mare, et frétillant à grand bruit avec un refrain nasillard, comme de bons compagnons qui chantent accoudés sur une table bien servie. — Le mulet parle de sa mère la jument, se prélasse, marche d’un pas relevé, fait sonner sa sonnette et se croit un personnage ; c’est qu’avec ses longues oreilles et son air solennel d’âne manqué, il a la mine d’un président. — Voyez le boeuf.
CXCV Aussi, pour bien le confirmer dans l’idée qu’il allait me voir apparaître, quand je fus à la dernière arcade au tournant du cloître avant son grillage, je m’assis sur le socle de l’arcade et je jouai doucement, lentement, amoureusement, l’air de la nuit dans la tour, afin qu’il comprît bien que j’étais là, à dix pas de lui, et qu’il entendît pour ainsi dire battre mon cœur dans la zampogne ; et je finis l’air, non pas comme d’habitude, par ces volées de notes qui semblaient s’élancer vers le ciel, comme des alouettes joyeuses montant au soleil, mais je le finis par deux longs, lugubres et tendres soupirs de l’instrument qui semblait bien plutôt pleurer que chanter, hélas ! […] Les pauvres prisonniers me disaient de même : — Au moins notre oreille est libre quand notre âme suit dans l’air les sons qui chantent ou qui prient avec ton instrument.
« Qu’il ne prouve pas, qu’il enchante ; qu’il file la soie de son sein, qu’il pétrisse son miel, qu’il chante son propre ramage, il a son arbre ; qu’a-t-il besoin de citations et de ressources étrangères ? […] Le chant est aussi souvent la marque de la tristesse que de la joie : l’oiseau qui a perdu ses petits chante encore ; c’est encore l’air du temps du bonheur qu’il redit, car il n’en sait qu’un ; mais, par un coup de son art, le musicien n’a fait que changer la clef, et la cantate du plaisir est devenue la complainte de la douleur. » « Il ressemblait à une conque de nacre, contenant quatre perles bleues : une rose pendait au-dessus, tout humide : le bouvreuil mâle se tenait immobile sur un arbuste voisin, comme une fleur, de pourpre et d’azur.
À travers une gazette de village, toute pleine de médisances sur M. le Maire et de taquineries au curé, éclate cette jolie note champêtre : « Les rossignols chantent et l’hirondelle arrive. […] Sous la monarchie de Juillet, Lamartine fit chanter son âme en harangues lyriques.