Sully Prudhomme Le soupir des Premières méditations remplit tout à coup le vide des âmes élevées, comme l’ample et suave gémissement des orgues remplit soudain les hautes nefs et y change l’aspiration suppliante en extase. […] Loin d’avoir changé de manière, Lamartine y réalise toute la perfection que son art pouvait promettre.
Je vous vois parcourir le vaste miroir des siécles écoulés, examiner les ressorts qui changent la face des Empires, pénétrer le jeu rapide des révolutions de la Fortune, percer les intrigues de l’Ambition, par les événemens passés prédire les événemens futurs, alors tout sert à vous affermir dans vos heureux principes ; vous les jugez, ces foibles humains, vous les jugez sans passion, vous les voyez tels qu’ils sont, composés de grandeur & de foiblesse, de vertus et de vices, mais qui doivent peut-être leurs crimes non à la Nature, qui a caché dans leurs cœurs le doux sentiment de la pitié, principe des vertus, mais à la Tyrannie, à l’affreuse Tyrannie, qui aggravant sur leur tête un joug humiliant les a fait gémir, haïr, détester leur existence & les a forcés d’être méchans en les rendant malheureux. […] Tel est le partage de celui qui a médité sur l’art de changer les maux en biens, d’opposer la patience aux coups du sort, & de le dompter par la force & l’étendue de son esprit.
Les deux génies qui sont en nous sont habiles à se donner le change ; ils vont parfois jusqu’à s’emprunter leurs points de vue et leurs arguments pour mieux se duper l’un l’autre. […] C’est cette idée que, sujets à changer, nous agissons d’une façon déraisonnable quand nous nous lions pour l’avenir.
Ellénore, après la confusion de la défaite, ouvrira les yeux, et cherchera vainement autour d’elle les félicitations respectueuses sur lesquelles elle avait compté ; au fond de son cœur elle rougira de son inconstance, et doutera d’un bonheur si facile à changer. […] La vie entière est changée, et ne peut revenir à ses premières émotions sans d’horribles tortures.
Devenue pour tous un objet d’amour ou de haine, convoitée par deux fanatismes rivaux, la Galilée devait, pour prix de sa gloire, se changer en désert. […] L’antique Kinnéreth avait disparu ou changé de nom.
Considérées sous leur aspect intellectuel, les sensations musculaires « sont très importantes au point de vue de la connaissance ; d si à un poids de quatre livres que nous tenons dans la main, on en ajoute un autre, l’état de conscience change : ce changement d’état, c’est la discrimination (faculté de discerner), et c’est le fondement de notre intelligence. […] Quand l’ordre sériel de nos sensations ne peut être changé ni renversé, c’est une succession.
Les duchesses de Charôt, de Chevreuse, de Beauvilliers, de Mortemar, toutes femmes de piété, s’intéressèrent à la délivrance d’une dévote faite pour amener le ciel sur la terre, & la changer en un séjour de calme & de félicité parfaite. […] De manière qu’une maison, choisie pour être un lieu de paix & de délices, alloit se changer en un séjour de discorde & de désolation.
Il a changé le monde ; il a régénéré l’âme humaine. […] Il y aura un quatrième volume, consacré aux questions de critique et d’exégèse, mais il ne changera rien évidemment à l’ensemble des vues de M.
Pour arracher de l’homme la vérité, il faut à tout moment donner le change à la passion, en empruntant des termes généraux et abstraits. […] Changez l’espèce de l’édifice ruiné.
À dater de ce jour, qui changea la vie de Brentano, Emmerich devint pour lui la poésie elle-même, devant laquelle toute autre poésie vaincue devait se taire… et il tut la sienne. […] Brentano, l’ardent et hautain Brentano n’avait jamais beaucoup plié ; mais ici il alla jusqu’à effacer sa rebelle personnalité, jusqu’à n’être plus que le secrétaire qui écrit sous la dictée d’un maître difficile à comprendre, et il fit bien plus que d’écrire cette dictée fidèlement, il la transposa, sans y rien changer, et la mit ainsi à la portée de ceux qui, à cette élévation, ne l’eussent jamais entendue.
Mais disons dès à présent que la contraction des corps en mouvement, la dilatation de leur Temps, la dislocation de la simultanéité en succession, seront conservées telles quelles dans la théorie d’Einstein : il n’y aura rien à changer aux équations que nous venons d’établir, ni plus généralement à ce que nous avons dit du système S′ dans ses relations temporelles et spatiales au système S. […] On doit considérer aussi comme un fait, jusqu’à nouvel ordre, la constance de la vitesse de la lumière pour un système qui change de vitesse comme on voudra, et dont la vitesse peut descendre par conséquent jusqu’à zéro.
Il avait lui-même exigé cette condition ; car on en peut faire avec ses amis, quand l’inégalité des rangs pourrait changer en servitude les hommages libres de l’amitié. […] Comme il y avait déjà plus de trois ans que mon ouvrage était écrit, je n’ai pas cru, malgré cette légère ressemblance, devoir rien changer à cet endroit.
Seulement Les Gaités de l’escadron avaient alors changé de titre et s’appelaient : Le 51e chasseurs.
Raymond de La Tailhède, sitôt après le Tombeau de Jules Tellier, changea non seulement d’inspiration, mais de cœur, pourrait-on dire.
Il s’ensuit que l’historien, sous peine de se perdre dans la myriade des changements infiniment petits et infiniment nombreux qui se succèdent dans la durée, doit déterminer des points de repère, ceux par exemple où une force nouvelle intervient, où un mouvement d’esprits se met en branle, s’arrête, ou bien change de direction.
Ces deux monuments, changés de place, auraient perdu leur principale beauté, c’est-à-dire leurs rapports avec les institutions et les habitudes des peuples.
Suétone conta l’anecdote sans réflexion et sans voile ; Plutarque y joignit la moralité ; Velleius Paterculus apprit à généraliser l’histoire sans la défigurer ; Florus en fit l’abrégé philosophique ; enfin, Diodore de Sicile, Trogue-Pompée, Denys d’Halicarnasse, Cornelius-Nepos, Quinte-Curce, Aurelius-Victor, Ammien-Marcellin, Justin, Eutrope, et d’autres que nous taisons, ou qui nous échappent, conduisirent l’histoire jusqu’aux temps où elle tomba entre les mains des auteurs chrétiens : époque où tout changea dans les mœurs des hommes.